Fifa 15, l’année de trop ?

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Après une domination sans partage due à une spectaculaire remise en question sur la génération précédente, FIFA peine à convaincre sur PS4/XBO… un symptôme décidément récurrent sur ces machines.

MàJ

Chaque année, c’est le même reproche que l’on entend dans la bouche des détracteurs de FIFA : Il s’agirait d’une simple mise à jour des effectifs, vendue à prix d’or. Inutile de préciser que, si le jeu n’est effectivement pas réinitialisé tous les ans, la comparaison reste tout de même très largement exagérée, du moins pour la plupart des itérations. Toutefois, force est de constater qu’à force de le leur rabâcher, Electronic Arts a fini par y croire. Car pour trouver des nouveautés dans ce FIFA 15, il va falloir se lever de bonne heure. Pour être tout à fait honnête d’ailleurs, les précédents FIFA étaient tellement bancals et bugués, que j’ai souvent prôné pour une simple mise à jour qui en gommerait la majeure partie. La mise à jour, je l’ai eu. La gomme, c’est moins flagrant. Alors certes, le gameplay s’est quelque peu affiné par rapport à l’année passée. L’effet billard s’est vu diminuer, les joueurs ne se perdent plus dans des contrôles foireux ou des erreurs de poussins, la physique de balle fait plaisir à voir et l’enrobage graphique a encore progressé pour un rendu toujours plus photoréaliste (on a même droit à la pelouse qui se détériore en temps réel). Même constat, pour ce qui est de l’ambiance, où public comme joueurs agissent et réagissent à ce qui se passe sur le terrain. On est encore loin de la vie qui règne sur les parquets de NBA 2K, mais j’imagine que c’est sans doute plus compliqué quand on a 22 mecs qui courent sur une pelouse de 100 mètres de long.

Balle au pied

Toujours est-il que c’est avec un plaisir non dissimulé que je découvre ce millésime où le jeu à une touche de balle ne termine pas systématiquement en touches et où, à peu de choses près, on se sent responsable de nos actes, de nos choix, et pas spectateur de pénibles errances de gameplay. Passes courtes, passes longues, en profondeur ou appuyées, le jeu collectif n’a jamais été aussi plaisant à mettre en place que dans ce FIFA 15, même si le changement de joueur capricieux gâche souvent les actions les plus audacieuses. Et comme les frappes ont gagné en véracité, le jeu offensif s’avère terriblement jouissif, et surtout moins redondant que par le passé (malgré des techniques cheatées). Dans la peau des défenseurs par contre, on a parfois l’impression de subir, notamment lorsque l’I.A. presse et que nos relances terminent régulièrement dans les pieds adverses ; y compris quand celles-ci semblent simples à réaliser. Même constat du côté des accélérations des ailiers/latéraux, qui peuvent d’un coup de rein laisser toute une défense sur le carreau et réduire à néant 90 minutes d’efforts dans le pressing et le replacement. Clairement, FIFA 15 prône le football champagne, faisant la part belle aux attaques fulgurantes, aux dribbles chaloupés et au rythme soutenu ; quitte à flirter dangereusement avec la frontière délimitant la simulation de l’arcade. Bref, le gameplay pur trouvera sans doute ses détracteurs, mais reste malgré tout, dans l’ensemble, une belle réussite ; et ce même si je ne supporte pas cette vue aplatie qui rend terriblement délicate l’appréciation des trajectoires de la balle. Non, le problème de FIFA 15 n’est pas dans son gameplay, mais dans ses modes de jeu, car de ce côté-là, rien n’a changé.

Mode foutage de gueule

Depuis la création du Fifa Ultimate Team, Electronic Arts semble avoir abandonné tout intérêt pour les autres modes de jeu. Personnellement, je n’ai jamais compris comment des millions de joueurs peuvent être accros à ce mode où on vous demande de collectionner des images Panini, pour créer votre équipe de toutes pièces à partir de joueurs merdiques, tout cela afin de participer à des compétitions plus moisies que la Coupe Gambardella et la Ligue Europa réunies. Enfin bon, je n’avais jamais compris non plus l’intérêt des joueurs pour la Ligue des Masters ridicule des PES d’antan. De ce point de vue-là, je me considère volontiers comme un putain d’ayatollah : Le foot sur consoles, c’est un mode carrière réaliste ou ce n’est pas ! Enfin bref, je n’aurai rien contre le FUT s’il ne monopolisait pas l’attention des développeurs. Car on ne me fera pas croire que Electronic Arts a passé plus de dix minutes à bosser ses autres modes. J’en veux pour preuve le mode Carrière de FIFA 15, en tous points identique à celui de FIFA 14. Certes, le système de transfert particulièrement merdique de l’année dernière s’est affiné, mais reste le même dans ses mécaniques. Il en va de même pour tout le reste, le calendrier, les statistiques, les conférences de presse et l’influence que vous pouvez avoir sur le club (pas de possibilité de gérer le marketing, le stade, etc.). Le seul truc ayant changé, c’est la gestion de votre équipe (joueurs, dispositifs, tactiques…). Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas une réussite ! C’est simple, il s’agit sans doute là du pire système de gestion d’équipe vu dans un jeu de foot depuis… depuis… depuis toujours sans doute. C’est à ce point raté qu’il faudra aller dans un menu différent pour modifier un dispositif et qu’il faudra parfois s’y reprendre à dix-huit fois pour sélectionner un joueur tant le déplacement du curseur est sensible. On croit rêver ! Et le pire reste à venir…

Le vide absolu

Des broutilles, voilà comment on pourrait définir les modifications apportées au mode Carrière. Le Néant, voici comment on pourrait définir celles apportées au mode « Joueur Pro » ; pourtant loin d’être fantastique. Dans ce mode, où on décide de ne jouer qu’un seul joueur (existant ou créé), absolument aucune nouveauté à l’horizon. On y retrouve les mêmes défauts : L’impossibilité de débuter un match sur le banc, l’impossibilité de gérer son contrat ou d’interagir avec son club, un entraineur qui ne change jamais de dispositif et relègue les meilleurs joueurs sur le banc, un club qui vend régulièrement ses meilleurs joueurs et n’en achète jamais un seul, une notation complètement débile et surréaliste qui influence pourtant grandement l’opinion que votre entraineur a de vous, etc. Ceux qui ont pu s’essayer au mode similaire de NBA 2K, pourtant lui aussi très perfectible, en pâliront de honte et de frustration. Il s’agit pourtant là du premier vrai FIFA conçu prioritairement pour les consoles nouvelles générations. On pouvait donc légitimement s’attendre à quelques changements, voire à de nouvelles bases qui définiraient l’avenir de la licence pour la demi-douzaine d’années à venir, à l’instar de ce qu’il s’est passé sur la gen PS360. Mais là, à ce niveau de misérabilisme, le constat est sans appel et Electronic Arts pouvait difficilement nous dire plus violemment, plus distinctement, d’aller nous faire enculer. Et le pire dans tout cela, c’est qu’on y prend goût. Car bien entendu, si vous êtes fans de foot, et à fortiori de jeux de foot, vous vous serez rués dessus à sa sortie. Bien sûr, vous n’avez pas attendu ma critique pour vous faire votre propre avis. J’irai même jusqu’à dire que, malgré tout, vous comme moi nous ruerons sur FIFA 16 à sa sortie, comme les connards que nous sommes. Après tout, le supporter est un abruti. Il n’y a pas de raison que ça change. N’empêche que, plus encore que par le passé, on s’est bien fait niquer cette année !

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