La Xbox 360 et Polygamer, une longue histoire

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L’histoire de ce site d’abrutis qu’est Polygamer est intimement liée à la Xbox 360, une console qui aura de façon très particulière marqué ma vie (et pas juste celle de gamer).

La nouvelle est tombée il y a quelques jours, plus de Xbox 360 en production. L’occasion pour nous de revenir, une fois n’est pas coutume, sur une console avec laquelle notre histoire personnelle fut intimement liée. Fylo vous l’a brièvement raconté dans son hommage, mais si Polygamer existe aujourd’hui (mais pour combien de temps encore ?) c’est finalement plus ou moins directement grâce à la Xbox 360. Une partie de la rédaction était à l’époque membre de différents sites spécialisés dont un sur la Xbox, puis la Xbox 360. Et nous en sommes parti (on s’est fait à moitié virer en fait, vous connaissez l’histoire) pour fonder ces contrées virtuelles que vous lisez actuellement et qui étaient à l’origine notre fantasme ultime de site de jeu vidéo. Avec (c’est du moins ce qu’on voulait) des dessins de presse qui réagissent à l’actu, des articles avec une pagination, très visuels comme un magazine papier, des tas d’articles idiots etc. Les années auront eu raison de nos idées, le manque d’argent et donc de temps à y consacrer encore plus, Polygamer est aujourd’hui un truc un peu foutraque où sa rédaction boiteuse (voire décimée) y parle de ce qu’elle veut quand elle veut/peut et pas forcément de jeux vidéo. Je m’égare un peu, mais à l’origine, donc, sans Xbox 360, pas de Polygamer parce que pas de rédaction fondée autour.

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Peu de gens se souviennent de Gun de Neversoft. Faut dire que c’était de la merde.
La 360 je l’ai eu en avance, avant même sa sortie aux États-Unis. J’en avais d’ailleurs fait un papier absurde qui avait à l’époque fait le buzz sur la toile (cette époque bénie où nous étions lu par des tas de gens sans qu’on ai finalement besoin de rien faire, cette époque bénie où n’importe quel tocard n’avait encore le réflexe d’ouvrir une page web pour partager son avis sur tout et rien pour se regarder le nombril). Il s’agissait d’une parodie de fiche technique avec des vraies photos made in chez moi. Type « La Xbox 360 rentre dans un micro-ondes », où j’avais vraiment mis ma console dans mon micro-ondes (très sale d’ailleurs, ça avait marqué les lecteurs), « La Xbox 360 est moins grande qu’une figurine de G.I. Joe » avec une photo de G.I. Joe dans une posture inavouable sur la 360 etc. Pendant quelques jours j’ai d’ailleurs eu la console sans aucun jeu avec, si ce n’est Hexic, le puzzle-game de Pajitnov (Tetris) intégré au disque dur dans toutes les premières versions de la 360. Ça m’a valu quelques quolibets bon enfant de lecteurs (toujours eux) amusés par cette lose magnifique qui me caractérisait déjà. Puis j’ai reçu Call of Duty 2, le King Kong d’Ancel, Gun etc (comme quoi les portages HD démarraient déjà forts dès le lancement de cette machine, KK et Gun étant des jeux sortis en même temps ou juste avant sur la génération précédente). C’était la première fois (et sans doute la dernière vu les tournures que prennent ma carrière de « journaliste jeu vidéo ») que j’avais une console de jeux autant de temps en avance sur le commun des mortels. Et c’est avec cette console que j’aurais entre les mains un nombre indécent de jeux. J’avais déjà bien amorcé la vie de testeur avec la génération précédente mais là, avec une durée de vie active de quasi 10 ans, j’en ai vu tourner des titres ! (Je m’étais amusé il y a quelques mois à tenter de compter le nombre de jeux auxquels j’ai joué avant que ça ne soit plus du tout amusant devant la taille de la tâche. Pour la Xbox 360 je me suis arrêté de compter après 150…)

Mon aventure longue durée avec cette console s’était d’ailleurs écrite un peu avant, lors d’un E3 2005 où elle fut dévoilée et où j’ai eu la chance d’y être. Une époque bénie où l’E3 était encore un événement dont on ne pouvait pas tout savoir et encore moins tout voir (y compris les behind closed door aujourd’hui diffusées en ligne par les éditeurs eux-même 2 jours après) en direct depuis son fauteuil de bureau avec une connexion internet, depuis le fin fond de n’importe quel pays. Une époque bénie où l’E3 signifiait encore quelque chose pour un journaliste.

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Mon premier jeu sur Xbox 360…
En dehors de cette histoire toute personnelle qui voit la Xbox 360 comme ma madeleine de Proust d’une « époque bénie » de vieux con frustré, la machine restera probablement comme la dernière pour laquelle un constructeur aura tout fait, absolument tout, pour séduire les gamers. Cette race de personnes dont l’industrie se souvient par intermittence et qui ne valent plus grand chose face au jeu accessible vite torché et vite oublié mais massivement vendu. Je crois qu’il me serait impossible de lister tous les titres m’ayant marqué sur 360. En tous cas sans que ça soit un peu chiant, et puis c’est pas le sujet. Ce fut, ça reste, la console qui aura été la première à faire émerger aux yeux du grand public, à populariser, ce qui est aujourd’hui le standing de base. A savoir aussi bien le gros AAA au budget astronomique, que le petit jeu indé dématérialisé, en passant par le titre qui ne prend son sens qu’en le jouant en ligne. Il s’agit aussi de la console qui aura popularisé la défaillance technique avec son Red Ring of Death (j’en ai eu 3 en tout) et le jeu inachevé qu’on met à jour dès sa sortie avec un patch interminable, ou encore le DLC abusif. Ou encore la console qui aura œuvré pour populariser le fait qu’il peut très bien en exister plusieurs versions à différents prix et avec différentes fonctions. La Xbox 360, ce fut finalement la découverte du jeu sur PC pour le public console. Pour le meilleur comme pour le pire.

De tout ça, tout un tas de souvenirs émergent là, en écrivant. Mon premier RRoD arrivé en pleine partie du premier Gears of War par exemple, et de ma négociation avec le standard téléphonique marocain qui a suivi pour garder mon disque dur et faire marcher la garantie que je n’avais pas (quand t’as la console en avance parce que t’es pseudo journaliste, t’as pas de garantie d’achat avec). Ça a marché. Pour les deux suivants RRoD aussi… Gears of War fut aussi en quelque sorte le jeu qui nous aura fait intégrer Nachcar à Polygamer (qui naîtra quelques mois plus tard), on y jouait souvent en ligne avec lui. Je me souviens en particulier d’une partie en 4vs4, la team Polygamer contre Nach et ses potes. Alors que je faisais l’idiot (comme d’habitude) en retrait sur la map, je n’entendais plus aucun de mes comparses sur le chat du jeu. Ils étaient tous morts alors que toute l’équipe en face était encore en vie. Et là, tel un Real Madrid des grands jours, j’ai fait une remontada tout seul, en les tronçonnant un par un avant que le chat général ne se ré-ouvre et que j’entende les cris de rage et de joie (selon le camp). A ce jour, mon plus grand fait d’armes en ligne (en dehors de coups de pute anthologique mais ça ça compte pas, c’est naturel), dont je ne me souviendrais même pas si on ne s’en reparlait pas encore aujourd’hui de temps en temps.

Je me souviens des parties de FIFA en ligne avec Fylo. De son but de la victoire du milieu de terrain, à l’engagement, alors que nous étions tous les deux dans le rond central dans une partie à 10 vs 10. Je me souviens aussi de mon achievement bicyclette débloqué face à lui, en ligne, alors que ça faisait presque un an que j’essayais en vain de l’obtenir. J’entends encore son dégoût resurgir de sa voix comme si c’était arrivé il y a 5 minutes.

Cette console aura pleinement ancré le jeu en ligne dans nos habitudes de joueurs sur canapé et nous aura donc permis de développer d’abord en parties, puis IRL, une amitié réelle, bien qu’un peu masochiste, qui débouchera sur la création de Polygamer.

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C’était très moche, c’était parfois à la limite de l’injouable, mais qu’est-ce que c’était génial !
Avant de terminer j’en place une pour Alpha Protocol et Deadly Premonition, des jeux hyper sous estimés par la critique et le public et qui restent pourtant parmi mes plus grands souvenirs de joueur. Et puis aussi une pour le jeu adapté du film Avatar (pas celui sur la série animée des putes à achievements donc), un énorme étron qui me reste gravé douloureusement dans le mental. J’ai rarement connu aussi mauvais jeu, m’obligeant à ne pas aller jusqu’au bout (je mets un point d’honneur à finir tous mes jeux depuis toujours, si je n’y arrive pas c’est synonyme de grosse merde, vraiment)… Et pourtant l’espace d’un moment (d’égarement), j’y avais cru.

Je garderais aussi en mémoire, peut-être jusqu’à ma mort, chaque seconde d’un cauchemar démentiel et terrorisant que j’ai fait suite à une de mes sessions nocturnes lumières éteintes, volets fermés et casque sur les oreilles sur le premier Condemned (détrôné depuis par Amnesia comme le jeu le plus effrayant de tous les temps, pour répondre à l’article Fylo)…

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Le jeu d’Ubisoft adapté du film Avatar est dans mon top 5 des plus grosses daubes de toute ma vie auxquelles j’ai joué.
Je peux aussi aborder le ban autour de cette bécane, on en a connu quelques uns qu’il s’agisse de ceux provoqués par Microsoft sur nos profils de joueurs parce qu’on a utilisé la console pour différents trafiques (la curiosité est un vilain défaut, ne faites pas ça chez vous), ou ceux provoqués par différents éditeurs parce qu’on a soi-disant dépassé les bornes des limites dans nos articles (sur Polygamer on a commencé à être tranquille avec ça, étant donné que même les éditeurs ne nous lisaient plus).

Bref. Xbox 360, tu auras marqué ma vie au-delà du jeu vidéo. Que cet article en témoigne.

D’autant que tu es restée un de mes objets du quotidien, je ne joue quasi plus avec toi si ce n’est pour me refaire un classique de temps en temps, mais tu nous sers de décodeur TV dans mon appart’… Je suis parti pour t’utiliser encore pendant 10 ans….

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