Monster Hunter Wilds c’est un jeu avec des monstres, qu’on chasse, dans une nature sauvage. Merci Cap’tain Obvious !
En préambule, je tenais à préciser que mon expérience de la licence se résume à quelques dizaines d’heures sur Monster Hunter World que j’ai beaucoup aimé, une poigné d’heures sur Monster Hunter Rise que j’ai beaucoup moins aimé, et une pincée d’heures sur Monster Hunter 4 sur Nintendo 3DS et Monster Hunter Trii sur Wii auxquels je n’ai pas vraiment accroché. Pour résumer donc, je ne suis pas un joueur hardcore de la licence, theorycrafter de l’extrême qui fait des vidéo Youtube de ses combos parfaits, mais je sais quand même un minimum où je mets les pieds.
Monstres & Cie

Maintenant que c’est dit, sachez que l’histoire de Wilds est celle de Nata, un jeune garçon issu d’une tribu ancestrale baptisée les veilleurs, retrouvé à l’agonie dans le désert par une équipe d’exploration de la guilde des chasseurs, après que son village ait été attaqué par un monstre inconnu surnommé le Spectre Blanc. La guilde (dont vous faites bien évidemment partie) décide donc d’aider le jeune garçon a retrouver des survivants ; mais encore faut-il dénicher le village de ce peuple que personne ne semble connaître dans la région… Comme vous pouvez vous en douter à la lecture de ce pitch, et plus encore si vous êtes un ou une habitué(e) de la série, l’histoire en elle-même n’est pas très intéressante et sert juste de prétexte pour poutrer du gros monstre. Mais si elle est plutôt anecdotique, elle n’est pas non plus désagréable à suivre et on observe les tribulations de notre joyeuse petite troupe avec ce curieux mélange de désinvolture et de plaisir coupable.

Ce qui fait surtout que le scénario de Wilds ne décolle jamais, c’est qu’il est très gentillet… mais alors vraiment très gentillet, naïf même. Ici, vous ne verrez aucun conflit avec des individus ou des communautés. Pas de sombre histoire de trahison, de mauvais desseins, pas de mauvais esprit, bref tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil dans le meilleur des mondes. Pas non plus d’enjeux écologiques ou économiques, dans un titre où on part quand même chasser du bestiau par dizaines, la fleur au fusil, pour se tricoter un short et un manteau de fourrure. La seule notion un tant soi peu politique (et encore, je ne sais même pas si c’est fait exprès), c’est que la plupart des personnages principaux de l’histoire sont des femmes (et un gamin) : Alma, Gemma et Olivia. Même moi, j’ai crée un avatar féminin, c’est dire. D’ailleurs l’éditeur de personnage est particulièrement complet et réussi, et permet à la fois d’obtenir un personnage crédible simplement et rapidement pour les plus fainéants d’entre nous, tout en offrant suffisamment de richesse pour permettre aux plus pointilleux de peaufiner leur héros/héroïne.

Le scénario se boucle en ligne droite, en 12-15 heures (un peu moins de 17 pour moi) et nous fait passer d’environnement en environnement, à chasser 20 des 29 grands monstres du jeu (26 + 3 variantes) les uns après les autres. Du moins, la première partie du scénario puisque sitôt l’histoire de Nata achevée, le jeu brode encore pour quelques chapitres (et une dizaine d’heures) pour nous faire découvrir les derniers monstres de cette version originelle (nul doute que les DLC en apporteront d’autres). D’ailleurs, cette première campagne scénarisée ne fait que survoler les fonctionnalités du jeu, pour se concentrer quasi exclusivement sur les combats, entrecoupés de cinématiques plus ou moins réussies. C’est sans doute une bonne chose pour les néophytes ainsi que pour celles et ceux qui voudraient se contenter de faire le scénar’ sans avoir à se fader les (très) nombreuses heures de farm répétitif, mais c’est un peu frustrant pour les plus expérimenté(e)s qui doivent se coltiner un tuto de 15 heures avant de commencer à retrouver la vibe de MHWorld. C’est donc seulement après ce scénario principal terminé que le jeu dévoile sa richesse avec l’introduction de la capture, de l’investigation, des armes Artians et des monstres bien plus retors.
Wild World

Mais avant cela, vous allez donc arpenter les 5 régions du jeu (+ une arène) et découvrir l’une des grandes nouveautés de cet opus : Les Seikrets ! Ces derniers sont des sortes de chocobos bien connus des joueurs de Final Fantasy, à dos desquels on va pouvoir se déplacer de manière plus ou moins automatique. Au début c’est assez perturbant, mais une fois passé dans les options pour paramétrer un tant soit peu le comportement de ce volatile canasson, il faut reconnaître que c’est assez pratique même si ça bride quelque peu l’exploration. Déjà parce que celui-ci est capable d’escalader les arbres, rochers et parois (enfin celles prévues à cet effet) mais aussi de voler (enfin planer) pour atteindre rapidement des lieux distants. Et enfin, parce qu’il fonce de manière automatique vers l’objectif sans qu’on soit obligé de se coltiner une course d’orientation sur une map particulièrement imbitable ; ce qui s’avère particulièrement pratique pour poursuivre un monstre blessé qui se taille en vitesse ou pour revenir sur lui après avoir été déposé au camp suite à une blessure (presque) mortelle.


Les maps sont relativement classiques dans les environnements représentés, avec les sempiternels déserts, forêts tropicales, monts enneigés, etc. mais plutôt bien construits et particulièrement riches. Celles-ci sont en effet régies par un écosystème assez complet, parmi les plus réussis qu’il m’ait été donné de voir, entre les petites bestioles endémiques, les « petits » monstres et les gros prédateurs qui règnent sur leurs territoires respectifs. Il n’est pas rare que toute cette faune se rencontre et se foute sur la gueule joyeusement. Et franchement, se retrouver au milieu d’une baston entre un Rathalos et un Doshaguma ça calme. De la même manière, une chasse peut vite tourner au vinaigre lorsqu’en plein combat débarque un prédateur qui passait dans le coin, et ce même si l’I.A. ennemie manque un peu de mordant dans ces moments-là, pour nous mettre véritablement dans la sauce. Le seul bémol vient de l’orientation dans ces environnements, entre un pathfinding pas toujours très clair et une map hallucinante d’illisibilité. Heureusement, les filtres et le seikret vous permettent de vous rendre n’importe où automatiquement.

Je regrette également que le système de traque de Monster Hunter World, où on devait commencer par pister les bêtes, voire disposer des pièges sur son parcours pour l’affaiblir, ne soit pas repris ici. Désormais, on fonce directement sur le monstre, on lui savate la gueule et c’est seulement en combat qu’il peut être intéressante de disposer des pièges, pour le capturer ou tout simplement nous permettre de l’immobiliser quelques précieuses secondes. Au-delà de ça, le gameplay reste très classique pour qui connaît la licence, avec des armes nombreuses et variées qui offrent chacune une bonne marge de progression pour apprendre à les maîtriser. Parmi les 14 armes de notre arsenal, on retrouve ainsi les classiques épée/bouclier, double lame, grande épée, arc… mais aussi des armes un peu plus originales au gameplay atypique, comme la corne de chasse ou la volto-hache.
Auto focus

Au chapitre des nouveautés, on notera d’ailleurs qu’on peut désormais s’équiper d’une arme secondaire et passer de l’une à l’autre en rappelant son Seikreit ; une feature très pratique pour enchaîner le combat au corps à corps avant de chevaucher son piaf et tourner autour de notre proie, en lui décochant des flèches dans les dents, ou inversement (rien ne vous interdit d’avoir deux armes au corps à corps ou à distance, ceci dit). Cette option permet également de tester de nouvelles armes, tout en gardant sa favorite dans la besace du Seikret au cas où.
De plus, Wilds introduit une nouveauté de gameplay baptisée Focus Mode, permettant d’une simple pression de la gâchette gauche de se concentrer sur le monstre ciblé tout en indiquant en rouge vif les blessures qu’il subit. Ainsi, en s’acharnant sur ces blessures on peut déclencher des petites animations qui vont mettre à mal l’adversaire. Clairement, ce mode focus est LA brillante idée de cet épisode, même si c’est sans doute plus simple à utiliser avec un combo clavier-souris qu’à la manette : c’est déjà pas toujours évident de gérer les errances de caméra, alors déplacer le réticule sur une zone en particulier d’une bestiole gigantesque et toujours en mouvements… Alors certes, les plus acharnés trouveront peut-être que ça facilite un peu trop les combats, mais il faut avouer que ça les dynamise en plus de fournir des moments de gloire et des ressources supplémentaires.

A part cela on retrouve ce gameplay atypique classique des Monster Hunter, que certains à la rédac’ n’hésiteraient pas à qualifier de Lent & Pataud© façon Souls-like, avec une caméra toujours aussi capricieuse et un lock qui ne sert qu’à connaître l’état de la créature chassée et pouvoir la pister automatiquement avec son Seikret lorsqu’elle se barre ; mais pas de pouvoir tourner autour sans la perdre de vue, malheureusement. Certaines armes sont plus véloces que d’autres, mais toutes ont cette particularité de fonctionner sur des timing de combo qu’il faut savoir placer pour aller au bout de la chaîne et maximiser les dégâts. C’est d’ailleurs là tout le sel du gameplay des Monster Hunter et ce qui fera la différence entre un joueur chevronné qui placera des combos millimétrés et un joueur occasionnel qui frappera juste le bouton comme un épileptique.

Intolérance alimentaire

En sus des armes, les chasseurs et chasseuses ont moult outils à leur disposition pour chasser, pêcher, cueillir, observer et gérer leur petite vie dans une nature hostile, si bien qu’il devient très rapidement indispensable de passer, là encore, dans les options pour personnaliser sa roue des raccourcis, au risque de se perdre dans les limbes des combinaisons de touches. Ajouter à cela une interface particulièrement dense dont l’ergonomie n’est pas la qualité première, et vous obtenez un jeu qui peut rapidement donner le tournis et refroidir les ardeurs des moins motivés d’entre nous. C’est d’autant plus vrai que le jeu est assez avare en explications et les quelques tutos salvateurs ne suffiront pas à permettre aux joueurs débutants d’embrasser l’ensemble des fonctionnalités et subtilités du titre. C’est assez dommage qu’un jeu de cette envergure soit si indigeste dans ses menus, mais il faut reconnaître que rarement un titre nous aura offert autant de paramètres pour personnaliser notre expérience.

Et puisqu’on parle d’indigestion, j’avoue avoir un peu du mal à accepter qu’un titre de ce niveau, à savoir une grosse licence star avec un gros budget, soit encore capable de nous foutre des bugs graphiques récurrents (l’épée et le bouclier, sérieusement ?) et une réalisation graphique très en-deçà des grosses productions actuelles. Alors certes, j’y jouais sur Xbox en mode performance (fluidité plutôt que textures) et suis peut-être un peu trop habitué aux performances du PC Master Race, mais quand même. C’est assez terne, et ça manque de gros panoramas qui te poussent à sortir le mode Photo, la faute à des textures vraiment pas ouf, un esthétique environnemental assez quelconque (contrairement aux monstres) et une profondeur de champ plutôt restreinte. Pas fan non plus des camps de bases qui servent de lobby, qui manquent de personnalité et de lisibilité et souffrent vraiment de la comparaison avec le camp de base de Monster Hunter World. Et puisque je suis dans les critiques négatives, je trouve que les premiers chapitres de l’histoire principale sont un peu trop précipités quand les suivants, ceux de l’histoire « secondaire », ont un peu tendance à s’étirer en longueur et à nous faire une redites de la première partie, avec les versions alpha des créatures et une poignée de races supplémentaires.


Bref, tout n’est pas parfait loin de là, et peut-être qu’en tant que joueur (presque) vétéran, j’ai trop tendance à le comparer à World, que j’idéalise d’ailleurs sûrement. Il faut aussi reconnaître qu’il y a pas mal de bonnes idées dans cet opus, et que l’accessibilité grandissante du titre n’est pas foncièrement une mauvaise chose. Le mode focus apporte beaucoup, le seikret est sans doute perfectible mais s’avère être un gros plus. Le système de météo/événements climatiques amène également de la diversité dans les environnements tout en ayant un impact sur les créatures rencontrées, et il n’a jamais été aussi simple de chasser à plusieurs, que ce soit en coopération avec un groupe de potes ou via l’entraide entre chasseurs inconnus. Bref, en l’état le jeu offre une base très solide et de quoi largement se faire plaisir avec la trentaine de prédateurs alpha à chasser. Et pour le coup, je râle je râle, mais j’ai quand même sacrément kiffé mon expérience. J’adhère complètement au gameplay et accepte sans trop broncher ses errances de caméra capricieuse et de combos un poil lourdauds. J’adore ce principe d’aller combattre des boss pour crafter son équipement, c’est une autre vision de la course au loot de bon nombre de jeux service (Borderlands, Destiny, etc.). Maintenant, je ne dirais pas non à un peu plus de variété (ce qui arrivera sûrement dans les prochaines mises à jour, gratuites et payantes), et ce serait bien qu’un jour le scénario gagne en maturité. C’est pas comme s’il y avait matière…
A venir en avril…
Tous les monstres ont été chassés sur Xbox, dans le cadre d’une régulation de la population à des fins de préservation de l’écosystème, via un code fourni par Capcom