Scarlet Nexus, un A-RPG pas comme Les Autres

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Avec Scarlet Nexus, Bandai Namco tente d’installer une nouvelle licence A-RPG futuriste au design aussi excentrique que son gameplay est survitaminé.

La drogue c’est mal (mais des fois c’est pas mal quand même)

Curieusement annoncé à l’E3 2020, à l’occasion d’une conférence Xbox cherchant désespérément des partenaires japonais (le jeu est multiplateforme), Scarlet Nexus m’a d’abord laissé de marbre, voire presque rebuté par le design un peu trop WhatTheFuckesque des ennemis. Puis finalement, au fur et à mesure des séquences de gameplay dévoilées, j’ai commencé par développer de la curiosité pour ce jeu, jusqu’à  finir complètement hypé suite à la démo proposée début juin. Son univers singulier et intrigant, couplé à un gameplay ultra dynamique aux forts accents Devil May Cry et autres Bayonetta, sont les principales raison de son attractivité. La raison secondaire étant que le jeu est développé par les auteurs de Tales of Vesperia, pour moi le meilleur des Tales of à ce jour. Du coup, ça met en confiance.

L’histoire permet d’incarner Yuito ou Kasane, offrant quelques différences dans les situations et des éclaircissements dans le scénario.

L’histoire de Scarlet Nexus est celle de Yuito et Kasane, deux jeunes recrues de la BEA, un groupe d’intervention aux pouvoirs psioniques, se consacrant à l’éradication d’étranges créatures baptisées Les Autres. Sans trop savoir comment ni pourquoi, ces Autres ont débarqué un beau jour, tombant sur Terre depuis la Ceinture de l’Extinction, une étrange couche stratosphériques s’étant formée dans le ciel, dans le but de se nourrir de cerveaux humains. En tant que membre de la BEA, vous êtes passé expert dans le combat à l’arme blanche, mais également dans l’utilisation du SAC, sorte de réseau neuronal permettant de se connecter à ses coéquipiers afin de bénéficier un court instant de leurs capacités spécifiques. Car chaque membre de la BEA possède des pouvoirs psioniques, leur permettant de manier le feu ou l’électricité, de prédire l’avenir, devenir invisible ou encore de se déplacer à la vitesse de la lumière. En théorie, ces pouvoirs sont uniques et spécifiques à chaque individu. Mais curieusement, Kasane et Yuito semblent disposer du même pouvoir de Psychokinésie, leur permettant de bouger des objets de toutes tailles par la seule pensée.

Les villes, en plus de n’être que de simples réseaux de couloirs, sont désespérément vides de vie et d’activités.

Roman Photo

Jeunes et insouciants, les membres de la BEA exterminent les Autres à la chaîne, au cours de missions plus ou moins routinières, sous les flash des projecteurs et de la presse qui ne rate pas une occasion pour les mettre en avant, grâce aux drones caméra suivant tous les faits et gestes de ces soldats stars. Mais à l’occasion d’une de ces missions de routine, un événement aussi dramatique qu’imprévu va propulser ce groupe de héros dans une spirale infernale, mettant en lumière les sombres secrets du pouvoir politique en place. Si l’aventure prend donc une tournure dramatique relativement courante dans ce genre d’histoires, les multiples rebondissements du scénario liés à la complexité de l’univers du jeu et des mystères qui en découlent, font qu’il faut parfois s’accrocher pour bien comprendre ses tenants et aboutissements.

L’histoire se raconte essentiellement au travers d’images fixes et de vignettes animées. Il y a très peu de cinématiques.

C’est d’autant plus vrai que la mise en scène n’a rien d’engageante, puisqu’à part quelques rares et courtes cinématiques à quelques endroits clés, l’essentiel sera relaté au travers d’images fixes façon Visual Novel. Un choix curieux de la part des développeurs, qui même s’il finit par (presque) se justifier scénaristiquement parlant à la fin, reste particulièrement pénible et stupide. Il y avait clairement mieux à faire. Surtout que les scènes de dialogues sont très nombreuses, plutôt longues et que leur intérêt est très inégal :  Les séquences entre le héros/héroïne et leurs coéquipiers par exemple, servant à développer leur relation et à débloquer des bonus de gameplay façon Mass Effect (sans les scènes de sexe inter-espèces), sont d’une naïveté parfois indigeste et d’une incohérence assez déconcertante.

La planque permet de développer ses relations avec ses coéquipiers pour débloquer de nouveaux bonus liés à leurs pouvoirs respectifs.

Du coup, on se retrouve avec un scénario d’une noirceur parfois abyssale, entrecoupé de séquences à la légèreté outrancière où votre personnage prend le temps d’aller tailler une bavette avec l’un de ses ennemis, en mode « On fait la trêve, le temps de se raconter des inepties autour d’un soda, comme deux ados à la sortie du lycée. » Ajoutez à cela que le chara-design n’a absolument aucune originalité, paradoxalement au design des Autres, et que les profils des personnages sont eux aussi d’un classicisme exacerbé, avec les sempiternelles tsundere, loli, amie d’enfance secrètement amoureuse et autre rival un brin insultant qui a bon fond quand même. Comprenez alors que mélanger tout cela, les persos génériques, les scénettes ridicules, le scénario alka-seltzer, et le mettre en scène au moyens d’images fixes, n’était pas l’idée du siècle.

La poussée cérébrale c’est un peu comme le mode Super Sayan de DBZ… une fois activée, on devient surpuissant. Faut juste savoir l’utiliser au bon moment et à bon escient.
Le design des Autres est quand même très particulier, mais plutôt réussi pour le genre. On regrettera juste que le bestiaire ne soit pas plus varié, se contentant souvent de simples clones d’un autre élément.

Tous dans le même SAC

Manque d’ambition, technique dépassée, complexité du scénario, naïveté des personnages et des dialogues, on ne peut pas dire qu’avec tout ça, Scarlet Nexus se mette dans des conditions idéales pour séduire les joueurs et s’installer durablement dans le paysage vidéoludique. Pourtant, passé les premières heures douloureuses et la déception, d’autant plus grande lorsqu’on évolue sur S|X (ou PS5 pour ceux qui n’ont pas de goût), on se surprend à rester agrippé aux sticks et à prendre plaisir à démober les Autres à la pelle. Car la grande force du jeu, c’est d’abord son univers riche, complexe et original, naviguant entre un pur produit futuriste, avec ses villes et gadgets hi-tech, et l’univers plus féérique de la fantasy, avec ces pouvoirs surnaturels des héros. Ajoutez à cela une part de mystère, illustré par ces très curieux Autres dont on ne sait rien, et pas mal d’intrigue politiques, voire ésotériques. Et même s’il faut parfois s’accrocher pour tout comprendre, il faut bien reconnaître que ça fonctionne plutôt bien.

Plus votre affinité avec vos équipiers sera forte, plus vous pourrez emprunter leurs pouvoirs, plus longtemps et plus puissamment.

Et puis une fois la manette en main, ce qui frappe c’est le gameplay assez unique de Scarlet Nexus. Pour un RPG, ou un A-RPG plutôt, on se retrouve avec un jeu au gameplay nerveux et débridé qui n’a pas à rougir face à un Devil May Cry, pour ne citer que lui, lorsqu’il s’agit de combos armes à la main. Mais à cela s’ajoute toute la partie pouvoirs, avec l’utilisation de la psychokinésie de Yuito et Kasane pour envoyer toutes sortes d’objets dans la face de vos ennemis, mais aussi en empruntant un bref instant les pouvoirs de vos alliés, à savoir l’usage du feu ou de la foudre, l’invisibilité, la téléportation, la duplication, le renforcement, la vélocité ou encore la clairvoyance ; et même la psychokinésie de votre alter égo, Yuito pour Kasane et Kasane pour Yuito, créant ainsi une sorte de super psychokinésie, multipliant les objets envoyés à la tronche des Autres.

Envoyer des objets à la gueule des ennemis est assez jouissif

Le ballet des combats est alors parfaitement orchestré, entre les combos d’armes et de pouvoirs, les objets qui volent dans tous les sens et l’enchaînement des capacités spéciales qui se termine souvent en feu d’artifice d’effets en tous genre, avec ce qu’il faut de mise en scène, de finish him et de QTE lors de l’utilisation des interactions psychokinétiques avec de gros objets. Le tout est rythmé par des musiques bien dans le ton et les voix de votre héros et de ses coéquipiers, plutôt du genre bavards lorsqu’ils se battent. Bon, en plein combat il n’est jamais aisé de s’intéresser à ce qu’ils se disent, surtout si vous jouez en japonais, car les dialogues s’affichent en minuscule dans une fenêtre perdue, à gauche de l’écran (drôle d’idée). Mais en terme de rendu sonore, c’est très appréciable et accompagne parfaitement l’action.

L’arbre des capacités est plutôt riche et permet d’améliorer ses pouvoirs, ses compétences en armes, la puissance et la durée de la poussée cérébrale et du champ cérébral.

C’est sur ces deux principales qualités que le jeu s’appuie, auxquelles s’ajoutent une durée de vie très appréciable (une trentaine d’heure pour un seul run), ce principe de deux histoires qui s’entrecoupent poussant alors au New Game + afin d’en découvrir tous les secrets, et une difficulté plutôt bien dosée en mode Normal qui vous demandera un minimum de sens tactique pour savoir quels pouvoirs utiliser contre quels ennemis, ainsi que de bons réflexes pour les esquives et les combos. Et surtout, le jeu n’est jamais trop punitif, comme certains autres titres qui vous poussent à recommencer maintes et maintes fois un combat contre un boss particulièrement retors. On est dans un RPG pas dans un Soul-like, et pour moi qui n’ai pas la patience de m’acharner 3 jours pour passer un niveau, ça me va parfaitement. Dommage donc que le titre de Bandai Namco manque autant d’ambition, car avec des niveaux au level design un peu moins couloirs, une réalisation plus digne de la génération actuelle et une mise en scène s’articulant au travers de cinématiques et non d’images fixes, Scarlet Nexus aurait frappé un grand coup et ce serait assuré une place au soleil pour les années à venir. Espérons juste qu’il remporte tout de même le succès qu’il mérite ; en tout cas suffisamment pour donner des idées de deuxième épisode à ses développeurs… Je rempile dans la BEA quand ils veulent !

Scarlet Nexus, l’animé

Une série animée est sortie en parallèle, diffusé en France sur la plateforme Wakanim, qui laisse supposer que Bandai Namco a une certaine ambition pour cette licence. Malheureusement, la série est très loin des standards actuels en terme de réalisation, et l’histoire semble suivre à l’identique celle de Yuito dans le jeu (A vérifier, car je n’ai vu que le 1er épisode). Le problème donc, c’est que si vous n’avez pas terminé, voire pas commencé le jeu, la série risque fort de vous spoiler. Du coup, son intérêt est très limité. C’est d’autant plus stupide, qu’un code est caché dans chaque épisode, permettant de débloquer un bonus auprès du PNJ Musubi, au bar éponyme. A l’inverse, au rythme où sortent les épisodes (un par semaine, à raison de 12 épisodes au total), il y a également de fortes chances que vous ayez terminé le jeu depuis longtemps lorsque sera dévoilé le douzième et dernier code. Ceci étant, vu le bonus moisi offert avec le 1er épisode, s’ils sont tous du même acabit, ce ne sera pas une grande perte.

 

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