Manhunt, 21 ans après, retour sur le snuff-game de Rockstar

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21 ans plus tard, Manhunt est-il toujours aussi bon ou est-il devenu injouable. Dans tous les cas, âmes sensibles passez votre chemin.

Pour moi, qui ne suis pas forcément le plus grand fan des suites, Manhunt est tout simplement une des rares licences que j’aimerai voir déterrée par Rockstar. En attendant ça fait des lustres que sa version ps4 traîne dans ma liste de souhaits. Suite à une petite conversation à la rédac, à savoir si un jeu comme ça pourrait revoir le jour aujourd’hui, voilà que je craque pour le jeu polémique.

Bienvenue en 2003

Petit retour en 2003, Rockstar North enchaine après son GTA 3 et Vice City l’année suivante, sur un jeu qui ne va pas apaiser les associations de familles catholiques. Alors, comme il est conseillé à l’écran de réglage au premier lancement, pour vous plonger dans Manhunt, éteignez les lumières, tirez les rideaux, fermez votre porte à clé et tenez-vous prêt à tout massacrer !

Manhunt vous met dans la peau d’un tueur condamné à mort et exécuté la veille de l’intro du jeu, James Earl Cash. Vous l’aurez compris, si vous l’incarnez, c’est que l’exécution ne s’est pas réellement déroulée et vous êtes exfiltré pour servir de cobaye à un riche réalisateur amateur de snuff-movie, Lionel Starkweather.

Ça c’est pas sympa !

C’est en suivant ses conseils que l’on commence une série d’épreuves comparables au film running man. Tué ou être tué, le principe est assez simple pour justifier un gameplay basé sur la violence et même l’ultra-violence. Ce n’est pas votre premier meurtre qui me contredira. Un premier chasseur vous attend de dos en haut d’un escalier. Muni d’un simple sac plastique que l’on ramasse opportunément, on se glisse dans son dos quand notre curseur se met à changer de forme. Il est temps de frapper. Plus vous restez appuyé et plus l’exécution sera gore. Simple étouffement au « niveau 1 » vous pourrez asséner un coup de genoux dans la tête suffocante du chasseur au « niveau 2 » alors que vous l’utiliserez comme sparring partner non consentant pendant qu’il étouffe dans le « niveau 3 ». Le ton est donné.

Si les exécutions sont plus rapides que dans mes souvenirs, la violence gratuite reste hallucinante en 2024. Pire que gratuite elle est même récompensée puisque à la fin de chaque stage, votre note « artistique »dépendra de la somme de vos exécutions. Si vous privilégiez les exécutions rapides et moins risquées, votre bourreau ne sera pas totalement satisfait et vous n’obtiendrez pas vos 5 étoiles.

Un gameplay forcément daté

Le jeu se décompose en 20 niveaux qu’il faudra traverser à l’ancienne en passant sur des points de sauvegarde. Si vous mourrez entre deux, on recommence. Ce qui nous incite à la prudence, comme si notre vie en dépendait. Manhunt est bien plus infiltration que dans mes souvenirs. En fait pas vraiment mais le gameplay de 2003 peut s’avérer compliqué à reprendre en main. Je m’explique : En vue de chasser les chasseurs il vous faudra accepter cette caméra ingérable et vous plonger dans l’expérience de l’époque. Une simple refonte de la caméra permettrait au jeu de devenir tellement plus accessible et de nous faire gagner beaucoup de temps lors de l’approche des ennemis. Là, tout est risqué est c’est en ça que je trouve le titre plus infiltration que dans mes souvenirs. Je pense qu’il s’agit donc simplement d’une habitude de gameplay mais l’impression d’être obligé de se coller aux murs, de taper dessus pour voir s’il y a une réaction et d’attendre patiemment dans le noir semble assez frustrante au début quand on aimerait juste diriger la caméra plus librement en marchant. Dans tous les cas, on va se faire surprendre plus d’une fois en passant une porte ou un angle de mur et ces coups de pression font aussi parti du plaisir du jeu (lié à son gameplay archaïque).

Ndlr : La caméra est semie-libre. Si vous arrivez à contrôler un axe X inversé vous réussirez peut-être même à faire ce que vous souhaitez. Mais sinon il faut rester immobile pour utiliser le stick droit (sans axe X inversé) et regarder autour. Ou se coller aux murs et continuer à avancer sur les bords pour pencher la tête et agrandir son champ de vision. À savoir également que j’ai lancé ma partie en mode hardcore ce qui désactive le radar qui permet de situer les ennemis lorsqu’ils font du bruit. Ici, seuls vos sens peuvent vous aider.

Heureusement qu’ils ne sont pas nyctalopes car se cacher dans l’ombre est l’essence même de Manhunt

En plus d’une caméra délicate il faudra faire avec Cash qui n’est rien d’autre qu’une brute. Ici pas de Sam Fisher ou de 47. Cash ne sait pas sauter, Cash ne sait pas grimper, Cash ne sait pas piéger et Cash ne sait pas se déguiser. Non, Cash sait seulement mettre des bourre-pifs, planter son pied-de-biche dans une colonne vertébrale et déstructurer un visage à la batte de base-ball. Ce qui réduit pas mal le champ des possibles. Et si l’on aime le jeu, il reste très répétitif dans son gameplay.

Mon prochain argument est à replacer dans son époque mais comme dans tout bon jeu d’infiltration il est possible de distraire ses ennemis. Et quand je dis possible, je veux dire capital. Je pense par exemple à l’horrible scène du chantier avant de jouer de la grue pour tuer ses ennemis à coup de frigo, Cash se retrouve encercler par 5 ou 6 ennemis. Alors cette scène peut se jouer presque entièrement au pistolet à clous mais le mieux reste de profiter des zones d’ombre du jeu, qui sont de véritables aubaines pour n’importe quel serial killer parano. Et c’est là qu’intervient la diversion. Que vous utilisiez une bouteille en verre qui casse à la première utilisation, une brique ou même une tête d’ennemie précédemment décapité (comme quoi la violence du jeu n’est pas gratuite, elle est même très utile), le but reste le même, attirer votre chasseur pour qu’il finisse chassé. On peut même, si l’on joue au casque (chose peu fréquente en 2003), attirer directement les lascars à nos trousses en utilisant le micro. Petite fonctionnalité ultra originale à l’époque. Je me rappelle d’ailleurs d’une de mes trois plus grosses flippes du jeu vidéo avec cette nouveauté où après avoir éliminé « tous » les tarés autour de moi au marteau je lâche un « yes !» qui alertera un dernier adversaire que je n’avais pas repéré et qui n’a pas manqué de m’éclater la tête au marteau à son tour me faisant faire une crise cardiaque devant mon écran. Dommage que cela ne semble pas fonctionner sur ps4, peut-être en branchant un micro usb.

Et une décapitation, une !

L’ultra-violence

On arrive au cœur du jeu et de sa polémique. L’intérêt  principal du jeu est bien le plaisir sadique que l’on prend à découvrir toutes les exécutions possibles, privilégiant naturellement la diversité de nos assassinats pour satisfaire cette curiosité malsaine. En fait on fait ce que le réalisateur, Starkweather, nous demande sans qu’il ait besoin de nous y forcer. Chaque nouvelle arme, bout de verre, cable, couteau, matraque, pied-de-biche, batte de base-ball, pistolet à clou… est l’occasion de découvrir trois nouvelles exécutions toujours plus sanglantes allant jusqu’à la décapitation ou la destruction partielle d’un crâne qu’on accompagnera volontiers d’un petit « ohhh » en regardant ce contenu déplacé. C’est dégueux mais c’est aussi ce qu’on cherche en jouant à Manhunt.

Avec 20 niveaux (comptez autant d’heures), le jeu se parcourt bien plus rapidement que dans mes souvenirs mais c’est peut-être aussi là la différence entre les jeux de Rockstar de l’époque qui sortaient tous les ans et ceux d’aujourd’hui qui prennent 10 ans à développer. Les niveaux sont assez vides, les textures pas toujours identifiables, les animations assez raides, mais par contre les exécutions bénéficient d’un soin particulier dans leur mise en scène, leur variété et leurs détails. Et mon côté sadique adore ça.

En conclusion

Malgré son côté outrancier et polémique, le jeu reste très plaisant à jouer (moins que dans mes souvenirs quand même). Il faut avouer que l’on aime ça, même 21 ans plus tard. Il m’aura fallu trois niveaux pour me replonger dans le gameplay de l’époque. Une fois repris en main, hormis quelques passages qui frôlent le die & retry très douloureux à cause du placement des checkpoints, le jeu ne fait pas son âge et on prend plaisir à enchaîner les scènes (même répétitives) pour découvrir ce qui se cache derrière cette chasse à l’homme morbide.

Test réalisé sur PS4 avec ma bite et mon couteau que j’ai eu l’impression de me planter doucement à travers la peau en me saignant comme un porc en payant le jeu de ma poche. Comment ça il est temps que j’arrête de jouer à Manhunt.

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