Retour sur Conker, une perle Rare

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Sorti en 2001 exclusivement sur N64, Conker (sous titré à l’époque « Bad Fur Day ») est devenu l’un de mes jeux préféré. Un rachat de Rare plus tard Microsoft via sa Xbox accueille le retour de l’écureuil en 2005 pour un remake (sous titré « Live & Reloaded »), à son tour en exclusivité, uniquement pour me faire sauter de joie. Ils me l’ont dit.

Une journée à coup fourré

Conker est un écureuil tout mignon mais pas très catholique. A mi chemin entre un Al Bundy (de la série Marié 2 enfants) et un Homer Simpson dans le charisme, il ne crache jamais sur une bonne bouteille de n’importe quoi du moment que c’est alcoolisé. Vous commencez à jouer alors qu’il sort d’une énorme beuverie avec ses copains de murge, la démarche encore vacillante et l’esprit pas tout à fait vif… Ne sachant plus trop où il habite mais souhaitant rentrer chez lui pour retrouver sa dulcinée (nommée Berry), il va s’engager au pif sur un chemin et se retrouver dans un univers aux situations totalement abracadabrantes. Voilà pour le but du jeu : rentrer chez soi (si ça c’est pas l’idée du siècle !).

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Xbox – Dans Conker tout est vivant (et oui cette pièce d’engrenage dispose d’une touche d’humour salace et discrète à la fois, so british).
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Xbox – Dans ce jeu même en laissant son pad inerte, il se déclenche des vannes…
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N64 – Opération jeté de rouleaux de PQ dans la bouche d’un tas de merde chantant.

Dès les premiers instants parcourus dans le monde on se croirait dans un bon vieux Tex Avery. Presque tout les objets que vous croisez sont vivants, de la liasse de billets jusqu’aux morceaux de gruyères en passant par une vulgaire roue d’engrenage. Tout remue, tout vous parle, vous engueule même. Au court de l’aventure vous allez croiser des personnages totalement délirants tel qu’une reine des abeilles qui se fait piquer sa ruche, une fleur à gros seins qui attend de se faire butiner, un gros tas de merde qui chante, des diablotins enflammés qui fume des joints, la faucheuse en personne, une chaudière géante sévèrement burnée, un parrain de la mafia, un vampire et bien plus encore. Chaque personnage est irrévérencieux souvent vulgaire et surtout hilarant ! Presque à chaque dialogue (sous titrés en français

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Xbox – Quand on est perdu il faut toujours demander son chemin aux épouvantails, c’est bien connu.
dans des bulles façon bande dessinée) on se fend la poire, aucune censure n’intervient si ce n’est des « biiiiiiiip » placés là volontairement par les développeurs pour couvrir un gros mot sur 3. Le pire c’est que ça donne une touche comique supplémentaire. Même quand vous ramassez une liasse de billet il vous arrivera de vous faire taxer de «Biiiip de poils de carotte» par le tas de pognon ! Conker quant à lui se tourne souvent vers la caméra pour placer des vannes à se rouler par terre, il engueule les développeurs du jeu, se fout de la gueule des autres personnages, culte !

Qu’est-ce qu’on se marre

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Xbox – Le genre de phase de jeu drôle à regarder et amusante à jouer, Conker quoi.
Le level design est un dessin animé ambulant. Varié, il vous emmènera sur du gruyère, sous l’eau, dans une ruche géante, dans un château, sur une montagne de merde (au sens « propre »), dans quelques arènes, faire du skate volant sur de la lave, dans une boîte de nuit préhistorique etc… Les références au cinéma sont nombreuses et plus ou moins sous entendue (Matrix, Dracula, Retour vers le futur, Terminator, Dr.Follamour et j’en passe 3 tonnes d’autres) et parfois même on assiste carrément à la parodie d’une scène d’un film comme le fameux débarquement d’Il faut sauver le soldat Ryan avec des oursons furieux (les Teddiz) à la place des nazis… Génial ! La base du jeu est axée sur des phases de plates-formes Conker doit sauter, s’accrocher à des cordes, faire l’hélico avec son énorme queue (c’est un écureuil je le rappelle, pas de mauvais jeu de mot même si l’occasion me tente) pour sauter plus haut et plus loin, pousser diverses choses etc. On pourrait trouver ça très classique si l’univers ne venait pas rendre tout ça tordant de rire et complètement original. Par exemple on pousse une boule de merde jusqu’à ce qu’elle devienne énorme et qu’elle finisse sur la tête d’un méchant bloquant le passage, on doit éteindre des diablotins enflammés en pissant dessus (en ayant bu un max d’alcool à la cuve juste avant pour se remplir la vessie), on doit faire avoir la chiasse à des vaches pour pouvoir les dégommer à cheval sur un taureau etc, bref les situations sont toujours étonnantes, hilarantes et vous donne l’occasion de faire ce que vous n’avez probablement jamais fait dans un jeu.

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N64 – Certaines références au cinéma sont ultra flagrantes, d’autres beaucoup plus subtiles…
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Xbox – Il a troqué sa poêle pour une batte dans la version Xbox, mais une batte cloutée parce que faut pas déconner.
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Xbox – Ils sont si mignons…

Soulignons aussi l’apparition des actions contextuelles (des sortes d’ancêtres des QTE à la Shenmue) qui à l’époque de la N64 étaient pour ainsi dire une grande première, et qui aujourd’hui sont presque devenues un manque d’originalité de la part des développeurs tant on se tape des QTE n’importe comment. Enfin bref. Pour ce qui est de la technique j’ai un peu de mal à me souvenir de ce que la version N64 dégageait pour l’époque mais la version Xbox se classait parmi les titres les plus jolis du moment avec un sens du détail (même dans les animations) remarquable. Pour ce qui est du mode Xbox Live de la machine de Microsoft, c’était franchement plat donc loin d’être mémorable (mais bon au moins c’était là). A mon sens Conker est avec GoldenEye le symbole de ce dont est capable Rare au sommet de sa forme, un studio qui s’il est en large perte de vitesse depuis son rachat par Microsoft se réveillera un jour, c’est obligé. On ne peut pas faire une tuerie comme Conker (et d’autres) et devenir des glands même pas 10 ans après…

Ne pas posséder Conker dans sa ludothèque est un crime impardonnable tant son sens de l’humour reste à ce jour atypique dans le monde du jeu vidéo. C’est d’ailleurs assez surprenant de constater que les jeux ayant l’ambition d’être drôles sont inhabituels… Du coup Conker restera justement une perle Rare (notez le jeu de mot incroyable, je m’aime). Culte.

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