Tant que tu n’as pas joué à un jeu, tu ne peux pas en parler. C’est l’argument imparable des fanboys, mais ce n’est pas tout à fait vrai en fait…
A la rédac’, nous ne sommes jamais d’accord et on passe notre temps à s’engueuler sur WhatsApp. La plupart du temps d’ailleurs, c’est parce qu’ils ne veulent pas admettre que j’ai raison alors que tout le monde sait qu’ils ont tort. Bref, le dernier débat en date a débuté avec la récente vidéo de gameplay de Crimson Desert… puis c’est parti en couilles, dérivant sur Ghost of Tsushima, la barre de recherche de Windows 11 et le fait avéré et scientifiquement prouvé que l’endive est l’un des trucs les plus dégueulasses de l’histoire culinaire de l’humanité.
Si on fait le tri dans tout ça et qu’on ne retient que Crimson Desert et Ghost of Tsushima, le fond du problème est un sujet polémique récurrent, aussi bien à la rédac’ que sur les réseaux sociaux d’ailleurs : « T’as pas joué au jeu donc tu ne peux pas donner ton avis sur le gameplay. » Clairement, je n’ai jamais rien entendu (enfin lu) d’aussi débile ! C’est l’argument du fanboy par excellence (le fanboy du jeu, il ne s’agit pas de guerre de consoles ici), qui n’accepte pas qu’on dise du mal de son jeu chéri.
Bien évidemment que sans jouer au jeu, tu ne peux pas émettre un avis crédible et justifié sur sa qualité intrinsèque ; mais jouer à un jeu, ça va bien au-delà du simple gameplay. J’estime qu’après 40 ans d’expérience sans discontinuité, je n’ai pas besoin de prendre une manette en mains pour savoir si le gameplay d’un jeu, que j’ai vu au travers de trailer, de vidéo de gameplay et de Walkthrough/Let’s Play de streamers-youtubeurs-influenceurs, me plaira ou non. Surtout qu’en terme de gameplay pur, ça fait bien longtemps qu’on n’a rien vu de révolutionnaire. Au contraire d’ailleurs, c’est bien souvent quand un développeur veut faire un truc original, genre le saut sur la gâchette haute plutôt que sur la Touche A/Croix, que ça gonfle les joueurs (moi le premier). Et pour étayer mes propos, je vais prendre un exemple bien précis, qui fait lui aussi débat au sein de la rédac de Polygamer : Elden Ring !
Lent & Pataud ©
Sur le jeu de From Software, il y a deux camps qui s’affrontent : Celui de Smy et moi, qui avons apprécié le jeu. Et celui de Toma qui ne l’a pas aimé et trouve le gameplay lent et pataud (et il y a les autres qui n’y ont jamais joué, s’en foutent un peu, mais aiment bien troller). On ne va pas parler de Smy car ce mec a clairement un problème mental de l’ordre de la psychopathie ou autre pathologie similaire. On parle d’un gars qui se dit casu et se fait des ulcères à l’estomac en jouant et terminant Demon’s Souls. D’un gars qui dit ne pas aimer les rogues et abandonne femme et enfants pour jouer et terminer Returnal. Ou d’un gars qui traverse la planète pour aller photographier des mosaïques mais qui te reproche de faire un Paris-Toulouse en avion pour ton taf. Bref, prenons l’exemple de Toma plutôt.
A cause de la réputation de From Software et des vidéos de gameplay d’Elden Ring qu’il a pu voir, et peut-être même à cause d’expériences malheureuses qu’il a pu avoir avec leurs jeux (j’avoue je me souviens plus s’il avait déjà joué à un From), Toma est parti du principe que le gameplay d’Elden Ring n’était pas bon ; ou du moins ne coïncidait pas avec ses goûts. Toma est un gros joueur, comme je le disais plus haut, il sait exactement à quoi ressemble le gameplay d’un jeu en regardant des vidéos et savait très bien à quoi s’attendre. Mais voilà, il est d’un naturel curieux, alors quand tout le monde encense un jeu, il a envie de l’essayer. Dès lors, lorsqu’il a commencé à jouer avec toute la bonne volonté du monde, le titre a confirmé ses certitudes vis-à-vis du gameplay ; et même s’il a essayé de persévérer car lui aussi est un peu taré, il était écrit qu’il n’aimerait pas ce jeu car il se focaliserait sur ce point, rédhibitoire à ses yeux. Il a jugé le gameplay en amont, a très bien su identifier dès le départ que ce n’était pas à ses goûts, et le reste c’est un enchaînement des plus logiques qui se termine sur un « Elden Ring c’est de la merde ».
A contrario, de mon côté je n’avais pas spécialement d’avis négatifs et d’aprioris sur le gameplay d’Elden Ring et des From Software en général. Moi ce qui me rebutait, c’est la difficulté. Si j’ai pu être hardcore par le passé, aujourd’hui je n’ai plus envie de me faire chier pendant des heures à apprendre les pattern d’un boss et je suis capable d’abandonner des jeux pas spécialement réputés pour leur difficulté, à cause d’un combat qui me gonfle (ex : Death’s Door). Du coup, lorsque je me suis lancé dans Elden Ring parce que je suis un connard influençable, je n’ai pas été rebuté par son gameplay. Et comme la difficulté peut être contournée par des mécaniques de grinding (un truc que je connais bien, en tant que joueur de gacha), je ne me suis pas heurté à un mur et j’ai donc pu me laisser happer par la magie de son univers et développer cette alchimie qui fait qu’on aime ou non un jeu. Résultat, j’y ai joué 50 heures jusqu’à ce que je tombe sur un pic de difficulté qui a fini par piétiner ma bonne volonté ; car faut pas oublier qu’à la base, je suis un connard qui abandonne ses jeux pour la moindre raison débile.
Mes goûts et les couleurs
Voilà, tout ça pour dire qu’il faut arrêter de raconter n’importe quoi : Ce n’est pas parce que vous n’avez pas joué à un jeu que vous ne pouvez pas juger, ou plutôt jauger son gameplay. Vous ne pouvez pas juger de son histoire (encore que, maintenant avec les walkthrough Youtube…), vous ne pouvez pas avoir conscience de ces moments, ces mécaniques spécifiques qui créent cette alchimie dont je parlais plus haut ; donc au final vous ne pouvez pas objectivement juger un jeu, sans y avoir joué. Mais le gameplay, si. Et si on en revient à Ghost of Tsushima, je trouve le gameplay, alors j’allais dire nul par souci de provocation et parce que j’aime bien penser que je fais référence alors que pas du tout, pas adapté à mes goûts. Ce truc basé sur les parades qui me rappelle je ne sais plus quel Assassin’s Creed (Origins peut-être ?) où il te suffisait d’attendre que le péon lambda se décide à t’attaquer pour le contrer en appuyant sur un bouton, ou encore cette cinétique dans les déplacements qui fait qu’il n’y a rien de naturel dans ceux-ci et rend le personnage ridicule… Bon, j’exagère un peu mais il paraît que j’ai tendance à faire de « l’exagération humoristique », selon Copilot. Mais en vrai, il n’y a guère que les duels que je trouve assez cool.
D’ailleurs qu’on ne s’y trompe pas, le jeu m’attire et prône dans ma wishlist Steam en attendant un gros rabais (60 balles un jeu d’il y a 4 ans, non merci). Il m’attire parce que j’aime bien l’univers du Japon Féodal, parce qu’il est joli et semble proposer des paysages assez magiques. Mais son gameplay me rebute, tout comme certaines mécaniques héritées des Far Cry d’Ubisoft où on doit nettoyer des camps, histoire de vous tenir occupé dans un Open World à la ramasse. Vous avez vu des camps à nettoyer dans Red Dead Redemption 2 vous ? Et pourtant c’est sans doute le meilleur Open World jamais conçu. Alors prenez plutôt exemple sur lui que sur les activités chiantes et redondantes des jeux Ubi, messieurs les développeurs… Bref en gros, j’ai peur en achetant ce jeu de me retrouver avec l’effet Toma sur Elden Ring : Ne pas arriver à apprécier les qualités d’un jeu, car son gameplay est rédhibitoire à mes yeux, et finir par l’abandonner… comme beaucoup d’autres avant lui.
Donc oui, on peut très bien critiquer un jeu sans y avoir joué. Critiquer les éléments qui n’ont pas besoin d’avoir la manette ou la souris en main pour les définir : Le gameplay, les graphismes, la Direction Artistique, la technique au sens large et même l’univers qui peut ou pas vous parler. D’ailleurs, demandez à ceux qui vous bassine avec les « t’y as pas joué tu peux pas savoir gnagnagna« , si ça les branche de jouer à Imagine Poney Club ou Fashion Make-Up Simulator, pour voir. Alors bien sûr, cela ne veut pas forcément dire que le jeu est nul, juste qu’il n’est pas à votre goût… ou du moins que certains pans de ce jeu ne le sont pas. Mais voilà, vous êtes humain et comme tout le monde vous ramenez tout à vous, comme quand vous étiez petit et que votre mère vous reprenait : « Non, on ne dit pas que les endives c’est à gerber et qu’on devrait sacrifier à Satan ceux qui les mange mon chéri, on dit je n’aime pas ça ».
1 Commentaire
Je peux reprendre ta phrase «On ne va pas parler de Smy car ce mec a clairement un problème mental de l’ordre de la psychopathie ou autre pathologie similaire» pour mon profil Linkedin ?