Radiant Silvergun, l’apprentissage à l’ancienne

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Radiant Silvergun, monument du Shoot Them Up inédit jusqu’à présent en occident vient nous donner une leçon.

Choc générationel

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Une séquence animée introduit l’histoire du jeu (oui c’est un shmup avec une histoire, pas toujours compréhensible, mais une histoire quand même).
2520, après la découverte d’un mystérieux artefact préhistorique sur Terre, l ‘équipage du vaisseau Tetra de la coalition panhumaine assiste impuissant à l’explosion de la planète bleue. Un an plus tard, à court de carburant, ces derniers terriens et leur robonoïde explorent les ruines de la planète à bord de leurs vaisseaux Silvergun et se retrouvent face au danger d’ennemis inconnus, mais aussi à l’opportunité de peut être pouvoir sauver l’humanité lors d’un affrontement ultime à travers le temps.

2011, un mystérieux objet d’un autre temps fait son apparition sur le Xbox Live Arcade : Radiant Silvergun. Qui aurait pu croire en effet que ce shoot them up auxquels les fans vouent un véritable culte au point de dépenser des milliers de francs (une ancienne monnaie avec laquelle s’achetaient parait-il des jeux gravés sur des disques, emballés dans des boites et que les joueurs pouvaient même se revendre entre eux) pour en importer un des rares exemplaires japonais sortis sur Saturn (console dont la véracité de l’existence prête à débat chez les historiens) débarquerait un jour en occident pour quelques euros ou plutôt MS Points.

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La première chose à faire est de ne pas paniquer et de rester concentré.
Un de ces étranges tours que prend l’histoire qui nous amène donc aujourd’hui à découvrir ce jeu vidéo des temps anciens, d’une préhistoire tout juste pubère de 13 ans à peine puisque sorti en 1998. L’occasion de découvrir ce shmup légendaire est aussi celle d’un choc générationel avec les jeux vidéo d’aujourd’hui. Après les zigzag aisés du premier niveau, les premières vies perdues au contact d’un projectile ennemi amènent à une première prise de conscience un peu honteuse : un shmup ça se joue à la croix directionnelle alors que le premier réflexe comme pour tous les jeux actuels est de se servir du stick analogique qu’il est possible d’utiliser, mais qui est bien moins précis lorsqu’il s’agit d’éviter des patterns de tirs suivant en fait un bon vieux quadrillage numérique. Car on a beau les parer d’atours HD, ce genre de jeu nous rappelle que nous évoluons malgré tout dans un univers de pixels et que tout antédiluvien que soit Radiant Silvergun ce n’est jamais qu’une évolution de ce bon vieux Space Invaders et qu’en définitive jouer se résume tout simplement à éviter des pixels carrés. Le premier choc est donc là : réapprendre à utiliser la « croix directionnelle » et pour les plus jeunes carrément ouvrir son esprit au fait que l’on puisse jouer avec et pas simplement ouvrir un menu secondaire ou changer d’arme.

Apprends tes leçons

Le second choc c’est celui auquel on est plus habitué avec les jeux old school et les shmup en particulier : celui de la difficulté et de la rigueur de l’apprentissage. Jeu d’arcade à la base, les crédits coutent cher dans Radiant Silvergun. Le joueur n’en dispose que d’un pour finir le jeu en mode scénario et même le mode arcade ne vous laissera pas continuer votre partie à l’envi. Si vous perdez des vies trop rapidement c’est dans le mode entrainement qu’il va falloir cravacher avant d’espérer aller un minimum loin dans les autres modes. Et il vous faudra même surement faire des allers-retours entre les deux car les niveaux ne sont débloqués à l’entrainement que si vous les avez atteints dans les autres modes. Dans le même esprit n’espérez pas sauvegarder en cours de niveau comme dans tout vulgaire FPS. Si il est possible et même fortement conseillé de sauvegarder la progression de ses armes en mode scénario, ne croyez pas une seconde que cela rendra votre tache aisée, même en mode très facile. Parce que là aussi est la rigueur de Radiant Silvergun, il ne s’agit pas que de booster ses armes et d’apprendre les niveaux plus ou moins par cœur, mais surtout de jouer en étant simplement concentré et appliqué.

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Le jeu multiplie les formes et les mouvements différents comme autant de casse-tête à solutionner par l’évitement et la destruction par le joueur.
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Les boss prennent aussi de multiples formes et il y en absolument tout le temps.

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La situation semble desesperée, mais en fait seul le centre du vaisseau ne doit pas être touché.
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Si on veut vraiment bien jouer il faut tuer les ennemis de certaines couleurs pour faire des enchainements qui rapportent des points.

Radiant Silvergun, comme bon nombre d’autres shmup, fait en grande partie appel à la dextérité et la capacité de lecture de l’écran. Quand le jeu prend des airs de manic shooter et que la zone de jeu se remplit de gerbes géométriques de projectiles ennemis, le plus important et bien souvent de tout simplement ne pas paniquer et d’éviter les tirs par de petits déplacements en profitant du masque de collision très réduit du vaisseau. Le jeu a beau être ultra dur, la maitrise du pilotage vient en effet en grande partie de ne pas se laisser impressionner par cette esbroufe pyrotechnique. Plus facile à dire qu’à faire que l’on se dit lorsque l’on perd 5 vaisseaux en 30 secondes, mais c’est aussi ce qui fait l’intérêt et la qualité de Radiant Silvergun, sa marge de progression énorme et la satisfaction que l’on tire à maitriser une zone de jeu ou un boss qui nous avait humilié plusieurs parties plus tôt.

Shmup old school et hardcore

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L’Hyper Sword, une attaque dévastatrice qui vous rend invincible quelques secondes.
Un apprentissage long et lent à la dure et à l’ancienne qui pourrait bien en dégouter plus d’un car le jeu ne comporte pas énormément de niveaux, mais il va falloir les pratiquer un nombre de fois assez énorme pour ne serait-ce que voir la fin du mode arcade en très facile et je ne parle même pas du mode scénario ou des modes plus difficiles (quoique perso je ne trouve pas le mode normal beaucoup plus dur que le mode très facile, l’efficacité venant surtout du niveau de concentration qui a plus tendance à retomber avec une difficulté moindre comme dans les Guitar Hero par exemple).

Au niveau de la difficulté et de la complexité Radiant Silvergun est même encore plus extrême qu’Ikaruga que l’on présente souvent comme sa suite spirituelle, même si il sont autant similaires (deux shmups verticaux de Treasure parus sur des consoles maudites de Sega avec un système de chain basé sur la couleur) qu’ils sont l’envers l’un de l’autre, un peu comme dans toute filiation en fait. Là où Ikaruga était une sorte de quintessence de la sobriété au niveau de son style graphique et de son système de jeu avec la bichromie, Radiant Silvergun fait lui au contraire dans l’opulence aussi bien au niveau graphique que gameplay avec plus de couleurs et un style plus chargé .

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Couleurs, formes, ennemis… la variété du jeu est par moment vraiment jouissive.
Dès le début, le joueur dispose ainsi de 7 armes aux caractéristiques différentes entre lesquelles il va falloir jongler selon les situations. Autant dire que cela ajoute autant de richesse que de difficulté pour savoir quelle arme utiliser et tout simplement penser et arriver à changer d’arme tout en évitant les ennemis. L’une de ces armes, la Radiant Sword permet de collecter certains types de projectiles à emmagasiner pour déclencher un super attaque qui rend invincible. Une aide bienvenue contre les boss omniprésents ou dans les moments difficiles, mais une aide qu’il faut aussi apprendre à utiliser avec parcimonie si l’on veut vraiment bien jouer. Parce que oui, vous avez déjà galeré des heures pour arriver à peu près décemment à éviter les projectiles et utiliser vos armes et vous n’êtes pourtant encore qu’un débutant à Radiant Silvergun qui comme tout shmup qui se respecte fait la part belle au scoring avec un système de points basés sur des enchainements de destructions d’ennemis de couleurs, de frôlement de projectiles et de murs qui s’avère ultra complexe lorsque l’on essaye de se plonger dedans pour essayer de glaner les quelques millions de points synonymes de vies supplémentaires et de survie dans cette jungle d’ennemis et de projectiles dont la richesse n’a d’égale que l’intransigeante difficulté.

Dans l’univers particulier du shoot’em up, Radiant Silvergun a longtemps fait office de Graal. Aujourd’hui accessible pour le plus grand nombre il révèlera toutes ses qualités et toute sa complexité aux gamers intrépides qui oseront braver ce défi titanesque.

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