Crisis Jung, une bonne dose de tendresse dans ta DJEULE

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C’est tout chaud, ça sort du four : cette série d’animation aussi dingue qu’inclassable vient de sortir sur Netflix depuis le 1er février. Complet OVNI audiovisuel, Crisis Jung du studio Bobbypills est un concentré de violence sous stéroïdes (testostérone ET œstrogènes !) qui rend hommage aux classiques 80’s des mangas à la sauce WTF 2020.

L’histoire

Petit Jésus, mash-up entre Jabba the Hut et Krang

Accrochez-vous parce que ça va pas être facile à raconter. Une prairie, deux amoureux niais à gifler s’embrassent et échangent des banalités plus mièvres tu meurs quand tout d’un coup BADABOUM, une pluie d’explosions s’abat sur Terre pour la transformer instantanément en champ de ruines. Un immense golgoth se faisant appeler Petit Jésus apparaît. Il arrache la tête de Maria la bien aimée de Jung qui assiste à la scène, impuissant. Fou de rage, il s’élance pour se venger mais trop faible, il perd contre une pichenette intergalactique qui l’envoie à l’autre bout du globe.

Parfait exemple de masculinité toxique #manspreadingchainsaw

Alors pour notre héros commence une quête de puissance et de compréhension de soi, parcourant des espaces désolés où toute la misère du monde s’est abattue. Misère nutritive, misère intellectuelle et surtout, misère sexuelle ! La folie transforme les hommes en prédateurs sexuels qui ont désormais une tronçonneuse à la place de leur bite. Le héros vient vite fait aider le veuf et l’orphelin (oui parce qu’en fait y a plus aucune fille).

Mais en vrai il en a un peu rien à foutre. Ce qu’il veut, c’est devenir plus fort et mettre sa raclée à Petit Jésus. Pour y parvenir, il doit puiser au fond de lui-même et faire sa psychanalyse. A chaque épisode, il fait face à un boss final, littéralement chié du cul de Petit Jesus sous forme d’un œuf rose. Chaque sbire incarne une vertu dévoyée : Charity, Tolerance, Compassion, Maturity, Fortitude, Tenderness. Déchainant toute la violence dont il est capable, notre héros se transforme alors en femme bodybuildée pour défoncer ses ennemis et assouvir sa soif de vengeance. Sur le chemin il rencontre des alliés, notamment Thunder-Dominique, cannibale géant trisomique ainsi que Marie-Madeleine, shemale sosie officiel de Conchita Wurst. Voilà j’ai dû en perdre quelques uns en route mais je vous avais prévenu.

Le projet

La plateforme qui fait TOUDOUM n’en est pas à son premier coup d’essai pour ce genre de contenu. On se souvient de l’excellent Love Death & Robots qui proposait un univers futuriste souvent post-apocalyptique avec un court métrage d’animation par épisode, chacun réalisé par différents auteurs. Son succès acclamé par le public a d’ailleurs motivé une saison 2 pour ce qui initialement devait être un one shot.

Mais c’est le studio français Bobbypills (cocorico) qui est derrière la création, et une société de prod également française Blackpills (cocorico bis) qui est à la manoeuvre, avec à sa tête un certain Patrick Holzman, vieux briscard qui n’en est pas à son premier fait d’armes. Son LinkedIn en ferait rougir plus d’un : cofondateur d’Allociné, ex-VP de Canal+ International après un passage chez Free à la direction audiovisuelle. On a donc plutôt à faire à quelqu’un qui a une petite idée de ce qui est dans l’air du temps et sait s’entourer de talents pour plaire à un public jeunes adultes qui est l’audience visée par les contenus produits par Blackpills.

Le format est très mobile friendly avec des épisodes qui durent en moyenne 7 minutes. Le studio et son CEO ont bien compris qu’il y a un créneau pour des formats très courts qui correspondent au mode de consommation d’un public adulescent, dans les transports en commun sur leur smartphone ou lors d’une courte pause à la fac ou encore pendant une rapide pause dej entre deux conf call.

Les codes de la trash culture

Bobbypills fait beaucoup de références aux dessins animés nippons devenus cultes en France grâce au Club Dorothée. Si entre l’hommage et le plagiat il n’y a qu’un low kick, Crisis Jung s’en sort plutôt bien et dose la quantité de fan service en y injecant sa modernité troisième degré.

Boire son propre lait maternel : power-up gratuit ou cheat code ?

Parmi les principales références, il y a Ken le Survivant qui dépeint le même monde post nucléaire en proie à la violence des uns contre tous, où la force brute règne. On retrouve l’archétype du héros solitaire musclé dont la surpuissance messianique vient rétablir la paix et l’équilibre dans un monde en lambeaux. Comme mentionné il y a quelques lignes, Crisis Jung ajoute sa touche d’ironie et joue avec la figure du héros monolithique. Entre deux scènes de violence, le spectateur assiste à des séances de psychanalyse du héros où la psychologie de comptoir met en exergue l’aspect régressif et jouissif de ce personnage décérébré.

Docteur Jung & Madame Hyde

Autre gros clin d’oeil : Ranma 1/2. La forme supérieure du héros lorsqu’il déchaine sa puissance à son paroxysme, est celle d’une femme très musclée avec des ongles longs vernis de rouge et une poitrine avoisinant le 110F. Là encore, Crisis Jung s’amuse avec les codes stéréotypés de la virilité et ses représentations en proposant un héros androgyne gender fluid.

Une technique visuelle nous renvoie quant à elles à de nombreux mangas de l’enfance des trentenaires. Que ce soit Dragon Ball, les Chevaliers du Zodiaque, la technique en question est tout simplement….la réutilisation d’images ! Par souci d’économie, des images étaient conservées à l’identique et réutilisées pour faire du remplissage. Ces séquences étaient souvent accompagnées de phrases cultes qui devenaient des mantras de cour de récré. L’inoubliable « Par les météores de Pégase » est ici remplacé par les gimmicks de Jung « J’en appelle à la violence », « La technique des 10 gros coup de poing » ou encore « Enclenchez le mécanisme de la terreur ! » quand Petit Jésus s’apprête à « pondre » son oeuf démoniaque.

Conclusion

Exutoire, catharsis, défouloir…on peut trouver autant de mots ronflants pour caractériser ce genre de série plaisir coupable qu’on regarde en cachette, soit parce qu’on a moins de 16 ans, soit parce qu’on pense que ce n’est plus de notre âge même si notre rire un peu gogole devant certaines scènes nous dit le contraire.

 

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