Pentiment, la bénédiction du Gamepass

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Plongez dans cette adaptation officieuse de l’Inspecteur Derrick, dans la Bavière du XVIème siècle

Si vous n’avez jamais eu la chance de jouer à Alpha Protocol, vous pouvez encore le trouver d’occasion en physique, la version digitale ayant disparu de toutes les plateformes de téléchargement grâce à la rigidité de Sega

Emancipation

Longtemps considéré comme le sous-traitant de Bioware, pour avoir réalisé les suites de Knights of the Old Republic, Neverwinter Nights et l’excellent Fallout New Vegas notamment, le studio Obsidian a su couper le nombril depuis et s’imposer comme un acteur majeur de l’industrie. A leur actif, des titres tels que South Park: Le Bâton de la Vérité, Pillars of Eternity ou dernièrement, The Outer Worlds et Grounded. Grand spécialiste du RPG, Obsidian est aussi connu et reconnu pour maîtriser les jeux à embranchements, où vos choix ont de réelles conséquences et impacts sur la suite de l’aventure, à commencer par le mal aimé et disparu (merci Sega) Alpha Protocol. Alors en attendant leurs deux prochains gros jeux, The Outer Worlds 2 et Avowed, le studio nous offre un titre un peu moins ambitieux, dont le développement est confié à une équipe réduite sous la direction de Josh Sawyer, ancien des studio Black Isle (Planescape Torment, Icewind Dale…).

Andreas est souvent en proie à des rêves où il converse avec sa conscience

Ce titre, est une enquête Historique (avec un grand H) dans la Bavière du XVIème siècle, aux graphismes un peu austère rappelant tapisseries et gravures de l’époque, et dont les dialogues constituent la clé de voûte de l’aventure. Car clairement, si la lecture vous ennuie, si les récits historiques et les références religieuses vous donnent de l’urticaire, vous pouvez d’ores et déjà cesser de lire cette critique et désinstaller Pentiment de votre bécane (Xbox / PC) : Il n’est clairement pas fait pour vous ! D’ailleurs, les premières heures du jeu ont de quoi refroidir les ardeurs de n’importe quel joueur qui ne s’appellerait pas Stéphane Bern ou Laurànt Deutsch, puisqu’on y suit les premiers pas d’Andreas Maler, artiste peintre réalisant son chef d’œuvre dans le scriptorium de l’abbaye de Kiersau. Et pendant ces premiers et longs instants, on découvre les lieux, les habitants de Tassing et on modèle la personnalité d’Andreas. Et cette partie peut s’avérer longue et rébarbative pour les moins motivés d’entre nous. Jusqu’à ce que survienne le premier meurtre…

Certains choix coulent plus naturellement de source que d’autres, curieusement…

Les voies du Seigneur

Et là, notre artiste un brin curieux se mue alors en inspecteur plus ou moins brillant, plus ou moins convaincu, plus ou moins sensible, plus ou moins catholique aussi, selon les choix que vous ferez et les directions que vous serez amené à prendre. Car à partir de cet instant (et même un peu avant d’ailleurs), chaque situation, chaque conversation ou presque, vous amènera à faire des choix qui auront des répercussions par la suite, à court, moyen et même long terme. Certaines de ces conséquences se matérialiseront par un échec dans l’obtention d’une information, d’autres par l’impossibilité pure et simple d’explorer telle ou telle piste. Car l’étude de chacune d’entre elles se fera au détriment d’autres indices, tant les  suspects sont nombreux, les mobiles complexes et le temps précieux.

Les journées sont morcelées en plusieurs parties ; auxquelles s’ajouteront parfois quelques séquences de rêves

En effet, au-delà de la dead line que vous imposera les protagonistes pour rendre vos conclusions, sachez que chaque journée est divisée en tronçons temporels distincts (matin, dîner, souper, etc.) et que nombre de vos actions s’étendront sur un tronçon complet de ces journées, ne vous permettant dès lors pas, d’explorer plusieurs pistes à la fois. Ces barrières sont bien évidemment là pour vous empêcher d’approfondir votre enquête et vous forger des certitudes, vous laissant dans le doute et le désarroi lorsqu’en bout de course il vous sera demandé de nommer un coupable, que vous condamnerez à mort sans savoir si c’était le bon choix, sans savoir non plus quelles conséquences cela aura dans le futur.

La religion, et plus particulièrement le christianisme, est omniprésent mais le choix vous est laissé de faire d’Andreas un héros croyant ou non

En effet, notez que l’histoire s’étend sur trois périodes couvrant 25 ans : 1518, l’année à laquelle vous débuterez l’aventure, puis 7 ans après en 1525, pour finir 18 années plus tard encore, en 1543. Et bien sûr, les conséquences de vos actes se répercuteront sur ces trois périodes, même si la trame principale reste globalement la même d’une partie sur l’autre. Car bien évidemment, derrière ces différents meurtres que vous aurez à résoudre, se tisse un fil rouge qui laissera planer le mystère sur la vingtaine d’heure que durera le jeu. Et si le vrai coupable n’est pas si difficile à déceler, si le troisième et dernier chapitre redescend un peu en rythme et en enjeux, Pentiment n’en reste pas moins une grande fresque, au sens propre comme au figuré d’ailleurs, passionnante à suivre et à jouer. Un (très chouette) ovni dans le paysage vidéoludique.

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