Pour le premier volet de cette série consacrée aux légendes du jeu d’aventures, j’ai décidé de débuter par ce qui reste l’un des jeux qui m’a le plus marqué dans mon histoire de gamer : Dreamweb !
Pas pour les mioches

En 1994, le Brésil battait l’Italie aux tirs au but en finale de coupe du monde, Robert Hue fut nommé premier secrétaire du Parti Communiste Français, Kurt Cobain se suicidait d’une balle en pleine tronche, Ayrton Senna se tuait lors du grand prix d’Imola et le champion d’échecs Kasparov se faisait défoncer par un ordinateur. Toutefois l’événement le plus marquant de cette année là, ce n’est rien de tout ça, mais bien évidemment la sortie de Dreamweb, le jeu d’aventures d’Empire Interactive.
Sombre, violent, immoral et profondément jouissif, cet ovni vidéoludique ne connaitra pourtant pas le succès qu’il mérite ; la faute sans doute à sa réalisation « fenêtrée » qui rebute les accrocs du « toujours plus beau, toujours plus grand » (qui sévissent d’ailleurs encore de nos jours) et une communication très (trop) discrète, même pour cette époque où le jeu vidéo était encore un loisir de niche. Alors pour lui rendre hommage, j’ai décidé de vous proposer ce rétro-test de ce qui est sans doute à ce jour, selon moi, l’un des plus grands jeux d’aventures de tous les temps (oui je sais, je dis ça pour tous les Point & Click de l’époque…).

Dreamweb, c’est l’histoire de Ryan, votre histoire. Et celle-ci débute par un sombre rêve dans lequel des moines encapuchonnés vous désignent pour accomplir une divine prophétie… une prophétie meurtrière. Le monde dans lequel vous vous réveillez alors, pourrait figurer dans les meilleurs romans d’anticipation, tant il est sale, gris et pluvieux.
Vous vous sentez perdu, votre petite amie s’inquiète pour vous mais ça ne l’empêche pas de dormir pour autant. Votre patron vous lourde à cause de vos trop nombreux retards et votre meilleur ami Louis est un gros geek paumé, crade, alcoolique et toxico. Au moins vos rêves ont raison sur un point : Votre univers part en burnasses ! Il est temps de prendre votre destinée en main, il est temps de vous faire juge et bourreau et d’éliminer les nuisibles de ce monde. Le premier d’entre eux sera un rocker décadent qui se vautre dans la luxure, le suivant un chef des armées aux ambitions totalitaires. Tous subiront votre châtiment !
Tout pour l’ambiance

Ce qui plait de suite dans Dreamweb, c’est son univers. Graphiquement le titre est dans la norme de l’époque si l’on excepte cette minuscule fenêtre où se déroule l’aventure (un choix vraiment curieux, quand même). Mais l’ambiance cradingue qui s’en dégage est palpable, grisante. L’excellente musique qui nous accompagne, nous immerge encore davantage dans ce monde et rappelle parfois des sonorités propres aux compositions de John Carpenter.
Les textes à l’écran s’affichent en français, doublés par des voix anglo-saxonnes d’un naturel stupéfiant à tel point que certaines grosses productions pourraient, encore aujourd’hui, en prendre de la graine. Les mécaniques de jeu sont dans la plus pure tradition du genre, avec un inventaire limité et des actions contextuelles en fonction des objets pointés à l’écran. Bon, par moment le jeu se résume presque à de la chasse au pixel, mais il faut admettre qu’il s’agissait d’un syndrome assez répandu à cette époque. De plus, le jeu propose un encadré en bas à gauche de son interface, zoomant sur la zone autour de la souris ; une particularité qui vient empiéter sur une zone de jeu déjà très réduite, mais tout de même bien pratique pour repérer les points d’intérêt.


Mais derrière des fondamentaux relativement classiques se cache un jeu au scénario élaboré. Une histoire palpitante servie par des scènes crues où l’hémoglobine et le sexe cohabitent sans jamais tomber dans la surenchère ou le cliché. Par ailleurs, Dreamweb est assez court, pas forcément très difficile non plus, mais c’est une expérience de jeu unique que je n’ai jamais retrouvé dans nul autre jeu par la suite. Un titre qui vous prend aux tripes, vous scotche à votre PC, et même encore aujourd’hui, malgré cette technique dépassée qu’on oublie bien vite, y avoir rejoué fut un plaisir incommensurable. Plus que jamais, Dreamweb tient sa place au panthéon du Point & Click aux cotés d’autres titres mythiques comme Day of the Tentacle ou Gabriel Knight.

1 Commentaire
Les légendes du Point & Click : Dreamweb
J’ai toujours eu plus ou moins de mal à me plonger dans les point & click, moi qui n’ai jamais été vraiment un gamer PC, mais l’univers de celui-là me parle (hinhin). Je ne le connaissais pas d’ailleurs.