State of Decay, le jour d’après

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Réapprendre à vivre en communauté, dans un monde où le zombie est roi. Voilà la formidable expérience que nous propose ce petit jeu XBLA, tour à tour génial et misérable.

Nouvelle ère

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Dans un monde infesté de zombies, mieux vaut faire profil bas.
Ça fait bien longtemps que je souhaitais vous parler de ce State of Decay. Mais ma télé, puis ma console étant tombées en rade chacune leur tour, j’ai dû remettre à plus tard mes pérégrinations dans ce monde de morts-vivants. Il est toujours délicat de parler de ce genre de jeux, car nous sommes loin ici de la superproduction qui met tout le monde d’accord. Moche, mal animé, buggé à mort, des idées pas toujours exploitées comme elles le devraient et un rythme assez « spécial » compte tenu que c’est vous qui l’imprimez, font de ce jeu un titre très difficile à aborder. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui ont lâché l’affaire de suite après avoir testé la démo. Moi-même, je me suis forcé à poursuivre l’aventure, tant je trouvais les débuts laborieux. Sauf que moi je n’ai pas testé la démo… je l’ai acheté direct ! Comme un connard, oserai-je dire. Je n’allais donc pas m’arrêter à vingt minutes de temps de jeu. Surtout que, de vous à moi, 1.200 MSPoints ce n’est pas donné. Honnêtement, le jeu les vaut, mais psychologiquement, lorsqu’on compare l’esthétique et le marketing des autres titres vendus à ce prix, on se sent un peu floué. Dans l’esprit des gens, un jeu XBLA à 1.200 MSPoints , c’est un gros jeu. Et State of Decay n’a clairement pas la carrure pour assumer un tel adjectif, si ce n’est qu’il traite de zombies et que les zombies, ça fait vendre.

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Développez votre petite communauté afin de survivre au mieux à cette Apocalypse.
Et justement, ces zombies n’ont jamais été autant à la mode que ces dernières années. On en bouffe à toutes les sauces et, depuis peu, on commence enfin à voir ces jeux autrefois cantonnés à la seule action, s’aventurer sur les sentiers non balisés d’autres genres, comme le Point & Click ou l’Open World. Dernièrement, grâce à Day Z et War Z sans doute, le jeu de zombie est entré dans une nouvelle dimension : Celle de la survie. Car jusqu’ici, on nous avait toujours propulsé dans la peau d’un gars armé jusqu’aux dents, qui dézingue du zomblard à la douzaine. Jamais on ne nous avait demandé de nous prendre en charge, d’organiser notre survie au mieux en cherchant des ressources et en s’associant à d’autres survivants. Bref, de continuer à vivre malgré ce changement radical dans notre société. A l’image de la BD Walking Dead qui a initié ce mouvement, les zombies deviennent presque secondaires et les hommes, bien vivants, reprennent les rôles principaux. C’est exactement ce que propose State of Decay, même si on est loin, très loin de Walking Dead lorsqu’il s’agit de la complexité des relations humaines. Des efforts ont été consentis, et il y a une vraie interaction avec ta communauté, des problèmes à régler, des gens à diriger, des conflits internes à étouffer. Mais ça reste relativement simpliste et loin d’être aussi jusqu’au-boutiste que cette BD.

En communauté

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Rouler sur les zombies, c’est fun. Mais ça abîme très vite la bagnole…
Toujours est-il que, malgré des lacunes évidentes et son statut de « petit » jeu, le titre d’Undead Labs n’en est pas moins une réussite qui préfigure de ce que pourra être le jeu de zombies d’ici quelques temps. Alors oui, d’aucuns ont pesté sur l’absence du mode coopératif, pourtant annoncé à l’origine (D’ailleurs, le prochain titre des développeurs ne sera ni plus ni moins qu’un MMO ; c’est dire comme ils misent sur le multi.). Pire, il devait être ajouté plus tard via un patch, mais n’est finalement plus d’actualité. Du coup, les gens n’ont pas fini de gueuler. Mais de mon point de vue personnel, ce n’est pas plus mal. Je ne vois pas le bien-fondé de la coopération ici, puisque l’intérêt du jeu ne réside pas dans ses phases d’action, mais dans la gestion de sa communauté. Et pour cause, les phases d’action sont assez abominables.

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Votre communauté consomme divers produits chaque jour irl, veillez à ce qu’il ne leur manque rien.

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Prenez de la hauteur pour observer les alentours.
Ce qui est plaisant dans ce jeu, c’est plutôt d’organiser sa petite « nouvelle » vie. De fouiller les bâtiments avoisinants pour y dénicher des ressources, de trouver de nouveaux talents qui pourront réparer vos véhicules, soigner vos hommes ou leur remonter le moral, de répondre à un signal de détresse, de commercer avec les communautés de survivants, etc. Il y a toujours quelque chose à faire, d’autant plus que le héros, ou plutôt les, se fatiguent vite. En effet, plusieurs personnages sont jouables. Dès lors que vous êtes au QG, vous pouvez en changer à tout moment et partir en quêtes de vivres et de munitions. Cela permet ainsi aux autres de se reposer ou de soigner leurs blessures. De plus, chacun dispose de capacités évolutives, façon RPG, qui les rendent meilleurs pour telle ou telle activité. Dans l’idée, l’intérêt c’est d’utiliser ces compétences au mieux, mais dans les faits finalement, ça n’a pas grande influence… dommage.

Petit jeu deviendra grand

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Soyez pas égoïste, partagez vos trouvailles avec les copains.
Le principal défaut de ce jeu, outre la partie technique d’un autre âge, à laquelle on s’accommode finalement fort bien au final, c’est son manque de scénarisation. En effet, vous débarquez en bateau aux abords d’un camping, et vous retrouvez nez à nez avec des zombies, sans savoir ce qui se passe. Vingt minutes plus tard (le temps d’un semblant de tuto), vous fuyez le camping vers une bâtisse en ville, qui vous servira de QG tout au long de l’aventure, et… Et le scénario s’arrête là. Par la suite, vous avez des objectifs à remplir, parfois des semblants de petits bouts d’histoires avec vos voisins, des bisbilles avec l’armée qui semble un brin trop zélée compte tenu des circonstances, mais rien qui ne s’inscrive dans un gigantesque scénario parfaitement maitrisé de bout en bout. En fait, on se retrouve plus dans un Open World au format bac à sable : On nous balance sur une map infestée de zombies, démerde-toi pour rester en vie. Point.

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Cette mission m’a fait vivre l’enfer tellement la maniabilité est pourrie.
Du coup, les missions manquent de mordant (ahahah le jeu de mot sans le faire exprès). Le jeu dans son ensemble manque d’une mise en scène. Pourtant, les voix sont plutôt réussies, les personnages nombreux, et il y avait largement de quoi faire en termes d’histoire, notamment en lorgnant d’avantage vers Walking Dead ou les films de Romero. En fait, State of Decay aurait dû être un jeu boite, avec un vrai budget et un gros éditeur pour les superviser, et non un jeu XBLA. Il aurait sans doute été plus abouti. Du moins, c’est comme ça que je le ressens. Et maintenant que j’y ai goûté, j’adorerai toucher à un vrai GTA-like post-apocalyptique à base de zombies. Gérer ses ressources et ses alliés, c’est quand même foutrement plus intéressant que de savoir combien il nous reste de balles dans notre Gatling… Bref, achetez State of Decay ! D’abord parce que vous ne devriez pas trop le regretter compte tenu de son prix relativement bas. Ensuite, parce que ça encouragera le studio, voire d’autres, à s’en inspirer pour nous offrir des expériences de ce type.

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L’important n’est pas forcément d’avoir une grande communauté, mais de disposer de bons éléments.
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