Stacking joue à la poupée

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Une production Double Fine, c’est toujours l’assurance de passer un bon moment manette en main, à rigoler comme une baleine. Stacking ne déroge pas à la règle.

Barbie moscovite

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Les hommes préfèrent les blondes… avec des grosses mamelles et un arrière-train rebondi.
Pour moi les poupées russes, ce sont ces jeunes filles peu farouches qui émigrent de l’ex-URSS pour venir s’installer plus à l’ouest, avec un quinquagénaire à la vie sentimentale peu glorieuse. Du coup, lorsque Double Fine, le studio de Tim Schafer, a annoncé que son prochain jeu nous proposerai d’enfiler des poupées russes, mon impatience n’a fait que croitre (et pas que mon impatience pour être honnête). Quelle ne fut pas ma déception donc, lorsque j’ai découvert que les poupées en question étaient faites de bois. Bon, de latex passe encore, mais de bois, c’est un coup à se planter une écharde ça ! Bref, vous l’aurez compris, les poupées russes dont Double Fine parlait, ce sont les originales… ces petites bonnes femmes de toutes tailles qui s’emboitent les unes dans les autres (les cochonnes). Du coup, c’est beaucoup moins sexy (quoi que la poupée blondasse qui roule du cul, ça vaut le coup d’œil), même si le design général du titre est particulièrement original et plaisant à regarder.

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Dans chaque niveau, il faut retrouver une famille au complet éparpillés aux quatre coins.
Bien entendu, des poupées qui s’emboitent les unes dans les autres, c’était propice à nous fournir quelques casse-têtes retors ; et ça n’a pas loupé. Car Stacking est avant tout un jeu de réflexion, même si le côté aventures est très prononcé. Il est regrettable d’ailleurs qu’il ne soit pas d’avantage mis en valeur, car avec ses dialogues textuels façon film muet et son manque cruel d’ambiance sonore durant les parties, l’histoire de Stacking ne fait rien pour nous immerger dans son récit et la lassitude n’est jamais bien loin. Heureusement, il reste quelques dialogues savoureux et un univers qui n’est pas sans rappeler les films de Chaplin pour nous garder éveillé. Et mieux vaut l’être, car si résoudre les différentes énigmes proposées tout au long de l’aventure est tellement aisée que vous pourrez le faire dos à la télé, tout en sirotant un malibu ananas pendant une partie de scrabble avec Bernard Pivot, trouver toutes les solutions s’avèrera bien plus compliqué. Car chaque énigme dans Stacking peut être résolue de trois, quatre voire cinq manières différentes.

Solution multiple

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Si les sbires du baron vous voient sous votre véritable apparence, ils vous jettent en taule manu militari…
L’histoire de Stacking met en scène un jeune garcon, issu d’une famille des plus modestes, dans une atmosphère de début du XXème siècle. Vous êtes le seul rescapé de cette famille, séquestrée par un magnat de l’industrie, pour trimer comme des esclaves dans les trains, paquebots et zeppelins de sa seigneurie. Vous l’aurez compris, ce jeune garçon c’est le niveau zéro de la poupée russe, la plus petite d’entre elle, et sachant qu’il existe facilement cinq tailles au-dessus de lui, imaginez les possibilités. Car s’emboiter dans une autre poupée, plus grande, c’est non seulement adopter son physique, mais également ses capacités. Car chaque poupée à sa propre particularité : La blondasse à qui aucun mec ne peut résister, le sale gosse qui gerbe partout, la petite fille qui joue au jokari, le vieux bonhomme qui fume comme un pompier et de très nombreux autres gusses tous plus originaux les uns que les autres. Et même si nombreuses seront les poupées copiées collées pour remplir et animer les environnements, les poupées uniques restent en nombre largement suffisant pour offrir des possibilités incommensurables.

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Le baron et ses généraux ont des bonnes têtes très avenantes, non ?
Le problème comme je l’expliquais plus avant, c’est que comme chaque énigme peut se résoudre de trois ou quatre façons différentes, on n’a guère de mal à en trouver au moins une. Du coup, même si on peut s’atteler à trouver toutes les solutions possibles, on préfèrera souvent avancer dans le scénario plutôt que de bloquer pendant des heures sur un puzzle déjà résolu. Dès lors, la durée de vie s’en ressent et peut se diviser par trois ou quatre, en fonction de l’abnégation de chacun. Quoi qu’il en soit, s’il n’est clairement pas un grand jeu à ranger aux côtés des Braid, Limbo et autres perles indés, Stacking constitue un très bon divertissement, joliment réalisé, intelligent et drôle… comme souvent avec Double Fine.

Stacking constitue un très bon jeu de réflexion, doté d’une ambiance Chaplinesque et bourré d’humour, mais paradoxalement trop permissif pour être inoubliable.

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