Vous possédez une licence million-seller et souhaitez faire un four commercial, alors ce petit guide est fait pour vous !
Leçon n°1 : Une com’ spoiler
La communication, c’est un métier. On aurait pensé qu’une société d’édition comme Capcom, acteur majeur et historique de l’industrie du jeu vidéo, serait rompue à ce genre d’exercice. Et pourtant, avec Lost Planet², ils sont tombés dans tous les pièges. A trop vouloir en faire, ils n’ont pas sur faire naitre l’envie chez les joueurs à cause de trailer à base de cinématiques et sans véritable montage ou rythme. Mais surtout, le grand problème de cette longue campagne de communication, c’est que Capcom a pris soin de dévoiler, mois après mois, tous les chapitres de son jeu et ainsi spoiler les joueurs sur l’ensemble, ou presque, des événements de l’histoire. Au-delà même de ces révélations malheureuses, c’est également l’ensemble des boss Akrids qui se sont révélés aux yeux du public, dans un désir certain d’en mettre plein la vue. Seulement, la résultante fut l’annihilation de tout effet de surprise et donc de tout l’intérêt de cette campagne. Un beau gâchis !
Leçon n°2 : Une démo insipide
Quand on parle de Lost Planet, on a tous en mémoire cette formidable démo surprise sortie à l’E3 2006. Une démo qui aura marqué les joueurs, marqué l’E3 (par la suite, les démos diffusées à l’E3 seront devenues une tradition chez Microsoft… excepté cette année) et indiscutablement marqué le Xbox Live. Il faut dire qu’à l’époque, la console de Microsoft n’en était qu’à ses balbutiements, et la réalisation impressionnante de cette nouvelle licence de Capcom avait laissé tout le monde sur son séant. La suite vous la connaissez : La série est devenue, huit mois plus tard, un million-seller. Seulement pour cette suite, si Capcom nous a bien réservé une démo (et même deux), celle-ci n’avait aucune saveur. En effet, le gros boss qu’ils nous demandaient d’anéantir, seul ou jusqu’à 4 en coop’, était plutôt avare en sensations. Peu de rythme, peu de challenge… peu d’intérêt.
Leçon n°3 : Une perte d’identité
EDN III, la planète sur laquelle les événements de deux épisodes de la série se déroulent, fut une planète glacière. Cela nous donnait, avec le premier opus, un jeu se déroulant presque exclusivement dans la neige avec une ingénieuse gestion de la température. En effet, les joueurs devaient constamment jeter un œil sur leur jauge de vie, mais également sur celle de thermo-énergie, qui assurait le réchauffement du corps du héros pendant qu’il s’adonnait à quelques treks dans la neige. Dans Lost Planet², celle-ci a fondu. Cela nous assure évidemment quelques nouveaux environnements comme la jungle ou le désert, quitte à se passer d’une certaine crédibilité (changement radicaux et instantané du climat, curieuse survie des Akrids pourtant adapté au froid, etc.), mais fait perdre au jeu toute son identité. Lost Planet² n’est plus un jeu à part, mais un TPS comme les autres, offrant des environnements d’un classicisme affligeant, et désormais la jauge de thermo-énergie n’est plus utile que pour remonter sa vie, à la manière d’un médikit permanent.
Leçon n°4 : Une sortie suicide
Alors que nombreux sont ceux qui, par peur du bide, préfèrent reculer la sortie de leurs bébés pour ne pas les confronter aux grosses productions que sont les Call of Duty, GTA et autres mastodontes du genre, Capcom s’est entêté à vouloir sortir leur titre en mai, en confrontation directe avec Alan Wake, Split/Second et surtout, Red Dead Redemption. Une initiative d’autant plus stupide que les mois de juin à septembre sont désespérément dénuées de sorties intéressantes. Forts de leurs excellentes ventes avec le premier épisode, Capcom n’aurait-il pas surestimé le potentiel de leur titre ? Nul ne le sait. Mais le résultat est là : L’ogre Red Dead aura anéanti les espoirs de quasiment tous les jeux sortis en mai ; Alan Wake compris. Lost Planet² était vaincu d’avance et n’aura jamais fait illusion….
Leçon n°5 : Des défauts récurrents
Comme tous les jeux, et à fortiori lorsqu’il s’agit d’une nouvelle licence, Lost Planet était entaché par quelques errances dans son gameplay, à commencer par une utilisation du grappin pas forcément très ergonomique. On aurait donc espéré que Capcom révise la jouabilité de leur licence en améliorant les points perfectibles et en ajoutant quelques nouveautés appréciables. Malheureusement, il n’en est rien. Les galipettes sont toujours aussi pénibles à effectuer, le grappin est toujours aussi peu nerveux (surtout quand on le compare à celui de Just Cause 2 et la seule réelle nouveauté c’est la possibilité de courir, à la manière de Gears of War. Bon, au moins le jeu n’est pas tombé dans la mode du cover, mais on ne peut s’empêcher d’être déçu du manque d’ambition affiché par les équipes nippones.
Leçon n°6 : Un rythme haché
C’est peut-être sans doute le plus gros problème de Lost Planet², son rythme. En effet, divisés en épisodes puis en chapitres, la campagne principale du jeu est constamment hachée par de très courtes missions, d’une dizaine de minutes maximum, absolument sans intérêt. On avance, on liquide trois gars et deux akrids, et on arrive à la fin de la zone, synonyme de note globale pour les performances de chacun des joueurs et d’un nouvel écran de chargement pour lancer la zone suivante, qui très souvent ne sera guère plus longue et palpitante que la précédente. Du coup, on a beaucoup de mal à trouver la motivation nécessaire pour poursuivre l’aventure. On se demande vraiment ce qui est passé dans la tête de Capcom, d’autant plus qu’ils ont prouvé leur maitrise technique par le passé. Dès lors, on ne peut vraiment pas imputer cette division drastique des niveaux à une légèreté technique mais d’avantage à un choix réfléchi des producteurs du jeu. Un choix incompréhensible…
Leçon n°7 : Une ambiance annihilée
Souvenez-vous, le premier Lost Planet nous plongeait régulièrement au cœur de situations enivrantes, où on se retrouvait aux prises avec des hordes d’Akrids arachnides, accompagnées de quelques dizaines de créatures volantes ; parfois même de quelques pirates des neiges ou même d’une grosse bébête de plusieurs mètres de haut. Le titre était nerveux et dynamique. Malheureusement, cette suite en est très loin, et on ne retrouvera que rarement ennemis humains et Akrids simultanément, tout comme on ne verra que rarement des colonies entières de bestioles s’affoler autour de vous. Alors certes, on trouve quelques nouvelles espèces et la plupart d’entre elles sont impressionnantes, quand elles ne sont pas gigantesques, mais le titre perd clairement en intensité. Capcom a opté pour des bestioles plus grandes pour une action globalement plus ennuyeuse. Comme quoi ce n’est pas la taille qui compte, mais la façon de s’en servir…
Leçon n°8 : Un solo inexistant
Le coop’ c’est la grande mode. Ça fait même quelques années que ça dure maintenant. Et il faut le reconnaitre, l’expérience est souvent plaisante et sauve même parfois des jeux plutôt moyens en solo. Le problème, c’est qu’aussi agréable soit-il, le coop’ ne doit pas remplacer l’expérience solo qui concerne le plus gros des joueurs. C’est pourtant malheureusement le problème de Lost Planet². Car le jeu est avant tout axé sur la coopération à quatre joueurs et il est impossible d’y jouer seul, autrement qu’accompagné de trois bots plus stupides que Paris Hilton, Eve Angeli et Michael Vendetta réunis. Fait aberrant, il est même assez délicat de lancer une partie en solo, puisqu’il faudra d’abord passer par la création d’une partie privée et qu’aucune possibilité n’est offerte pour continuer sa partie par la suite (il faudra à nouveau créer une partie en sélectionnant le dernier chapitre visité).
Leçon n°9 : Des serveurs désertés
Je l’ai souvent dit et répété ici bas, le premier Lost Planet fut mon premier gros jeu en ligne. Bien avant de passer ma vie sur Modern Warfare et Bad Company, j’écumais les serveurs de Lost Planet, fragant à tour de bras tout ceux qui osaient me défier. Il faut dire que s’il n’a curieusement pas eu de succès (la faute à son lobby foireux peut-être ?), le titre proposait bon nombre de maps particulièrement bien construites ainsi qu’une grande variété d’armes et de méchas. Pour cette suite, Capcom a appliqué la même recette, incluant de nombreuses nouvelles armes, de nombreuses VS supplémentaires, des maps toujours aussi plaisantes et parfois même surprenantes (la map dans l’espace par exemple), avec tout autant de réussite. Ils ont même inclus le désormais indispensable élément RPG qui donne envie de persévérer en ligne, avec toutes sortes d’éléments à déboquer. Seulement voilà, nombre de ces maps sont particulièrement grandes et malheureusement le succès semble encore moins au rendez-vous que pour son prédécesseur. Du coup, on s’y ennuie ferme… quand on trouve enfin quelques pèlerins courageux à affronter.
Leçon n°10 : Une configuration lourde
Difficile de ne pas s’emmêler les pinceaux avec autant de boutons attribués aux commandes du jeu. Entre les fonctions de base, les armes, les méchas et les émotes, on ressent constamment une certaine lourdeur dans le gameplay. Certes, les émotes n’apportent pas grand-chose au gameplay, mais comme toutes choses amusantes elles sont indispensables. Or, combiner les touches de son pad au bouton Start, n’a rien d’intuitif, pas plus que de devoir presser le stick droit en l’associant au bouton saut lorsqu’il s’agit de faire une roulade pour esquiver les tirs ennemis. Et comme si ce manque d’ergonomie ne suffisait pas, les menus sont moches, compliqués et barbants. Avouez qu’on a vu mieux pour nous donner envie de jouer, non ?
Pas forcément un mauvais jeu en soi, puisque s’appuyant sur une licence à succès efficace et bien réalisée, Lost Planet² est surtout l’une des plus grosses déceptions vidéoludiques de ces dernières années…
7 Commentaires
Lost Planet², comment gâcher une licence en dix leçons
Ce qui m’avait choqué avant sa sortie, c’était les images de jungle luxuriante (peu crédible comme tu dis), j’ai trouvé que ça avait fait perdre son ambiance, ok à la fin du 1 on plante les trucs de terraformation mais de là à avoir une jungle…..
le 1 était génial dommage qu’ils aient gâché cette licence (j’y ai pas joué parce que le 1 je l’avais fait en solo uniquement et jouer à la suite sans l’histoire qui va avec très peu pour moi)
Lost Planet², comment gâcher une licence en dix leçons
Bah contrairement à tout ce qui s’est dit un peu partout, Lost Planet² a une histoire. Elle est même bien meilleure que l’histoire du premier. Non, c’est surtout qu’il n’a pas de mode solo et que l’histoire est relatée essentiellement au travers des cinématiques, mais sans véritable lien avec les missions je trouve. Enfin si, mais ça fait un peu cheveux sur la soupe.
Lost Planet², comment gâcher une licence en dix leçons
ha ya une histoire, ils ont donc moins abusée que ce que je pensais, donc au final comme tu dis le gros point négatif est le manque du solo (digne de ce nom)
Lost Planet², comment gâcher une licence en dix leçons
Y a deux gros points négatifs : L’absence d’un vrai mode solo et l’intérêt des missions qui ressemblent plus à des missions Spec ops façon Modern Warfare 2, qu’à une véritable campagne. Comme je le dis dans mon article, le coop’ dans les jeux vidéo, c’est chouette… mais faut pas oublier que la plupart des joueurs aiment aussi jouer seul. Et là c’est impossible. Bref, j’aime beaucoup cette licence, donc j’espère vraiment qu’ils nous pondront un 3. Mais va falloir gommer les innombrables erreurs de ce deuxième volet.
Lost Planet², comment gâcher une licence en dix leçons
Left IV Dead tu peux pas jouer seul (ou si mais c’est complètement nul), pourtant c’est un jeu génial. Leur véritable erreur pour moi avec ce LP2 c’est d’avoir complètement changé la direction par rapport au 1. On se plaint souvent des suites trop ressemblantes à l’oeuvre de base c’est vrai mais y a quand même des limites à l’originalité. Rien n’empêchait de faire un jeu solo, vraiment solo, et jouable en coop’ à 4 comme par exemple le futur Gears of War 3.
Lost Planet², comment gâcher une licence en dix leçons
Bah Gears of War est un très bon exemple, car même si c’est un jeu qui est jouable en coop’, on peut aussi le faire seul. L’I.A. n’est pas terrible, mais ça passe. Ce n’est pas le cas de Lost Planet².
Lost Planet², comment gâcher une licence en dix leçons
ds gears of wars, pas besoin de coop, c’est un plus je trouve (excellent plus mais un plus tout de mm) car le jeu est parfaitement jouissif même en solo (pour l’ia c’est vrai que c’est pas la meilleur mais elle s’est améliorée dans le 2 et suffit juste de passer en mode difficile pour avoir une meilleure ia) ce qui n’est pas le cas visiblement de LP2, la c’est le solo qui est un plus