Sea of Stars, entre nostalgie et modernité

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Après The Messenger, Sabotage Studio revient avec un vibrant hommage au JRPG de notre enfance, sans oublier de moderniser un peu la formule.

Le voyage par les airs, façon lancé de baseball, c’est original comme technique de déplacement…

Jouer sur Xbox et être fan de J-RPG, ce n’est pas le combo idéal malheureusement. Heureusement, on a le droit à quelques pépites de temps en temps, comme Tales of Arise ou, surtout, Scarlet Nexus, mon GOTY de 2021 (et ils l’ont filé à It Takes Two ces abrutis !). Alors quand Sabotage annonce un J-RPG à l’occidentale multiplatformes, je suis curieux. Quand je vois le trailer d’annonce enchanteur, je suis séduit. Quand je teste la démo, je suis conquis. Quand enfin j’apprends qu’il sera Day One dans le Gamepass, je suis au bord de l’extase. Alors quand le jeu sort enfin, fin août, je me suis bien évidemment jeté dessus. Et pourtant, paradoxalement, j’ai dû me résoudre à lâcher du lest quelques jours plus tard pour me concentrer sur Starfield. J’avais dans l’idée de consacrer mes grosses sessions de jeu au titre de Bethesda, et les petites sessions à celui de Sabotage, mais Starfield a fini par vampiriser tout mon temps de jeu ; tout mon temps tout court, même. Mais ce n’est pas pour autant que j’ai oublié Sea of Stars, et après 120h de jeu sur le Space Opera de Microsoft, je suis retourné aux côtés de Val et Zale, pour combattre l’hôte du tourment.

Les attaques peuvent être doublées avec une bonne synchro et offrent de nombreux avantages comme un boost de puissance pour la suivante ou un regain de PV/PM

L’histoire de Sea of Stars est en effet celle de Zale et Valere, deux enfants du solstice formés depuis leur plus tendre enfance à contrôler les pouvoirs de la Lune et du Soleil, pour combattre le maléfique Fleshmancer et ses sbires. On commence donc l’aventure par leur chemin initiatique, avant de partir parcourir le monde quelques années plus tard, afin d’éradiquer les forces du mal, ou du moins ce qu’il en reste. Mais celles-ci sont loin d’avoir dit leur dernier mot, et les choses pourraient ne pas tourner comme prévu. Très vite, le duo se voit rejoint par Garl, leur ami d’enfance et cuisinier hors pair, puis par un quatrième et mystérieux compagnon, capable d’utiliser des portails de téléportation. Au cours de leur pérégrinations, nos héros croiseront la route de toute une galerie de personnages plus hurluberlus les uns que les autres, dont certains ne sont pas sans me rappeler Guybrush et sa clique de Monkey Island.

Ramasser les ingrédients disséminés ci et là sur la map mais aussi pêcher dans les lacs prévus à cet effet, permet de cuisiner toutes sortes de plats aux effets plus ou moins puissants.

Clairement, outre l’aspect relativement sérieux d’un scénario qui nous place encore au centre d’un combat contre les forces du mal, il souffle sur le jeu un vent de légèreté, et l’humour y est omniprésent, que ce soit dans les dialogues, les animations et les situations. Le jeu se présente sous l’apparence d’un pixel art moderne et très détaillé du plus bel effet. Il y a une vraie patte graphique et une atmosphère nostalgique qui se dégage du titre, sans jamais tomber dans l’éculé ou le minimalisme. Bien au contraire, que ce soit dans les animations, les petites trouvailles de game design et de level design, on sent un vrai jeu de 2023 derrière l’influence des J-RPG d’antan, et de l’illustre Chrono Trigger en particulier. Et c’est surtout dans le gameplay que le jeu se démarque, en mélangeant la classique mécanique au tour par tour « Attaque-Compétences-Objets » et une petite touche de temps réel, comme lorsqu’on doit renvoyer un boomerang ou lancer des couteaux empoisonnés pour prolonger la séquence offensive et les dégâts causés, ou comme quand une bonne synchro vous permet de lancer deux attaques au lieu d’une ou de réduire les dégâts subits.

Les compétences ultimes sont illustrées par des petites séquences cinématiques plutôt sympa
Les combats de boss sont suffisamment retors pour être intéressants et suffisamment faciles pour ne pas me faire lâcher la manette… Je ne suis pas venu ici pour souffrir, okay ?!

Pour le reste, si on excepte des moments un peu plateforme, un peu réflexion, des combats non aléatoires qu’on peut très souvent éviter (merci Seigneur !), voire même en prendre l’avantage en frappant par derrière, on reste dans le classique du genre. A tel point d’ailleurs que, passé la (bonne) surprise du début, on entre dans une sorte de ritournelle un poil redondante où les mécaniques et les personnages évoluent peu. Il y a bien quelques nouveautés disséminées ci et là, grosso modo toutes les 5 heures, mais rien qui ne possède la force et l’impact de ce gameplay original et maîtrisé qui nous frappe de prime abord. J’aurai aimé être plus surpris et ressentir une véritable montée en puissance de nos héros, y compris dans son scénario un peu trop cousu de fil blanc, pour me scotcher à ma manette jusqu’au générique final. Malgré ces quelques défauts mineurs, Sea of Stars est sans doute l’un des tous meilleurs J-RPG sorti ces dernières années et une véritable ode au genre, emprunt de ce qu’il faut de nostalgie et de modernité pour ne pas le faire sombrer du statut d’hommage à celui du retro-gaming.

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