Après avoir explosé les compteurs durant sa bêta, le rouleau compresseur de Blizzard n’entend pas s’arrêter en si bon chemin et espère bien squatter PC et consoles tout l’été… et plus si affinités.
Contenu Limite
Blizzard. A la seule évocation de ce nom, des hordes de geeks se mettent généralement à hurler comme des groupies à un concert de Patrick Bruel. Il faut dire aussi que les lascars sont derrières quelques-unes des licences les plus adulées par la communauté de joueurs : Warcraft, StarCraft ou encore Diablo. Pendant des décennies entière, ils se sont contentés d’exploiter ces seules licences (et encore, StarCraft est plus un spin-off). Mais voilà, depuis trois ans le studio a changé son fusil d’épaule et lance sur le marché de nouvelles IP. D’abord Hearthstone en 2014, puis Heroes of the Storm en 2015, et maintenant Overwatch. Ce dernier se veut un mix entre les héros spécifiques au MOBA et les modes compétitifs chers aux FPS, le tout enrobé d’un look puisant son inspiration entre Team Fortress 2 et les films de Pixar. On y joue des agents d’Overwatch, autrement dit des super-héros bannis par une société qu’ils avaient pourtant sauvé par le passé. Super-héros contre super-villains, tel est le contexte dans lequel on veut nous plonger, même si tout cela vole en éclat dès les premières parties vu que tous les personnages sont mélangés, peuvent être adversaires ou coéquipiers, peu importe le bord auquel ils appartiennent. C’est un peu dommage, comme il est dommage qu’on puisse constituer une équipe avec des héros identiques. Pour le coup, le jeu aurait gagné en crédibilité, en intérêt et en TeamPlay en reprenant la formule de Rainbow Six : Siege, à savoir des opérateurs uniques, classés Défenseurs ou Attaquants, selon qu’ils soient super-héros ou super-villains.
En même temps, il s’agit d’un jeu exclusivement multijoueurs. Donc le scénario, OSEF ! A ce propos, on n’entend curieusement personne râler sur l’absence d’un mode Campagne, quand TitanFall, Brink ou Chromehounds (ahahahaha, il fallait que je le ressorte) s’étaient fait défoncer pour cela en leur temps. Comme quoi, les joueurs sont plutôt sélectifs dès qu’il s’agit de critiquer. Il faut croire que Blizzard jouit d’une certaine impunité… C’est d’autant plus vrai que le contenu d’Overwatch est à la limite du honteux. Imaginez un peu : Seulement douze maps répartis en trois modes de jeu. Comprenez par-là que chaque map se joue dans l’un des trois modes distincts (Contrôle, Capture et Convoi), pas dans les deux autres. Le mode Contrôle est une simple zone à occuper suffisamment de temps jusqu’à faire grimper la jauge de son équipe à 100%. Le mode Capture est exactement la même chose, sauf qu’ici une équipe attaque quand l’autre défend. Enfin le mode Convoi, de loin le plus original et intéressant, est un mode où une fois la zone de départ capturée par les attaquants, ces derniers doivent escorter un véhicule jusqu’à un point donné (un peu à la manière de Brink). Bref, seulement trois modes de jeu dont deux très similaires et aucune alternative au mode imposé pour une même map. La redondance est alors terrible, et l’impression d’avoir tout vu s’installe déjà au terme d’une seule soirée.
Gros casting
Niveau contenu, c’est donc du côté des héros qu’il va falloir se tourner. Et là pour le coup, avec 21 personnages à incarner, le roster n’a rien à envier aux meilleurs jeux de combat. Car le parallèle avec les Street Fighter, Mortal Kombat et consort est tout trouvé. Ici, les personnages ont tous un look, voire un univers différent, et des « coups spéciaux ». Ils possèdent en effet chacun leurs particularités propres et se classent en quatre catégories. Les attaquants sont des personnages rapides possédant une grosse puissance de feu prompte à faire le ménage derrière les lignes ennemies. Les défenseurs usent de pièges, tourelles et armes à distance pour tenir l’équipe adverse suffisamment loin de l’objectif, les Tanks sont des sacs à PV lourdauds fonçant dans le tas pour ouvrir des brèches à leurs coéquipiers, enfin les personnages de Soutien sont des soigneurs et protecteurs qui permettent d’accroitre l’efficacité de leurs alliés. Tous possèdent une arme principale, différents pouvoirs et capacités ainsi qu’un Ultime, un pouvoir plus puissant se déclenchant après avoir monté sa jauge en réalisant des exploits sur le champ de bataille. L’originalité vient du fait que le gameplay diffère entre les personnages.
En effet, côté manette le jeu se joue avec le stick gauche pour se déplacer, la gâchette droite pour tirer, le bouton A pour sauter, le X pour recharger, le stick droit pour les coups de mêlée et le Y pour utiliser son ultime. Ce sont là les seules commandes communes à chaque héros (voire à chaque FPS… Ultime excepté). Mais ensuite, en fonction du personnage que vous incarnez, l’utilisation d’autres gâchettes (classiques ou hautes) varie. Certains disposent en effet d’un tir secondaire sur la gâchette gauche, quand d’autres ne l’utilisent même pas (ne pas viser à l’épaule avec cette gâchette est perturbant au début). Les gâchettes hautes servent également de pouvoirs, distincts selon les héros, bridés par un cooldown d’utilisation plus ou moins long. Certains personnages sont même capables de grimper sur les murs et d’effectuer des double-sauts. Notez d’ailleurs que le roster me parait un peu déséquilibré, en tout cas en termes d’efficacité. Vous constaterez par exemple que 8 fois sur 10, le highlight de la partie mettra en scène le nain et sa tourelle ou le robot-gatling, seuls capables de défourailler du héros adverse à la douzaine sans une once de skill. Avec le temps, d’autres personnages s’avèreront particulièrement utiles (Symmetra et son portail par exemple), mais pour le coup ils demanderont un certain temps d’adaptation. C’est sans doute là que le jeu puise son intérêt sur le long terme d’ailleurs, car apprendre à maitriser l’ensemble des personnages risque de prendre du temps. Pourtant c’est absolument nécessaire de s’adapter rapidement, car contrairement à d’autres FPS où les joueurs ont tendance à camper sur leurs acquis et incarner toujours la même classe, ici il faut savoir se faire violence et changer de personnage à la volée, en fonction des événements.
Q.I. de moule
A ce titre, le jeu vous propose de vous aider en temps réel dans l’équilibrage de votre équipe, en vous alertant lorsqu’il vous manque des snipers, des soutiens ou lorsqu’il y a trop de classes identiques par exemple. Il est donc parfois bon de faire preuve d’un peu d’humilité et de sens du sacrifice, en incarnant quelqu’un que vous n’avez pas l’habitude de prendre pour le bien de votre escouade (car tout le monde ne le fera malheureusement pas, ce sacrifice). De la même manière, lorsque la situation semble bloquée et la défaite inéluctable, il est souvent intéressant d’incarner un autre personnage, afin de surprendre l’adversaire et trouver une tactique capable de retourner la situation. Car rien n’est figé dans Overwatch, aucune partie n’est perdue d’avance, aucune situation n’est inexorable. Il m’est déjà arrivé d’être littéralement écrasé par le convoi adverse jusqu’à ce qu’il arrive au terme de sa course, et remporter tout de même la partie parce que les attaquants n’ont pas su franchir les dix petits mètres qui leur restait à parcourir pour l’emporter. Une situation n’est donc jamais totalement désespérée, mais peut vite s’avérer problématique compte tenu de la propension qu’ont les débiles du coin à RageQuit dès qu’ils sont en train de perdre. C’est certes plus rare ici que dans d’autres titres, mais tout de même pas assez à mon goût.
Mais malheureusement, ce n’est pas le seul problème que les joueurs amènent. Car leur bêtise insondable n’a rien de nouveau et le titre de Blizzard n’échappe pas à la règle ; d’autant plus que son succès rameute forcément les plus abrutis du secteur. Tout comme Brink, Battlefield, Rainbow Six : Siege, PayDay et autres FPS à objectifs, Overwatch souffre de l’influence de Call of Duty et de ces joueurs obnubilés par leur ratio. Ainsi, il n’est pas rare de les voir décamper aux quatre coins de la map, pour poursuivre leurs adversaires plutôt que d’attaquer ou défendre l’objectif qui déterminera le camp vainqueur et vaincu. Pour exemple, il m’est arrivé de remporter une partie en deux manches, en ne faisant que trois frags et sans jamais mourir, simplement parce que je campais l’objectif et qu’aucun adversaire ou presque n’a cherché à m’en déloger, trop occupés qu’ils étaient à courir après mes coéquipiers. Ce genre de choses, quand vous êtes dans le camp des vaincus, ça vous fait péter un câble. Et malheureusement, ce type d’exemple est loin d’être un cas isolé. Il faut donc prendre son mal en patience et attendre quelques semaines que la plupart d’entre eux aient quitté les serveurs et soient partis pourrir les autres jeux (rapidement, j’espère). C’est pourtant pas les aides de jeux et autres dossiers pour débutants qui manquent sur le web (et pas sur les sites les moins connus), lisez-les bordel !
Petit prince deviendra roi ?
C’est d’autant plus dommage que malgré un contenu un peu chiche, Overwatch est vraiment un excellent jeu. Graphiquement il ne casse pas trois pattes à un canard, mais il est propre, coloré, exceptionnellement fluide et jouit d’un excellent level design. En effet, les maps ne sont peut-être pas nombreuses mais elles sont variées et bien construites. Les raccourcis ne manquent pas, certains n’étant accessibles que par une poignée de personnages, ce qui permet d’avoir toujours une possibilité de contourner et surprendre les équipes adverses, même les mieux organisées. Les collectionneurs ne sont pas en reste, puisque chaque héros dispose de toute une batterie d’éléments déblocables, comme des costumes différents, des entrées en scène (pour les highlights), des poses de fin de partie (pour les gagnants), des répliques particulières (peu pratiques à utiliser) ou encore des tags pour laisser une trace de son passage sur les murs des maps (j’avoue n’avoir toujours pas compris leur intérêt). Un mode Compétitif (comprenez Classé) est également à l’ordre du jour, et devrait arriver à la fin du mois de juin, en espérant qu’il s’accompagnera d’un rééquilibrage et, pourquoi pas, de nouvelles maps.
A ce propos, sachez d’ailleurs que le jeu ne propose pas de Season Pass ; ce qui est particulièrement rare. Cela veut-il dire que le contenu supplémentaire sera gratuit ? Je l’espère. En attendant, ceux qui souhaiteraient ardemment passer à la caisse, peuvent toujours faire chauffer la carte bleue pour s’acheter des cosmétiques. A ce sujet, nombreux sont ceux qui râlent dans la presse et sur les forums pour dénoncer cette pratique. Moi à l’inverse, je l’encourage. Après tout, si les gens sont assez cons pour dépenser du fric afin de s’offrir ce qu’ils peuvent obtenir gratuitement en jeu, c’est leur problème et Blizzard aurait tort de ne pas en profiter. Je préfère très largement cette politique que de proposer du contenu exclusif à l’achat, qu’il s’agisse d’armes, de maps ou même de skins. Je ne vois par exemple aucune levée de bouclier contre Ubisoft et ses skins pour armes dans Rainbow Six : Siege, acquérables uniquement avec de l’argent réel. Bref, en conclusion je dirais que Overwatch est déjà un excellent FPS multijoueur à l’heure actuelle. Bien suivi, régulièrement mis à jour et écrémé de ses spécimens les plus débiles, il a le potentiel pour devenir l’un des meilleurs représentants du genre sur cette génération.
2 Commentaires
Overwatch, la grande parade des héros
C’est dingue à quel point ce jeu ne m’intéresse pas. Pourtant je ne doute pas de sa qualité. Et les courts métrages sont sympas.
Overwatch, la grande parade des héros
Je ne sais pas si c’est ton genre de jeux, vu que t’aimes pas les FPS compétitifs (hormis Rainbow)… mais franchement il est top.
Avant que Nach’ ne le choppe, j’ai fait quand même près de 12 heures tout seul dessus. Pourtant je ne joue quasiment jamais aux jeux multi seuls. C’est dire comme il est fun.
Par contre, faut absolument qu’ils sortent régulièrement du nouveau contenu. Parce que sinon il ne passera pas l’été.