Retour sur Call Of Cthulhu : Dark Corner Of The Earth

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Le génie littéraire de H.P.Lovecraft a souvent fait l’objet d’adaptations vidéoludiques, malheureusement bien souvent très loin de faire honneur à l’immensité créative de l’œuvre de l’écrivain.

Le cauchemar prend forme

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Le jeu commence par son propre suicide… ça met de suite dans l’ambiance.
Call Of Cthulhu : Dark Corner of the Earth nous conte l’histoire de Jack Walters, détective de son état. Suite à l’excellente scène d’introduction, le voici trempant dans une sombre affaire de tapage nocturne se transformant en fusillade dans un manoir sinistre. Tout un tas d’histoires lugubres courent sur cette maison et bien entendu ce que vous allez découvrir ici n’aura rien à voir avec de simples voisins bruyants. Passé ce premier niveau, l’histoire fait un bond de sept ans en avant, à la recherche d’un employé d’une épicerie, disparu dans une petite ville côtière du nom d’Innsmouth. Si vous êtes fan de Lovecraft, ce nom vous titillera forcément l’esprit, puisque Dark Corner of the Earth est une adaptation de l’une des plus célèbres nouvelles de l’auteur : Le cauchemar d’Innsmouth. La première chose qui frappe une fois la partie entamée, c’est l’absence totale d’interface. Aucune jauge de vie, aucune indication sur les munitions, tout est fait pour nous immerger dans l’aventure. Et là on touche au gros, très gros point fort du titre. Car la santé du héros, il va falloir la gérer via l’inventaire. Une représentation en pied du héros surmontée d’un électroencéphalogramme, indique en effet son état de santé. S’il est blessé au visage, il faudra appliquer un bandage, à la jambe et ce sera une atèle. De plus les blessures affectent directement les mouvements du héros, car courir avec une jambe blessée n’est jamais évident.

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Quand il s’ennuie dans sa cellule, le héros joue au morpion.
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L’inventaire est juste une petite merveille.
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Voilà ce que ça fait de jouer bourré !

Instabilité mentale

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La morgue ! L’endroit rêvé pour organiser une petite fête entre amis.
Mais les blessures ne sont pas que physiques et il va falloir composer avec un personnage névrosé dont la stabilité mentale va être mise à mal au fil des situations, des êtres innommables, des corps ensanglantés et de toutes sortes de choses monstrueuses qu’il sera amené à croiser. Et comme en plus le héros est affublé de vertige, vous allez comprendre que la progression devient rapidement très compliquée. La traduction de ces névroses se fait par des effets visuels du plus bel effet. Par exemple lorsque Jack se tient au bord d’un précipice ou sur une hauteur quelconque, sa vue se dédouble et le personnage vacille dangereusement. Il est alors nécessaire de s’arrêter et regarder fixement un point droit devant pour retrouver ses esprits. Et ça, quand vous avez des ennemis aux fesses, ce n’est pas une partie de plaisir. Ce n’est qu’un petit exemple de ce que le héros va traverser au cours de ses pérégrinations et, franchement, c’est peut-être aujourd’hui le meilleur système de gestion de santé à ce jour. Traduire les battements du cœur par les vibrations de la manette reste pour moi une idée grandiose qui vaut d’avoir été vécue.

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Ces marins vont passer un sale quart d’heure. Option 1, je les aide. Option 2, je cours !
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Chaque fois c’est pareil ! J’oublie toujours le code de mon casier à la piscine…
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Aaah si j’avais eu un appareil photo numérique…

Quel gâchis !

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Faut toujours enfermer les femmes… pour leur bien, of course !
Malheureusement tout n’est pas parfait dans Dark Corner of the Earth. C’est d’ailleurs d’autant plus dommage qu’en sus de cette gestion de la santé, le titre se pare d’un excellent scénario, fidèle à l’univers de Cthulhu. On passe rapidement sur des graphismes corrects, bien qu’un peu sombres à mon goût, mais manquant de finesse dans les textures, pour s’attarder sur le principal défaut du jeu : La jouabilité ! Car si l’histoire débute sur une enquête où vous serez totalement démuni en armes (la meilleure partie de l’histoire). Si par la suite, vous serez amenés à pratiquer l’infiltration de façon presque acceptable (on est tout de même à des années lumières de Splinter Cell). Vous aurez aussi à participer à des séquences d’action pures et dures, armé de revolver et autres fusils à pompe. Et là c’est la débandade ! L’angoisse s’estompe, le gameplay devient approximatif et l’intérêt par en sucette. Mais pourquoi ? Pourquoi avoir gâché un tel potentiel avec ces similis phases d’action sans intérêt ? Car le titre de Bethesda avait tout pour devenir culte et ces phases de shoot, à peine digne des pires FPS qu’il m’ait été donné d’essayer (et j’en ai testé des bouses !), le ramène tout juste au stade de curiosité à essayer. Reste tout de même une première partie vraiment prenante, des innovations qui tiennent du génie créatif, un scénario haletant et une bande son (ah oui je n’ai pas parlé de la bande son) magistrale ; avec des acteurs excellents, un héros qui sombre petit à petit dans la folie et se parle à lui-même, affublé d’une respiration plus forte et difficile, sans parler des superbes musiques. Bref, un presque chef d’œuvre qui aurait mérité mieux…

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Bref, c’est toujours la religion qui fout la merde.
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La ville doit faire face à une invasion de crapauds.
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Et celui là c’est un très très gros crapaud.

Une excellente surprise de par ses innovations et sa trame scénaristique fidèle. Le jeu est véritablement angoissant et prend aux tripes dès les premières minutes… même si le soufflé retombe dès que l’action devient trop présente et, paradoxalement, ennuyeuse.

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