Un jeu Rockstar, c’est toujours un petit événement en soi. Alors la suite d’un jeu considéré par beaucoup comme un monument, inutile de vous dire à quel point il était attendu.
Enfin, on se décide à publier notre critique de Red Dead Redemption 2 !
On a bien conscience qu’on arrive après la bataille, mais après tout, nous n’avons jamais été des ayatollahs de l’immédiateté.
De toute façon, nous n’avons pas les moyens pour nous frotter aux gros sites qui jouent cette carte-là. Et puis, à mon sens un jeu dont la seule campagne principale se termine en près de 70 heures, ne mérite pas qu’on le rush pour publier un test coûte que coûte, rapidement après sa sortie.
Non, Red Dead Redemption 2 est un jeu où on se doit de prendre son temps, à pêcher le brochet ou à chasser l’orignal légendaire. C’est le minimum de respect à avoir.
Bon, maintenant que j’ai su argumenter pour ne pas avoir à m’excuser d’être autant à la bourre, on peut passer aux choses sérieuses…
Avec Red Dead Redemption 2, Rockstar avait beaucoup à se faire pardonner (du moins, à mes yeux).
Car après un GTA IV absolument fantastique (sans doute l’un des tous meilleurs jeux de ces dix dernières années), le studio n’a eu de cesse de baisser dans mon estime.
Ce fut d’abord RDR (le premier) qui, s’il offrait un univers plaisant, un gameplay riche et une fin absolument inoubliable, plantait tout un pan de son scénario (le Mexique) en multipliant les incohérences : Tantôt on tuait des rebelles pour le compte du gouvernement, tantôt on tuait des soldats du gouvernement pour le compte des rebelles. Et tout cela sans que ça ne dérange qui que ce soit (John Marston le premier).
Résultat, malgré les innombrables qualités de ce jeu, il m’a laissé un moins bon souvenir qu’il n’aurait dû, entaché par cette maladresse.
Ensuite ce fut GTA V.
Là c’était encore plus grave puisque Rockstar le présentait comme un jeu de braquage… sans braquage. Même GTA IV avait proposé mieux à l’époque, avec la mission du casse de la banque de Liberty City.
Et puis incarner trois personnages, dont deux sans intérêt (Trevor et Franklin), il n’y a rien de mieux pour annihiler toute velléité d’immersion et garantir une histoire et une psychologie des personnages, bâclées et incomplètes.
Ne restait alors qu’un gigantesque jeu bac à sable avec des dizaines d’activités plus ou moins fantasques à réaliser.
Or, moi je joue à un Rockstar pour son histoire et son univers. Si je veux un bac à sable, autant jouer à Just Cause.
Bref, Red Dead Redemption 2 avait beaucoup à faire pour remonter la pente. Et ça commençait plutôt mal, dès l’annonce du jeu, avec son titre sacrifié sur l’autel du mainstream : Red Dead Redemption était déjà le deuxième épisode de la série. Appeler celui-ci Red Dead Redemption 2 n’avait donc aucun sens.
C’est d’autant plus vrai que l’histoire se situe en amont du précédent épisode.
On y incarne Arthur Morgan, l’un des membres du gang de Dutch Van Der Linde dont est issu John Marston, dans la cavale qui poussera la bande à traverser les Etats-Unis d’Ouest en Est pour échapper aux autorités.
Et tout commence dans les montagnes enneigées, sous un impressionnant blizzard qui nous frappe autant au visage, à nous joueur, qu’il ne fouette celui du héros qu’on incarne.
Petit à petit, on fait connaissance avec les membres du gang, hommes et femmes, tout comme avec les différentes possibilités qu’offre le jeu. Et l’un comme l’autre sont tellement nombreux que les 20 premières heures s’apparentent presque à un très long tutoriel, et peuvent laisser quelques joueurs sur le carreau.
Il faut bien avouer aussi, que le gameplay aurait mérité d’être plus ergonomique.
Certes, la grande richesse du titre n’enjoint pas à la simplicité et aux mécaniques épurées, mais on a parfois tendance à se perdre dans les manipulations nécessaires aux différentes actions du héros, tant qu’on y est pas complètement rompu.
Et quand ce ne sont pas les touches de la manette qui nous plongent dans la confusion, ce sont les principes mêmes de certaines actions qui paraissent flou ; comme le commerce des animaux chassés, avec le boucher, le trappeur, le receleur ou le cuisinier du camp. On ne sait jamais trop à qui refourguer quoi pour gagner argent, vêtements ou accessoires.
Et puis il y a cette propension qu’a parfois le jeu à donner dans le réalisme à tout prix, quitte à frustrer le joueur ou à se perdre dans des incohérences malvenues. Ainsi, on nous poussera à choisir soigneusement nos armes (deux armes de poing plus deux fusils/arcs) plutôt qu’à nous autoriser un accès total à notre arsenal, à tout moment. Mais pourtant, le jeu modifiera notre équipement régulièrement et arbitrairement, sans tenir compte de nos choix, après chaque cinématique. Et quand on a passé du temps et dépensé un pognon de dingue pour personnaliser sa carabine flambant neuve, c’est un peu pénible de ne pas en être équipé en mission car le jeu en a décidé autrement.
Autre exemple : Notre cheval devra être brossé et nourri régulièrement pour gagner en confiance et en endurance, tel un tamagochi sauce Far-West. Ce principe fonctionne plutôt bien puisqu’on finit par s’attacher à notre monture. Toutefois, elle pourra mourir définitivement à la moindre collision avec un autre cavalier ou suite à une chute, parfois ridicule, de quelques dizaines de centimètres. Il n’y a rien de plus frustrant que de perdre le cheval qu’on a pris le temps de monter en compétences, pour un virage pris un peu trop vite ou pour n’avoir pas remarqué la diligence qui arrivait en face. Le pire, c’est que le mode Online propose une assurance pour remplacer notre cheval en cas de décès prématuré. Le mode Histoire, non. Résultat, j’ai dû perdre cinq chevaux en près de 100 heures de jeu. Je n’étais pas prêt à vivre ça émotionnellement parlant. Ce fut clairement un chemin de croix pour moi (et je ne parle même pas de la frustration quand tu vends un rein pour t’offrir un pur sang arabe et que ce con crève 500 mètres plus loin). Ajoutez à cela quelques détails énervants, comme le système de primes sur notre tête qui grimpe parfois à notre insu (accident ou légitime défense), et vous comprendrez que ces vingt premières heures servent à écrémer le jeu, bien malgré lui, des joueurs les moins motivés.
Seulement ceux qui seront restés accrochés à leur pad après cette période d’apprentissage, vont découvrir ce qui est sans doute aujourd’hui le jeu le plus riche de l’histoire de ce média. Riche pour l’immensité et la variété de son terrain de jeu, qui nous fait traverser des monts enneigés, des plaines arides, des déserts rocailleux, des forêts luxuriantes et des marécages lugubres. Riche par la vie qui anime tout ce petit monde, qu’il s’agisse de la faune incroyablement variée, des simples PNJ qui peuplent villes et villages, aux rencontres aléatoires qui jalonnent le chemin d’Arthur Morgan. Riche également par la profusion d’activités annexes à mener en marge de l’histoire principale : La chasse, la pêche, les jeux de hasard, le braquage de trains, de diligences, de boutiques, la cueillette, le domptage de chevaux et l’amélioration des conditions de vie du camp de la petite bande. Et enfin, riche par son scénario épique, qui tient en haleine le joueur sur près de 70 heures sans jamais flancher ; bien au contraire.
Car c’est sur ce point que Rockstar m’avait perdu ces dernières années. Leurs histoires n’avaient plus cette dimension homérique et acerbe qui fut leur marque de fabrique. Et si ici le cynisme n’est que latent, au détour de quelques missions facultatives, le côté épique de ce scénario choral relatant le destin de quelques reclus de la société, hommes et femmes en cavale, fuyant tant les forces de l’ordre que la modernité d’un monde dans lequel ils ne se reconnaissent plus, force le respect. Plus que la prouesse technique de ces paysages à couper le souffle, et dieu sait que les environnements sont magnifiques, plus que la profusion d’activités ou les mécaniques de gameplay exhaustives, et dieu sait qu’il y a mille choses à y faire, c’est le récit profondément humain et particulièrement passionnant que je retiens. Et rien que pour ça, Red Dead Redemption 2 est unique, et sans aucun doute la plus grande oeuvre jamais sortie sur une machine de jeu. Qui que ce soit qui tenterait d’affirmer le contraire, se fourvoierait dans les grandes largeurs.
8 Commentaires
Red Dead Redemption 2, Pastorale américaine
Clairement, est-ce qu’il vaut le coup d’être acheté ?
Red Dead Redemption 2, Pastorale américaine
Clairement oui. C’est un des meilleurs jeux de tous les temps. Fylo te le conseillera. Moi je ne sais pas pourquoi j’accroche pas. Une drôle de sensation. Chaque fois que je joue je m’ennuie.
Red Dead Redemption 2, Pastorale américaine
Clairement, oui.
A moins d’être totalement réfractaire au genre et/ou à l’univers.
Par contre, oui, il faut se consacrer du temps pour y jouer. Si c’est pour des sessions d’un quart d’heure toutes les deux semaines, mieux vaut oublier.
Red Dead Redemption 2, Pastorale américaine
D’accord, je note.
Mais est-ce qu’il n’est jamais redondant, lent ou répétitif ? Ou, au contraire trop actif, brutal ? Est-ce qu’il est au juste milieu (ou à peu près ?)
Red Dead Redemption 2, Pastorale américaine
Je n’ai pas trouvé qu’il était spécialement lent ou répétitif.
Après certains considèrent sa richesse du gameplay comme une lourdeur et les longs trajets à cheval peuvent rebuter les moins patients.
Red Dead Redemption 2, Pastorale américaine
D’accord, merci d’avoir répondu à mes questions.
Bon, allez, une autre : est-ce qu’il « vit » en dehors des quêtes, avec des activités annexes et/ou aléatoire, ou toutes les activités pour progresser/faire des trucs intéressants sont dans des quêtes scriptées ?
Red Dead Redemption 2, Pastorale américaine
Le jeu comporte beaucoup de quêtes annexes et d’activités en marge de l’histoire principale, et elles sont particulièrement prenantes, souvent drôles, et plutôt variées.
Red Dead Redemption 2, Pastorale américaine
Bon, eh ben je pense que je vais le prendre…
Et encore merci pour les réponses !