Les Chroniques de l’Impossible 2015 – Février

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Mon mois de février fut presque tranquille, entre Fear Agent, la série Gomorra, Apotheon, The Grand Budapest Hotel, Transmetropolitan tome 3, Mister Babadook etc…

Le mois dernier je vous introduisais tout entier Les Chroniques de l’Impossible, un nouveau rendez-vous qui aspire à être mensuel et faisant état – si possible de façon agréable – de mes penchants consuméristes de divertissement en tout genre. Tout ça en laissant de côté l’internationalement reconnue Nalyse qui reviendra pour les jeux vidéo qui le méritent et quelques autres exceptions.

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Prometteur sur le papier, Apotheon aurait dû sortir en BD…
Mais qui ne reviendra pas pour le jeu vidéo Apotheon par exemple. Déjà parce que j’en parle ici, mais surtout parce que je n’ai pas réussi à y jouer plus d’une heure. Le style visuel du titre m’avait tapé dans l’œil il y a de ça quelques mois, je surveillais donc sa sortie. Le PS Plus le proposant gratos pour février, c’était l’occasion où jamais. Et en fait, « jamais » aurait été une option valable. Derrière des graphismes rappelant les fresques que l’on retrouve notamment sur les jarres Grecques antiques, Apotheon dispose d’un gameplay vraiment mauvais. Si la profondeur de jeu qui pioche vite fait dans le RPG pourra sûrement tenir en haleine certains d’entre vous, le plus gros de la partie concerne le beat’em all et c’est là où le bas blesse. C’est ultra mou et animé à la truelle. Qui plus est les graphismes – certes hyper originaux et enthousiasmant au premier abord – ont très vite finis par se transformer en défaut. Pour parler franchement, en deux minutes ça m’a niqué les yeux. Faire original c’est cool, mais encore faut-il que ça ne gêne pas le confort de la vision… Et en prime, c’est intégralement en Anglais. A oublier.

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Disney rachète Marvel et adapte (mal) un truc déjà un peu pourri à la base…
Un peu comme Les Nouveaux Héros, le dernier film d’animation de Disney. A l’origine un comics signé Marvel, cette adaptation a pour elle sa qualité visuelle. C’est beau et très bien animé. Pour le reste c’est très bancal, frappé de petites incohérences difficilement acceptables et avec un duo qui repose sur bien trop d’autres films d’animations pour réussir à toucher. Je ne suis pas le plus grand admirateur de Marvel de la planète, loin de là, mais Disney aurait largement pu trouver mieux pour leur première adaptation depuis qu’ils ont racheté la poule aux œufs d’or des supers héros. D’autant que pour des raisons de droits d’auteur, l’histoire originale, certains personnages et même la ville ont été très largement modifiés… Autant faire un film d’animation entièrement original dans ces cas là non ? Et ça te gagne l’oscar 2015 du meilleur film d’animation ça… Une belle arnaque.

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Spider Jerusalem vous passe le bonjour.
Heureusement, Transmetropolitan tome 3 est aussi sorti ce mois passé. Je ne vous ai jamais parlé de cette célèbre série de comics qui date un peu mais qui n’a, tout comme Preacher en son temps, jamais bénéficié d’une sortie française à la hauteur et chronologiquement cohérente. Je vous laisse faire quelques recherches vous-même sur le chef d’oeuvre de Warren Ellis et Darick Robertson pour en savoir plus, mais ce tome 3 n’est en tout cas nullement décevant. Ce qui est intéressant c’est qu’en plus – derrière ces aventures déglinguées du non moins déglingué journaliste Spider Jerusalem – alors que la série date d’il y a plus de 10 ans, tout est toujours d’actualité. La Ville est tellement futuriste qu’elle a le mérite de devenir intemporelle aux yeux du lecteur, et ce qui s’y trame, des manipulations politiques et médiatiques à la censure jusqu’aux bavures policières et au terrorisme, parait plus que jamais toujours être une satire sociale de notre époque… Sans oublier une bonne dose d’humour débile et de la violence. Tout ce qu’il faut pour me rendre heureux. Niveau comics j’ai également rattrapé mon énorme retard en m’enfilant (intellectuellement parlant, restons sobre) les deux intégrales de Fear Agent. Un récit de science fiction pulp qui réserve énormément de surprises et qui explore avec brio tous les codes que l’on est en mesure d’imaginer dans un récit de science fiction. Du voyage dans le temps à la conquête de la galaxie en passant par les intelligences extra-terrestre hyper évoluées. Tout ça enrobé dans les tribulations alcooliques d’un héros qui a tout perdu. Du très très bon que l’on doit à Rick Remender, Tony Moore et Jerome Opena. Les intégrales d’Akileos proposent en sus une sorte de making-of assez sympa où l’on apprend que la conception de ce classique fut loin d’être une partie de plaisir pour Remender entre les indisponibilités de ses dessinateurs et ses mauvaises passes personnelles. On dirait l’histoire de ma vie, le succès en moins (ou en plus, c’est selon votre façon de voir la phrase, en gros j’suis un loser, contrairement à Remender).

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Je vous recommande chaudement Fear Agent.

Pour rester dans la BD mais pas trop, j’ai vu l’adaptation en film de la BD Lou de Julien Neel (qui réalise lui-même le film). La BD, pré-publiée dans le magazine Tchô raconte l’histoire de la gamine qui donne son titre aux albums. Elle grandit à chaque tome, c’est assez mignon, ça se lit facilement, c’est rigolo, et en même temps ça évoque sans trop se prendre la tête mais avec justesse le passage de l’enfance à l’adolescence et le presque âge adulte. Pour finir par un tome 6 complètement foiré avec une histoire de cristal magique chelou qui tranche complètement avec le réalisme rigolo des précédents tomes. Et le film ? Ben c’est une grosse merde… Le casting est globalement fidèle mais l’intrigue se perd en piochant dans plusieurs tomes pour rendre un long métrage très chiant mais à la direction artistique soignée et avec quelques passages animés bien foutus et marrants. Au passage il y a d’ailleurs aussi eu une série animée sur le personnage, que je n’ai jamais vu.

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Goal of the Dead, comédie horrifique française à voir.

Vous vous dites sûrement que je suis un peu con à regarder des films français, nazis de la culture que vous êtes et bourrés de préjugés créatifs. Par exemple, vous clamez sûrement à qui veut entendre qu’il n’y a pas un film d’horreur français potable de toute l’histoire du cinéma. J’ai plusieurs exemples à vous donner pour prouver le contraire et le plus récent s’appelle Goal of the Dead. En deux parties d’une heure chacune sous titrées première et deuxième mi-temps, on est là en plein dans la comédie horrifique surfant sur la vague réenclenchée de mains de maîtres par les Anglais de Shaun of the Dead il y a quelques années déjà. Ici, Benjamin Rocher et Thierry Poiraud (respectivement réalisateur de la première partie pour l’un, et de la deuxième pour l’autre) mélangent le classique virus qui te transforme par le vomi en un infecté bien véner et le football. Le tout à travers un match de coupe de France entre une grosse équipe de L1 et un petit club amateur dont le bled paumé accueille l’intrigue du film, supporters beaufs à la française en prime. Ça se regarde tranquillement, c’est rigolo, et c’est vraiment très loin d’être mauvais. Bon je l’avoue, ça m’a surpris. Ceci dit, de sources sûres, il y a une ribambelle de réalisateurs français amateurs d’horreur qui développent des courts métrages de qualité depuis quelques temps. Reste plus qu’aux producteurs du pays à se sortir les doigts et on l’aura notre grosse vague française du film d’horreur.

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Mister Babadook a gagné des prix, ça peut se comprendre même si c’est pas un chef d’oeuvre non plus.
Restons dans l’horreur mais Australienne cette fois, avec Mister Babadook. Déjà, soulignons que le film a été écrit et réalisé par Jennifer Kent, une femme. C’est suffisamment rare pour le préciser. Alors je ne vous cache pas que pendant les 20 premières minutes vous allez vous faire chier et craindre une espèce de branlette art moderne chelou, profitez-en pour aller faire la vaisselle, comme moi. Ensuite vous allez kiffer l’approche psychologique de cette étrangeté où un livre de conte en pop-up bien glauque va faire apparaître Mister Babadook et rendre folle une mère qui s’occupe seule de son gosse bien atteint par la disparition de son père. La fin est ratée aussi par contre. En résumé, au début et à la fin c’est naze, au milieu c’est bien. On qualifiera le métrage de délicieux sandwich au pain rassis.

Prenons un grand virage à droite pour atterrir sur Situation Amoureuse : c’est compliqué de Manu Payet et Rodolphe Lauga. Une comédie romantique qui a le très rare luxe de m’avoir fait – parfois – rire. Vous y retrouverez d’ailleurs Jean-François Cayrey qui apparaît aussi dans Goal of the Dead et qui semble d’ailleurs surjouer tout le temps le même personnage de beauf. Toujours est-il qu’à mi-chemin entre la parodie et la comédie pure, ce film est bien moins relou et vu et revu que son titre le laisse penser. Demi tour au frein à main, j’ai aussi vu The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson et son casting chorale 5 étoiles. Une ambiance loufoque, une direction artistique excellente, des acteurs à gueule et une histoire proche du conte moderne. C’est comme si Jean-Pierre Jeunet savait toujours faire de bons films.

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Ciro, à gauche, et Genny, à droite, sont les personnages centraux de la série Gomorra.
Tournons à gauche au bout du chemin et c’est le moment pour moi de vous parler d’un jeu de société pour la première fois de ma vie sur Polygamer. Bien que joueur (du moins lorsqu’on me propose une partie, sinon je ne m’investie pas moi-même dans ce gouffre financier de plus), je n’éprouve jusqu’ici pas le moins du monde le besoin ni l’envie de rédiger un article entier sur le sujet, laissant mes comparses et leurs murs entiers remplis de jeux s’en charger. Mais Les Chroniques de l’Impossible vont me permettre de lâcher quelques mots sur le bousin. Par exemple, j’ai récemment joué à Seasons dont Fylodindon vous parlait il y a quelques mois. Et il s’avère que derrière un aspect un peu rebutant concernant les règles assez nombreuses à assimiler, le tout s’intègre assez vite et le deck building est très addictif. De plus les illustrations sont très jolies. Une belle alternative au déjà culte Abyss. Terminons en excès de vitesse sur l’autoroute avec Gomorra, la série TV produite par Sky Italia, adaptée du fameux roman du même nom (il y a aussi eu un film adapté du même bouquin et qui s’est fait remarquer). J’ai toujours aimé les histoires de gangsters, j’en bouffe tout le temps, j’adore ça. Et si la série est un peu lente à démarrer et dispose de pas mal de lourdeurs scénaristiques (le chien qui se fait adopter en début d’un épisode juste pour se faire buter en fin d’épisode, sérieusement ? / le personnage trouillard au début transformé en fou dangereux par un long voyage avec pour symboliser tout ça une… crête) elle reste tout de même largement regardable. Certains épisodes sont très bons, le conflit interne entre vieille et nouvelle école pas si courant et le passage du verre de champagne en boite m’a donné une occasion de plus de choquer mes amis en leur racontant. J’attends la saison 2. Notez qu’on m’a toujours dit que l’Italien était une langue facile à comprendre et à assimiler pour les Français, ben pour avoir maté la série en VOST, je peux vous dire que je ne comprends absolument rien à l’Italien. J’ai bien retenu un ou deux gros mots mais en dehors de ça, difficile de croire que nos langues partagent les mêmes racines. Bon, vous me direz, l’Italien gangster ça doit être un peu plus complexe que le scolaire.

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