Tin tinlin tin, tin tinlin, tin tinlin tin, tin tinlin tin tin tinlin, tin tinlin tin tinlin tinlin, tin tinlin, tin tinlin, tin tinlin…
Lorsque Microsoft et Bethesda ont annoncé le développement d’un FPS Indiana Jones en 2021, j’avoue que je n’étais pas plus enthousiaste que ça. Les Wolfenstein de Machine Games étaient des jeux sympatoches, avec ce côté oldschool qu’on aime, mais pas des incontournables pour autant. Pourtant, j’ai de bons souvenirs de jeux mettant en scène Indy, et notamment ceux de LucasArt lors de l’âge d’or des Point & Click. Pour les films aussi d’ailleurs, j’ai de bons souvenirs de cette même époque. C’est un peu moins le cas des itérations récentes : Le Royaume du crâne de cristal c’est une vaste blague et le Cadran de la destinée est sympa pendant les 2/3 du film avant de sombrer dans du grand n’importe quoi risible. Du coup, entre un développeur sans éclat, un éditeur (Bethesda) qui a la culture du bug dans le sang et une licence qui part en décrépitude, on ne peut pas dire qu’on partait en totale confiance. Et pourtant…
Trop mainstream ?
Après une brève introduction toute droit sortie du film originel (pratiquement plan pour plan), on se retrouve sous les traits du docteur Jones en costume trois pièces, travaillant tard le soir avec son ami et complice de toujours Marcus, à l’université d’Oxford où il officie. Un bruit nous sort soudain de notre torpeur et très vite, on tombe nez à nez avec un cambrioleur aux allures de géant, psalmodiant des trucs chelou en latin. Un bref combat et une session de ménage plus tard, et nous voilà parti pour le Vatican, à la poursuite d’une statue de chat momifié, volée par ce fameux géant. Ces deux courtes séquences servent à la fois d’introduction à l’aventure et de tutoriel pour la majorité des actions qu’on pourra entreprendre dans la peau du célèbre aventurier. Un tutoriel bien fait, classique, mais qui a la fâcheuse tendance à se répéter sur le HUD ad vitam aeternam, ce que je trouve particulièrement pénible. Alors ok, c’est essentiel de voir que pour déverrouiller une porte, il faut appuyer sur la croix directionnelle (à droite) pour sortir la clé, puis sur X pour l’insérer et enfin pousser le stick vers la gauche pour ouvrir le verrou. C’est à la rigueur pratique de le voir une seconde fois (ou d’y avoir accès dans la section Tutoriel du menu Start), mais vous n’étiez vraiment pas obligé de nous le rappeler à chaque putain de fois ! C’est comme pour les objets interactifs, qui brillent d’un intrusif halo jaune pour vous prévenir que vous pouvez les ramasser. Sauf que des objets interactifs, il y en a 10 dans votre champ de vision à longueur de temps. Du coup, votre expérience prend très vite des allures de guirlande de Noël avec un HUD horrible qui vient pourrir le sentiment d’immersion que les développeurs se sont pourtant appliqués à offrir avec cette vue FPS. Si vous n’aviez pas compris que vous jouiez à un jeu très grand public, maintenant vous le savez.
Bref, si vous ne pourrez malheureusement pas faire grand chose pour cette histoire de déverrouillage des portes et autres actions de ce type, je vous conseille fortement de désactiver (ou a minima de réduire à 10%), le fameux halo qui identifie les objets interactifs. Dès lors, l’immersion tant recherchée par Machine Games prend tout son sens… jusqu’à ce que vous ayez à escalader un mur. En effet, les séquences dites « de plateforme » (grimper sur un mur, se balancer avec son fouet, etc.) passent la vue FPS à la troisième personne. Quel choix curieux… Alors les gars, soit vous faites un TPS au risque de vous confronter à la comparaison avec Uncharted, soit vous faites un FPS immersif, mais avoir le cul entre deux chaises ça donne juste l’impression que vous n’assumez rien. Des FPS avec des mécaniques de plateforme à la première personne, il y en a quelques-uns et la plupart s’en sont plutôt très bien sortis (Mirror’s Edge, Dishonored, Dying Light, pour ne citer qu’eux). C’est d’autant plus dommage (et dommageable) qu’à côté de cela, Machine Games a pris le soin de modéliser le corps d’Indy en vue FPS (là où beaucoup se contentent d’une caméra flottante), avec les différents vêtements qu’il est susceptible de porter en plus, mais aussi d’implémenter des fonctionnalités d’inventaire, de map et d’indices à la première personne également, au lieu de passer par un simple menu. Quel intérêt de s’embêter à faire tout cela, pour tout gâcher avec une vue TPS contextuelle ? Alors ok pour les cinématiques à la troisième personne (encore que Cyberpunk a prouvé qu’à la première, c’est quand même autre chose), mais le gameplay non ! Offrez au moins le choix aux joueurs, merde !
Et le choix, Microsoft (car pour le coup ce sont eux les coupables) ne nous en laissera pas non plus avec la langue, puisqu’il ne nous est pas possible, à nous français, de jouer autrement que dans la langue de Molière (encore une fois, jeu très grand public blablabla). C’est d’autant plus regrettable que 1 – la VF est assez inégale, passant de bonne (voire excellente) à franchement moyenne, avec quelques errances dans le ton ou l’enchainement de dialogues par moments, et 2 – les PNJ alentours parleront tous dans leur langue natale (italien au Vatican, allemand pour les nazi, arabe pour les égyptiens, etc.) ce qui, pour le coup, est une décision que j’applaudis des deux mains (en même temps avec une, c’est compliqué) tant elle est rare. Enfin, et j’en terminerai avec les points négatifs vu que j’ai un peu commencé par ça sans le vouloir (j’écris comme ça me vient), le jeu souffre comme toujours avec les productions Xbox, de pas mal de petits bugs : Quelques bugs de textures qui scintillent, quelques bugs sonores comme ce PNJ qui nous parle depuis son bureau au 2ème étage d’un bâtiment, alors que vous l’avez quitté et êtes déjà arrivé au rez-de-chaussée, et enfin pas mal de bugs d’affichage, notamment des PNJ qui traversent le décors lorsque vous ouvrez une porte à côté d’eux ou quasi systématiquement lorsque vous ramassez leur corps pour les porter jusqu’à un endroit plus isolé. Tout ça est un peu dommage et résulte, comme souvent, de mauvaises décisions sacrifiant la qualité sur l’autel d’une plus grande accessibilité : On nivelle la production par le bas pour toucher un plus large public, plutôt que de permettre à chacun de personnaliser son expérience comme il l’entend. Toutefois, ces défauts n’ont rien de rédhibitoires, et s’ils feront pester à plus d’un tour, voire parfois sourire dans certaines situation résultantes de bugs graphiques, ils ne nuisent pas tant que ça au plaisir de jeu qui lui, va croissant.
Le père de Lara & Ethan
Car oui, je vais balayer ici la mauvaise impression que laisse ce début d’article : Indiana Jones et le Cercle Ancien est un excellent jeu ; sans doute même l’un des meilleurs cette année. En effet, j’ai écris cet article au fur et à mesure de ma progression dans le jeu et ce qui s’en dégage et à l’image de celui-ci ; à savoir qu’au début on relève ses défauts, ces petits détails énervants comme son I.A. ennemie un peu stupide (et l’IA alliée est encore pire) ou ses petits bugs graphiques et sonores, pour finalement en faire totalement abstraction tant l’aventure est séduisante. Pour moi, le titre de Machine Games représente l’Aventure avec un grand A, ce que j’attendais initialement d’un Tomb Raider ou d’un Uncharted et que je n’ai jamais retrouvé dans ces deux licences, toutes excellentes soient-elles (bon, perso je ne suis pas fan d’Uncharted, mais je sais que je suis minoritaire pour le coup). Oui, il s’agit d’un FPS. Oui, le jeu propose plusieurs armes à feu, du pistolet d’Indy aux mitraillettes des nazis. Toutefois, il ne vous oblige jamais à les utiliser (à part une séquence de rail shooting, plutôt bien faite en plus), contrairement aux deux licences précitées qui, selon moi, débordent trop sur le genre TPS Action.
Dans Indiana Jones, le choix vous est régulièrement laissé : Dans l’ordre de résolution des quêtes annexes, dans l’approche action ou infiltration, et même dans le chemin et/ou la méthode que vous emprunterez pour résoudre une quête. Il n’y a guère que dans les dialogues qu’on n’a malheureusement pas le choix (j’aurai aimé pouvoir résoudre certaines situations par le dialogue, façon Deus Ex). Et pour le coup, à part une séquence où je me suis amusé à défourailler du fasciste pour l’exemple, j’ai passé l’intégralité de mon aventure à jouer infiltration et baston à mains nues/armes contendantes. Pour le corps à corps d’ailleurs, si on pouvait préalablement s’inquiéter de l’efficacité du gameplay FPS, je dois avouer que j’ai été plutôt surpris, dans le bon sens du terme. On esquive, on contre, on envoie des mandales, tout en gardant un œil sur sa jauge d’endurance et ça fonctionne bien, très bien ; trop bien même, puisqu’il est parfois trop aisé de se débarrasser de plusieurs ennemis qui vous attaquent en simultané, en temporisant et frappant dans ce laps de temps où ils baissent la garde. Ceci étant, je n’ai pas testé mais vous avez la possibilité de modifier la difficulté du jeu, en choisissant indépendamment celle des énigmes et des combats (vous pouvez jouer avec des énigmes en difficile et des combats en facile, par exemple).
Voyage, voyage
Et si le gameplay est réussi, que dire des environnements ? Un peu comme le reste, le jeu commence sagement quand il s’agit des niveaux traversés, avec un passage éclair dans les couloirs restreints du musée de l’université, puis dans un Vatican relativement sobre mais plutôt bien agencé. En effet, il faut savoir que chaque destination est une vaste aire de jeu, un peu à l’image de ce que peut faire IO Interactive avec Hitman, dans laquelle vous allez naviguer pour réaliser quêtes principales et annexes. Et pour le coup, la citée papale vous permettra de visiter quelques lieux historiques, comme la Chapelle Sixtine, et d’autres insoupçonnés (mais aussi plus fictifs), dans les profondeurs de la ville. Après le Vatican, vous allez voyager vers d’autres destinations toutes plus exotiques les unes que les autres, et vous confronter à des environnements toujours plus fou et des ambiances magiques qui laissent parfois béat d’admiration. Le seul reproche que je pourrais leur faire, c’est qu’ils manquent un peu de vie sauvage. Ainsi vous ne vous ne croiserez quasiment pas d’animaux qui ne représentent pas des éléments de gameplay (type les scorpions en Egypte), à part une ou deux chèvres et quelques dromadaires posés de manière fixe, ça et là dans le décor. Mais à part ça, le travail de Machine Games en terme d’ambiance et de level design force le respect. Même la fameuse couleur blanche appliquée sur les éléments du décor pour vous rappeler qu’ils sont interactifs, reste plutôt discrète et bien moins intrusive que dans pas mal d’autres jeux (les récents Tomb Raider pour ne citer qu’eux).
Ces voyages servent ainsi un scénario digne de la première trilogie des Indiana Jones. On y retrouve de l’aventure, de l’humour et un brin de science-fiction, mais sans jamais tomber dans les délires des deux derniers longs métrages. A ce titre, Le Cercle Ancien s’ancre bien davantage dans la veine et l’héritage des Aventuriers de l’Arche Perdue et du Temple Maudit, que les récents films. A tel point que chez Lucas, on serait plutôt bien inspiré d’adapter le jeu de Machine Games plutôt que de laisser le soin aux scénaristes hollywoodiens de pondre un énième scénario nauséabond. En tout cas, j’ai pris un réel plaisir à vivre les aventures d’Indy, à côtoyer cette batterie de fantastiques personnages secondaires et à arpenter le monde en leur compagnie. Alors je tenais à remercier le Gamepass, car on ne va pas se mentir, sans lui je n’aurai jamais pris la peine d’y jouer, même avec les excellents retours de la presse (dont certains ont quelques soucis avec la notion de probité). Pourtant avec le recul, bien évidemment que si je n’avais pas eu le Gamepass, le jeu aurait valu que je dépense quelques euros pour lui, tant il est bien meilleur que nombre de jeux dont j’ai fait l’acquisition. Mais malheureusement pour ça, il m’aurait fallu franchir le pas que je vous enjoins aujourd’hui, à sauter à grandes enjambées.
Enfin, notez que devant le succès tant critique que commercial, LucasArt et Microsoft réfléchiraient actuellement à en faire une « nouvelle » franchise du jeux vidéo. Ce serait sans conteste une excellente nouvelle, et si vous voulez mon avis, je sens qu’ils ne vont pas « réfléchir » bien longtemps…
Joué sur PC (un peu) et sur Series X (beaucoup), grâce à mon abonnement Gamepass Ultimate qui me coûte un bras pour pas grand chose le restant de l’année…
2 Commentaires
Je crois que j’ai moins envie d’y jouer qu’avant la lecture de ton test 🙂
C’est un jeu Xbox, c’est pas pour toi. 🙂