Sur le papier un Rogue lite et un jeu de survie mélangé, je suis obligé de m’y intéresser. Adapté à un jeu de caisse, est-ce que la sauce prend vraiment ?
Petite conversation enregistrée dans les studios d’Ironwood il y a maintenant quelques années de ça :
« Et si on faisait un jeu de survie, basé sur du craft ?
Non c’est trop à la mode…
Moi j’aime bien Fortnite avec la zone qui rétrécit, ça met la pression et oblige à bouger.
Vous voulez pas plutôt faire un rogue-lite ?
Non, non je veux un road trip à bord de mon break.
Sinon on peut profiter du report de Stalker pour faire un jeu post apocalyptique ?
Ok les gars j’ai une idée, on va faire un jeu original avec TOUT ça dedans ! »
Un concept pour le moins original
On ne va pas se mentir, un concept comme ça on ne l’avait pas forcément vu venir.
Pacific Drive nous met donc dans la peau d’une « nouvelle », comprenez une nouvelle arrivante dans « la zone ». La zone étant une région imaginaire, la péninsule olympique, où des anomalies ont fait leur apparition suite à des expériences scientifiques sur la « technologie LIM » à tel point qu’une quarantaine totale a été instaurée. Totale, donc personne n’entre ni ne sort de la zone… Personne… Sauf vous.
Au milieu de cette situation, un « vestige », comprenez une voiture du passée, qui s’avère ne pas être une épave comme toutes les autres mais qui est bel et bien en état de marche. Et qui sera liée à vous. C’est à dire qu’elle vous « possède » (Bon ok j’arrête avec les guillemets) et vous allez devoir l’entretenir car votre survie dépend d’elle.
C’est à ce moment là que quelqu’un prend contact avec vous, via la radio. Pour vous expliquer que ce lien va vous rendre fou (pour faire simple) et que vous feriez mieux de faire ce qu’on vous dit. À partir de là, on va suivre les indications de cette interlocutrice comme des ordres de missions. D’ailleurs il y aura au final très peu d’interlocuteurs différents mais tous via la radio et le choix du jeu sous-titré n’est pas toujours optimal. À la façon d’un GTA, on passe son temps en voiture et il faudra avoir un petit niveau d’anglais pour pouvoir suivre correctement l’histoire car il n’est pas toujours évident de lire en évitant de faire exploser sa voiture.
Et les missions seront donc des runs (pour parler façon rogue-lite) où il vous faudra explorer la zone, la traversant comme plusieurs petites zones entrecoupées (par de longs chargements d’ailleurs). La principale mécanique consiste à scanner les anomalies pour en apprendre plus sur votre environnement et à ramasser TOUT ce que vous pouvez, tout le temps. Une fois votre destination atteinte, il vous faudra accumuler de l’énergie « d’ancres » pour ouvrir un portail qui vous ramènera au garage. Bien entendu, le portail s’ouvre relativement loin de votre position et c’est là qu’intervient le principe Fortnite puisqu’il faudra foncer vers lui avant que la zone ne se referme sur elle-même.
Les premières destinations, assez proches du garage se font en deux ou trois étapes. Chaque voyage permet de débloquer des routes et, bien sur, d’optimiser le véhicule avec ce que vous ramenez. Enfin optimiser c’est quand tout se passe bien car la majeure partie de votre craft va d’abord servir à réparer votre voiture. Entre les kits de colmatage pour les crevaisons et le mastic pour la carrosserie, les nouvelles pièces pour le break attendront un peu.
Quand on avance dans le jeu, et si on prend la peine d’explorer plus que les missions ne le demandent afin de débloquer le plus de routes possibles, on aura accès à des autoroutes nous permettant de rallier plus rapidement les points éloignés. Bonne idée, mais dommage que les développeurs aient quand même coupé ce trajet par une exploration, ce qui les rend plus intéressants en craft mais aussi plus longs.
Le break de vos rêves
Votre voiture sera donc un partenaire unique, sur qui il faudra veiller le plus possible. État des pneus, niveau d’essence et de la batterie, il faudra faire attention à tout. On appréciera d’ailleurs dans le gameplay que l’on puisse activer les phares ou les essais-glace avec une commande rapide mais aussi en regardant le bon « bouton » sur le tableau de bord. Un peu de réalisme ne fait pas de mal, bien au contraire. Il faudra d’ailleurs penser à garder les phares éteints quand vous descendez du véhicule pour aller ramasser des ressources. Tout comme couper le contact pour ne pas gâcher de l’essence pour rien quand vous venez à en manquer. Le frein à main est également primordial. Mais tout ça suffirait dans un monde normal, hors ici il y a des anomalies, dont certaines affectent le véhicule. Il n’est donc pas rare de le voir se faire la mal tout seul. Ou d’éteindre les phares quand vous tournez à gauche ou toute autre blague du genre.
Bien entendu, ce qui semble être des conditions normales d’usure d’une voiture ne suffisaient pas et les zones que vous traversez auront parfois des variantes de conditions. Comme de l’eau siphonneuse de batterie ou des tempêtes qui mettront votre réservoir d’essence à 0.
Du coup pour aire face à tous ces dangers, deux solutions. La première a été pour moi assez douloureuse, je vais pas me cacher. Pour remédier à ces anomalies de notre véhicule, le garage est équipé d’une drôle de machine servant à diagnostiquer les pannes pour vous permettre de la réparer. Mais en dehors des plus évidentes il est souvent bien difficile d’associer l’effet indésirable avec la cause de la panne. Et même la version améliorer nous permettant d’obtenir des indices reste assez obscure, en plus de vous couter une c… en énergie d’arche.
Bref moi je me suis fait à l’idée de rouler avec des anomalies malgré la gêne occasionnée.
La deuxième solution, plus efficace contre les aléas environnementaux, passe par l’amélioration de notre véhicule. Et là, on est sur un domaine bien mieux maitrisé. Vous pourrez vous faire plaisir en customisant votre break pour lui installer des galleries latérales flambant neuves ou la classique gallerie de toit afin d’installer des boucliers technologiques fait maison, des batteries latérales supplémentaires, des réservoirs d’essence vissés à la banquette arrière, des éclairages ou des inventions un peu loufoques comme des mini-éoliennes pour recharger la batterie ou autre joyeuseté bien utile pour les trajets les plus longs. Sur ce point c’est une réussite totale. Le style proposé, l’utilité des améliorations et leur complémentarité est parfaite.
Il faudra d’ailleurs faire bien attention aux indications du scanner sur votre trajet avant de partir, pour équiper les bonnes améliorations si vous ne voulez pas embraquer des panneaux solaires dans un trajet nocturne ou autre fonctionnalité inutile comme ça qui peuvent s’avérer tragiques.
Une réussite en demie-teinte
Le jeu met un petit moment à se lancer et les premiers voyages sont un peu répétitifs avant de réussir à optimiser le garage, vous offrant plus de possibilités. Un plus grand sac à dos, un plus grand rangement de coffre pour encore plus de craft et ainsi de suite. On ne va pas se mentir, si c’est vrai dans tous les jeux de survie, Pacific Drive n’échappe pas à la règle et cette partie reste contraignante et répétitive. Les nouvelles ressources demandant souvent des nouveaux outils. Et le prix de ceux-là n’est pas si bon marché surtout étant donné leur usure. Car oui nos outils cassent régulièrement, surtout dans leur V1.
D’autant qu’en parallèle, on a tout un arbre technologique à débloquer pour améliorer la voiture et le garage. Et là encore les prix ne sont pas si facilement abordables. Entre certaines ressources rares et l’énergie d’ancres à accumuler, vous pouvez déjà vous faire à l’idée de nombreux allers-retour juste pour le craft si, comme moi, vous avez un furieux besoin de tout débloquer.
Le côté rogue-lite n’apporte quand à lui pas grand chose. Pourtant, tout comme la survie, je suis plutôt le client idéal mais là, je ne vois pas trop l’intérêt. Déjà, l’appellation est bien galvaudée car à part ne pas mourir mais recommencer une boucle, le jeu n’a pas grand chose d’un rogue. Mais bref, ce côté punitif accompagné d’une perte d’une partie des ressources craftées en cas d’échec lors de l’extraction, semble bien injuste quand on sait à quel point cette notion du jeu de survie peut déjà être contraignante comme indiqué précédemment.
Dernier élément décevant, les meilleurs améliorations, qui sont très chères à obtenir, comme la station de réparation illustrée ci-dessus, ne servent quasiment pas. Il m’aura fallu pas moins de 46h pour faire le jeu, car oui je le répète j’ai besoin de tout explorer. Je n’arrive pas à me résoudre à « rusher » la quête principale. Et malgré ça, j’ai obtenu certaines amélioration un voyage avant la dernière mission seulement. Quand en plus elle n’est pas si efficace que ça, on pourra regretter que l’amélioration du garage n’est pas plus d’impact positif sur notre road-trip, ce qui aurait pu faciliter et soulager un peu la fin d’aventure qui traine un peu.
Heureusement pendant nos balades la BO est très sympas. D’ailleurs c’est toute l’ambiance road-trip qui est top. Nos petites virées sont extrêmement plaisantes, et la découverte des anomalies et des zones se fait avec plaisir. La conduite est également très réussie et l’on sent bien la différence quand l’on monte des pneus tout terrain ou non par exemple. Vraiment cette partie m’a fait regretter par la suite que le jeu ne soit pas plus basé là-dessus. un bon road-trip avec du craft pour améliorer la voiture sans ce côté survie, réparations à l’excès et perte de matériel, aurait peut-être été plus captivant. Surtout que je le redis mais une fois au volant de notre break avec la BO top dans les oreilles, on a envie de manger des bornes un peu plus que dans ces petites zones qui nous sont proposées.
Au final
Je suis vraiment partagé sur Pacific Drive. Son ambiance est excellente, sa BO géniale (dommage qu’elle soit trop courte d’ailleurs), la conduite très réussie (c’est un peu crucial pour un jeu de caisse) et le mystère nous pousse à avancer mais le côté punitif du rogue et répétitif de la survie ne colle quand même pas parfaitement avec le reste. Perso j’aurai préféré une aventure plus linéaire avec une narration plus importante où l’on aurait vraiment profité de cette ambiance à fond.
Test réalisé grâce à un code fourni par l’éditeur, sur ma PS5, à 88 miles à l’heure à bord d’un break, qui, s’il ne voyage pas dans le temps, voyage au moins dans l’espace et c’est déjà pas mal.