Mortal Kombat, le vieux a encore de la ressource

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Mortal Kombat revient aux affaires, dans ce qui est peut-être le meilleur épisode de la saga… mais aussi le plus gore.

Vieux de la vieille

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Sub-Zero vs Scorpion, LE classique.
Avec l’E3 2011, toute la presse internationale se gargarise au son de la pauvre rivalité annoncée entre Battlefield 3 et Modern Warfare 3. Petits joueurs ! Idem pour cette bataille entre Fifa et PES, pour une suprématie footballistique perdue d’avance par l’ersatz de jeu de Konami. Petits joueurs ! Même Snake et Sam Fisher se tirent la bourre à coups de remake HD de leurs gloires (dé)passées. Petits joueurs ! Les hommes, les vrais… ceux qui ont presque quarante ans, des poils sur le menton et même en-dessous, se souviennent avec nostalgie, eux, de la vraie grande rivalité pleine de testostérones du jeu vidéo ; celle qui opposait Street Fighter 2 à Mortal Kombat. C’était l’époque où les cafés étaient encore ces lieux enfumés, bercés par le cliquetis de flippers aujourd’hui en voie d’extinction. On y payait ses pintes de bière pour quelques francs, tout en transpirant à grosse goutte pour sortir un Sho-ryu-ken, pendant que notre avenir professionnel s’assombrissait au rythme des heures de cours séchées et des pièces de dix balles englouties par ces saloperies de bornes d’arcade. Depuis, c’est vrai que la rivalité s’est un peu émoussée. Il faut dire que les quinze versions identiques-mais-pas-tout-à-fait de Street et la descente aux enfers de MK, n’ont pas favorisé l’attrait des nouveaux joueurs élevés aux pokémons pour ces deux licences ; enfin surtout pour Mortal Kombat en fait.

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En tagteam, il est possible d’enchainer des combos à deux.
Pourtant, cette saga n’a pas sorti que des étrons par le passé. Je me souviens même du très bon épisode, Armageddon, largement rentabilisé avec des sorties successives sur PS2, GameCube, PC, Xbox et, bien plus tard, sur Wii. Mais bon, force est de constater que les heures de gloire semblaient loin derrière. Très sincèrement, j’ai cru au retour en grâce de la série, avec le précédent volet qui opposait nos amis éviscérateurs aux stars de l’univers DC Comics. Mais là encore, ce fut la déception. Déception d’autant plus grande que, de son coté, Street Fighter signait son grand retour. Moi qui lui a toujours préféré Mortal Kombat, je cédais aux sirènes du marketing massif et me laissais aller à me moquer grassement de la gueule de leur nouveau perso en gélatine. Faut avouer que leur jeu est bon… bande de salauds chez Capcom, aucun sens de la solidarité ! Mais le temps de la médiocrité est révolu ! Voici le temps où Mortal Kombat renait de ses cendre, et met à feu et à sang (au sens propre comme au figuré d’ailleurs) le genre séculaire qu’est le jeu de baston. Ça va chier !

La profondeur de la 2D

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L’histoire est digne des plus grands nanards, mais qu’est-ce qu’on se marre.
Et pour que cet énième retour se passe dans les meilleurs conditions possibles, le jeu n’a pas lésiné sur le contenu : Une trentaine de kombattans, des modes de jeu à la pelle. Entre les kombats à conditions, le tag team, le mode histoire et les mini-jeux débiles, il y a de quoi y passer sa vie. Le titre propose même du jeu en ligne, avec un intéressant mode King of the hill et ses avatars notant les kombats comme un jury de patinage artistique. Malheureusement, ces fonctionnalités sont plombées par un code réseau désastreux (décidemment, c’est la mode). Mais qu’importe, pour moi le jeu de baston, c’est en local et rien d’autres (ouais, je suis un vieux con aigri, et alors ?). Et franchement, que ça soit pour jouer seul pour occuper ses journées de chômeur (ses soirées pour les autres), ou avec une bande de potes, c’est une perle. Difficile en effet de ne pas se gausser devant le scénario kitchissime à souhaits du mode scénarisé, ou de rire grassement devant la débauche de gore, ses coups X-Ray très fun et ses fatalities parfois écoeurantes, toujours sans égal lorsqu’il s’agit d’achever un pote tout en soignant son orgueil.

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Le titre comporte tout un tas de mini-jeux à la con.
Mais plus que son contenu, souvent très riche avec cette licence, c’est véritablement le gameplay qui offre au titre l’occasion de regagner ses titres de noblesse d’antan. Sans renier la rigidité légendaire qui caractérise la série, notamment l’esprit « bâton dans le cul » parfois trop prononcé, le jeu gagne en souplesse, et surtout en fluidité dans les combos et les différentes transitions. L’attribution des touches se contente d’émuler les deux bras et les deux jambes sur les boutons de façade, les gâchettes s’occupant de gérer la protection, les prises, les coups améliorés et les X-Ray. Les coups spéciaux ne sont pas spécialement compliqués non plus et s’appuient généralement sur les classiques quarts de cercle, avant-arrière, etc. Un gameplay relativement simple donc, qui doit sa profondeur de jeu à des combos de touches beaucoup plus complexes à réaliser et l’utilisation d’une jauge à plusieurs étapes, permettant d’utiliser au besoin, les coups améliorés, les attaques tags et ces fameux coups X-Ray, où les os des kombattants sont généralement malmenés (on se demande d’ailleurs comment certains peuvent se relever après s’être fait casser la colonne vertébrale).

Cours d’Histoire

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Les attaques X-Ray sont impressionnantes.
Enfin, je reviendrais sur l’excellent mode Histoire et son scénario tellement ringard que même les films à coté donnent l’illusion d’être issus du cinéma d’auteur. Mais ce qu’on a parfois du mal à accepter dans un film, dans un jeu c’est tout autre chose. On se marre et on est emporté par une mise en scène exemplaire, qui gère à la perfection les transitions entre les cinématiques et les kombats. Plutôt long, ce mode nous propose aussi et surtout de jouer l’ensemble du casting, au travers de cinq ou six kombats pour chacun d’entre eux. Une initiative particulièrement plaisante, car nous forçant à essayer tous les personnages, mais aussi à les maitriser un minimum pour progresser. Il en résulte parfois quelques moments de solitude, lorsqu’on contrôle un personnage avec lequel on a plus de mal que pour d’autres (curieusement, je galère grave avec Sub-Zero alors qu’il était mon perso préféré dans les premiers opus), mais cela nous pousse à découvrir de nouvelles tactiques.

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Non, le jeu n’est pas gore… qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
En résumé, ce Mortal Kombat millésime 2011 est un excellent cru, sans doute le meilleur depuis le deuxième volet. Une renaissance qui s’inscrit parfaitement bien dans le décidemment-très-à-la-mode Reboot de la série, comme en témoigne son nom délesté de tout numéro ou sous-titre pompeux. Plus accessible qu’un Blazeblue, tout en restant suffisamment riche et complet, le titre joue énormément sur sa gore-attitude qui le rend si unique. Une débauche d’os brisés, d’hémoglobine et de viscères à outrance, qui se destine résolument à un public adulte. Moi qui avais pris l’habitude de jouer avec ma plus jeune fille, à SoulCalibur, Street IV ou Blazeblue, je ne pense pas lui sortir celui-là avant quelques années. Dommage, je l’aurai bien harponné à la Scorpion, en beuglant Come Here lorsqu’elle met trois plombes à venir manger…

Du grand, du très grand Mortal Kombat, à classer aux côtés d’autres indispensables du genre, comme Street IV ou Blazeblue, comme par hasard, tous en 2D.

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