Il y a quelques jours à la rédac’, nous avons eu un long débat sur l’utilité du support optique et, plus généralement, des jeux au format physique.
On va encore me taxer de fanboy Xbox, mais le fait est que ce débat est survenu alors que la PS5 dévoilait ses premières spécificités et, notamment, le fait qu’elle sortirait avec un lecteur optique. Le hasard est ainsi fait que le lendemain, Microsoft annonçait sa nouvelle version de la Xbox One S, 100% dématérialisé. Alors je ne sais pas si la future Xbox le sera également. La rumeur parle de deux versions, mais qu’importe. Quel que soit le constructeur, je n’arrive pas à concevoir l’intérêt d’un support optique. Cela va à l’encontre de notre époque et devient un véritable poids pour tous ceux qui souhaitent tirer un trait sur le passé. Je m’explique…
Argument n° 1 : C’est moche
Franchement, même si certaines jaquettes peuvent s’avérer plutôt sympathique (et encore), qui aujourd’hui expose ses jeux face visible ? Non, la plupart de ceux qui ont encore des jeux au format boîte aujourd’hui, les range sur une étagère, tranche visible, ou planquées dans un placard. Car que celle-ci soit verte (Xbox), bleue (Playstation) ou rouge (Switch), une boîte ça prend de la place et ça n’a rien d’esthétique. Ça n’a même pas le charme rétro de livres ou des bande-dessinées. C’est juste un bout de plastique laid dans une couleur criarde.
Argument n° 2 : C’est pas pratique
Changer de disque pour jouer à un jeu, c’est une plaie.
Imaginez-vous, vautré peinard dans votre canapé, à jouer à FIFA en dilettante, quand un de vos potes se connecte soudain et vous propose une petite partie de The Division 2. Là, vous vous relevez en catastrophe, renversant la bière posée sur la table basse dans le carton à pizza à peine entamé, ôtez FIFA de la console, courez jusqu’à votre étagère de jeux bien planquée au fin fond de l’appartement car votre femme vous a posé un ultimatum déco du genre « Tu fous tes jeux dans le salon, je me barre avec le chat, les mômes et l’appareil à raclette ! », vous rangez FIFA, cherchez partout The Division 2 car bien entendu, vous ne l’avez pas rangé dans la bonne boîte, puis revenez avec le précieux graal dans le salon. Au moment où vous l’insérez dans la console, celle-ci ne le reconnait pas (car les disques optiques, ça déconne tout le temps). Après trois ou quatre tentatives, le jeu se lance enfin, mais votre pote en a eu marre d’attendre un boulet : Il est parti se coucher !
Argument n° 3 : C’est plus cher à produire
Un jeu au format boîte, en comparaison d’un jeu dématérialisé, ça coûte plus cher. Il faut compter la matière première (disques, plastique, papier pour la jaquette…), les frais de pressage, les frais de transports, les frais de distribution, et à chacune de ces étapes l’intermédiaire prend une marge.
Et non seulement un jeu boîte c’est cher, mais en plus ça pousse les jeux dématérialisés à rester chers, pour soulager le capital des grands revendeurs comme Micromania, Wallmart, & Cie. Du coup, les joueurs sont obligés de passer par des marchés parallèles pour obtenir leurs jeux démat’ à meilleur prix. Et c’est une évidence : Tant que le support physique existera, le prix des jeux dématérialisés ne pourra baisser, car il devra s’aligner sur ces coûts de production exorbitants qui gangrènent l’économie de ce média.
Argument n°4 : Ça pollue
On en parle peu, mais les jeux au format physique sont un désastre pour l’écologie ! Entre le plastique utilisé et le carburant brûlé par les navires et avions de transport, à chaque jeu boîte acheté aujourd’hui, c’est une tortue des Galapagos qui meurt. Après, si vous êtes prêts à avoir l’extinction des espèces sur la conscience pour pouvoir jouer à Fortnite au format physique, c’est votre problème, mais pensez au monde que vous allez laisser à vos enfants.
D’après un rapport de l’ONG Sea Sheperd, en 2018 on a recensé pas loin de 128.000 boîtes de jeu dans les estomacs de grands cétacés, et un nouveau continent de boîtes Playstation est en train de se former au large des côtes chinoises.
Argument n°5 : Les arnaques à la revente
La revente et/ou le prêt de ses jeux, et l’argument numéro 1 des pro-boîtes. C’est même d’ailleurs l’un de leurs seuls arguments, tant ils en manquent cruellement. Pourtant, c’est un argument en carton.
Car aujourd’hui, lorsqu’un joueur revend son jeu, c’est généralement pour se faire enfler par son revendeur qui fera une marge de 300% dessus. Généralement, le prix de rachat proposé par l’enseigne, couvre à peine l’essence ou le prix du ticket de métro dépensé pour s’en débarrasser.
Et lorsqu’il cherche à le revendre en ligne (ce qui n’est pas logique pour un rétrograde d’ailleurs), il passe généralement par un site qu’on appellera ici TheGoodCorner, pour ne pas le nommer. Là, s’en suit de longues heures à repousser les assauts incessants de gros lourds qui veulent vous échanger votre jeu contre des services sexuels, ou qui vous demandent un rabais de 95%.
Et lorsque vous êtes de l’autre côté du miroir et cherchez à acheter d’occasion sur ce même site, dans 108 % des cas vous tombez sur une arnaque.
Argument n°6 : Prêter c’est voler
Pour le prêt, c’est encore pire !
Généralement, quand vous prêtez le jeu à l’un de vos futurs ex-amis, vous ne le revoyez jamais. Il a toujours une raison pour oublier de vous le rendre. Ou alors c’est son chien qui l’a bouffé et/ou son chat qui a pissé dessus. Du coup, vous essayez de le racheter d’occasion sur TheGoodCorner, et après vous êtres fait dépouiller de votre compte Paypal et de vos mots de passe Facebook par de supposées belles blondes plantureuses qui s’ennuient avec leur mari millionnaire, vous finissez par racheter au prix fort le jeu à un vendeur qui, par le plus grand des hasards, s’avère être l’homonyme de votre futur ex-ami.
De plus, le prêt existe déjà avec le dématérialisé. Alors je ne parlerais pas ici des joueurs PC que ce débat doit faire doucement rigoler, puisqu’il est possible depuis bien longtemps déjà, de partager l’intégralité de sa ludothèque Steam avec ses amis, sans que personne n’ait à se déplacer ou que des amitiés de vingt ans soient rompues. Mais pour les joueurs consoles, la solution existe également ; même si elle est plus contraignante : Il s’agit de se prêter les comptes. Bien sûr, ça implique que vous ne soyez pas connectés en même temps, mais cela prouve aussi que les constructeurs ne sont pas aussi frileux qu’on peut le penser, sur le prêt des jeux dématérialisés.
Argument n° 7 : Les clés CD
L’argument n° 2 des pro-boîtes, c’est la bande passante. Alors certes, en bon parisien fibré à 500Mb/s, je suis sans doute le plus mal placé pour parler de désert numérique. Cependant, je vois certains joueurs dans ma liste d’amis, galérer pendant deux semaines pour télécharger une mise à jour de 50Mo, comme à la belle et grande époque des Kazaa et autre Emule. Il est certain que pour eux, le dématérialisé est une difficulté supplémentaire (en plus du désert médical, du désert économique et du désert éducatif). Toutefois, cet argument non plus ne tient pas, car là encore, 127% des jeux qui sortent aujourd’hui, sont dématérialisés. Les boîtes ne servent alors plus que de CDKey pour vous autoriser le téléchargement du jeu. Et lorsqu’il arrive qu’un disque soit réellement gravé avec des données, il demande un patch day one obligatoire de 50Go pour pouvoir se lancer.
Argument n° 8 : Le droit de rétractation
Lorsque vous achetez un jeu boîte aujourd’hui, c’est toujours délicat de le rendre. Exemple : Dans un moment de détresse absolu, vous achetez un jeu Quantic Dream. Vous rentrez alors chez vous, avec ce sentiment d’avoir fait une connerie. Un peu comme lorsque vous avez accepté de donner votre adresse mail à cette militante Greenpeace parce que vous la trouviez mignonne et pensiez, bêtement, que ça vous donnerait de l’importance à ses yeux. Bref, une fois chez vous et après une heure de cinématique, vous vous rendez compte qu’il ne s’agit pas d’un jeu mais d’un pauvre téléfilm prompt à faire passer un épisode de Joséphine Ange Gardien pour une palme d’or cannoise. Du coup, vous souhaitez le ramener à votre revendeur sous prétexte qu’il y a tromperie sur la marchandise. Sauf que lui, qui a eu toutes les peines du monde à se débarrasser de ce boulet, ne va pas se risquer à vous le reprendre. Tout juste, acceptera-t-il de vous le racheter à 7 ou 8% du prix de vente initial, s’il est de bonne composition.
Alors qu’en numérique, au moment où le jeu se lance et que vous voyez apparaître le nom de David Cage sur l’écran d’accueil, vous comprenez que vous avez fait une connerie, et en quelques clics à peine, votre téléfilm est remboursé et votre honneur préservé.
Argument n° 9 : Vivre avec son temps
Nous sommes en 2019. Il serait peut-être temps pour les joueurs, de vivre en adéquation avec leur époque. Nous vivons à l’ère digitale, où tout est dématérialisé : Les films, la musique, les livres et même le sexe. Une grande partie de l’industrie du jeu vidéo, est déjà dématérialisée, que ça soit sur PC, consoles ou smartphone. Au final, seuls quelques irréductibles AAA sur PS4/Xbox/Switch font de la résistance.
Enfin, on vit aussi et surtout, dans l’ère de l’immédiateté : On veut tout, tout de suite et on passe à autre chose l’instant d’après. Faire des kilomètres pour aller acheter un jeu chez son revendeur n’a pas plus de sens que d’aller dans un vidéoclub pour louer la VHS d’une série Netflix. Et je ne parle même de la subite envie de jouer à un jeu, un dimanche soir quand le lendemain est un jour férié.
Argument n° 10 : Ça rend impuissant
Une récente étude scientifique, a mis en exergue l’étrange corrélation entre les difficultés érectiles des joueurs et leur collection de jeux au format boîte. Il apparaît alors que le risque d’impuissance augmente exponentiellement avec le nombre de boîtes de jeux possédées par le sujet. Chez les femmes, les effets semblent moindres. Une différence qui s’explique par le goût plus prononcée de la gente féminine pour la déco. Toutefois, on a pu constater quelques rares cas de trompes ligaturées chez certaines d’entre elles.
1 Commentaire
Pourquoi ne pas militer pour la possibilité de revendre ses jeux dématérialisés dans certaines circonstances ? Il faut être plus ambitieux.