Retour en grâce du beat’em all 2D et ode à l’ultra violence.
La nalyse n’est pas systématiquement raccord avec l’actu, elle n’est pas objective, ce n’est pas une fiche technique, elle ne fait pas de détails ou en donne tout plein selon l’humeur, elle n’est pas faites pour influencer tes achats de consommateur fou parce qu’elle n’en tirerait aucun intérêt, elle est juste écrite pour te faire partager mes goûts à moi, ton K.mi qui t’aime (un peu comme un gosse qui fait popo et qui est fier et émerveillé de le montrer à tout le monde.)
Je vous l’introduis tout entier
Mother Russia Bleeds (sorti sur PC en début de mois et prochainement sur PS4) est un jeu assez particulier pour moi puisque je suis et interagis avec son équipe de développement (Le Cartel, des français) depuis ses prémices, avant même qu’elle ne trouve un éditeur (Devolver est passé par-là) ou qu’elle ait un statut officiel aux yeux de l’administration. Je rédige en effet depuis tout ce temps un document sur leur aventure humaine (qui sortira dans je ne sais quel format encore, idéalement lors de la sortie de la version PS4). Pour autant, si j’avais à l’époque décidé de les suivre, c’est parce que Mother Russia Bleeds me parlait beaucoup et me semblait très prometteur avec ses intentions de se placer entre Streets of Rage pour le genre et Hotline Miami pour l’ambiance. Je ne vais donc pas me priver de vous donner mon avis sur ce jeu que j’attendais tout particulièrement.
Le pitch dans ta potch
Dans la peau d’un combattant de rue (4 au choix) dans un URSS alternatif des années 80, vous vous faites malgré vous emprisonner et droguer presque à mort pour servir de cobaye à la bratva. A nouveau sur pieds, votre objectif va être de comprendre ce qu’il s’est passé en remontant la filière derrière tout ça à gros coups de poings dans la gueule.
Attardons-nous là-dessus (enfin, moi, surtout…)
Si vous aimez l’ultra-violence, l’humour décadent et le sang, Mother Russia Bleeds vous satisfera sans aucun problème. Ce genre d’arguments m’ont fait m’intéresser au jeu et autant dire qu’ils ne déçoivent pas à l’arrivée. Les différents niveaux (8 au total) reprennent un peu tout ce qu’on peut imaginer comme endroits glauques où l’on verrait se taper quelques molosses dans d’obscurs vidéos peu recommandables sur Youtube. Un camp de gitans (communauté dont vient le héros, Sergei), une prison, un parking souterrain, un squat, un train et ses voies mal éclairées, un club sado-maso… La variété des décors est particulièrement appréciable. D’autant que le level design est très vivant et que tout un tas d’idées sympathiques parsèment les décors. Qu’il s’agisse d’animations de PNJ en toile de fond, d’événements qui viennent nous mener la vie dure, ou tout « simplement » d’interactions en rapport avec l’environnement (sur le toit d’un train en marche, l’inertie des PNJ que vous faites voler n’est pas la même qu’à l’accoutumée par exemple). De quoi vous refaire tomber amoureux du pixel art.
Cette variété gagne aussi le panel d’ennemis, nombreux, changeant, et disposant bien entendu pour chaque type d’un pattern de gameplay différent (et ce sans compter les nombreux boss). Cette variété dans un beat’em all 2D est plus qu’importante puisqu’elle évite la répétitivité inhérente au genre. On bastonne la gueule de connards de toutes sortes du début à la fin, c’est normal, c’est le but du jeu. Mais un beat’em all 2D ne pouvant pas proposer une gamme de coups et combo aussi large qu’en 3D (MRB est tout de même plus profond que son tutorial le laisse penser, n’hésitez pas à « jouer avec le jeu », à tenter les choppes aériennes, à rattraper au vol après rebond une arme que vous venez de jeter dans la gueule d’un mec pour cogner le suivant aussi sec avec etc) (je regrette juste de ne pas pouvoir projeter des armes en sautant), il était essentiel de ne jamais donner l’impression au joueur de vivre les mêmes scènes continuellement. Un pari réussi donc, surtout que les armes de fortune – ou non – sont nombreuses (de la batte de baseball à la cuvette de chiottes en passant par la kalash ou le sabre) et viennent elles aussi varier les plaisirs. D’autant que pour éviter le syndrome balade, MRB propose un vrai challenge dès le mode Normal. Rien d’insurmontable ni d’incohérent, juste de quoi apprécier le bouclage d’un niveau avec la satisfaction de celui qui ne s’est pas promené les mains dans le dos du début à la fin.
Un peu trop confus à 4 (là aussi c’est le genre qui veut ça) mais forcément plus fun (pour le moment pas encore de mode en ligne, juste du coop’ entre potes sur place), le jeu est par contre tout à fait lisible en solo ou à deux joueurs. Quant au scénario, s’il n’est bien évidemment pas le point central du jeu, il reste plutôt agréable dans son cheminement vengeresse sur toile de fond révolutionnaire, sûrement aussi parce qu’il se marie très bien avec l’ambiance et le gameplay du titre. L’histoire offre même une phase inattendue : accroc à la Nekro (la drogue du jeu, faisant partie intégrante du gameplay, une riche idée nous faisant éviter l’auto-regen/reprise de vie pour glands alias la lie de l’humanité), notre junkie jouable va métaphoriquement lutter contre son accoutumance forcée et par la même occasion nous faire réellement lutter, nous joueur, contre son démon. Une démarche plutôt intelligente dans un titre qui s’annonçait comme décérébré. Très agréablement décérébré, certes, mais décérébré quand même. Point de vue écriture je trouve par contre les descriptions des personnages – lors des petits temps de chargement entre les niveaux – un peu molles, pas aussi déglingos que l’ambiance du jeu, presque trop gentillettes en fait. Un détail. (Au passage, techniquement le jeu est très propre, très fluide, et sans aucun bug pour ma part.)
Avant de possiblement bénéficier par l’intermédiaire de mises à jour de nouveaux modes de jeu (notamment un potentiel Versus aux idées que je tairais mais qui m’ont alléché), il existe en sus du mode Histoire un mode Arène classique et agréable, se confondant avec le mode Histoire. Vous débloquez les différentes arènes en finissant le mode Histoire, vous débloquez de nouvelles drogues pour l’histoire en allant le plus loin possible dans le mode Arène. De quoi rallonger une durée de vie qu’on estimera toujours trop courte lorsqu’on aime, mais objectivement largement correcte pour un jeu actuel et encore plus correcte pour un jeu développé en 3 ans par trois personnes (j’ai mis 7 heures en Normal et j’y avais déjà joué pour quelques sessions lors des derniers mois). Enfin, que dire de la bande son ? Réalisée par Vincent « Slo » Cassar pour Fixions (dispo sur Itunes par ici), elle est tout simplement monumentale. Digne et dans la même veine de celle d’un Hotline Miami et son électro brutasse, du genre à vous transporter. Je jouerais peut-être légèrement le pinailleur pour le morceau du combat final contre le boss façon Corleone que j’aurais vu plus bourrin.
Que dire de plus ? Pas vraiment besoin de tergiverser, Mother Russia Bleeds rempli son contrat de beat’em all 2D irrévérencieux bourrin à l’ancienne, très ambiancé et à la décharge d’hémoglobine facile. Du Devolver pur souche. Si Fred, Alex, Flo et Slo m’ont remercié dans les crédits de fin de leur jeu pour avoir simplement cru en son potentiel, je les remercie à mon tour d’avoir réalisé exactement le jeu que j’attendais. Et puis comme tout ceci est beau et émouvant, je te file à toi fidèle copain lecteur, comme ça à l’improviste, une clé Steam pour télécharger Mother Russia Bleeds gratos. LEX3C-DDWHW-X0YZK. Premier arrivé premier servi. N’hésites pas à te manifester quand tu l’auras récup’, que les autres ne se jettent pas dessus pour rien, et pense à remercier Le Cartel pour le cadeau. (Trop tard.)
Les trucs à ressortir en société pour susciter de nombreux fantasmes chez les personnes de ton choix
– Attendez la sortie de mon making-of papier, et vous en aurez ras-la-gueule des anecdotes sur le jeu.
6 Commentaires
Mother Russia Bleeds, la Nalyse
Merci Greg! Soulagés que ça t’ai plu. On n’aurait bien été embarrassés sinon!
Mother Russia Bleeds, la Nalyse
Bonjour, voilà cela fait quelques années que je traine en lisant ça et là les très bon articles faits par vos soins et en m’attardant sur le site ce matin j’ai eu l’agréable surprise de tomber sur cette nalyse fort sympathique et sur la clés steam donnée gratos par monsieur K.mi, je suis donc l’heureux élus et merci bien car ce jeu sens bon le street of rage avec son ambiance pixel art et surtout son maniement totalement old school avec quelques améliorations modernes!
J’ai test que quelques niveaux mais c’est du tout bon, en mode normal c’est franchement faisable mais la mort se fait vite sentir, ça fait vraiment plaisir !
Merci encore et au plaisir de relire pleins de choses sur PolyyyGaaaamer !!
Mother Russia Bleeds, la Nalyse
Salut
Pour info, la clé a été prise par quelqu’un.
Je le dis puisqu’il ne s’est pas encore manifesté comme ça, les gens le savent.
Mother Russia Bleeds, la Nalyse
Ah bah c’est ça de ne pas lire les messages des gens jusqu’au bout 😮
Désolé
Mother Russia Bleeds, la Nalyse
@Fred : En même temps j’ai jamais été inquiété au fil des mois de la tournure du jeu. Pour le coup il est vraiment fidèle à tes ambitions du début je trouve.
@Goualim : C’est bien un lecteur de Polygamer ça, le mec s’exprime seulement quand il a un truc gratos à ramasser 😀 Profites bien !
@sseb22 : Merci quand même, belle initiative.
Mother Russia Bleeds, la Nalyse
Pas encore testé le jeu, mais la DA est vraiment hyper chouette. Vivement la sortie PS4 !
Et sinon, ça fait plaisir que la clé Steam soit allée à un lecteur assidu et connaisseur.