Grâce à la nouvelle génération de machines, un pas est franchit dans la saga des Grand Theft Auto et il n’est pas seulement graphique. Si ce quatrième épisode ne révolutionne pas le jeu vidéo comme a pu le faire GTA III, il l’emmène en tout cas à un degré d’immersion jamais atteint…
Un être humain dans une ville contemporaine
Niko Bellic est notre héros pour cet épisode, immigrant serbe qui débarque dans la ville des opportunités avec pour seul contact un cousin un peu fantasque. Si nous découvrons Liberty City en même temps que lui, à travers ses yeux, Niko a par contre un passé qui l’a forgé bien avant que l’on en prenne les commandes et qui va justifier nos actes forcément criminels. Niko a fait la guerre, a vu beaucoup d’amis proches se faire massacrer, a vu des choses qui l’auront changés à jamais et s’il ne serait pas contre un nouveau départ, ce ne sont pas les raisons principales pour lesquelles il a fait ce long voyage. Pour résumer sans vous spoiler, il vient pour échapper à ses démons et en retrouver d’autres plus anciens pour parvenir à définitivement les chasser de son esprit, peu importe ce qu’il faudra faire pour y parvenir, plus rien à perdre… Son petit accent de l’est (la VOST est magistrale, comme d’hab’ dans la saga) lui donne d’ailleurs un côté humain supplémentaire, ajoutez ça à tout un tas d’éléments (de gameplay et scénaristiques) et je dirais même que c’est la première fois dans un GTA que l’on a l’impression de contrôler un « vrai » être humain avec une conscience (qui le ronge). Conscience appuyée et transmise au joueur notamment par des choix moraux au fil des missions, qui peuvent parfois avoir une vraie influence… Pour la première fois de ma vie dans un jeu je me suis demandé l’espace de quelques secondes si j’avais fait le bon choix. Non pas par soucis d’items à débloquer ou je ne sais quoi, mais vraiment par sens moral et empathie envers le personnage que j’incarne. Prenant.
Touches pas à mon pote
Là où un gros virage a été prit dans la saga c’est dans la façon d’aborder le gameplay, essentiellement. Beaucoup plus réaliste premièrement, avec des animations superbes et détaillées jusque dans le changement de stations de radio (toujours nombreuses et variées) ou la pipe d’une prostituée ramassée dans un quartier pourri, dans la conduite qui se pare d’une marge de progression et donc de profondeur, dans les fusillades enfin dynamiques et qui ne brisent plus autant l’immersion, grâce à l’euphoria (l’outil servant à gérer la réaction des corps inertes) qui fera sans doute du ragdoll un lointain souvenir, mais aussi en globalité dans son côté sobre. Là où San Andreas était complètement extravagant et délirant avec ses innombrables types d’armes, de véhicules et de paysages, GTA IV semble avoir régressé en ne proposant qu’un décor strictement urbain, une dizaine d’armes strictement à feu (si ce n’est pour une batte et un couteau et bien sûr les grenades et cocktails molotov) et des véhicules qui s’arrêtent aux voitures/camions motos/hélicos. Il est possible que ce ne soit qu’une mise en bouche histoire de laisser de la marge aux futures suites, mais là où le bas blesse c’est que cette extravagance de San Andreas apportait une variété énorme aux missions qu’on ne ressent pas le moins du monde dans ce numéro IV. Alors bien sûr ça n’empêche pas des passages d’anthologie (la mission du casse par exemple, le pied) mais une fois le côté grisant de la minutie des détails avalé (genre après 40 heures de jeu…), difficile de ne pas constater ce manque qui est à mon sens le principal défaut du jeu.
C’était pour rigoler
Déjà extrêmement riche en solo, le mode multijoueurs vient porter le coup de grâce à l’aventure. Varié, plutôt fluide pour ce qu’il propose (on peut jouer sur toute la carte jusqu’à 16 avec les PNJ et les flics en prime), on ne fini pas de se fendre la gueule que ça soit pour une course, un deathmatch, des missions (peu nombreuses mais présentes) en coop’, des objectifs à remplir avant les autres, de simples errances à plusieurs juste pour baver entre potes devant les détails de la modélisation de la ville et j’en passe et des meilleurs. Les courses ont par exemple ce côté GTA qu’il est impossible de retrouver ailleurs où l’on commence en scooter et puis on fini par chourer une voiture de sport qui passait par là en renversant ses concurrents tout étonnés de nous voir en bagnole. Mes respects Rockstar.
Ce que je vais retenir à vie de ce Grand Theft Auto IV c’est à quel point il m’a immergé dans son univers. Une immersion colossale, supérieure à tout ce qui s’est fait dans la saga qui avait déjà pourtant fait de l’ambiance un fer de lance, et surtout qui arrive à nous faire ressentir une véritable empathie pour ses personnages, palpable.