Après un premier épisode plutôt réussi, Amplitude Studio s’inspire de son itération terrestre, Endless Legend, pour améliorer son 4X spatial.
eXplore, eXpand, eXploit, eXterminate, c’est avec cette formule aux allures de chanson de Daft Punk qu’on résume les 4X, ces jeux de civilisation rendus célèbres par la licence éponyme (ou presque), Civilization. Mais ce qui était vrai à l’époque de Master of Orion, ne l’est plus tout à fait aujourd’hui, où la diplomatie, la politique et les sciences sociales y prennent une place de plus en plus importante. C’est d’autant plus le cas dans les jeux d’Amplitude Studios, qui s’émancipent de la saga de Sid Meier en leur conférant une, ou plutôt des histoires, à grand renfort de quêtes personnelles et propres à chaque race incarnée par les joueurs. Ainsi, après avoir brillamment relancé le thème de la conquête spatiale avec Endless Space en 2002, le studio a su rebondir en posant les pieds sur terre, dans Endless Legend, s’obligeant à se démarquer du roi Civilization par le biais d’une identité forte et des mécaniques de gameplay uniques. Aujourd’hui, c’est fort de ces deux expériences réussies bien qu’encore un peu « vertes » à mon sens, que le travail d’Amplitude Studios abouti, en faisant d’Endless Space 2 le 4X ultime prompt à régner sur la galaxie pour un bon bout de temps.
eXplore
Explorer. C’est le principe fondamental de la conquête spatiale… voire de la conquête tout court, d’ailleurs. Voyager vers l’inconnu pour découvrir les traits des nouveaux mondes, découvrir de nouvelles civilisations. Avec Endless Space 2, l’exploration commence dans les options de partie, lorsque vous choisissez la taille et la forme de la galaxie qui vous accueillera : D’un simple anneau à une spirale à huit branches, de taille ridiculement petite où la promiscuité se ressentira à chaque instant, jusqu’à la galaxie gigantesque que vous arpenterez des heures durant sans en voir le bout.
Une fois votre choix arrêté et votre système solaire natal découvert, il ne vous restera plus qu’à partir visiter le voisinage, en envoyant vos vaisseaux vers l’inconnu ou en lançant des sondes autour de vous pour ne pas naviguer à l’aveugle. Ces sondes servent à la fois à révéler le “brouillard de guerre” qui cache les curiosités et systèmes avoisinants, mais également à explorer la surface des planètes découvertes, à la recherche de ressources, items et autres races extra-terrestres qui viendront gonfler les rangs de vos colonies. Mais durant ces voyages, gare aux pirates qui tenteront d’arraisonner vos vaisseaux s’ils croisent leur route. Et évitez tout autant les incidents diplomatiques, en passant les frontières de vos adversaires. Des guerres ont commencées pour moins que ça…
eXpand
Explorer c’est bien, mais vous croyez que lorsque Christophe Collomb a découvert l’Amérique, il s’est dit « Oh c’est joli. On prend une petite photo souvenir et on rentre à la maison ! » ? Non, bien entendu. Ils ont débarqué, tué et violé tout ce qui bougeait, pillé les ressources, et se sont installés durablement pour créer de nouvelles communautés métissées et faire prospérer l’économie de leur empire d’origine. Bon, un jeu vidéo restant un jeu vidéo, Endless Space 2 évite soigneusement le sujet du viol d’extra-terrestre et se contente d’une colonisation abstraite ou, à force de développement et de constructions, votre race s’installe de planète en planète, étendant son empire et terra-formant même certains habitats pour les rendre plus rentables.
Sitôt une planète habitable découverte donc, votre empire peut y envoyer un vaisseau colonisateur pour y installer un avant-poste. Passé un certain temps d’adaptation, et en considérant que vous soyez le seul sur le coup, cet avant-poste se transforme en colonie et devient ainsi partie intégrante de votre empire. Vous pouvez alors y construire les bâtiments jusqu’alors découvert, afin de rendre votre nouvelle colonie rentable et faire prospérer votre économie. L’autre manière d’étendre son aura et de repousser ses frontières, c’est de partir en quête de nouvelles civilisation puis, au choix, de les assimiler en les aidant dans leurs quêtes ou en leur forçant un peu la main, via votre influence ou votre armée. Plusieurs choix s’offrent donc à vous pour vous étendre et vous développer. Mais une chose est sûre, c’est que quelque-soit la méthode choisie, il ne faudra pas perdre trop de temps. En effet, l’I.A. avance à un rythme effréné et ne vous laissera pas respirer une seule seconde. Et lorsqu’elle commencera à convoiter vos ressources et/ou vos territoires, il vaudra mieux être en mesure de lui tenir tête.
eXploit
Coloniser des planètes, c’est bien. Mais encore faut-il savoir en tirer profit. En effet, chacune d’entre elles propose quatre ressources principales – La nourriture, l’industrie, la brume (les dollars intergalactiques) et la science – évaluées sur cinq niveaux allant de Néant à Exceptionnel. Il est donc très important de sélectionner les planètes à coloniser plutôt que de se jeter sur la première venue, surtout dans les débuts. En effet, si vous vous orientez vers le développement de nouvelles technologies (si vous incarnez les Sophons par exemple), il est préférable de privilégier les planètes à fort niveau de science. Il en va de même pour les bâtiments. Dès lors que vous êtes installé, inutile de bâtir l’intégralité des bâtiments à votre disposition. Les installations militaires par exemple, n’ont guère d’utilité au début, puisque aucune faction n’est capable d’envahir avec des troupes au sol. Là encore, il vaut mieux se focaliser sur les installations vitales pour votre population et celles dont votre empire a le plus besoin, à l’instant T (tout en gardant un œil sur leur influence politique… mais on en reparlera).
En sus des quatre ressources communes à toutes les planètes, il existe également de nombreuses ressources de luxe, plus rares et plus éparses dans toute la galaxie. Celles-ci doivent très souvent être découvertes au préalable, via une sonde envoyée depuis l’orbite, avant de pouvoir être exploitées. Ces ressources sont une manne pour votre économie, car nombre d’entre elles serviront à développer armes, boucliers et accessoires plus puissants pour vos vaisseaux, voire pour construire certaines merveilles (bâtiment unique qui devient inaccessible sitôt que l’un des empires l’a érigé). Elles auront également un impact non négligeable sur votre population, en attribuant des bonus à vos colonies à mesure que celles-ci prendront de l’importance. De plus, ces ressources se vendent généralement bien sur le marché, en accumuler un grand nombre pour pouvoir en revendre une bonne partie, peut donc parfois s’avérer salvateur lorsque la banqueroute se profile.
eXterminate
Enfin, lorsque les méthodes de développement précédentes ne fonctionnent pas ou vous semblent trop rébarbatives, il en reste une plus expéditive : La bagarre ! Si dans un premier temps, vos navires de guerre ne serviront qu’à calmer les ardeurs des quelques pirates de l’espace pillant les pauvres hères qui ont le malheur de croiser leur chemin, posséder une armée digne de ce nom s’avèrera rapidement indispensable. Pour la plupart des joueurs, il s’agira d’abord de créer une force dissuasive de quelques vaisseaux stratégiquement positionnés ou une simple escorte pour vos colons. C’est d’autant plus vrai que le coût d’entretien de votre armée n’est pas négligeable et risque bien de créer un trou dans votre budget. Mais certains, plus belliqueux (genre les Cravers), trouveront de quoi satisfaire leurs instincts les plus primaires, via une course à l’armement tant spatiale (pour les combats de vaisseaux) que terrestre (pour les invasions au sol).
Au gré des avancés dans l’arbre technologique correspondant, vous aurez tout loisir d’augmenter la taille de vos vaisseaux ainsi que de vos escouades, de varier bouclier et armement à l’envi, et même de débloquer de nouvelles tactiques pour affronter vos ennemis. Il est même possible de créer vos vaisseaux de toutes pièces, en partant de simples coquilles vides que vous équiperez à l’envi. Toutefois, passé les quelques paramètres tactiques à votre disposition, les batailles se règleront de manière automatique, via quelques scénettes sympathiques qu’on finira toutefois par passer. La stratégie n’a qu’assez peu de place, et il vaudra toujours mieux se focaliser sur une grosse puissance de feu que sur une tactique bien pensée, tant la loi du plus fort règne en maitre. C’est encore plus vrai pour les batailles au sol, puisqu’ici les choix tactiques sont encore bien plus restreints et que les séquences animées sont d’une laideur à faire peur. Au moins, elles ont le mérite d’exister, permettent de varier un peu des batailles dans l’espace et justifie le temps et l’argent dépensé à construire des bâtiments militaires sur vos colonies.
eX tout le reste
Outre leur coût en brume et en temps, gardez également à l’esprit que chaque bâtiment, chaque navire construit, aura un impact sur la politique de votre empire. En effet, celui-ci est divisé en une petite dizaine de partis, écologistes, pacifistes, industriels, militaires, etc. Et plus vous vous étendrez, plus l’influence de ces diverses factions sera délicate à gérer et à contenir, chaque système colonisé votant librement, généralement pour la faction la plus influente dans ce secteur. Ces partis politiques ne sont pas là que pour faire jolis, mais déterminent l’orientation de votre empire, via des lois qui offrent divers bonus pour faciliter votre expansion. Plus un parti gagne en puissance, plus le nombre de lois qu’il peut faire voter au Sénat est important. Il est donc primordial de soutenir le candidat qui incarne le mieux vos valeurs, voire de corrompre élus et population pour vous assurer la victoire aux élections. Qui plus est, si vous possédez un héros suffisamment développé à la tête de la faction au pouvoir, lui aussi pourra user de son influence pour vous octroyer des avantages. Car à l’instar d’Endless Legend, vous aurez tout loisir de recruter des héros que vous pourrez assigner à un système, pour développer votre colonie plus efficacement, ou à une flotte de vaisseaux pour accroitre sa puissance de feu.
Également importé d’Endless Legend, le système de quêtes est de retour ici, afin de scénariser votre partie d’une part, mais également pour vous sortir un peu de la routine en vous assignant des objectifs précis. Ces quêtes peuvent être propres à la race que vous incarnez ou assignées à l’ensemble des empires présents (joueurs comme IA), récompensant alors le premier qui la remplira. Et pour parfaire le tout, quelques événements surviendront lors de vos diverses explorations dans l’espace ou vos expéditions sur la terre ferme, vous demandant de faire des choix cornéliens qui auront différents impacts, tant sur votre production (brume, nourriture, science, industrie, influence, bonheur…) que sur votre politique.
Enfin, je passerai vite fait sur la diplomatie, pas forcément toujours très claire il faut l’admettre, qui vous permettra d’interagir avec les autres races en jeu. Je ne m’arrêterais guère plus sur l’économie, qui vous permet tant d’acheter ou de vendre des ressources, en prenant en compte les fluctuations de marché d’une véritable bourse intergalactique. Vous pourrez même mettre en place de véritables réseaux de ventes et de transports, en accueillant dans vos systèmes, les QG de grandes sociétés commerciales. Bref, Endless Space 2 est sans doute l’un des jeux de civilisation les plus riches, les plus complets et les plus prenants à ce jour. Il se paie en plus le luxe de se renouveler d’une partie à l’autre grâce à des races aux différences particulièrement marquées, des Voydanis et leur civilisation embarquée dans un vaisseau, aux Persistants et leur réseau unique, presque végétal, qui unit leurs systèmes, en passant par les Lumeris pour qui l’argent est roi. Un must have du genre, qui vous accrochera des heures durant… pour un tour de plus.
2 Commentaires
Endless Space 2, le One More Turn intergalactique
Il a l’air sacrément touffu comme jeu. Pas trop dur de tout gérer en même temps ?
Endless Space 2, le One More Turn intergalactique
Bah, ayant joué à Endless Space et Endless Legend, j’ai envie de te dire que ça va. C’est un peu déstabilisant au début, puis on retrouve ses marques et on se fait aux nouveautés.
Maintenant si t’as jamais joué aux précédentes productions, peut-être que les premiers temps risquent d’être compliqués… et douloureux. Mais avec un peu de patience et de persévérance, ça n’a rien d’insurmontable.