Un peu plus de 55 heures de jeu, scénario terminé, la plupart des activités annexes achevées, GTA Online sorti. Il est temps d’attaquer la nalyse de GTA V.
La nalyse n’est pas systématiquement raccord avec l’actu, elle n’est pas objective, ce n’est pas une fiche technique, elle ne fait pas de détails ou en donne tout plein selon l’humeur, elle n’est pas faites pour influencer tes achats de consommateur fou parce qu’elle n’en tirerait aucun intérêt, elle est juste écrite pour te faire partager mes goûts à moi, ton K.mi qui t’aime (un peu comme un gosse qui fait popo et qui est fier et émerveillé de le montrer à tout le monde.)
Je vous l’introduis tout entier
Rockstar est mon studio de développement préféré, GTA est après Shenmue la saga pour laquelle je tapinerais (ce qui n’est pas très hipster et assez classique, j’en ai conscience et j’assume parfaitement), autant dire que j’attendais Grand Theft Auto V autant que le monde entier…
Le pitch dans ta potch
Il y a quelques années de ça, Michael Townley et Trevor Philips, deux gangsters, réalisent un braquage (que l’on joue dans un prologue habilement mis en scène) qui tourne mal puisque les flics déboulent très vite à la surprise générale. Alors que Trevor parvient à prendre la fuite miraculeusement, Michael est laissé pour mort. C’était en fait un coup monté, ce dernier a passé un deal avec le FIB pour faire partie lui et sa famille d’un système de protection des témoins lui permettant de redémarrer sa vie sous une fausse identité (Michael De Santa), dans une villa paisible de Los Santos. Quelques années plus tard, de nos jours, nous sommes dans la peau de Franklin Clinton, un jeune noir du ghetto de Los Santos qui veut s’en sortir par tous les moyens nécessaires.
Attardons-nous là-dessus (enfin, moi, surtout…)
De GTA IV est né GTA V, on comprend facilement les éléments qui ont donné les idées principales à Rockstar pour leur nouveau titre. A savoir la mission préférée des joueurs (et la mienne aussi) lors des aventures de Niko Bellic : celle du braquage. Et une narration entrecroisée par trois personnages avec Johnny et Luis des Episodes from Liberty City. GTA V propose donc trois personnages jouables avec un scénario qui était vendu comme tournant principalement autour des braquages (dans les faits ce n’est pas vraiment le cas, j’y reviendrais).
Franklin est un reboot de C.J. de GTA : San Andreas assez flagrant dès les premières heures de jeu et rien n’est fait pour s’en détacher plus de 50 heures après. Le personnage est attachant mais indéniablement extrêmement peu original dans la saga, voire même désuet sur un plan scénaristique. C’est du vu et revu et son écriture fait presque peine à voir tant la plume du studio (et plus particulièrement de Dan Houser qui est encore une fois co-auteur) avait évolué ces dernières années. Et ce n’est pas l’attribution d’un chien (totalement gadget au passage, qui ne sert finalement à Rockstar qu’à distribuer des appli’ smartphones/tablettes) qui va y changer quelque chose. Il vit en co-propriété avec sa tante (qu’il n’apprécie pas) depuis la mort de sa mère. Son meilleur pote, membre d’un gang, est un imbécile qui se fout dans des situations improbables dont il le sauve tout au long du jeu. Rien de bien folichon passé la découverte de la ville, tout bonnement gigantesque et aux plaisirs très variés.
Franklin prend finalement un peu de dimension au contact de Michael dont l’arrivée dans la vie du homeboy après quelques petites heures de jeu est admirablement mise en scène. Michael, lui, est beaucoup plus intéressant, il a un vécu derrière lui et beaucoup de choses qui le rongent. Pour la première fois dans un GTA on incarne un père de famille, et justement cette famille est au centre de presque toutes ses décisions. Amanda, sa femme, a des profs en tout et n’importe quoi et le fait cocu sûrement presque autant que lui l’a fait (durant le jeu libre à vous d’être infidèle par ailleurs). Jimmy, son fils, est un branleur pourri gâté qui se prend pour un gangsta et qui passe sa vie à fumer des bangs et à jouer aux jeux vidéo lorsqu’il ne se retrouve pas aux prises avec de vrais gangsters. Tracey, sa fille, veut devenir célèbre peu importe ce qu’elle doit faire pour. Un tableau tout à fait dans l’esprit satirique de la vie à Los Angeles. Et Michael, qui consulte un psy, se fait chier au beau milieu de tout ça avant que ses vieux démons ne le rattrapent. Son écriture est plus construite, plus profonde, mais on reste tout de même sur une frustration concernant le personnage. Il aurait mérité bien plus de profondeur, plus d’intimisme. Et on a l’impression que Rockstar en avait envie qui plus est.
Trevor quant à lui -que j’ai commencé à pouvoir incarner après 13 heures de jeu tout de même ! – est également inédit dans la saga puisque nous n’avions jamais eu l’occasion de jouer un parfait psychopathe. Avec ses potes soumis et barrés, il fait des coups au beau milieu de la cambrousse poussiéreuse en pétant un plomb régulièrement. Son instabilité mentale offre plusieurs moments hilarants et libérateurs mais au final, il manque aussi beaucoup de profondeur dans son écriture. Il est juste là pour amuser la galerie et c’est, certes, très réussi, mais j’en attendais tellement plus. Oui c’est toujours un plaisir de switcher sur lui pour le découvrir allongé en slip au milieu de plusieurs cadavres sur la plage, en train de dormir dans une benne à ordures, torse nu en train de dégueuler dans une fontaine, bourré sur un toit, au beau milieu de nulle part dire à un clochard apeuré « je voulais simplement qu’on se réchauffe ». Oui son univers de pilote et de redneck offre probablement le plus d’activités hyper fun du jeu. Mais en dehors de ça, sur un plan narratif, il n’y a quasi rien, que dalle. J’irais même jusqu’à dire que si on voulait juste faire n’importe quoi sans que ça soit écrit c’était pas la peine d’écrire un scénario, et pour ça y a Saints Row… Lui aussi aurait mérité tellement mieux niveau écriture.
GTA V ce n’est pas l’histoire de trois personnages aux destins croisés comme GTA IV et Episodes from Liberty City l’étaient. Il s’agit plutôt d’une seule et unique histoire dans laquelle on incarne trois personnages (et qui offre trois fins potentiellement différentes qui se décident lors de la dernière mission). Le problème c’est que cette histoire est vraiment légère. Elle se résume en une seule phrase : « Se faire du blé ». Voilà tout ce qui est raconté. C’est vrai que l’on nous montre vite que la relation entre Michael et Trevor est tendue mais finalement ça importe peu. Et il y a bien sûr les très classiques situations où l’on doit « bosser » pour deux factions qui s’opposent parce qu’elles nous tiennent toutes les deux par les couilles jusqu’à ce qu’on leur fasse à l’envers. C’est une véritable régression pour Rockstar qui ne dépasse pas l’écriture d’un GTA III pondu il y a pourtant plus de 10 ans. Un vrai choc après GTA IV, Red Dead Redemption et Max Payne 3 tellement plus intimistes et porteurs de sens. Je joue à un jeu Rockstar à 60% pour son écriture, pour la première fois de ma vie un de leur jeu me déçois véritablement sur ce point.
Tout de même, le manque de variété des missions de GTA IV est pulvérisé grâce à une carte gigantesque offrant tous les véhicules que l’on peut imaginer (ou presque). La satire de Los Angeles et de notre monde actuel est parfaite avec les réseaux sociaux qui s’en prennent plein la gueule, la télé réalité, Call of Duty, l’industrie du cinéma, la psychanalyse etc. Beaucoup de missions sont anthologiques à commencer par les premières de Michael (celle où l’on doit récupérer son bateau reste une de mes préférées) mais j’y mets tout de même un bémol, encore : la mécanique des braquages est vraiment géniale à vivre avec un choix entre deux approches à chaque fois, les préparatifs et le passage à l’acte. Mais au final on ne réalise que trois véritables braquages, le reste du temps on fait des coups qui ne servent à rien, pour voler des objets par exemple. Pire on a l’impression relativement régulièrement de refaire des missions d’anciens GTA (et ça le scénario y est pour beaucoup, une fois encore). Moi je m’imaginais déjà faire devenir nos trois lascars une troupe de braqueurs recherchée par toutes les polices du coin avec une écriture qui s’attarde là-dessus. D’ailleurs le conflit entre Michael et Trevor aurait pu être beaucoup plus prononcé à ce sujet, au delà des sarcasmes de Trevor. Multiplier les braquages aurait pu faire devenir les perso paranos etc.
Finalement vous vous retrouverez tout de même avec un paquet de fric sans savoir quoi en faire. Parce que l’achat des commerces de la ville n’a que peu d’intérêt (même financier). Parce qu’il n’y a pas d’achat de planques. Parce que l’achat de véhicules ne sert à rien vu qu’ils ne se sauvegardent que rarement dans vos garages et qu’il faut absolument les garer à l’infini dedans pour les y retrouver. Et parce que qu’est-ce qu’on en a à foutre d’avoir du fric par millions dans un jeu vidéo qui laisse le choix de voler à peu près tout ce qu’on veut ? Je me demande si le souhait d’ancrer pleinement la vibe de la ville dans le scénario n’a pas joué là-dessus. Liberty City est une ville d’immigrés qui viennent pour le rêve américain, le scénario de GTA IV était donc basé là-dessus. Los Santos est une ville de strass et de paillette où la futilité est reine. GTA V repose là-dessus. Et c’est bien dommage.
Et si désormais la conduite et la visée sont largement acceptables, GTA V ressort tout de même ses vieux pots (dont la soupe est dégueulasse). Dans Red Dead Redemption chaque arme apparaissait sur Marston et on ne pouvait pas en transporter 12. Dans GTA V c’est encore le même système que celui de GTA III, on peut tout transporter dans sa poche magique, rien n’apparaît sur les perso. Et en plus on est d’entrée de jeu avec un milliard de flingues en sa possession. Ca on ne m’empêchera pas de croire qu’il s’agit d’un sacrifice pour plaire au grand public avide d’explosions. Le même moqué dans le jeu à travers la parodie de Call of Duty… Bon et sinon rien à voir, mais d’après les créateurs du jeu, GTA III, Vice City et San Andreas se passent dans un monde parallèle à celui de GTA IV, ses épisodes et GTA V. Les références aux autres épisodes présente dans le V commencent donc à GTA IV (en tout cas les références directes avec apparitions de personnages, sinon vous trouverez bien un CD d’OG Loc par-ci par-là par exemple…), ce qui ne les empêchent pas d’être jouissives. J’ai beaucoup apprécié retrouver Packie (le pote irlandais de Niko) dans une mission aléatoire et pouvoir l’intégrer aux braquages en homme de main. La référence à Lost & Damned et Johnny n’échappera par contre à personne et elle est assez gratinée.
Côté GTA Online c’est une prolongation de ce qui avait été fait dans GTA IV et Red Dead Redemption avec une volonté (pour le moment sur le papier vu que le online n’est dispo que depuis aujourd’hui) d’y établir un vrai côté MMO avec de nouvelles activités, missions etc mises en ligne régulièrement. C’est assez prometteur même si pour le moment on n’y voit pas grande différence d’avec GTA IV et RDR qui se sont déjà avérés très chronophages pour moi… Par contre il semble y avoir de sévères soucis de connexion.
J’ai passé plus de 50 heures sur ce jeu donc, évidemment, je l’ai apprécié. Mais il m’a aussi beaucoup déçu en tant que grand fan de la série, comme vous l’aurez compris. Le choix des villes des GTA de cette génération de machines n’était qu’un reboot des villes des générations précédentes. Pour GTA VI j’espère dans un premier temps, cher Rockstar, que vous allez nous sortir une ville encore jamais réalisée par l’équipe (oubliez Vice City et si vous nous ressortez Liberty City ou Los Santos je vous bute). Dans un second temps il faudra frapper un grand coup niveau scénario, arrêtez de déconner vous valez 1000 fois mieux que ce GTA V. Lâchez les trois personnages simultanés (puisque ça vous fera visiblement survoler leurs propres histoires) et puis tiens, puisqu’on commence à vous le réclamer maintenant beaucoup depuis quelques années : créez une femme comme personnage principal. Vous montrerez que vous avez des couilles. Et ça permettra par la même à clouer le bec des féministes qui ne voient que les filles faciles dans vos jeux mais jamais les femmes fortes qui tiennent droits les perso principaux ou qui sont aussi hautes en couleur que les perso secondaires masculins.
Les trucs à ressortir en société pour susciter de nombreux fantasmes chez les personnes de ton choix
– Les photos des smartphones dans le jeu s’uploadent sur le Rockstar Social Club pour ceux qui y sont inscrits. On peut voir toutes les photos de la communauté à cette adresse, et il y a des perles.
– Le personnage de Lazlow est le seul à avoir aussi un background dans les GTA de la génération précédente. C’est à l’origine une vraie personne qui bosse sur l’écriture des stations de radios de GTA depuis le III. Il est aussi animateur d’une station de radio dans presque tous les épisodes depuis, jusqu’à ce fameux rôle de personnage secondaire dans GTA V.
– Avec un budget non officiel de plus de 200 millions de dollars, GTA V est non officiellement le jeu le plus cher de l’histoire (en excluant les MMO, World of Warcraft coûte encore des thunes à Blizzard par exemple, ce qui amène à plusieurs centaines de millions de dollars de budget depuis sa création).
9 Commentaires
Grand Theft Auto V, la nalyse
Pas grand chose à dire de plus… un excellent jeu, mais une terrible déception aux vues des promesses et des attentes.
N’importe quel autre studio l’aurait réalisé, je l’aurai accepté volontiers.
Mais c’est Rockstar, on ne peut pas leur passer ça. C’est aussi ça la rançon de la gloire !
Grand Theft Auto V, la nalyse
LE truc qui m’a déçu,et vous moquez pas,c’est qu’il y’a toujours pas de vrai radio metal!!
Une station punk toute naze et c’est tout!!Et en général la playlist des radios tourne rapidement en rond,pas de musique classique,bref,je la trouve bien naze la musique la…
Grand Theft Auto V, la nalyse
C’est vrai que les stations de radio m’ont un peu déçu également… mais ça reste anecdotique.
Grand Theft Auto V, la nalyse
Je ne les trouve pas en deça des précédentes. Ca fini forcément par tourner en rond parce qu’il y a 50 heures de durée de vie minimum mais y a tout de même des heures de programmes ce qui reste exceptionnel.
Un truc que j’ai trouvé chiant et dont je n’ai pas parlé c’est la traduction très politiquement correct par rapport à la V.O.. Les « nigga » à tout bout de champ de Franklin et Lamar typiquement ghetto n’ont pas été traduit par des « négro » probablement par peur mais du coup ben la trad’ est moins savoureuse que la V.O.. Que l’auteur traduise « dog » quand Franklin s’adresse à ses potes par des « mon pote » et ce genre de trucs ok. Mais les « nigga » tu les traduits pas par « mon pote », c’est nul, c’est tout le charisme et le mode de vie du personnage qui diverge. Putain c’est quoi cette époque où on a peur de bien traduire des mots réellement prononcés par un personnage, sans déconner…
Grand Theft Auto V, la nalyse
Justement,ça tourne en rond bien avant les 50 heures (les musiques hein),je me rappelle en avoir eu marre en à peine 4 ou 5 heures de jeu.Bon,clair que ça reste anecdotique,mais ça plus d ‘autres petites choses,ça nique un peu le plaisir de jeu.
Grand Theft Auto V, la nalyse
Je me suis peut-être mal exprimé, mais t’imagine si on avait une playlist qui faisait plus de 50 heures ? 😀 Normal que ça tourne en rond au bout de 5 heures, c’est déjà énorme une playlist pareille. Dans les précédents c’était la même chose.
Grand Theft Auto V, la nalyse
En fait je viens juste de me rappeler que a part dans le 4,dans les autres gta sur xbox 1ere du nom,tu pouvais mettre les musiques que tu avais enregistré sur ta console.Et du coup au fond c’est ça qui me manque.
Et pour le 4,cela m’avais moins géné,j’avais préféré les radios du 4 que du 5.
Mais la c’est juste une question de gout personnel.
Grand Theft Auto V, la nalyse
Y’a trop de radios sur le V. Ils auraient du les regrouper 2 par 2 pour allonger le turn over.
Grand Theft Auto V, la nalyse
Moi j’m’en cogne… je fous la radio classique hip hop et roule ma poule.
Si, un truc que j’aime bien écouter aussi, ce sont les news… bref, quand ça parle en général. Bon, c’est pas sous-titré donc faut avoir des notions d’anglais, mais c’est souvent marrant et ça a parfois un rapport avec nos activités.
Ah, et j’ai adoré les Bee Gees à la radio quand tu ramènes Patricia. 😀