Tout juste sorti il y a une semaine (le 17 août), Gord est un jeu de stratégie sans pitié qui va vous en faire baver pour parvenir à faire survivre votre village tout au long de sa sombre campagne narrative.
Une micro-gestion bien poussée
Attention derrière ce titre qui pourrait sembler condamner le jeu il n’en est rien. Gord est un jeu de micro-gestion à la Age of Empires mais où l’on remplace l’empire par un petit village d’une dizaine de personne seulement. Et de toute façon vous n’aurez pas la capacité de gérer plus, à moins d’être comme ces psychopathes qui lancent 75 actions en 2 secondes à Starcraft.
Revenons à nos moutons (je parle de nos paysans qui ne seront bien souvent que des moutons pour tous les dangers extérieurs à commencer par les loups). Le Gord est donc notre village, il faudra commencer par bâtir des fortifications qui servent d’emplacement de base pour vous implanter sur la carte. Une fois celles-ci posées, il sera question de construire tout un tas de bâtiments qui ont tous une utilité précise. La scierie vous permettra de transformer vos villageois en bucherons, la tour de garde en éclaireurs, la maison de chasse en chasseurs et ainsi de suite.
Le mal qui fait mal
Mais affecter bêtement un villageois à un bâtiment serait trop simple. Et la simplicité, ils n’ont pas l’air d’aimer chez Covenant Dev. Tous vos villageois auront des statistiques comme dans un RPG. Certains auront des prédispositions au combat pendant que d’autres seront meilleurs à la récolte. Il vous faudra donc tenir compte de tout ça avant d’affecter les rôles. Sachant que durant la campagne, vos villageois seront les mêmes d’une mission à l’autre.
Mais une fois de plus, si on s’arrêtait là, ce serait largement trop facile alors le monde de Gord est impitoyable en dehors des murs. Vos villageois auront vite fait de se faire manger par une meute de loup si vous les laissez seuls dans l’obscurité qui règne tout autour du village. Et les loups ce n’est que l’apéritif par rapport à toutes les monstruosités et autres forces du mal qui remplissent l’univers du jeu. Et il devient très vite difficile (même en mode normal) de développer votre base, d’aller chercher des ressources, d’avoir la force militaire nécessaire à escorter vos villageois à l’extérieur et d’explorer la map tout en restant en vie.
Pour vous aidez les développeurs ont pensé à moduler la vitesse de jeu. Vous pourrez ainsi donner des ordres en pause, ce qui est loin d’être accessoire dans certaines situations, ou au contraire accélérer le jeu quand vous attendez juste quelques récoltes supplémentaires. D’ailleurs ma seule critique est sur la précision pour cliquer sur ordre. Parfois la manette sera un peu capricieuse pour cliquer juste sur une fleur (de soin) et aura tendance à se recentrer vous faisant cliquer à côté de votre objectif (d’où l’utilité du mode pause).
Gord mérite donc beaucoup d’attention pour pouvoir optimiser au mieux le temps. Gérer les ressources, l’activité de chacun de vos villageois, prendre en compte leurs statistiques naturelles, faire face aux menaces, progresser dans vos objectifs… Il y a toujours quelque chose à faire et il faudra prendre son temps pour ne pas mettre en péril tout le village. Même si certaines quêtes chronométrées iront contre toute envie de prudence dans votre gestion.
Une touche de frustration
On ne va pas se le cacher, les joueurs les moins orientés survie ne vont pas forcément apprécier le titre. Car on peut oublier la gestion tranquille du village. Certaines monstruosités vont vous demander des sacrifices pour vous laisser passer. Et si vous refuser vous aller probablement le payer beaucoup beaucoup plus cher. Vos explorations ne se passeront que très rarement sans encombre. Et très vite vos villageois connaitront un sort funeste. Et c’est là que Gord devient très (trop ?) punitif. Quand un villageois tombe en dehors des murs, vous n’aurez que quelques secondes pour le relever. Sauf que quand ça arrive vous avez rarement la moitié du village à côté pour venir à bout de la menace et relever votre perso. Du coup vous êtes bon pour lui dire adieu.
Et un villageois en moins c’est bien casse-couille croyez moi. Pour le remplacer il vous faudra attendre une prochaine naissance, qui se font rares dans le jeu. Et quand elles arrivent, il faut encore attendre que l’enfant devienne adulte pour qu’il se rende utile. Bref, les pertes coûtent cher, mettent en péril très vite la (sur)vie du Gord et on n’a pas toujours toujours l’impression que l’équilibre à ce niveau est juste. Mais bon le monde de Gord est injuste et voilà tout !
Ajoutez à ça l’épuisement un peu rapide des ressources avoisinantes à votre Gord et la nécessité d’exploration plus poussée et vous obtenez un bon cocktail pour vous énerver comme il faut. Car il vous faudra à chaque fois, jouer entre les rôles des personnages les passant par exemple de chasseurs à pêcheurs en fonction des ressources disponibles. Sauf que pour cela il vous faudra dépenser des ressources pour construire le bâtiment adéquat et ainsi de suite. Il n’est pas facile de prospérer et ce n’est d’ailleurs pas le but. On est plus dans la micro gestion de crise que dans le développement.
Pour clore ce chapitre sachez que les développeurs ont pensé que le jeu serait trop facile sans une jauge de terreur (ou santé mentale) pour vos villageois. Impossible donc d’affecter des tâches et de ne plus se soucier d’eux. Si le chemin n’est pas éclairé, si la famine frappe le Gordn s’ils croisent une menace ou pour des raisons qui m’échappent parfois, vos villageois auront grand besoin d’une hydromellerie pour remonter leur moral. À mon avis Fylo a travaillé sur le jeu et voyait en ce bâtiment une place centrale et indispensable.
En conclusion
Gord est un jeu de gestion orienté survie mais alors très orienté survie. Sachez que c’est plus une gestion de crise permanente qu’un jeu de développement. La campagne, inspirée de la mythologie slave, dure un peu plus d’une dizaine d’heure que vous ferez la peur au ventre quant à la survie de vos villageois face aux très nombreuses menaces de ce monde sombre et impitoyable. Techniquement irréprochable et doté d’une ambiance très forte, Gord évite toutes les critiques (en tout cas les miennes) mais s’adresse à un public averti. Du coup si vous êtes averti, foncez, surtout avec son petit prix (35€ sur le store).