Malgré de nombreux licenciements au sein de sa structure, TellTale est allé au bout du développement de The Expanse. L’avenir se dégagerait-il pour le studio américain ? Rien n’est moins sûr…
Si je n’ai jamais lu les bouquins, je dois dire que je suis assez fan de la série The Expanse. En même temps, si vous me connaissez un minimum, vous savez que tout ce qui a trait à l’espace, la science-fiction avec des vaisseaux qui font piou-piou, c’est ma came. Et s’il y a bien un personnage secondaire qui a marqué ces six saisons, c’est Carmina Drummer ; femme à la fois forte et fragile, et badass au possible. C’est justement sur elle que le studio TellTale a décidé de s’arrêter, en lui dédiant un spin-off en préquelle des événements de la série. On la retrouve donc un peu plus jeune, aux commandes d’un équipage de pillards ceinturiens, fuyant son passé au sein de l’APE. Et si vous n’avez pas compris un traître mot à cette phrase, n’espérez pas comprendre quoi que ce soit au jeu, car celui-ci va droit à l’essentiel et ne s’embarrasse pas de mise en contexte et de description de l’univers. Pour la faire courte, l’espace est divisée entre la Terre, Mars et la Ceinture ; des colons qui sont nés et ont grandis sur des stations orbitales, et tout ce joyeux monde ne peut pas se blairer, se fait la guerre et trafficotte pour renverser et asservir les autres. La Terre et Mars sont deux super puissances, quand les ceinturiens naviguent entre rébellion et terrorisme pour faire valoir leurs droits.
Bref, l’aventure débute donc sur l’Artemis, un vaisseau pillard au sein duquel on retrouve un équipage assez hétéroclite, entre les terriens Cox (le capitaine), Virgil (le médecin au passé trouble) et Khan (la pilote sexuagénaire au caractère bien trempé), la marsienne Maya (ingénieure qui a quitté les rangs de la planète rouge), et les ceinturiens Arlen & Rayan (deux jumeaux bas du front) et Carmina, qui fuit Dawson, une figure de l’APE qui a mis sa tête à prix. Notre première mission, c’est de piller un vaisseau terrien préalablement détruit par une flotte de pirates. A l’intérieur, Drummer y fait une découverte macabre mais met également la main sur des données qui pourraient leur rapporter gros. C’est alors le début d’une série de traitrise et rebondissements qui durera le temps des 5 épisodes ; Telltale ayant comme à son habitude, opté pour une diffusion épisodique de leur jeu. Selon moi, l’idée n’a jamais été bonne, mais elle est encore plus gênante avec The Expanse, qui s’étend sur tout juste 5 heures de jeu. Clairement, le jeu est bien trop court quand on y joue d’une traite ; j’imagine même pas la frustration de ceux qui y ont joué épisodiquement.
C’est d’autant plus vrai que si le jeu est court sur sa durée, son histoire est également expéditive. On ne s’attarde pas sur le développement des personnages, ni de l’univers, et chaque épisode passe un peu du coq à l’âne de manière abrupte. Difficile de s’attacher aux personnages, du coup les rares choix cornéliens qui nous sont proposés (clairement bien moins que dans la série The Walking Dead, proportionnellement parlant), ont assez peu d’impact psychologiques. D’ailleurs, les conséquences de nos choix sont assez limitées également. Certes, ça va changer une scène ou deux dans un épisode suivant, mais ça ne fera pas varier pour autant, l’histoire principale et la trame qui nous mènera au dénouement. A l’heure d’un Cyberpunk 2077 et d’un Baldur’s Gate 3, ça fait un peu tâche ; d’autant plus que contrairement à ces deux jeux, The Expanse ne s’embarrasse pas d’un gameplay complexe et d’un Open World riche.
Clairement, le gameplay est raté et daté. Le séquences en apesanteur sont sympathiques, mais très vite répétitives et ponctuées de mini-jeux sans intérêt et d’une fouille très minimaliste. On aurait aimé également découvrir d’autres environnements que ceux, froids et métalliques, des vaisseaux que l’on arpente. Même les QTE, fer de lance des jeux TellTale, sont particulièrement basiques ; il m’est même arrivé d’en rater deux dans une même séquence, sans que mon échec influe sur la scène qui se déroule sous mes yeux. A se demander s’il ne suffit pas de poser la manette pour profiter du spectacle. Bref, si l’histoire est assez plaisante et que le fanservice fait son office, difficile de conseiller ce jeu aux joueurs qui ne seraient pas fan de la licence. Et même pour eux d’ailleurs, j’aurai dû mal à leur conseiller. C’est plus un petit plaisir coupable pour combler un peu le manque que la série, aujourd’hui terminée, a laissé en moi, que le kiff de vivre une grande et belle aventure dans une adaptation vidéoludique qui fait sens. Bref, ce n’est pas avec ce jeu que l’avenir de TellTale va s’éclairer ; et si le futur Wolf Among Us 2 est du même acabit, je ne donne pas cher de la peau du studio.
Testé sur PC avec un code Steam fourni par ma carte bleue. Merci à elle…