Après un remake HD de la 1ère trilogie et un 4ème épisode en rodage, The Coalition poursuit la mutation de la célèbre saga action avec ce Gears 5, qui perd au passage son « of War », et met une femme à l’honneur du jeu bourrin par excellence.
A l’instar de ma précédente critique de Gears of War 4, je ne parlerais ici que du mode Campagne. Je ne suis pas fan du mode Horde, encore moins du mode multi et n’ai pas encore eu l’occasion de tester le mode Escape vu que personne dans mon entourage n’a encore le jeu.
Kait principale
Après un relativement long tuto, qui a la bonne idée de se placer en marge de la campagne et des trois autres modes de jeu, on débute l’histoire de ce Gears 5, peu de temps après la fin, ou plutôt le « to be continued », du précédent épisode. Je vais essayer de ne pas spoiler durant cette critique, mais sachez que s’il me paraît peu opportun de jouer à ce jeu sans avoir fait la première trilogie, il me semble encore plus dénué de sens de s’y plonger sans avoir terminé Gears of War 4. Certes, le jeu débute par un « Previously » et, en bonus, on retrouve un long résumé de l’intégrale de la saga (Gears of War Judgment excepté), mais c’est bien trop succinct selon moi, pour profiter pleinement de l’histoire de ce nouvel opus. Tout commence donc avec l’escouade Delta au grand complet, JD, Delmont, Kait et Marcus, en mission dans une ancienne base de la CGU, aujourd’hui en ruine, pour remettre la main sur la si pratique et si destructrice technologie qu’est le rayon de l’aube. Je ne vais pas vous faire un dessin, mais vous imaginez bien que les choses ne vont pas se passer exactement comme c’était prévu et que la tournure des événements ne va pas forcément aller à l’avantage de l’humanité. Tout ça nous amène alors, doucement mais sûrement, vers la fin de notre aventure sous les traits de JD (du moins, pour le reste de l’épisode), pour prendre alors en mains le destin de Kait Diaz, dans une quête plus intimiste, en rapport avec son passé, sa famille, bref avec l’épilogue de Gears 4.
Et incarner une femme dans cette licence on ne peut plus machiste, n’est pas la seule révolution opérée par The Coalition. Car après s’être fait la main sur le remake HD et livré un Gears of War 4 très traditionnel pour satisfaire les fans, le studio de Microsoft entend bien désormais s’approprier la saga. Fini les teintes grisâtres de la première trilogie, place à une nature verdoyante, à la blancheur de monts enneigés et au désert de sable rouge ; bref place à la couleur. Et franchement, sur une simple Xbox One même pas S, ça claque ! Alors j’imagine même pas en 4K sur la One X ou sur PC. Les environnements sont magnifiques, et pourtant le framerate n’est jamais pris à défaut, même lorsque des myriades d’ennemis investissent l’écran. Le jeu est beau et fluide, sans aucun temps de chargement, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Mais ce n’est pas tout. Car pour définitivement s’adjuger la licence, The Coalition en a également cassé les codes, en ouvrant davantage l’aire de jeu. Pas tout à fait un Open World, Gears 5 me fait parfois penser à Halo et ses vastes étendues qu’on parcourait au Warthog avant d’investir un niveau plus fermé. Ici c’est la même chose : Vous allez arpenter deux mini-open worlds à l’aide de votre très chouette Skiff (une sorte de char à voile), pour vous déplacer d’un lieu à un autre, où vous aurez tout loisir de mener quêtes principales et annexes, dans des niveaux un peu plus fermés et dirigistes.
Brut de brutes
Et c’est là, une fois plongé au cœur de l’action, que Gears 5 se met enfin à faire du Gears : de l’action soutenue, violente et sanglante. Avec son level design plus inspiré qu’à l’accoutumée, ses séquences diverses et grisantes, son ambiance tantôt oppressante, tantôt sensationnelle, ainsi qu’un bestiaire et un arsenal, parmi les plus riches et les plus variés de l’industrie du jeu vidéo. Non seulement, la vingtaine d’armes proposées offrira des approches différentes, des exécutions différentes également, mais les sensations de tirs sont tout bonnement parfaites et retranscrivent à merveille la brutalité de l’univers. Le tout est soutenu par un scénario qui se suit sans déplaisir et offre même ses petits moments d’émotions, bien mieux maîtrisés cette fois que les séquences cultes de la femme de Dom (Gears of War 2) ou du sacrifice de ce dernier (Gears of War 3). Bref, Gears 5 ne fait aucune concession et The Coalition signe ici, tout simplement la nouvelle référence du genre.
Pourtant, tout n’est pas parfait, loin de là. Ainsi, entre deux séquences d’action, il arrive que les balades pacifiques s’éternisent. On passe alors de longs moments à arpenter des niveaux vides, où la seule occupation est de chercher des collectibles et d’admirer le paysage. Plus problématique, il arrive qu’un script ne se déclenche pas et force alors au redémarrage ou que les alliés contrôlés par l’I.A. soient bêtement bloqués au début du niveau (heureusement, ils pop dès que l’action reprend). Mais surtout, les sous-titres de Gears 5, c’est une vaste blague. Déjà, il est impossible de les désactiver durant les cinématiques. De plus, des erreurs de traduction se glissent régulièrement. Mais la palme revient au fait que les sous-titres des chapitres précédents viennent régulièrement s’incruster dans une cinématique sans rapport. Alors certes, tout ceci peut être patché dans un avenir plus ou moins proche, mais ce n’est pas une excuse pour fournir un jeu à ce point bâclé aux acheteurs Day One et autres abonnés au Game Pass. C’est d’autant plus dommage que, malgré cela, j’a pris un pied dingue à y jouer. A mes yeux, il s’agit du meilleur épisode de la saga depuis le 2. J’attends désormais Gears 6 de pieds fermes (et avec une grande curiosité, compte tenu des événements de celui-ci), pour voir jusqu’où ira The Coalition pour clôturer cette deuxième trilogie.
Hive Busters
Petite mise à jour de cette critique de Gears 5, pour vous parler du DLC solo Hivebusters (Exterminateurs en français). Ce contenu additionnel vient en marge de l’histoire principale autour de Kait, JD et Delmont, en s’articulant autour de l’escouade Scorpio, présente dans le mode Escape.
Le mode Escape de Gears 5, c’est ce mode où vous êtes lâché au cœur d’un nid de locustes et devez fuir avant que le gaz mortel que vous venez de déployer, ne vous tue en même temps que la vermine. Plutôt sympa sur le papier, j’avoue ne pas y avoir joué. Je ne pourrais pas vous en dire beaucoup plus donc. Toujours est-il que ce Hivebuster revient sur les événements qui ont conduit cette escouade Scorpio, a faire quelque chose d’aussi fou que de se laisser bouffer par un Snatcher pour infiltrer un nid.
Côté durée de vie, on ne tutoie pas des sommets : Une petite poignée d’heures (entre deux et quatre, en difficulté normale), toutefois suffisante à mon sens pour un DLC (surtout quand on ne l’a pas payée car inclus dans le Gamepass, j’avoue). Durant cette courte période, vous allez cependant voir du paysage, puisque l’essentiel de votre temps, vous le passerez sur l’île verdoyante de Galangi. S’il n’y avait pas ces armures d’armoire normande qui alourdissent le pas, on pourrait presque se croire dans un épisode de Tomb Raider, tant la végétation dense côtoie édifices et sculptures antiques. Sur Series X, console sur laquelle j’ai testé ce contenu additionnel, c’est absolument fantastique, jusque dans les moindres détails, sans jamais que le framerate soit pris à défaut. C’est en tout cas sacrément prometteur pour Gear 6, qui tirera sûrement pleinement partie des capacités de la console.
Un peu de changement donc, tant dans l’environnement que dans l’histoire qui nous est contée, mais aussi dans le gameplay puisqu’à côté des mécaniques classiques de Gears, on retrouve les capacités spéciales de l’escouade Scorpio. Des bonus spécifiques à chacun d’entre eux, qui confère au jeu un petit côté spécialisation du personnage propres aux (MMO)RPG, à savoir la lame étourdissante de Lahni (le DPS), le bouclier de Mac (le Tank) ou le ravitaillement en munitions de Keegan (le Soutien). Bien sûr, et même si ces capacités évoluent, la dimension tactique et RPG reste ici très modeste. Mais c’est un premier pas sur un nouveau chemin que la saga pourrait emprunter dans les années à venir, pourquoi pas.
Bref, s’il n’est pas inoubliable, ce Hivebusters souffle tout de même un vent de fraicheur agréable sur la licence. Et je trouve que l’idée d’offrir un background au mode Escape est une excellente idée. C’est d’autant plus vrai que le scénario n’est pas dénué d’humour et que le trio de l’escouade Scorpio, sans charisme de prime abord, se révèle bien plus intéressant à découvrir que je ne l’aurai pensé, au fur et à mesure de leur progression.