Jeu d’action atypique, disposant d’une aura cinématographique particulière, un retour sur Stranglehold (sorti en septembre 2007) s’impose tant il a su se différencier de la concurrence en restant parfaitement jouable et bien foutu.
Signé John Woo
Un beau matin, comme ça, paf, John Woo a décidé de donner suite à A toute épreuve (1992), son dernier film made in Hong-Kong (avant de se barrer à Hollywood), son dernier grand film diront certains, l’un des Saint Graal du film d’action pour la plupart des adeptes (dont je fais partie, le fameux plan séquence dans l’hôpital rhaaaa). Plutôt que de la faire caméra à la main, la suite, il a décidé de la faire en un jeu vidéo ce qui est extrêmement original et plutôt intéressant. Je dirais même que c’est super couillu tant A toute épreuve est culte. Pour se faire il s’est associé (avec son propre studio, Tiger Hill) à un studio interne à Midway et là, Stranglehold est concrètement né.
Les références du jeu à A toute épreuve sont extrêmement nombreuses, si John Woo est le directeur artistique du jeu ainsi que son scénariste, c’est pas pour rien. Ca va de petits détails comme les cygnes en origami à des choses plus flagrantes comme la maison de thé, John Woo apparaissant en barman, les multiples plongeons, les faces à face posés, les ralentis, la mise en scène des cut-scenes et j’en passe et des meilleures. Et puis forcément on retrouve Chow Yun Fat en personnage principal, toujours sous les traits de l’inspecteur Tequila, c’est donc évidement lui que l’on dirige.
Plus de plongeons qu’un gardien de but
Le scénario, comme pour son prédécesseur en long métrage, fait surtout la part belle à l’action, Tequila cherchant, en vous simplifiant l’intrigue (déjà très simple), à retrouver son ex-femme et sa fille kidnappées… Rassurez-vous en tout cas, il ne s’agit pas d’un film interactif où l’on regarde plus qu’on ne joue, c’est un vrai jeu vidéo d’action, avec pas mal de cut-scenes, c’est vrai, mais ce n’est pas un mal. Le doublage français n’y est pas exceptionnel mais pas médiocre non plus, par contre on rencontre le même problème que dans Bioshock à savoir une syncro entre l’audio des voix et le mouvement des lèvres qui laisse à désirer, les voix finissent régulièrement avant le mouvement et vice versa… Et puis tiens tant que j’y suis, le volume des voix est beaucoup trop bas par rapport au reste et on ne peut pas l’ajuster, c’est un détail mais c’est casse couille…
Le gameplay plutôt bourrin et très intuitif marque par son aspect spectaculaire et sa volonté d’être en marge du cover shooter très à la mode. Ca se rapproche d’un Max Payne (qui s’inspirait déjà du cinéma de Woo) mais sous speed, avec des plongeons interminables extrêmement nombreux, des ralentis, des ennemis qui se prennent des chargeurs entiers de bastos dans le buffet sans moufter, des chariots sur lesquels glisser, des rampes d’escaliers sur lesquelles courir, des lustres sur lesquels se balancer, vous voyez le genre. Sans parler des coups spéciaux typiquement Arcade et purement jouissifs.
Le décor qui tue
Les décors massivement destructibles sont un des fers de lance du titre. Jamais on aura vu des niveaux autant défouraillables, au point que si la devise de Tequila dans A toute épreuve était quelque chose comme « je ne gâche jamais de balle, je fais toujours un carton », dans Stranglehold il est presque impératif de tirer n’importe où, juste pour s’émerveiller du moteur physique. Après votre passage les décors ressemblent à ceux d’un paysage bombardé pendant la guerre, le trip. Tirer dans un sac de riz et voir les grains s’écouler un par un, mitrailler un panneau publicitaire électrique géant pour qu’il tombe et explose sur le coin de la gueule des méchants…
Cette interactivité a ses conséquences quant à la façon de jouer sur bien des points, ce qui est toujours sympa, ainsi se planquer derrière un muret (c’est parfois nécessaire, surtout en mode Difficile) est une astuce temporairement fiable puisqu’au fur et à mesure des balles reçue, le dit muret fini par s’effondrer, comme en vrai. Et ça, c’est bien. Et à ce jour seul Stranglehold a eu l’idée de le faire, en tout cas de vraiment pousser le concept au point, par exemple, de penser les décors pour (le musée, putain le musée) en les intégrant qui plus est comme il faut au scénario. La grosse classe. Dernier point marquant du jeu dedans mon cerveau : le mode multijoueurs à chier, l’un des plus minables de cette génération, quelconque mais surtout injouable.
En y repensant, à la sortie du titre j’étais loin de m’imaginer que je placerai Stranglehold comme un des meilleurs jeux d’action qui existe encore 2 ans après. Inventif, spectaculaire, bien mis en scène, level design génial, atypique, une aura incomparable (John Woo et Chow Yun Fat merde !), un état d’esprit Arcade bien fun… Un des mes jeux coup de cœur.
5 Commentaires
Retour sur Stranglehold, Hong-Kong au bout du pad
Bah tiens, moi qui ne sais plus à quoi jouer en ce moment, en relisant ce test, l’envie de me plonger dans ce jeu me prendrait presque !!
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Vas-y, tu passeras un bon moment. En plus y doit plus être cher maintenant.
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Très sympa en effet ce jeu. La durée de vie et le multi sont minable, mais en occase, ça vaut le détour.
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J’avais fait la démo sur PS3 (souvenirs souvenirs) et perso j’avais pas trop accroché au coté ersatz de Max Payne 50 ans après.
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C’est beaucoup plus que Max Payne en terme de gameplay (qui, comme je le dit dans la critique, s’inspirait déjà du cinéma de Woo donc c’est un juste retour des choses). C’est un peu comme si on reprochait à Gears of War d’être une copie de Kill.Switch des années après (sans remettre en cause la qualité de Max Payne hein).