Après un second épisode un peu raté, la série Top Spin souhaite se racheter en se hissant à la hauteur de sa réputation. Pour cela, ce troisième opus mise tout sur la simulation.
La carte simu
Pas aussi ancienne que Virtua Tennis, la série Top Spin a pourtant d’ores et déjà gagné ses galons auprès des joueurs. Il faut dire qu’en pariant sur le coté simu, le premier Top Spin avait crée la surprise sur Xbox en prenant complètement à rebrousse poil le gameplay arcade des kadors de l’époque. Malheureusement, pour sa première apparition sur consoles alors dites « Next Gen », Top Spin se loupa complètement en refondant maladroitement sa maniabilité. C’est donc dire à quel point ce troisième opus était attendu au tournant, surtout après l’excellence de Virtua Tennis 3.
Mais encore une fois, Top Spin remonte à contre-courant et plutôt que de s’appuyer sur la réussite du titre de SEGA, préfère pousser encore d’avantage la technicité de son gameplay. En même temps quand on y pense, c’est plutôt logique. Il n’y a qu’à voir ce qui se fait dans le foot avec PES et FIFA, ou en basket avec NBA 2K (du même éditeur). Les joueurs aujourd’hui ne recherchent plus exclusivement le fun, mais souhaitent également coller à la réalité des sports qu’ils affectionnent. Mais voilà, lorsqu’on fait une simulation, il ne vaut mieux pas se louper car si les exigences des joueurs ne sont pas satisfaites au niveau de la prise en main, le titre ne peut alors pas se reposer sur l’excuse du fun inhérent aux titres arcade.
L’instant T
Alors Top Spin 3 a-t-il réussi à allier la technicité d’une simulation au plaisir de jeu ? Incontestablement, la réponse est oui ! Même lorsqu’on débute et qu’on n’arrive à rien, on comprend aisément pourquoi on se plante ce qui permet de progresser rapidement. Car autant être honnête, les premiers pas avec Top Spin 3 sont particulièrement difficiles. Nos balles finissent régulièrement dans le filet ou hors du cours, nos services sont pitoyables et nos adversaires nous baladent comme à l’entrainement. C’est le passage obligé du newbie avant qu’il ne commence à comprendre et assimiler les mécanismes du jeu. Ici, tout est une question de timing et bien souvent, lorsque le timing n’est pas bon, le résultat se veut catastrophique.
En effet, à la différence d’un Virtua Tennis, ici les coups se déclenchent en laissant l’un des boutons appuyé. Ainsi plus la pression sera longue, plus la frappe sera puissante. Le placement est également primordial bien entendu, mais c’est surtout la bonne appréciation du moment où il faudra lâcher son coup (et son bouton) qui sera décisive. Un poil trop tôt ou trop tard pourrait vous mettre en difficulté. La panoplie de coups est impressionnante, tout comme les animations des joueurs, et les célèbres coups risqués bien connus des fans de la série ont été quelque peu modifiés : L’une des gâchettes servant à frapper en puissance, l’autre à viser les lignes (les deux pouvant être cumulées). Mais attention, pour ce type de coups le timing n’est plus important, il est vital !
No hud
La grande particularité de ce Top Spin, c’est l’absence quasi-totale de hud. Seule information incrustée à l’écran (autre scores et détails particuliers aux retransmissions télé), c’est un petit électroencéphalogramme indiquant l’état de fatigue des joueurs sur le court. Car la fatigue est prise en compte dans le jeu, ce qui est un élément tactique non négligeable pour s’imposer face à des joueurs plus puissants qui manqueraient d’endurance. Au fur et à mesure des échanges, en fonction des kilomètres que vous parcourez pour aller chercher les balles, votre rythme cardiaque va s’emballer et vous perdrez force et précision dans vos frappes ; et il en va de même pour l’adversaire.
Si la partie graphique n’atteint pas des sommets immémoriaux, il est à souligner qu’elle a fait quelques progrès par rapport à la dernière mouture et le résultat est très acceptable. La modélisation des quelques joueurs connus est plutôt soignée et il est amusant de voir la sueur et la crasse (surtout pour les matchs sur terre battue) souiller les fringues, les visages et les membres des tennismen (/women). Par contre coté bande son c’est loin d’être ça, avec des bruitages manquant encore de réalisme et les applaudissements du public mal découpés. Mais bon, ça reste quand même très secondaire et n’empêche en rien d’apprécier le titre à sa juste valeur.
Monocorde
Il est toutefois dommage que l’audace prise par les développeurs quant au gameplay de leur jeu ne se retrouve pas dans les modes de jeu. En effet, si on retrouve bien les modes exhibition, tournoi et la très pratique Top Spin School vous initiant aux contrôles complexes et variés du titre, le mode carrière est malheureusement un peu trop banal. On y crée son joueur (ou joueuse) de toute pièce pour ensuite affronter différents adversaires de moindre talent avant d’accéder au prestigieux classement ATP et aux tournois du grand chelem.
Les matchs se répètent donc inlassablement tout au long des saisons sans autre variété que les différentes surfaces proposées par les différents tournois. A la longue ça devient un peu monotone, même si l’I.A. adverse et la large marge de progression dans la maitrise des coups font que chaque rencontre est différente. Heureusement, les modes en ligne sont là pour apporter encore plus de diversité et des adversaires toujours plus coriaces, dans lesquels on pourra importer son propre joueur de carrière. C’est d’autant plus appréciable qu’il faut bien avouer que le casting manque cruellement de diversité, même si la présence de quelques légendes comme Monica Sélès et Boris Becker est plutôt agréable. D’ailleurs, notez que contrat d’exclusivité entre le joueur et Sony oblige, Rafaël Nadal n’est disponible que sur la version PS3 du titre.
Avec Top Spin 3, PAM a réussi à redresser la barre qui tanguait dangereusement après un second opus raté, et nous offre purement et simplement le meilleur jeu de tennis qui ait vu le jour jusqu’ici.