Sauvez la Terre d’une invasion extra-terrestre venu nous fumer (au sens propre), dans ce FPS déjanté conçu par l’un des co-créateurs de la série Rick et Morty
Humour subtil
Si vous suivez l’actu du jeu vidéo, vous n’avez pas pu passer à côté : High on Life est devenu le jeu le plus joué du Xbox GamePass, se plaçant devant les cadors habituels. Alors certes, dans le lot nombreux sont ceux qui ont dû le lancer par curiosité, alertés par le tintamarre qui résonnait sur les sites spécialisés et les réseaux sociaux. Mais j’ai du mal à croire qu’un succès aussi retentissant n’ai pas trouvé un écho plus pérenne chez les joueurs. D’ailleurs, la différence flagrante entre la moyenne « Presse » et celle des « Joueurs » sur Metacritic, le laisse largement supposer. Pour ma part, j’avoue que je n’avais pas prêté plus attention que cela au jeu. J’avais vaguement vu qu’il s’agissait d’un FPS coloré, dans lequel les armes étaient vivantes, mais rien de plus. Je n’ai même d’ailleurs jamais vu un seul épisode de Rick & Morty. Cela ne m’a pas empêché de le lancer day one, mais ça traduisait plus un manque de jeux (je venais de terminer Pentiment) qu’une réelle conviction. Pourtant, je suis devenu très vite accroc…
High on Life est donc bel et bien un FPS, dans lequel on incarne un adolescent (ou une adolescente d’ailleurs) qui se retrouve confronté à un cartel criminel d’extra-terrestres baptisé le G3. C’est donc armé d’un flingue vivant et particulièrement bavard (et même plusieurs par la suite), que vous allez devoir sauver le monde. Ces flingues aux allures de créatures m’ont d’abord fait penser à Oddworld Stranger Wrath (que j’avais beaucoup aimé), mais très vite l’humour irrévérencieux m’a replongé à l’époque bénie des Dieux de Conker Bad Fur Day. Et un jeu qui te fait penser à Conker, ne peut pas être un mauvais jeu ! Si la vulgarité ne vous émeut pas, il est difficile de ne pas s’amuser des dialogues et des situations grotesques auxquels le jeu nous confronte constamment ; c’est juste dommage qu’il ne propose pas une (bonne) VF, tant il est parfois délicat de suivre toutes les vannes qui fusent, notamment pendant les combats. Car en plus d’être intégralement doublé en anglais (sous-titrés en français tout de même), le jeu est très, très, très bavard.
Plus platformer que shooter
Son humour, c’est l’argument numéro 1 et, de très loin, ce qui va faire la différence. Car à côté de cela, le gameplay se veut très classique et rappellera d’ailleurs plus les jeux de plateforme des années 2000 que les FPS des années 2020. Les sensations de shoot ne sont pas folles et même si les compétences uniques de chaque armes apportent de la diversité, les situations de combats sont relativement redondantes. Toutefois, son aspect plateforme est rafraichissant, avec ses astuces et techniques propres au genre, permettant de dénicher le coffre secret bien planqué ou semblant inaccessible. Même constat d’ailleurs avec les quelques trouvailles ponctuelles de game et level design, originales et même parfois géniales je trouve. Et pour en finir avec l’aspect technique, notez que les graphismes colorés sont plutôt agréables, même si on n’est clairement pas ici en face d’une vitrine technologique, que les musiques sont au mieux, banales et sans intérêt, voire insupportables par moment, et que le jeu est entaché de quelques bugs ci et là, donc un qui m’a poussé à recommencer un combat de boss, ce dernier étant planté.
Mais encore une fois, High on Life ne m’a pas plu et marqué pour sa technique, mais pour son humour, son scénario et ses situations grotesques. Que ce soit la relation conflictuelle entre Lizzie, votre sœur, et Gene, votre mentor ex-chasseur de prime amputé des deux jambes et loser dans l’âme. Ou encore ces moplets, englué dans la bureaucratie qui vous demandent de faire du classement administratif entre deux gunfights. Ou cet alien pervers qui a besoin d’un remède pour remettre popaul d’aplomb. Les séquences débiles se succèdent à un rythme effréné, sans jamais voir l’imagination débordante des développeurs et scénaristes se tarir. Leur créativité et leur minutie sont tellement pointues, qu’ils ont pondu des dizaines et des dizaines de séquences et lignes de dialogues que peu d’entre nous verront, car particulièrement situationnelles : Si vous patienter pendant une heure dans une salle de projection par exemple, si vous tuez un boss avant de le croiser ou encore si vous prenez un raccourci qui n’était pas forcément prévu au programme.
Bref, High on Life n’est pas ce AAA qu’on tease 4 ans avant pour se vendre ensuite par dizaine de millions et terminer GOTY aux Game Awards de Geoff-je-mâche-du-chewing-gum-Keighley. Je ne sais même pas si, sans le Gamepass, il ne serait pas passé inaperçu tant peu de joueurs auraient fait la démarche de l’acheter (et ils auraient eu bien tort… moi le premier). Pourtant, c’est un jeu qui, je pense, va me marquer et dont je me souviendrai dans quelques années ; bien plus d’ailleurs que beaucoup de Triple A qui m’ont frappé sur le moment et dont j’ai oublié l’existence ensuite. J’attends désormais une suite (ou un DLC), puisque certaines questions sont restées sans réponse et que, accessoirement, je me suis marré comme une baleine. J’en profite d’ailleurs pour vous mettre en garde : Après la fin un peu abrupte, n’hésitez pas à relancer le jeu et à trouver la fin (pas très bien) cachée. Ce serait dommage de passer à côté, tant celle-ci est en réalité, la vraie fin (ouverte) du jeu…