Alors que tout le monde s’accorde à la déclarer morte et enterrée, la PSP de Sony tente de résister une ultime fois au tsunami DS avec Patapon, un titre atypique dans la lignée de Locco Rocco.
Une lueur d’espoir
Une console fragile, mal conçue, un format UMD complètement à la rue, une ludothèque composée presque exclusivement de portages PS2, il faut se rendre à l’évidence, la PSP a cumulé les défauts et erreurs marketing, et aujourd’hui en paye le prix fort face à une DS qui fait l’unanimité. Pourtant, derrière d’innombrables titres dont l’intérêt peine à décoller, on trouve encore sur la « petite » Sony, quelques bijoux d’inventivité. C’est le cas de Patapon, qui peu avant l’arrivée de God of War, sort la PSP de sa torpeur et amorce une contre-attaque désespérée contre l’ogre de Nintendo.
Patapon, c’est le genre de jeu qui, à la base, a déjà tout pour me plaire puisqu’il offre la possibilité d’incarner… un dieu ! Ainsi titillée, ma curiosité me pousse à découvrir ce titre au design si original, issu de l’imagination débordante d’un frenchy expatrié chez nos amis nippons : Rolito. Instantanément, on est transporté par le charme incommensurable du titre et de ces curieux personnages dansant et chantant à la gloire de votre nom. Pourtant, derrière ce design atypique au charme presque enfantin, se cache un titre bien plus complexe qu’il n’y parait, jouant sur le sens du rythme, la patience du gestionnaire et le stratège du chef d’armées. Trois compétences qui n’ont, semble-t-il, pas grand-chose à voir entre elles et qui pourtant seront nécessaire à la réussite de vos missions.
Tempo
Le principe de base, reste le gameplay musical basé sur le rythme ; car pour insuffler du courage à vos patapons, il vous faudra les enivrer de musique aux significations différentes. Ainsi, les quatre touches principales de la PSP sont chacune dédiées à un son : Pata sur le carré, Pon sur le rond, Chaka associé au triangle et enfin Don à la croix. Vous les ferez alors avancer en jouant Pata Pata Pata Pon, attaquer avec Pon Pon Pata Pon ou encore défendre en jouant Chaka Chaka Pata Pon. Bien sûr il faudra garder le rythme imposé par la musique de fond au risque que vos patapons ne vous comprennent pas et se retrouvent démunis au plus mauvais moment. Si vous gardez le bon rythme par contre, vos patapons vont enchainer les combos et au bout de dix, entreront en mode Fever, une sorte d’état de transe qui décupleront leur efficacité.
Dès lors, pour parvenir à la fin d’un niveau, il sera nécessaire de bien gérer les différentes possibilités offertes. Ainsi lorsque vous partirez à la chasse, il sera nécessaire de faire avancer vos patapons pour se rapprocher au maximum de votre proie sans qu’elles ne soupçonnent votre présence, puis d’attaquer au moment opportun pour un maximum d’efficacité. Même principe lorsque vous vous en prendrez à des tribus ennemies ou à un boss, sachant qu’il faudra savoir faire preuve de perspicacité pour anticiper les moments où il faudra attaquer et ceux où il faudra défendre. Car malgré un design mimi tout plein et la relative simplicité des commandes, ne vous y trompez pas : Patapon n’a rien d’un jeu facile.
Gestion de troupes
En effet, rien n’est simple dans Patapon. D’abord il faut garder le rythme, ce qui, dans la pratique, n’a rien d’aisé. Ensuite il va falloir anticiper vos actions car vos patapons ne réagiront qu’après le son de vos tambours ; ils ne réagiront donc pas instantanément. De plus, Patapon ne tourne pas uniquement autour de son gameplay musical ; il demande également une bonne dose de gestion. Ainsi, au cours de votre aventure vous allez acquérir de nouveaux patapons (archers, cavaliers…) ainsi que de nouvelles armes et armures.
Cependant, vous allez devoir construire l’équipement de vos petits protégés en glanant ça et là de la matière première (bois, pierre, fer…). D’autre part, lorsque vos patapons tomberont au combat, vous devrez les ressusciter par le biais de l’arbre de vie. Cependant, là encore ce ne sera pas gratuit. Il va donc falloir gérer vos ressources au mieux, nourrir vos fidèles en partant chasser régulièrement et prendre garde à ne pas perdre bêtement des hommes au combat. Et des serviteurs, vous allez en perdre au combat. Notamment contre les boss et leurs attaques dévastatrices qui ne pardonneront que rarement le manque de concentration. Bien souvent, il sera préférable d’aller récolter des ressources dans les missions préalablement passées, afin d’équiper vos patapons des armes et armures adéquates pour être plus efficace. Ce principe allonge la durée de vie de façon considérable, mais également de façon virtuelle du coup ; par une sorte d’effet de manche favorisant la redondance.
Bis repetita
Là on aborde le principal défaut de Patapon : La lassitude que provoquer sa trop grande répétitivité. Car comme dit précédemment, vous aurez très (trop ?) souvent à revenir en arrière pour vous lancer dans des missions déjà remplies. Les missions de chasse par exemple, pourtant peu enthousiasmantes, seront à réitérer de nombreuses fois pour pouvoir nourrir tout votre petit monde. Les boss vaincus serviront également à vous gonfler en expérience et objets précieux. Il vous faudra les affronter encore et encore avant de vous lancer à l’assaut d’un nouveau pour éviter de vous faire étriper dans les règles de l’art. Mais sachez que chaque boss rencontré et vaincu, se renforcera pour devenir plus fort et plus difficile à abattre ; une façon comme une autre de garder un challenge suffisamment élevé tout au long du jeu.
On pourra également regretter l’absence d’un mode multi. Car aussi curieux que cela puisse paraitre, Patapon a tout d’un classique RTS : Un genre connu et appréciés pour l’intérêt que procure le jeu à plusieurs. Quoi qu’il en soit, malgré ces quelques défauts relativement mineurs, Patapon réussit à nous séduire ; un peu à l’image de LocoRoco en ses heures. Il faut dire qu’avec son design accrocheur et son gameplay original, Patapon est une vraie bouffée de fraicheur ; justement ce qu’il fallait pour dépoussiérer un peu ma PSP qui trônait sur le haut de mon étagère depuis plus d’un an.
Patapon est LE jeu qui m’a fait ressortir ma PSP ; et ce n’était pas une mince affaire. Beau, original et sacrément relevé, c’est un titre à ne manquer sous aucun prétexte si l’on possède la portable de Sony.