Virtua Tennis 4, Kinect m’a tuer

2

Aujourd’hui, dans notre numéro spécial de « Faites sortir l’accusé », nous reviendront sur l’un des faits les plus troublants de ces dernières années, la mort mystérieuse de Virtua Tennis.

Jour funeste

001-744.jpg
Je mets un screen de Serena Williams, parce qu’on a toujours plein de VU via Google pour elle.
Souvenez-vous. Nous sommes le 29 avril 2011, Virtua Tennis 4 se prépare à sortir et pour cela, s’apprête de ses plus beaux atours. Il est le dernier d’une longue lignée de stars, reconnues dans le monde entier ; son héritage est colossal et attise les jalousies dans le milieu. Sûr de lui, il sort le jour prévu sans s’imaginer un seul instant que ce 29 avril funeste lui serait fatal. Car c’est bel et bien mort qu’on va le retrouver un peu plus tard dans la journée, gisant au beau milieu des rayons d’un revendeur de jeux vidéo de Cormelles-les-deux-alouettes. Sa boite sans vie a été décachetée et à l’intérieur, quelques mots griffonnés en lettres de sang : « Kinect m’a tuer ». Bien sûr, la police échaudée par la façon dont leurs confrères ont bâclé l’affaire Omar Raddad, évite de tirer des conclusions hâtives et se refuse à mettre Kinect en examen, faute de preuves. Il est vrai que, même si le jeu est originellement japonais, il parait douteux qu’un grand éditeur comme Sega ait pu faire une faute aussi grossière dans leur traduction. Pourtant tout laisse présager de la culpabilité du capteur de Microsoft, soupçonné d’avoir arnaqué des millions de joueurs et gangréné l’industrie toute entière. Mais cela en fait-il un meurtrier pour autant ? C’est ce que nous allons tenter de savoir au cours de cette enquête exclusive, menée en collaboration avec des détectives de renom, comme Le club des cinq et Mystère et Cie

Destin tracé

002-720.jpg
Le mode World Tour est vraiment sympa et original… très arcade quoi.
Fauché dans la fleur de l’âge, Virtua Tennis 4 avait pourtant tout pour marcher dans les pas de ses illustres ancêtres. Avec son système de World Tour imaginé un peu comme un jeu de l’oie (ou du moins comme un jeu de société), le titre de Sega s’annonçait pour le moins original. Car en effet, dans ce mode le joueur devait gérer sa carrière en se déplaçant de case en case, choisissant alors de jouer des matchs en simple, en double, de participer à des tournois ou des événements promotionnels… et bien sûr, de s’entrainer au moyen de nombreux mini-jeux, tous inédits. On y retrouvait pêle-mêle, des œufs à récolter sur le court, des échanges à réaliser par grand vent, des assiettes à briser à coups de balles ou encore des murs à élever au-dessus du filet pour gêner son adversaire. Ainsi, c’étaient nos choix qui façonnaient le style de jeu de notre avatar, même si la montée au filet devenait vite impérative pour pouvoir l’emporter face aux adversaires les plus coriaces. Du coup, le jeu avait tout pour séduire un public peu enclin à s’investir dans une simulation complexe comme peut l’être la série Top Spin. D’autant plus que, contrairement à ce dernier, le titre proposait un casting beaucoup plus attrayant, avec d’avantage de joueurs, mais aussi et surtout, quelques tennismen comme Del Potro, peu habitué à ce genre de rendez-vous. Bref, Virtua Tennis 4 était promis à un brillant avenir, avant qu’il ne soit sauvagement assassiné.

Association de malfaiteurs

003-687.jpg
Le jeu via Kinect, c’est du WiiSports en presque HD et sans la gueule débile des Miis.
Bien sûr, il n’était pas non plus parfait. La plastique de ses aïeux, tant vantée par le passé, n’avait en lui rien d’exceptionnel. Non pas qu’il soit moche, mais il était plutôt quelconque ; un jeu lambda sur lequel on ne se retourne pas forcément lorsqu’on le croise dans la rue. Ce qui n’avait pas changé par contre, c’est ce goût immodéré de la famille pour la musique de merde. De ce point de vue-là, il était fidèle aux traditions de ses ancêtres, à tel point que la bande originale de n’importe quel film de cul aurait fait office de chef d’œuvre lyrique à côté de sa bande son personnelle. Il est regrettable également, d’avoir voulu nous servir un système de coups spéciaux assez nase, dans lequel le joueur déclenchait une attaque fulgurante une fois sa jauge de coups remplis… une attaque déclenchant surtout une mini-cinématique intrusive empêchant à l’adversaire de réagir compte tenu de l’absence de repères visuels. Mais malgré tout, Virtua Tennis 4 semblait plein de vie et désireux de bien faire. Seulement voilà, le jeu s’est associé au peu recommandable Kinect, et pour satisfaire ce dernier, le rythme de Virtua Tennis s’est considérablement ralenti, histoire de permettre au périphérique de Microsoft de réagir aux mouvements des joueurs. Le résultat, c’est un titre lent et soporifique, un comble pour un jeu d’arcade, qui n’amusera finalement que les adeptes de Kinect et autres WiiSports de luxe (cette partie du jeu étant plutôt réussie). Au final, il ne fait pas de doute que, rongé par le remord et la honte, Virtua Tennis s’est donné la mort, et maquillé son suicide en meurtre pour se venger de Kinect.

Loin d’être un mauvais jeu avec son mode World Tour original, son casting sympatoche et ses mini-jeux toujours aussi fun, c’est surtout son rythme soporifique qui plombe Virtua Tennis 4.

2 Commentaires
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *