Ready or Not, SWAT the fuck

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Quand les irlandais de Void Interactive rendent hommage à SWAT, on se retrouve face à un shooter tactique complexe et sans concession.

Le shooter tactique est un genre à part, assez peu représenté, mais qui paradoxalement a souvent marqué son époque. Deux licences ressortent systématiquement lorsqu’on évoque ce genre : la série Rainbow Six, avec l’épisode originel sorti en 98 et les deux épisodes Vegas notamment (elle a depuis pris un tournant vers le multi compétitif avec Siege). Et la série SWAT, et plus particulièrement SWAT 3 et 4, les héritiers de la saga Police Quest. J’aurai également pu citer leurs pendants militarisés, ARMA, Hidden & Dangerous ou encore Ghost Recon, mais c’est bel et bien du coté de la police qu’on va s’attarder ici, avec Ready or Not.

Le commissariat est une sorte d’immense hub où il n’y a malheureusement pas grand chose à faire.

Le titre des irlandais de Void Interactive, nous plonge en effet à la tête d’une unité de police d’élite, au sein d’un Los Angeles fictif en plein embrasement. En effet, la ville de Los Suenos connaît une vague de violence sans précédent et vous et vos troupes êtes donc envoyés sur des opérations toutes plus sensibles les unes que les autres, pour appréhender les suspects, récupérer des preuves et sauver les civils en danger. Chaque mission commence par un briefing complet de la situation, particulièrement bien foutu avec enregistrement audio des appels au 9-1-1, des photos du site et des suspects, et la carte de la zone si possible sur laquelle on pourra inscrire des annotations pour planifier notre intervention. Ça manque peut-être un peu de mise en scène et de cinématiques, mais pour une introduction à base de documents à lire (ou à écouter pour les anglophiles), c’est sacrément efficace.

On peut jouer à la Barbie avec son policer : GOTY !

En solo, il faudra également gérer ses coéquipiers, en modifiant leur équipement en conséquence et en n’hésitant pas à les envoyer chez le psychologue en cas de stress trop prononcé. Ce mode vous permettra également de donner des ordres à vos hommes sur le terrain, pour synchroniser vos mouvements entre celui qui va défoncer la porte au bélier, celui qui lance la grenade flash et les autres qui vont débouler dans la pièce comme un seul homme pour appréhender les suspects. Le mode est plutôt bien foutu, même si on a tendance à rester un peu trop en retrait à donner des ordres, plutôt qu’à jouer véritablement. L’autre solution est de partir en raid solitaire, mais compte tenu de la difficulté face à des ennemis intelligents et entraînés, qui n’hésitent pas à vous contourner, à vous surprendre et, pour ne rien arranger, ont tendance à savoir viser (un peu trop, même), autant dire que se la jouer loup solitaire relève de la pathologie suicidaire plus qu’autre chose. Clairement, l’I.A. ennemie est de haute volée, efficace et imprévisible, vous mettant continuellement sous pression, sortant d’on ne sait où à n’importe quel moment, ou encore n’hésitant pas à faire mine de se rendre avant de sortir un flingue planqué dès lors que vous relâchez votre attention.

Le jeu ne prend pas de gants lorsqu’il vous confronte à la dure réalité de votre métier
Deux salles…

Bref, la partie solo est plutôt bonne mais vous l’aurez compris, c’est entre amis que le jeu prend tout son intérêt. La coopération vous permet de jouer jusqu’à 5 mais ne complètera pas votre escouade si vous partez à deux ou trois. Et si rien n’est impossible avec un peu d’entraînement et de discipline, attendez vous à en chier si vous jouez à deux joueurs, notamment sur les grandes maps. A trois, quatre et cinq joueurs, c’est tout de suite plus simple de monter une équipe complémentaire et se répartir les rôles, mais même dans cette configuration, réussir une mission ne sera pas une partie de plaisir ; d’autant plus si vous visez la note la plus élevée qui nécessitera d’utiliser des armes non létales. Il faut noter d’ailleurs que l’arsenal mis à votre disposition est très complet et, surtout, l’ensemble des armes et équipements du jeu sont présents dès le début ; seuls les éléments cosmétiques sont à débloquer. Vous pouvez donc choisir l’arme qui vous plait le plus, la surmonter d’un holo ou d’un ACOG selon vos envies ; votre seule restriction sera la place prise par votre équipement, qui vous poussera à choisir combien de chargeurs emmener, combien de grenades et de quel type ou d’opter pour des cale portes, de la bombe au poivre ou un tazer ; d’où l’intérêt de jouer nombreux pour se répartir l’équipement (et donc les tâches).

… deux ambiances

Une fois lâché sur l’une des 18 missions que comprend le jeu à ce jour, les choses sérieuses commencent. La première impression déjà, c’est que le jeu est franchement joli et fourmille de détails et d’effets visuels. La seconde, c’est qu’il ne fait pas de concession. Ne vous attendez pas à un shooter lisse et policé, Ready or Not vous plonge dans la violence brute et ne prendra pas de gants pour vous choquer et vous retourner l’estomac, que ce soit les photos d’enfants dans un repaire de pédophiles, la mission dans une université baptisée Elephant (en hommage au film de Gus Van Sant) ou encore celle dans une boîte de nuit remplie de cadavres qui nous renvoie directement aux heures sombres du Bataclan. En s’appuyant sur cette dureté et en s’inspirant d’événements passés, Void Interactive offre à son titre une véracité crue et cruelle qui n’a pourtant rien de gratuite, comme pouvait l’être la mission de l’aéroport de Modern Warfare 2 par exemple, mais sert son propos.

On peut afficher la caméra casque d’un de ses coéquipiers en hud
Les ennemis au sol ne sont pas toujours morts, mais on aurait aimé pouvoir tirer dans les mains/jambes plus efficacement.

Pourtant, en jeu on n’a pas toujours le temps de s’attarder sur tous ces détails qui sont placés là pour renforcer l’univers, tant il faut être concentré et méticuleux dans sa progression. Il faut être attentifs aux moindres détails, toujours garder un œil sur les issues d’où peuvent survenir à tout moment, criminels comme civils. La progression dans les bâtiments se veut d’autant plus lente que notre avatar n’a rien d’Usain Bolt ; on sent le poids de son attirail dans le moindre de ses déplacements. Ça peut d’ailleurs être parfois frustrant, lorsque vous avez éliminé tous les ennemis mais qu’il reste encore un ou deux civils planqués à sécuriser, vous obligeant à parcourir la map en long, en large et en travers… en marchant. Je crois que jamais j’ai autant rêvé de pouvoir courir dans un jeu vidéo ! C’est d’ailleurs l’un des rares défauts de ce titre franchement maitrisé de bout en bout, qu’un petite mise à jour nous permettant de valider la mission sans avoir à chercher les survivants restants pourrait gommer aisément. Certes, il y a également quelques bugs graphiques et du ragdoll un peu étrange parfois, mais ça reste anecdotique tant ça ne nuit pas à l’expérience.

Les maps sont extrêmement variées, même si les missions restent globalement les mêmes : appréhender les suspects !

En bref, ça faisait quelques temps que je lorgnais sur le jeu de Void Interactive, déjà à l’époque où il n’était qu’en Early Access ; j’ai d’ailleurs bien fait d’attendre, tant le jeu s’est amélioré depuis. Pourtant, j’avoue que je ne m’attendais pas à un jeu de ce niveau. Oui il y a quelques bugs graphiques qui traînent, quelques points énervants (les civils à chercher sur la map, à la fin), un gameplay encore perfectible (pouvoir courir, sauter par-dessus un obstacle…), une localisation des dégâts qui mériterait d’être mieux gérée, mais ce que propose le studio dublinois en l’état est fantastique, que ce soit dans sa narration, son ambiance, son approche tactique, son opposition et même ses maps, variées et pratiquement toutes réussies. Un grand jeu, tout simplement !

 

[Erratum] : Il est finalement possible de courir, ou du moins de trottiner, en laissant la touche <Espace> enfoncée…

 

Test effectué sur PC, avec un exemplaire acheté sur Steam le lendemain de sa période soldée… merci la wishlist !

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