Ni no kuni, le melting pot du J-RPG

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Annoncé en grandes pompes avec un partenariat de dingues à faire mouiller n’importe quel fan de J-RPG, Ni no kuni aura pris son temps pour arriver chez nous, entre une version DS et un report à l’export de deux longues années.

Poids lourds

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Difficile de ne pas penser à Pokémon tant le plagiat n’est pas loin.
Deux ans, c’est le temps qu’aura pris Ni no Kuni pour sortir du Japon (du moins dans sa version PS3). Alors autant on a été habitué par le passé à ce genre de délai, autant de nos jours il n’est pas rare d’assister à des sorties mondiales ou des reports d’une poignée de mois. Pour ce qui nous concerne, c’est d’autant plus curieux qu’à la baguette, on retrouve deux studios particulièrement connus et appréciés en occident : Level 5 et Ghibli. Ces studios, on ne les présente plus (mais je vais le faire quand même). D’un côté, on a un géant du développement vidéoludique à qui l’on doit les Professeur Layton mais aussi les Inazuma Eleven ou encore Dragon Quest VIII. De l’autre côté, on retrouve les studios Ghibli, un monument de l’animation japonaise (et mondiale), fondés par Miyazaki et Takahata a qui l’on doit quelques chefs d’œuvres comme Le Voyage de Chihiro, Porco Rosso, Le tombeau des lucioles ou encore Mon voisin Totoro. Bref, derrière Ni no kuni, il y a du lourd, du très lourd. Et pourtant, paradoxalement, il aura fallu attendre deux ans pour le voir débarquer chez nous.

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Le chara-design est typique des studios Ghibli.
Cette attente aura eu pour effet de susciter de l’impatience chez les joueurs, et de développer leurs fantasmes. C’est peut-être là ce qui aura fait le plus de mal à ce titre qui, s’il s’en sort plutôt bien, déçoit pourtant par bien des aspects. D’aucuns, on l’a vu ici même en commentaires, ont montré certaines réticences vis-à-vis d’un scénario et d’un univers particulièrement enfantin. Ils n’ont d’ailleurs pas tout à fait tort, puisqu’on y joue un enfant et que le ton employé tout au long de l’histoire ne viendra pas les contredire. En même temps, que ça soit Level 5 ou Ghibli, tous deux sont plutôt coutumiers du genre. D’ailleurs le J-RPG dans son ensemble (et plus généralement la culture otaku) a tendance à proposer des enfants ou des adolescents pour héros. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus gênant selon moi, d’autant plus que le scénario de Ni no kuni se veut un plus adulte qu’il n’y parait.

Familier

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Sans aucun doute le plus beau J-RPG jamais sorti.
En effet, l’histoire relate les aventures d’un jeune garçon dont la mère est décédée par sa faute. Pour tenter de la sauver, il va alors parcourir un monde parallèle, où les destins des personnalités communes aux deux univers, appelées « âme sœur », sont liés. Ce monde qu’il va arpenter, est en proie aux ténèbres, sous le joug d’un certain mage noir répondant au nom de Shadar. En tant qu’élu au cœur pur, notre gamin (Oliver) va devoir affronter Shadar et sauver le grand mage Roxane, l’âme sœur de sa mère. Bref, on est loin du scénario super original, puisque le sempiternel thème de l’enfant élu est de nouveau au centre de l’histoire. Toutefois au fil des heures le scénario s’étoffe et on prend plaisir à le suivre, même s’il aura bien du mal à nous surprendre. Non, le principal problème du récit, ce sont les dialogues (curieusement pas toujours doublés d’ailleurs). Car si incarner un jeune garçon n’est pas trop déroutant, les dialogues neuneu à la Pokémon peuvent vite devenir pénibles. Heureusement, le titre se laisse parfois aller à quelques vannes plutôt réussies, qui permettent de masquer un peu l’infantilisation forcée du joueur par le jeu.

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Se balader sur la carte du monde n’a jamais été aussi plaisant.
Cette infantilisation, on la retrouve également dans les quêtes proposées ; et notamment les quêtes annexes. On est ici constamment pris par la main, puisque Lumi (la fée qui nous accompagne) n’aura de cesse de vous expliquer ce qu’on a à faire. Certes, après une quinzaine d’heures de jeu, ces quêtes annexes commencent à se diversifier et deviennent plus délicates à gérer, mais avant cela, elles sont particulièrement rébarbatives. Le pire dans tout ça, c’est que derrière ce ton enfantin se cache une difficulté paradoxalement plutôt relevée. Ici le Level cap est quasiment obligatoire et une bonne gestion de ses familiers est nécessaire pour ne pas se faire honteusement poutrer par un vulgaire péon. C’est d’autant plus vrai que s’il est possible de donner des ordres relativement simples à ses alliés (gérer les soins, attaquer la cible du capitaine, etc.), voire même de les contrôler directement en combat, leur I.A. est malheureusement totalement plombée, si bien qu’il n’est pas rare de les voir à court de PM après deux rixes pourtant aisées.

Fracture de la cornée

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Les combats lorgnent aussi pas mal sur les Tales of… mais en moins bien.
Et puis il faut être honnête, ces combats ne sont pas la plus grande réussite du développeur. En allant piocher allégrement dans le gameplay des Pokémon, des Tales of et autres Final Fantasy, Ni no kuni finit par nous servir une sorte de soupe, pas tout à fait indigeste, mais pas forcément enivrante pour autant. On cherche la petite trouvaille de gameplay qui va offrir sa singularité à ce J-RPG, mais rien à faire, on ne navigue qu’en terrain connu… archi-connu. Même dans la progression, c’est du grand classique avec voyage à pinces sur la carte du monde, jusqu’à ce qu’on trouve un bateau pour voyager vers de nouveaux continents, pour finir par voyager par les airs pour accélérer encore les déplacements (on peut aussi se téléporter aux différents villages et donjons après une quinzaine/vingtaine d’heures). Non, la seule vraie raison d’accrocher à Ni no kuni finalement, ce sont ses graphismes et son chara-design.

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Ce curieux niveau promettait beaucoup, mais il n’a finalement pas grand chose pour lui.
Là pour le coup, rien à redire. C’est beau, voire magnifique, et superbement animé. Jamais ô grand jamais vous ne vous serez déplacé dans un J-RPG, sur une carte du monde aussi belle, aussi vivante. C’est un vrai régal pour les yeux. Même si les graphismes d’un jeu ne font jamais tout, ici ce sont bien eux qui te font revenir et accrocher des heures durant. Car c’est un peu ça aussi le paradoxe de Ni no kuni : C’est un jeu auquel on trouvera une multitude de défauts, un jeu qui ne fait que pomper sans honte sur les petits copains plus expérimentés que lui, un jeu qu’on aura toujours un peu de mal à lancer. Pourtant, une fois dedans, on s’y sent finalement pas si mal et les heures de jeu défilent sans trop s’en rendre compte. C’est bien la preuve qu’il n’est peut-être pas aussi quelconque qu’on le pensait, non ?

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