Marre des FPS/TPS pro-ricains où tu butes des russes/arabes/viets/nazis (rayez les mentions inutiles) à la pelle sur fond de patriotisme outrancier ? Prends un billet pour Dubaï !
Dubaï City Plage
Qui a dit que le jeu vidéo tournait en rond ? Qu’on nous resservait toujours la même soupe indigeste ? Moi, sans doute.
Pourtant aujourd’hui je suis contraint de revoir mon jugement : Il est encore possible d’innover, même dans un secteur de jeu ultra-embouteillé comme l’est le shooter en général, et le shooter militaire en particulier. C’est la preuve que nous apporte en tout cas Yager avec Spec Ops: The Line. Et rien que pour cela, c’est une sacré réussite.
Alors certes, ne vous imaginez pas un jeu au gameplay novateur, offrant une liberté d’action incommensurable et une dimension tactique phénoménale. Non, il faut bien avouer que le jeu reste très basique dans ses mécaniques. Comme beaucoup d’autres avant lui, il s’articule autour de niveaux couloirs, n’offrant qu’à de rares occasions des environnements plus ouverts. Comme beaucoup d’autres avant lui, le cover est de rigueur pour éviter les pluies de balles qui s’abattent sur vous. Comme beaucoup d’autres avant lui, il propose son lot de shoot à la tourelle si ennuyeux ou son auto-regen pour glands, avec écran qui s’assombrit au fur et à mesure qu’on encaisse des balles. Mais peu importe ses défauts, la force de Spec Ops n’est pas là. Et puis au moins, il a le bon goût de se contenter d’une seule séquence de rail shooting et d’absolument aucun QTE, ce qui n’était sans doute pas arrivé dans un jeu d’action depuis bien longtemps.
Il propose également un nombre incalculable de petits détails qui, individuellement n’ont peut-être l’air de rien, mais mis bout à bout forment un gameplay quelque peu différent des autres jeux du genre. Pêle-mêle, je pourrais citer une difficulté relativement corsée, même en mode normal, certains covers destructibles, la possibilité de se baisser sur les tourelles pour éviter les balles, la rareté des munitions qui nous oblige sans arrêt à ramasser les armes sur les corps encore fumants de nos ennemis, l’I.A. relativement soignée de vos coéquipiers, la possibilité de leur donner des ordres (des cibles prioritaires), la localisation partielle des dégâts (décapitation, explosion de bidoche sous l’impact de grenade ou de RPG…), ou encore l’absence d’indications à l’écran lorsqu’il s’agit de faire un choix. Car à certains moments, vous serez amenés à faire des choix ; des choix cruciaux et souvent cornéliens même. Et quand la plupart des jeux se contentent d’un QTE ou d’une séquence scriptée où vous devez appuyer sur un bouton ou un autre, ici vous êtes entièrement livré à vous-même. Difficile d’expliquer plus en détails sans spoiler, mais disons que c’est une question de feeling, un sentiment de liberté et d’implication réelle.
Le gameplay est aussi étroitement lié à l’environnement. Car dans un Dubaï balayé par des tempêtes apocalyptiques, le sable sera à la fois votre pire ennemi, mais aussi votre meilleur allié. Ainsi, à quelques occasions (un peu trop rares à mon goût d’ailleurs), il vous sera possible d’ensevelir vos ennemis sous des tonnes de sable, en tirant sur une fenêtre qui le retenait. A d’autres, c’est la visibilité qui sera considérablement réduite et vous forcera à avancer prudemment. Et même les grenades, en explosant, provoqueront des gerbes de sable capable d’aveugler vos adversaires et vous procurer alors un avantage stratégique bienvenu. Bref, le jeu fourmille de détails qui lui permet de se différencier de la concurrence, mais ce qui fait sa force et lui permet de surnager dans un genre pourtant surpeuplé, c’est son scénario.
Guerre fratricide
« Combien d’américains avez-vous tué jusqu’ici ?» Cette phrase qui apparait subrepticement, et de manière aléatoire, lors du rechargement d’une partie après un décès tragique et malheureux, résume bien la situation. Car il aura fallu aller jusqu’à Dubaï, capitale des Emirats Arabes-Unis dois-je le rappeler, pour buter plus de soldats de l’oncle Sam que d’islamistes intégristes affublés de barbes à la ZZ Top et de TNT à la ceinture façon Army of Two. Avouez que c’est un comble, non ? Pourtant, en débarquant dans cette ville dévastée par les tempêtes successives, nos premières escarmouches nous opposent à quelques rebelles locaux. Mais très vite, la situation va dégénérer et devenir incontrôlable pour Walker et ses hommes. Et l’ennemi va peu à peu prendre les traits du général Conrad, héros de guerre et chef du 33ème régiment américain, qui était à l’origine venu pour sauver et évacuer la population. Plutôt détendus et à la vanne facile, comme tout bon soldat américain qui se respecte, vous-même et vos hommes allez peu à peu changer de comportement. En effet, l’ambiance au sein de la Delta va considérablement se dégrader au fur et à mesure que vous ferez face à l’horreur d’une situation qui vous échappe. Et à la manière d’un trio de John Mc Clane déguisés en troufions de l’US Army, vous allez également morfler physiquement.
Pour une fois donc, vos alliés ne sont pas de simples seconds couteaux chargés de remplir les blancs ou servants d’élément comique. Non, ici leur présence sert considérablement l’immersion et, par leurs dialogues et leur comportement, renforce le sentiment de vivre un cauchemar éveillé dans lequel on plonge allègrement. Car ne vous leurrez pas, si un fier +18 est apposé sur la jaquette du jeu, ce n’est pas par hasard. Exécutions, tortures, étêtage et démembrement, cadavres en putréfaction, la déco macabre de Dubaï est là pour vous rappeler à chaque instant à quel point la guerre peut être sale et moche. Vous allez l’apprendre à vos dépends, tout au long de la dizaine d’heures qui composent l’aventure, et ce jusqu’à la scène finale, que j’ai trouvé exceptionnelle à plus d’un titre. Malgré l’envie qui me taraude de le hurler sur tous les toits, je me tairais pour ne pas vous spoiler, mais sachez qu’à ma connaissance (et j’ai une relativement bonne culture du jeu vidéo je pense), cette fin c’est juste du jamais vu dans l’histoire du jeu.
Bref, sous ses allures de TPS commun, ressemblant aux trouzemille autres sortants chaque mois, Spec Ops et bel et bien un excellent jeu d’action, grâce notamment à son scénario et son ambiance. Ça fait d’autant plus plaisir que la dernière fois que j’ai vu un bon scénario dans un jeu vidéo, la plupart d’entre vous n’étiez pas nés… qui plus est dans un jeu d’action. Alors puisque cette industrie tourne quasi-exclusivement autour d’un éternel plagiat de son voisin, pour une fois n’hésitez pas messieurs les développeurs, copiez sur Spec Ops et proposez-nous enfin des histoires matures et engageantes. Peut-être qu’on arrêtera alors de considérer le jeu vidéo comme un simple jouet pour gosses.
13 Commentaires
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
Depuis ses 2 premiers trailers (ça date), il me fait grave bander ce jeu… Le mois prochain il est miens !
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
Bah moi j’avoue que j’ai trouvé la démo très bof. Du coup cette critique me redonne un peu envie de tester le jeu plus en profondeur.
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
La démo n’était pas terrible je trouve. Elle correspond au tout début du jeu, et au chapitre 3 je crois (il y en a 15 en tout). Du coup, l’histoire n’a pas réellement commencée alors qu’elle est quand même pour beaucoup à la qualité du jeu.
Le gameplay est trop basique pour accrocher seul. Surtout que les débuts c’est là où c’est le plus en couloir. Par la suite, les aires de jeu sont un peu plus larges.
Sinon hier je me suis refait le dernier chapitre pour voir les trois fins différentes.
A priori, la première fois j’ai fait la mauvaise fin (parce que je n’ai pas eu droit à l’épilogue), même si c’est celle que je préfère (et c’était trop tentant :D). Les deux autres sont vraiment pas mal aussi, même si la « bonne » fin est peut-être la moins intéressante de toutes.
Maintenant je refais certains chapitres, ceux avec des choix cruciaux, pour voir la différence (et pour choper les succès… notamment celui du cerf, enfin l’oryx plutôt).
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
Et un commentaire à la bourre!Un!C’est un peu ce test (et celui sur nolife)qui m’avait donné envie de faire le jeux.Je viens juste de finir,et ça à était une putain de claque.
Au début ce jeux me tenté absolument pas,je ne voyait qu’un énième shooter militaire classique,a la call of ou battlefield,mais quel surprise!!
Bon si on enlève le scenario,c’est tout juste un bon jeu.Heureusement y’a un scenar de malade,une vrai viré en enfer,et j’ai prit mon pied!!
Donc merci Fylo de m’avoir donné envie de faire le jeux.
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
Bon bah j’ai presque fini le jeu et c’est juste une grosse claque. Pourtant j’avais trouvé la démo toute moisie mais comme Fylo m’a filé le jeu je me suis lancé dans l’aventure. Il y a des scènes qui m’ont marquées comme jamais dans un JV (une en particulier). T’es complètement impliqué dans l’histoire donc du coup tu prend plus facilement les scènes choc dans la gueule. Pas déçu, non vraiment pas déçu !
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
Il faudra que tu me l’envoie quand t’auras fini 🙂
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
Je l’ai acheté cette semaine, je suis encore au début (enfin je crois)… Et foutre dieux, c’est énorme.
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
J’avais oublié d’en parler (en même temps tout le monde s’en branle) mais ça y est je l’ai fait. Comme vous je l’attendais depuis les premiers trailers et je n’ai pas été déçu. C’est pour moi le meilleur jeu de guerre de tous les temps. Y a un vrai scénario qui donne l’impression d’être dans une vraie guerre. C’est à dire que ce n’est pas manichéen, y a pas de sauveteurs du monde libre, ça va bien au delà, c’est compliqué, des vies civiles sont en jeu, les choix moraux pèsent énormément sur notre morale justement etc. Je me suis fait les trois fins possibles, j’ai kiffé les trois.
Et puis en plus de ça y a plein de chouettes petites idées comme le dit Fylo dans la critique. Dubaï et les tempêtes de sables, j’ai particulièrement aimé. La B.O. est sympa aussi, façon vieux rock des 70’s, ambiance sonore film de guerre sur le Vietnam.
Sinon Fylo pour réagir à ton commentaire, la bonne fin pour toi c’est celle où
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
Ça dépend ce que t’appelle la bonne fin…
Moi je considère que, à la manière d’un visual novel japonais, les différentes fins sont :
Good End –
Bad End –
Bad End 2 –
True End –
Maintenant, ma fin préférée c’est la Bad End pour la symbolique. Même si j’ai aussi beaucoup aimé la True End.
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
Ha bah oui y a 4 fins en fait, j’ai fait les 4 en plus, mais non là c’est pas la vraie fin du jeu la 4 parce que quand tu la fais si tu regardes pendant le temps de chargement y a marqué un truc genre « vous n’êtes pas une bonne personne » avec une citation de philosophe sur la conscience. Pour moi la vraie fin selon les développeurs c’est ta good end. Et ta bad end c’est aussi ma bonne fin à moi comme je disais.
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
Ah et au fait, y a plus d’un passage en rail shooter, y en a deux et y a les inévitables tourelles. Par ailleurs dans les TPS y a toujours UN passage de rail shooter, donc Spec Ops ne déroge pas à la règle 😀 Mais bon c’était juste pour faire chier.
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
A part dans le centre commercial, les tourelles t’es pas obligé de les utiliser… contrairement à certains TPS où t’as des séquences avec des troufions à la pelle à buter, que t’es obligé de le faire à la tourelle.
Sinon, le passage de rail shooter, c’est dans l’hélico. Y en a bien deux, mais ce sont les mêmes scènes (y a juste une version longue). 😀
D’ailleurs j’ai pas trop pigé pourquoi le jeu commence pas cette scène d’hélico… Pour faire style flashback ? J’vois pas l’intérêt…
En plus, dans la seconde scène, le héros dit un truc du genre « cette scène me dit quelque chose ». J’ai pas pigé.
Spec Ops: The Line, avis de tempête sur le TPS
Ouais moi non plus j’ai pas trop compris, j’ai trouvé la fin du scénar’ un peu confuse par moments à partir de là.