La nouvelle poule aux oeufs d’or d’Activision est de retour et elle a les crocs, prête à dévorer tous ses concurrents. Mais derrière cette gigantesque machine à fric, se cache un jeu terriblement efficace, à la croisée des chemins entre FPS, RPG, Hack’n Slash et MMO.
Destiny est une licence un peu à part dans l’industrie du jeu vidéo. Déjà parce qu’il s’agit du Halo pseudo-MMO qu’elle aurait dû être si Bungie n’avait pas quitté Microsoft. Ensuite, parce qu’elle multiplie les errances et les erreurs, depuis sa mécanique de répétition à outrance de missions trop peu nombreuses, jusqu’à la politique économique abusive de son formidable éditeur qu’est Activision. Pourtant, le premier épisode a su trouver sa fanbase. D’abord le grand public, qui a répondu massivement à l’appel d’un marketing agressif. Ensuite un public de niche, de gamers fous furieux qui sont restés après la bataille et ont squatté des centaines, voire des milliers d’heures, pour obtenir toujours plus de loot, toujours plus d’engrammes exotiques.
Moi, je me situerais entre les deux : J’ai pas mal squatté, des dizaines d’heures (pas loin de la centaine je pense, même), mais la redondance a fini par me perdre. Bien sûr, la si addictive mécanique de loot m’a longtemps scotché à ma manette, mais il faut également reconnaître que Bungie n’a pas son pareil lorsqu’il s’agit de pondre un gameplay FPS sur consoles, eux qui avaient révolutionné le genre avec Halo. On pourrait dire la même chose de l’I.A., avec des péons plutôt agressifs, rarement pris à défaut dans leur comportement, allant même jusqu’à pratiquer l’évasion lorsque le besoin s’en fait sentir. Résultat, on n’a jamais la sensation de se retrouver face à des pantins juste bons à se faire sniper, ce qui mine de rien, se fait plutôt rare dans le jeu vidéo. Quant à la bande son (musique et FX), elle est toujours aussi soignée, y compris les voix françaises, parfaitement dans le ton. Et ça aussi c’est plutôt rare de nos jours. Enfin, l’univers est particulièrement cohérent et très bien écrit, malgré un certain fanatisme religieux à peine voilé, parfois un peu dérangeant (J’ai l’impression de jouer un pasteur baptiste de l’Amérique profonde).
Pour cette suite, on reprend les mêmes et on recommence (au propre comme au figuré d’ailleurs). L’histoire est celle d’un gros méchant Cabale, débarquant soudainement sur Terre avec sa légion rouge réputée invincible, pour foutre une branlée mémorable aux Gardiens (vous, en l’occurrence). L’avoinée est tellement totale et expéditive, qu’on se demande bien pourquoi il ne s’est pas pointé plus tôt. Bref, toujours est-il qu’après avoir foutu un boxon monstre, il s’empare du Créateur en l’emprisonnant au moyen d’une sorte de gigantesque cage électromagnétique, dans le but d’extraire de force sa lumière et ainsi créer une armée encore plus invincible que son armée invincible. Retranchée dans un minuscule dernier bastion, l’humanité et les gardiens tentent alors tant bien que mal de survivre, en se faisant discret. Mais ça, c’était avant que vous arriviez et que vous en décidiez autrement. Il est désormais grand temps d’inverser la vapeur et de renvoyer ces cabales pleurer dans les jupons de leurs mères !
Bien entendu, les Cabales ne seront pas vos seuls ennemis. Tous les copains ont répondu présents pour cette suite : Les Déchus, la Ruche, les Vex, les Cabales et les Corrompus. Tous vont d’ailleurs débarquer les uns après les autres durant la campagne principale, donnant alors à cette dernière un petit côté tutoriel durant laquelle Bungie dévoile toute la panoplie de la licence Destiny. C’est un peu dommage d’ailleurs que le studio n’en ait pas profité pour faire de Ghaul (le chef Cabale et grand méchant de l’histoire), le leader d’une nouvelle race ; histoire de varier un peu du premier. Ceci étant, cette redite permet au moins d’approfondir davantage l’histoire de ces races, et les quelques classes d’ennemis supplémentaires viennent enrichir un bestiaire déjà très étoffé.
D’ailleurs, dans l’ensemble il ne faut pas s’attendre à de grands bouleversements, car côté Gardiens c’est la même : Les trois classes du premier Destiny sont de retour (à savoir les Chasseurs, les Arcanistes et les Titans) et pas une de plus. Même leurs trois doctrines (comprenez l’arbre de compétences) sont à peu de choses près similaires. C’est un peu décevant, d’autant plus qu’avec une quatrième classe, les escouades auraient par la même occasion pu passer à quatre joueurs (trois c’est vraiment trop peu). Pas de grands bouleversements donc, mais une très nette évolution tout de même. Moi qui était le premier, après la bêta, a fustiger le côté DLC de ce deuxième épisode, il faut bien avouer que c’est tout de même un peu plus que ça.
En effet, outre le mode Histoire bien plus étoffé et offrant de vrais grands moments, le jeu a repensé toute sa mécanique de loot et de progression. D’abord, si les quatre zones Open World n’ont toujours pas la capacité d’accueil d’un MMO, avec des centaines de joueurs pouvant les arpenter en simultané, il faut bien reconnaître qu’elles gagnent très largement en taille. En effet, non seulement les maps de surface sont bien plus grandes que précédemment, mais elles sont en plus complétées de multiples donjons foisonnant d’ennemis. Ajoutez à cela des missions secondaires, des trésors à dénicher et de multiples événements publiques bien plus récurrents que par le passé, et vous avez de quoi vous occuper de très nombreuses heures.
Tout cela, ce n’est que la face immergée de l’iceberg. C’est le lot pour joueurs occasionnels, qui se contenteront de suivre la campagne principale et de s’adonner à quelques activités annexes histoire de rentabiliser un minimum leur achat. Mais en réalité, ce n’est qu’un préambule à Destiny 2, tant le jeu ne débute réellement qu’à partir du niveau 20 (le level cap au lancement : Niveau 20 – 350 de lumière). Ce n’est qu’une fois ce niveau atteint et l’histoire terminée que les choses sérieuses commencent. A partir de là, vous commencez à chopper des engrammes légendaires et exotiques, et débloquez l’accès aux assauts, aux patrouilles, aux défis quotidiens à relever, et au fameux mode Nuit Noire à la difficulté exacerbée, qui vous renvoie en orbite dès que vous tombez au combat.
Bien entendu, la course au loot via l’accomplissement de quêtes à la difficulté exponentielle, ça n’a rien de nouveau. Le premier épisode le proposait déjà, tout comme bien d’autres jeux avant lui, Diablo en tête. Destiny n’a sans doute rien inventé, mais il proposait des mécaniques plutôt bien pensées, notamment avec l’avènement des DLC qui ont redressé un peu les errances du jeu originel. Avec cette suite, Bungie a repris les bases de ces mécaniques de loot, avec des armes et pièces d’équipement classées selon leur degré de rareté (chaque personnage ne pouvant s’équiper que de deux items exotiques, une arme et une pièce d’armure max) et un niveau de lumière pour définir leur puissance. On retrouve également l’ingénieuse possibilité de les infuser (fusionner avec un même type d’item, plus puissant), qui permet de conserver autant que faire se peut, une arme avec laquelle on se sent bien, sans pour autant se retrouver à la ramasse face à des ennemis de haut niveau.
Ce qui change par contre, c’est que les modificateurs, qu’ils soient esthétiques ou pratiques, sont désormais des consommables à usage unique. Il est donc primordial de ne pas les claquer trop rapidement, mais d’attendre d’obtenir un arsenal suffisamment puissant et/ou classe, méritant qu’on se sépare de ces précieux mods. Il semblerait que cette décision ne fasse pas l’unanimité chez les fans de la licence, mais personnellement je n’y vois pas forcément d’objection. D’autant plus qu’il n’est pas rare du tout de looter ces mods et que, dans l’absolu, je ne m’emmerde pas à choisir une couleur particulière pour mon armure ou mes armes, si celles-ci ne sont pas suffisamment puissantes pour m’accompagner un minimum de temps dans mes pérégrinations. Bien entendu, tout ça à sans doute pour but de pousser les joueurs à la micro-transaction. Seulement comme cette dernière n’est dédiée qu’à l’esthétisme ou presque, et qu’elle n’offre rien d’exclusif (comprenez que tout est déblocable avec le temps et un peu de chance), il me paraît mal venu de critiquer cette politique. Après tout, si les joueurs sont enclins à dépenser plus de pognon pour acheter des trucs qu’ils pourront débloquer, c’est leur problème et je ne leur jetterai pas la pierre (j’ai quand même pris les deux Season Pass de Rainbow Six Siege).
Et puisqu’on parle d’esthétisme (enfin, surtout moi), il faut noter le remarquable travail des artistes de Bungie. Certes, en terme de textures pures, Destiny 2 n’est sans doute pas le plus beau jeu de cette génération. Une critique contrebalancée d’ailleurs par l’immensité des maps proposées. Mais outre l’aspect technique, c’est sur le design et la créativité que le jeu met tout le monde d’accord. Et si la zone mi-forestière, mi-montagneuse de la Terre (la Zone Morte Européenne plus précisément) n’a rien d’exceptionnelle, les paysage de Io et Nessos sont quant à eux, bien plus prompts à décrocher la mâchoire. Dans un autre genre, Titan et ses plateformes construites sur une planète-océan n’a rien de spéciale de prime abord, si ce n’est qu’elle offre un gameplay très… plateforme, justement. Mais c’est dans ses sous-terrains infestés par la Ruche qu’elle trouve son identité, en proposant une ambiance oppressante et jubilatoire qui n’est pas sans rappeler la saga Alien (notamment le 2). Bref, Bungie confirme une fois de plus qu’ils n’ont pas d’équivalent lorsqu’il s’agit de créer un univers Sci-Fi original et détonnant, en s’affranchissant des codes ancestraux du genre, avec les sempiternelles planète de sable, planète de glace, etc. qu’on retrouve dans bon nombre d’œuvres.
En définitive, si le premier Destiny n’était pas exempt de tous reproches (surtout la période pré-DLC) et que cette suite ne réconciliera sans doute pas la licence avec ses réfractaires, force est de reconnaître que le titre est une grande réussite. Bien sûr, on aurait aimé davantage de nouveautés : De nouvelles races, de nouvelles classes, de nouvelles doctrines et, forcément, toujours plus d’Assauts et de Raids. Une relative déception très rapidement éclipsée par le soin apporté à ce qui reste avant tout une formidable course au loot, au contenu pas aussi rachitique qu’on voudrait nous le faire croire, et à tous ces moments de bravoure et d’anthologie que ce Destiny 2 a à nous offrir, notamment via son scénario bien plus étoffé et mis en scène que précédemment. Alors bien sûr, il faudra sans doute passer par la case DLC payant pour être complètement rassasié. Nombreux sont d’ailleurs ceux qui, échaudés par le premier opus, attendent patiemment la version GOTY et ses add-ons inclus pour passer à la caisse. Toutefois en l’état, et contrairement à son aîné, cette suite se suffit amplement à elle-même et proposera entre vingt et plusieurs centaines d’heures de jeu aux joueurs qui se laisseront tentés par l’aventure, selon leur degré de fanatisme et leur propension à se laisser happer par les mécaniques de loot.
2 Commentaires
Destiny 2, les vrais Gardiens de la Galaxie
Alors moi j’ai toujours pas compris comment ça se jouait ??
A savoir si c’est exclusivement multi en ligne ou si ça peut se jouer solo ou les deux ou bien ???
Destiny 2, les vrais Gardiens de la Galaxie
Ça peut très bien se jouer en solo, mais c’est beaucoup plus sympa en coop’ à trois joueurs.
Pour te résumer le principe, la plupart du temps tu te retrouves sur une des quatre maps Open World, où t’as d’autres joueurs qui se baladent en même temps que toi.
Tu peux y buter du mob, participer à un événement public où tous les joueurs dans la zone sont susceptibles de te filer un coup de main, explorer des petits donjons avec gros fight et récompense à la clé (les secteurs oubliés) ou effectuer des missions (principales ou annexes).
Si tout ce qui est open world est multi, à savoir qu’il y a plein de joueurs sur la map, les missions sont des instances privées. Donc tu les fais en solo ou en coop.
Dans tous les cas, les joueurs ne peuvent pas se battre entre eux. Pour ça, il faut participer à des modes PVP à part (l’Epreuve).