Grand Theft Auto IV, immersion 2.0

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Grâce à la nouvelle génération de machines, un pas est franchit dans la saga des Grand Theft Auto et il n’est pas seulement graphique. Si ce quatrième épisode ne révolutionne pas le jeu vidéo comme a pu le faire GTA III, il l’emmène en tout cas à un degré d’immersion jamais atteint…

Un être humain dans une ville contemporaine

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Une scène typiquement GTAesque comme on les aime.
Liberty City… lien entre chaque GTA qui a compté, lieu finalement logique de ce GTA IV, une sorte de retour aux sources pour ce qui sera un nouveau départ dans la série. Comme vous le savez il s’agit d’une parodie (voir pastiche) de New York et le moins que l’on puisse dire c’est que l’ambiance de cette ville n’aura jamais été aussi bien retranscrite. Immense, métissée, d’une sensation différente de jour et de nuit, selon les quartiers, le travail sur l’architecture, le design, les PNJ qui font leur vie, rien n’est laissé au hasard. C’est d’une minutie jamais vue, grisante, dont on a du mal à imaginer le nombre d’heures de travail pour en arriver à ce résultat. Aucune façade ne se ressemble, chaque parcelle de terrain, chaque centimètre carré est unique et léché, bordel de merde ça me la coupe, pour résumer. Jamais je n’aurais eu la telle sensation d’être dans une véritable ville, riche, qui était là bien avant mon arrivée et qui de toutes façon vit sans moi. Pour un jeu solo c’est juste démentiel. Je n’ai pas assez de qualificatif pour vous retranscrire exactement les émotions que j’ai pu vivre en découvrant d’heures en heures cette Liberty City nouvelle génération, mais ce qui est certain c’est qu’à elle seule la ville impose déjà toute une ambiance…

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Niko Bellic ou la dégaine de clando typique.
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Y a plein de PNJ différents qui font des tas de trucs, la classe.
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Brucie est un abruti parfait, chaque fois qu’on le voit on se marre, ou presque.

Niko Bellic est notre héros pour cet épisode, immigrant serbe qui débarque dans la ville des opportunités avec pour seul contact un cousin un peu fantasque. Si nous découvrons Liberty City en même temps que lui, à travers ses yeux, Niko a par contre un passé qui l’a forgé bien avant que l’on en prenne les commandes et qui va justifier nos actes forcément criminels. Niko a fait la guerre, a vu beaucoup d’amis proches se faire massacrer, a vu des choses qui l’auront changés à jamais et s’il ne serait pas contre un nouveau départ, ce ne sont pas les raisons principales pour lesquelles il a fait ce long voyage. Pour résumer sans vous spoiler, il vient pour échapper à ses démons et en retrouver d’autres plus anciens pour parvenir à définitivement les chasser de son esprit, peu importe ce qu’il faudra faire pour y parvenir, plus rien à perdre… Son petit accent de l’est (la VOST est magistrale, comme d’hab’ dans la saga) lui donne d’ailleurs un côté humain supplémentaire, ajoutez ça à tout un tas d’éléments (de gameplay et scénaristiques) et je dirais même que c’est la première fois dans un GTA que l’on a l’impression de contrôler un « vrai » être humain avec une conscience (qui le ronge). Conscience appuyée et transmise au joueur notamment par des choix moraux au fil des missions, qui peuvent parfois avoir une vraie influence… Pour la première fois de ma vie dans un jeu je me suis demandé l’espace de quelques secondes si j’avais fait le bon choix. Non pas par soucis d’items à débloquer ou je ne sais quoi, mais vraiment par sens moral et empathie envers le personnage que j’incarne. Prenant.

Touches pas à mon pote

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Dans Grand Theft Auto je ne sais pas vous mais moi je me méfie toujours de quasi tout les personnages que l’on rencontre.
L’empathie envers Niko étant palpable (pour ne rien gâcher la durée de vie gigantesque fait que l’on s’attache toujours plus à celui avec on vit tout un tas de choses), on se surprend à apprécier ou à détester les personnages avec qui il noue des liens. Tant grâce à la mise en scène magique de Rockstar (l’intro met une bonne grosse claque à tout ce qui s’est fait jusqu’à maintenant), son travail sur les nombreux personnages importants (qui ont encore une fois tous une personnalité qui leur est propre), qu’au nouveau système d’interaction sociale (qui devient un peu pesant au bout d’une quarantaine d’heures de jeu d’ailleurs) où l’on peut se faire des virées avec un pote (ou une petite amie) dans un club de strip-tease, dans un bowling, un billard, un restau, un théâtre, un bar etc… Rien de tel que de se bourrer la gueule dans un pub avec un truand irlandais (ou l’inverse) pour se lier d’amitié, surtout que chaque relation étoffée nous fait obtenir des petites faveurs parfois bien pratiques… Et puis le génie d’écriture des développeurs est toujours bien présent, ils se sont même fait plaisir au point de créer des dialogues différents pour une même mission : il m’est arrivé très souvent de recommencer une mission trois fois et d’avoir trois fois un dialogue différent en cours de route, c’est impressionnant et intelligent (ça frustre beaucoup moins de recommencer du coup) ! L’intégralité de ces éléments font de l’histoire de Grand Theft Auto IV une histoire dont on a hâte de connaître le dénouement, comme un bon film, et qui portera d’ailleurs toute l’empathie envers Niko et la sympathie envers ses amis à son paroxysme, rhaaaa ça tue.

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Ce passage est un de mes préférés du jeu.
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Ouais, y pleut. Trop perspicace Niko.
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Impossible de viser la tête. Mais bon on peut le tabasser après quand même.

Là où un gros virage a été prit dans la saga c’est dans la façon d’aborder le gameplay, essentiellement. Beaucoup plus réaliste premièrement, avec des animations superbes et détaillées jusque dans le changement de stations de radio (toujours nombreuses et variées) ou la pipe d’une prostituée ramassée dans un quartier pourri, dans la conduite qui se pare d’une marge de progression et donc de profondeur, dans les fusillades enfin dynamiques et qui ne brisent plus autant l’immersion, grâce à l’euphoria (l’outil servant à gérer la réaction des corps inertes) qui fera sans doute du ragdoll un lointain souvenir, mais aussi en globalité dans son côté sobre. Là où San Andreas était complètement extravagant et délirant avec ses innombrables types d’armes, de véhicules et de paysages, GTA IV semble avoir régressé en ne proposant qu’un décor strictement urbain, une dizaine d’armes strictement à feu (si ce n’est pour une batte et un couteau et bien sûr les grenades et cocktails molotov) et des véhicules qui s’arrêtent aux voitures/camions motos/hélicos. Il est possible que ce ne soit qu’une mise en bouche histoire de laisser de la marge aux futures suites, mais là où le bas blesse c’est que cette extravagance de San Andreas apportait une variété énorme aux missions qu’on ne ressent pas le moins du monde dans ce numéro IV. Alors bien sûr ça n’empêche pas des passages d’anthologie (la mission du casse par exemple, le pied) mais une fois le côté grisant de la minutie des détails avalé (genre après 40 heures de jeu…), difficile de ne pas constater ce manque qui est à mon sens le principal défaut du jeu.

C’était pour rigoler

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Une richesse d’univers absolument gigantesque qui va jusque dans les journaux, je ne sais pas si vous vous rendez compte du travail.
Que serait un Grand Theft Auto sans un background humoristique hilarant ? GTA IV ne déroge pas à la règle avec des heures de programmes télé absurdes, des satires sur le terrorisme et le racisme qu’il a engendré dans le vrai New York, des affiches à la con, des PNJ qui insultent en toutes les langues lorsqu’on les bouscule, une parodie d’internet riche et plus vraie que nature qui se fond d’ailleurs avec les missions (tout comme le téléphone portable), et même un théâtre comique où Katt Williams et Ricky Gervais (deux vrais comiques de la vraie vie) ont été modélisés et jouent une petite série de sketchs écrits par leurs soins… Bref, du foutage de gueule, des easter eggs à la pelle qui font honneur à la série qu’il serait tout de même monstrueusement culottée de juger « moins parodique, moins drôle, qui se prend trop au sérieux » comme j’ai pu le lire dans le test de grands sites respectés. Il faut croire que pondre des articles avec l’obligation de rusher pour être parmi les premiers à mettre en ligne et donc par extension de passer à côté de la moitié du jeu n’aide pas beaucoup à se faire un avis rendant justice à un titre tel que celui-ci… Et je ne dis pas ça pour faire mon malin hein, moi vile manant, bas peuple, c’est juste qu’au moins notre indépendance et notre parti prit a le mérite de juger des jeux pour ce qu’ils sont. Un comble pour des gars comme nous qui revendiquent leur subjectivité et des gars comme eux qui revendiquent leur objectivité….

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Welcome to Burger Shot mother fuckeeeeer !
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Les deathmatch sont sympa sans plus, classiques, mais les courses alors là quelle poilade !
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Les missions coop’ sont très peu nombreuses mais chouettes.

Déjà extrêmement riche en solo, le mode multijoueurs vient porter le coup de grâce à l’aventure. Varié, plutôt fluide pour ce qu’il propose (on peut jouer sur toute la carte jusqu’à 16 avec les PNJ et les flics en prime), on ne fini pas de se fendre la gueule que ça soit pour une course, un deathmatch, des missions (peu nombreuses mais présentes) en coop’, des objectifs à remplir avant les autres, de simples errances à plusieurs juste pour baver entre potes devant les détails de la modélisation de la ville et j’en passe et des meilleurs. Les courses ont par exemple ce côté GTA qu’il est impossible de retrouver ailleurs où l’on commence en scooter et puis on fini par chourer une voiture de sport qui passait par là en renversant ses concurrents tout étonnés de nous voir en bagnole. Mes respects Rockstar.

Ce que je vais retenir à vie de ce Grand Theft Auto IV c’est à quel point il m’a immergé dans son univers. Une immersion colossale, supérieure à tout ce qui s’est fait dans la saga qui avait déjà pourtant fait de l’ambiance un fer de lance, et surtout qui arrive à nous faire ressentir une véritable empathie pour ses personnages, palpable.

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