Assassin’s Creed Shadows, l’ombre d’un succès ?

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Je crois bien que oui, je vais encore défendre un jeu Ubisoft.

Ubisoft souvent en avance sur les autres

Oui, je choisis des titres qui sont volontairement provocateur à l’époque où il fait bon remettre en question le moindre choix de l’éditeur car il n’est pas forcément super à la mode. Entre les licenciements, les problème de harcèlements et la moitié (je suis gentil) de leurs jeux qui floppent, c’est dans l’air du temps de taper sur la bête blessée.

Mais non, moi je reconnais beaucoup de bonnes choses aux jeux Ubisoft. À commencer par leurs choix d’options.

Même un « mauvais jeu » comme Breakpoint ou Avatar nous offre ce genre de possibilité. Et plus ça va, ok j’ai pas vérifié mais j’ai l’impression que plus ça va, et plus Ubi offre de liberté aux joueurs. Un sentiment que j’ai trop souvent perdu. Ici, on nous vend pas des options à travers des micro-transactions où on nous interdit pas tout simplement de faire des choses qui peuvent nous paraitre intéressante. Je pense souvent que les jeux doivent re-donner aux joueurs un peu de liberté. À une époque on était libre d’utiliser tout un tas de cheat-codes ou autre et on faisait un peu ce qu’on voulait dans les jeux. Aujourd’hui, les options diminuent de plus en plus pour nous imposer une vision de jeu. Parfois, les éditeurs se servent même de ça pour nous « vendre » (pas forcément avec des guillemets d’ailleurs) des options à débloquer. Là, Ubisoft nous propose une expérience largement personnalisable.

La première option importante, le mode non guidé.

Ça c’est tout con mais ça fait vraiment un différence

Je vais commencé par un exemple concret. Notre première victime. Comme c’est souvent le cas dans l’arc principal, je me fais toute une préparation pour atteindre ma cible. Des sortes de sous-missions où vous devrez écouter les rumeurs pour trouver la cible, participer à une cérémonie du thé pour laquelle j’ai dû faire une mission pour apprendre à me tenir correctement, suivre les lignes de dialogues importantes pour trouver sa cible, aller acheter une tenue pour participer à cette cérémonie… tout ça pour faire une erreur à la fin et assassiner la mauvaise cible en sortant de la cérémonie (bon ça va elle était pas innocente non plus mais c’était pas ma cible). Du coup, j’ai dû aller la chercher dans un château fortifié à la place.

On a l’habitude de râler facilement, que c’est trop scripté et au final quand on nous demande de réfléchir, on fait de la merde car on a sauté trois lignes de textes. En tout cas, ça permet de se plonger dans l’aventure de manière plus concentrée et plus réaliste.

L’autre point qui me fait dire ça, c’est l’exploration. En mode non guidé, fini les points bleus qui te montre directement où est ton objectif. Là, une rumeur ou un indic te dira que c’est dans telle région, près de tel village et c’est à toi de le trouver. Alors ça peut paraitre long de chercher mais, si j’ai fait l’erreur au début de vouloir courir partout pour la trouver vite, ce n’est justement pas le but. C’est un jeu qui demande d’être patient. C’est agréable de découvrir la ville, de remonter les infos, de fouiller les zones. Même le level-design du jeu pousse dans ce sens avec des zones vierges qui sont difficiles d’accès. D’ailleurs le jeu nous prévient pendant les chargements, le hors piste est déconseillé à cause des montagnes et forêts difficilement franchissables. Et je peux le confirmer, car dans le genre crétin qui veut aller tout droit je sais me poser là. Mais au final, le fait de prendre les chemins, de parcourir la carte et de chercher rend le jeu, certes plus long, mais bien plus agréable.

Merci Yasuke, je suis bon pour un PEGI 18 pour mon test… mais quel bourrin ! Quelle puissance ! rire diabolique : « Ahahahha »

Je change de sujet mais dans le style Ubi rend de la liberté aux joueurs, je voulais aussi mettre en avant, l’assassinat automatique : Autre option intéressante, certains fans préfèrent l’idée que la lame secrète tue en un coup, alors que le jeu est clairement développé autrement puisque vous avez des capacités dans votre arbre de compétences qui vous permettent de tuer des ennemis de plus en plus fort en 1 coup (ou même pas). Plutôt que de nous forcer la main, Ubi propose l’option pour remettre cette élimination furtive, au dessus de tout en étant indéfendable et fatale. Perso, je trouve que l’approche d’Ubi est la bonne, car le jeu a évolué et, quand l’intérêt du premier AC était d’atteindre sa cible et que la lame était mortelle car finalement l’acte de tuer n’était pas si important (voir la cible était souvent un notable ou autre personne non guerrière), là les cibles sont des adversaires de plus en plus difficiles. L’approche, quant à elle, n’est pas insurmontable et enlever les affrontements en nous permettant de la tuer d’un coup parce qu’on a sauté d’un toit, enlèverait un intérêt à mes yeux. Mais une fois de plus, tout le monde ne pensant pas comme moi ou comme les développeurs, Ubi offre la possibilité que vous préférez.

Un Assassin’s Creed reste un Assassin’s Creed

Aller je repars en guerre contre la presse et les testeurs. On est les premiers à râler sur le fait que AC reste un AC. Ça marche aussi pour Far Cry qui n’est qu’un copié collé de lui-même. Et bah pour une fois, je ne suis pas du tout d’accord avec cette vision qui demande souvent à AC de ne pas faire du AC. Je lui demande même tout l’inverse. D’être exactement comme il est. En nous offrant un monde ouvert riche (ou ultra riche), on peut reprocher à Ubi de s’éparpiller ou alors, on peut admettre qu’il y’en a pour tous les goûts. Il y a tellement de contenu que l’on n’est pas obligé de tout faire, ni de tout aimer, mais ça m’étonnerait que chacun n’y trouve pas son compte quelque part. Entre les 15 cercles d’objectifs avec chacun de nombreuses cibles à éliminer, les missions annexes du type « aider les citoyens en sécurisant les villages », les missions de collectibles où vous devrez trouver des plats typiques ou des services à thés par exemple, les contrats pour simplement récolter des ressources, les missions annexes suivant les demandes de personnages secondaires rencontrés, les Katas, les prières, les méditations, les châteaux, les trésors, les voies des assassins, les points de vue, les camps, les lieux protégés, les rumeurs ou encore la construction du repaire, il y en a partout tout le temps. J’ai passé 130h sur le jeu sans voir le temps passer. Et j’en ai fait beaucoup mais je n’ai pas tout fini, loin de là.

Le guide pour se rendre sur un marqueur est bien fichu et assez discret pour ne pas tout gâcher

Alors si vous n’aimez pas certaines choses ou si vous trouvez que la plupart c’est du remplissage, bah ne le faites pas, tout simplement. Mais ne râler pas sur le fait qu’Ubi le propose. Certains en seront ravis.

De la même manière, avec un gameplay coupé en deux, on pourrait dire que Ubi fait les choses à moitié. Moi au contraire je trouve que le plaisir est plutôt doublé. L’infiltration légère (même un peu superficielle) avec Naoe et le combat brutal du samouraï avec Yasuke. Que l’on préfère l’un ou l’autre on aura largement l’occasion de jouer son personnage préféré. Et le gameplay est totalement différent, apportant un plaisir et un e expérience assez différente en fonction de vos choix. De temps en temps, le jeu nous oblige à changer apportant de la variété et quelques scènes sont même découpées entre les deux protagonistes et c’est assez plaisant. L’équilibre est bon et c’est rare (même si ça arrive) que l’on soit frustré et que les choix ne correspondent pas à ce que l’on voulait faire.

Alors oui, Shadows comme les autres, reste un Assassin’s Creed avant tout. On doit escalader des points de vue, on doit tuer des cibles et ils ont gardé ce bon vieil Animus qui ne fait que tenter de gâcher notre immersion en nous mettant des conneries de murs numériques et autres failles technologiques dans notre aventure post-médiéval au japon. Mais franchement, c’est sans aucun doute pour moi un des meilleurs épisodes de la série. De toute façon, niveau histoire, on ne retrouvera jamais le plaisir du début. Plus les épisodes s’enchainent et plus la licence s’embourbe. Par contre, niveau expérience et plaisir in-game, de mon point de vue c’est une franche réussite.

Connerie dAnimus. Non mais pourquoi !? À aucun moment les mecs se disent que ça peut nous sortir de notre immersion ?

Focus sur Shadows

L’histoire commence assez mal avec une intervention presque directe du guide de l’Animus. Personnellement, c’est un des derniers trucs qui peut me faire détester cette licence. Mais lâchez l’affaire avec cette machine ridicule et le fil conducteur et concentrez-vous sur les aventures des personnages que vous nous proposez.

Par contre, juste après, la prise en main est assez grandiose avec tout un tuto avec Yasuke qui délivre un sentiment de puissance assez jouissif et nous permet de rentrer dans le vif du sujet de manière assez frontale.

Les heures suivantes nous font basculer dans le corps de Naoe, une Shinobi, qui semble devenir le personnage principal de notre aventure. On apprend alors à réagir autrement, préférant se cacher dans les herbes hautes (ah les fameuses herbes hautes), escalader les toits, rester dans l’ombre et attaquer par surprise. Si elle manie très bien le Katana, On n’est clairement pas le même genre de guerrier que Yazuke. D’ailleurs on est présenté sous la figure protectrice de notre père et nos missions sont plutôt des objectifs de renseignements que des combats. On prend le temps de s’attacher à ce duo (Naoe et son père) jusqu’au moment où les attaques sur la province ne vont pas se dérouler comme prévues. Une mystérieuse relique semble alors tellement importante que le père de notre héroïne mourra sous ses yeux en tentant de la protéger. Provocant la colère vengeresse de Naoe et impliquant une petite promesse liée à l’ordre des assassins.

J’ai dit que le jeu était beau ?

La mise en place du jeu est assez longue et on reprend le contrôle de notre héroïne après cette lourde défaite. Une fois remise sur pieds, elle commencera à murir l’idée d’une vengeance de manière bien plus réfléchie. On découvre alors notre repaire, qu’on aura le plaisir de faire évoluer tout du long du jeu en recrutant des gens pour y travailler, des alliés pour vous aider dans votre quête mais aussi en le faisant évoluer, que ce soit visuellement (oh j’en ai passé du temps à planter des arbres, faire des allées en gravier et mettre des décorations un peu partout) ou avec de nouveaux bâtiments qui apporteront certains bonus (sachant qu’à part la forge, ils ne sont pas vraiment nécessaires).

L’évolution est très libre dans ce superbe monde ouvert et il ne tient qu’à vous de « rusher » la quête principale (entre 30 et 40h parait-il) ou de vous perdre dans toutes ce que propose le jeu. Pour ma part je me suis bien entendu perdu dans toutes les activités proposées. À commencer par le refuge que j’ai donc construit le plus tôt possible, revenant le personnaliser au fur et à mesure que les années passaient et que je débloquais du nouveau contenu. Comme indiqué plus haut, il y a une quinzaine de cercles d’objectifs importants et seulement 1 ou 2 concernent la ligne directrice du jeu (je ne suis pas tout à fait certains d’avoir identifié clairement ce que l’on appelle mission principale, nécessaire à l’évolution de l’histoire).

Certaines missions nous laissent le choix du protagoniste, d’autres nous font alterner mais dans tous les cas, l’approche n’est pas même.

En tout cas, il vous faudra progresser un peu sur celle-ci avant de recroiser la route de Yasuke. Une fois cette rencontre déclenchée, on pourra librement reprendre le contrôle de ce dernier et faire progresser nos deux personnages en parallèle sur leurs arbres respectifs de compétences. Nous offrant deux gameplay riches et totalement différents. On notera d’ailleurs que je trouve le gameplay de Yasuke un peu trop direct et s’il est assez jouissif de démembrer et d’anéantir toute forme de résistance avec lui, un Ghost of Tsushima apportait un peu plus de complexité au système de combat par exemple, rendant les affrontements au sabre un peu plus intéressants qu’un simple matraquage des touches R1 L1.

L’évolution de la trame principale se laisse suivre de manière très plaisante. Elle nous baladant surtout parmi tous les clans du Japon, dans une histoire de vengeance liée à l’unification du pays et des jeux de pouvoir qui en résultent. Les rebondissements sont nombreux, l’histoire à tiroirs est labyrinthique et nos deux protagonistes apportent une vision parfois différente de ce qui pourrait nous sembler évident.

Va pas glisser maintenant !

Sans rien dévoiler, la fin est un peu abrupte à mon gout et j’espère qu’Ubi apportera un complément d’histoire avec les DLC qui suivent généralement la sortie.

C’est beau tout au long des saisons

Et oui que dire de plus sur ce sujet. On pouvait s’en douter ou au moins l’espérer mais Assassin’s Creed Shadows est beau, très beau. À la façon d’un Ghost of Tsushima (oui encore lui, en même temps la comparaison parait logique) le Japon nous en met plein les yeux. Le passage des saisons joue d’ailleurs beaucoup sur ce point là. Puisqu’avec le temps, vous verrez les saisons défiler. Mais, que ce soit sous la neige l’hiver, avec les fleurs au printemps, sous le soleil de l’été ou sous les feuilles rouges de l’automne, le jeu nous en met plein les yeux tout le temps. Certains plans, certains environnements vous poussent à appuyer sur le mode photo assez régulièrement et on finit par mitrailler le jeu.

D’ailleurs ce système de saisons est pas mal, avec un autre intérêt que de vous en mettre plein les yeux. Déjà, vous aurez des éclaireurs dans le jeu, qui sont très pratiques pour découvrir l’emplacement exacte d’une mission quand vous êtes en mode non guidé. Mais aussi pour venir chercher des ressources marquées, qui sont généralement abondantes dans les châteaux. Mais vous en aurez un nombre limité et chacun ne sera utilisable qu’une seule fois. À chaque changement de saison, ces derniers se rendront de nouveau disponibles.

Autre intérêt, Naoe et Yasuke peuvent être recherchés. Dans ce cas, c’est valable pour une région entière et des gardiens les chasseront. Si ça apporte un vrai plus lors de la prise de châteaux, il n’est pas forcément agréable de rester recherché trop longtemps. Une fois de plus, le changement de saison sera l’occasion pour eux de se faire oublier.

règle shinobi n°38 : Toujours adapter sa tenue à la saison

Le petit défaut dans tout ça ? Le temps ne passe pas pour autant. Si on s’en réfère au cycle des saisons j’ai surement passé une bonne quinzaine d’années dans le jeu. Mais personne n’a pris une ride, Junjiro a toujours environ 10 ans et quand on croise quelqu’un 10 ans après, il nous parle comme si c’était hier. Dommage.

En conclusion

Bien sur, je n’ai pas parlé de tout. Si j’avais rédigé au fur et à mesure de mon aventure, mon test aurait été aussi interminable que le jeu quand on vise les 100%. Mais au final, je pense avoir appuyé là où je trouvais ça important.

Déjà, comme dans Valhalla, le jeu est (très) beau, sympa et vraiment agréable. Si Naoe retrouve un peu l’ambiance d’un Assassin’s Creed, Yasuke apporte autre chose plus proche d’un Ghost of Tsushima. On peut regretter le combat un peu simpliste de ce dernier d’ailleurs, mais les impressions restent bonnes et donc accessibles à tous. On en revient à cette conclusion que sans le fardeau de la licence à porter, Shadows serait une aventure prenante et suffisante.

Ensuite, Ubisoft offre ici un modèle d’open-world certes déjà vu et revu mais où l’impression d’immensité remplie artificiellement laisse place à une grande map à explorer librement, en prenant son temps et avec assez d’activités proposées pour que les joueurs puissent choisir celles qui les intéressent sans se préoccuper des autres. Si vous ne faites que les châteaux en boucle ou tous les châteaux de la carte, vous y trouverez une redondance assez classique pour un jeu Ubi mais franchement il y a largement de quoi faire pour varier les plaisir. Et en plus les deux personnages offrant deux gameplay très différents, la même activité peut être réalisée de manière différente. C’est pas un sans faute mais j’ai pris un réel plaisir dans ce Japon en monde ouvert.

Enfin, Ubi propose au joueur de personnaliser son aventure dans une époque où ça devient trop rare. Cette même personnalisation apporte plus d’authenticité à l’aventure avec le mode immersion (en Japonais et Portugais) mais aussi avec ce mode non guidé, qui change beaucoup notre approche d’un open-world. Fini de courir de point bleu en point bleu et bonjour à l’exploration libre qui permet de mieux profiter du jeu.

Une vingtaine de jours après sa sortie, on sait déjà que Shadows est parti pour être un joli succès et franchement ça me fait plaisir car le studio est souvent critiqué un peu gratuitement (enfin gratuitement, pas pour tout les sujets, je parle uniquement de la qualité des jeux) et il prouve ici qu’il sait toujours faire des bons jeux. Même s’il garde quelques défauts liés à la série et au monde ouvert.

Test longuement réalisé sur PS5 par un vieux grincheux qui n’avait même pas envie de râler, le tout via une copie fournie par l’éditeur.

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