Mark of the Ninja, marche à l’ombre

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Pendant que 47 et Sam Fisher jouent les Action Man de pacotille, certains démontrent que l’infiltration, la vraie, a encore son mot à dire dans cette industrie.

Leçon d’infiltration

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Le jeu arbore un style cartoon plutôt chouette.
C’est étrange les idées reçues que peuvent avoir les éditeurs. Ainsi, si on en croit leur catalogue respectif, l’infiltration serait has been et vouée à disparaitre au profit de l’action. Il n’y a qu’à voir le producteur (dont j’ai oublié le nom) de chez Ubi, se sentir tout fier de son fait lorsqu’il nous montre sa démo de Splinter Cell, où d’une simple pression d’un bouton il élimine 42 gardes et fait exploser 13 bâtiments. Je ne sais pas vous, mais moi ça me donne envie de vomir. Putain, même David Cage fait des jeux plus interactifs ! Idem lorsque j’entends les mecs de feu-Eidos, qui te balancent que pouvoir débouler dans une église avec l’agent 47, deux pétoires à la main, et dézinguer 72 keufs façon John Woo sous amphétamine, c’est ultra bandant. Quand tu penses en plus que cet éditeur est censé planché sur Thief IV, ça fout les jetons… Franchement les mecs, vous ne trouvez pas qu’il y a suffisamment de (mauvais) jeux d’action comme ça ? Vous vous sentiez obligés de saboter deux des plus grandes licences de l’infiltration ? J’veux dire par là que s’il vous prend l’envie de faire un jeu 100% action où ça pète de partout façon film de Michael Bay, why not. Mais dans ce cas-là sortez une nouvelle IP ; voire un spin off si ça vous fait plaisir. Je ne sais pas moi, « Agent 48: In M-60 he trust » ou « Echelon IV : One bullet for all », un truc dans le genre. Bref, pour le coup je me suis dit que ce serait pas mal que vous vous dégottiez quelques MSPoints, pour essayer Mark of the Ninja (ou Stealth Bastard, c’est gratuit en plus). Sincèrement, c’est un super investissement pour vous, tant vous allez apprendre des trucs les mecs.

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Les exécutions sont jouissives à souhaits.
Car après deux épisodes d’un plutôt joli mais franchement moyen Shank, le studio Klei Entertainment se décide à faire le trajet inverse de l’industrie du jeu vidéo : Passer de l’action à l’infiltration. Et grand bien leur en a pris, car je ne vais pas vous le cacher plus longtemps, leur jeu est excellent. Les bougres devaient bien se douter qu’avec Shank ils tenaient un style graphique qui claque. Du coup, ils ont décidé de le garder (ou du moins quelque chose de similaire), tout comme le côté sanguinolent des exécutions au corps à corps. Et ça tombe plutôt bien qu’ils l’aient gardé, car le corps à corps c’est justement la spécialité de notre ninja de héros. Car s’il est armé de kunaïs (couteaux de lancer pour ninjas), ce n’est pas avec ces quelques cure-dents qu’il va pouvoir se débarrasser des gardes lourdement armés qu’il va croiser sur sa route. Non, pour ce faire il va falloir jouer le fourbe. Faire sa petite pute de planquouse et éliminer un à un les trouffions en les choppant par surprise. Et franchement, notre héros n’a que l’embarras du choix dans ses techniques d’assassinat (dans les dents Altaïr, Ezio et consorts). D’autant plus qu’au fil de sa progression et des points d’XP amassés, il va pouvoir s’acheter de nouvelles compétences : Egorger un ennemi depuis un pot de fleur, le pendre en descendant sur lui la tête en bas à la manière d’une araignée, le choper par en-dessous, depuis une grille d’aération, lui jeter des insectes mangeurs d’hommes qui ne laisseront de lui que quelques poussières d’os et même se planquer dans un carton MetalGearsien pour le buter à la Déménageur Breton-style. Il peut même effrayer les gardes en pendant un de leurs compagnons bien en vue, pour qu’ils se mettent à tirer dans tous les sens au risque de s’entretuer par mégarde. Et tout ça, ce n’est qu’un panel non exhaustif des possibilités qui lui sont offertes.

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Attention chérie, ça va couper.

Toujours +

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Faites du bruit pour détourner l’attention des ennemis.
Mais surtout, ce qu’il y a de bien avec Mark of the ninja, c’est que malgré tous ce choix d’exécutions super jouissives qu’on met à votre disposition, vous pouvez très bien décider de ne tuer personne (ça vous rapporte même des points supplémentaires en fin de niveau). Car le jeu de Klei est non linéaire. Oui, non linéaire ! – Alors là, je me permets une petite parenthèse pour expliquer au moins de trente ans ce qu’est un jeu non linéaire. Je sais que vous n’en avez jamais vu et avez toujours pensé qu’il s’agissait d’un fantasme de vieux gamer qui perd la boule. Du coup, Mark of the ninja va vous prouver que choisir votre chemin, votre façon d’appréhender une situation, ça existe ! – En effet, chaque niveau demande de réaliser différents objectifs, et généralement dans un ordre précis (désactiver les sécurités avant d’aller buter un boss par exemple). Mais pour arriver à vos fins, vous avez toutes les libertés du monde : Emprunter différents chemins, se la jouer planquouse discrète, faire diversion, buter tout le monde comme un psychopathe ou ne tuer personne pour faire honneur à votre carte de membre du Flower Power. C’est à vous de voir, et franchement, c’est agréable de se sentir un peu maitre de sa destinée. Et puis, ça aide pour améliorer la replay value du titre.

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Chaque niveau comporte des stages bonus avec des puzzles à résoudre.
Heureusement d’ailleurs que le jeu propose une bonne rejouabilité, car il faut bien reconnaitre qu’il n’est pas très long. En cinq ou six heures, en fonction de votre niveau de quichitude, vous devriez en voir le bout. Et le scénario, mieux vaut l’oublier tout de suite tant il est inintéressant au possible. Mais les développeurs ont su pallier au problème en proposant un mode New Game + (bien connu des fans de J-RPG) une fois la partie terminée, permettant de rejouer dans d’autres dispositions (disparition des indicateurs visuels, des ennemis plus alertes, etc.), tout en gardant son équipement chèrement acquis. Une vraie bonne idée, qui incite largement à se refaire l’aventure et essayer de nouvelles approches. D’autant plus que selon le costume que vous porterez, vous aurez accès à différentes configurations d’équipement (équipement standard, ou avec plus de gadgets mais sans épée, avec le pouvoir de sérénité mais sans gadgets, etc.). Rarement j’aurai vu un titre qui donne tant envie d’y rejouer une fois terminé. Même moi je me suis lancé dans une nouvelle partie, alors que je suis connu pour ne pas finir mes jeux (même si ça m’arrive beaucoup moins ces derniers temps). Bref, si vous aussi vous en avez plein les bottes des pseudo-jeux d’infiltration qui donnent autant dans la discrétion qu’un troupeau d’éléphants en furie lâché dans une galerie commerciale, laissez-vous tenter par Mark of the Ninja, vous ne le regretterez pas. Décidément, entre celui-ci, The Walking Dead, Deadlight et Dust, le Xbox Live Arcade nous gâte en ce moment…

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