Souvent, et je suis sûr que vous faites pareil, en matant un film, en lisant un livre ou une BD, ce genre de choses, je me dis « ça pourrait faire un bon jeu ». D’où l’idée d’en faire une série d’articles, chiche.
L’impuissance du départ
La dernière fois on s’était foutu de ma gueule parce que je parlais d’un film de merde, cette fois je vais parler d’un bon film. Un Prophète de Jacques Audiard raconte le parcours carcéral d’un jeune voyou qui entre en prison presque doux comme un agneau, sans aucune relation avec le Milieu, et qui en ressort dur comme la roche en gangster aguerri. Je vous conseille de le regarder si vous ne l’avez jamais fait mais c’est pas le sujet, le sujet c’est que l’univers carcéral en jeu ça m’a toujours fait tripper. Mon principal bon souvenir reste bien entendu Escape from Butcher Bay mais je garde également en mémoire un passage de Dead to Right (le 1 ou le 2 je sais plus) ou encore du chouette Splinter Cell : Double Agent… Ca touche certainement ma fibre de petit garçon fasciné par les gangsters, mais de jouer le type enfermé avec tout un tas de bad boys, devoir survivre, trafiquer, résister, s’en sortir, pourquoi pas avoir des plans d’évasion, c’est vraiment trippant à mon sens, immersif, on plonge dans un univers atypique.
Alors tout un jeu basé en taule, j’achète. La narration d’un Prophète est en plus assez intéressante, il y a une progression, une évolution du personnage principal, quelque chose de parfaitement applicable et souvent important dans un jeu vidéo. La découverte du jeu pourrait parfaitement suivre le début du film où le personnage principal découvre avec nous la vie carcérale, les différents endroits qui rythme le pénitencier, ses horaires et aussi et surtout ses « habitants ». L’anti héros est directement réduit, dès le départ, à l’état de sous merde et il se fait bien vite mettre la pression par la mafia Corse qui l’oblige à buter un mec pour eux sous peine de mourir lui-même, en échange il aura une protection, une « famille ». C’est une des choses qui serait plutôt original pour un jeu vidéo où l’on est trop souvent habitué à être tout puissant, ici le seul moyen de s’en sortir c’est de se servir de son crâne, de s’allier, de ruser, de trafiquer en douce, de tuer sous couvert. Le gameplay pourrait s’apparenter à un jeu d’action-aventure où les dialogues ont également une importance.
Le pouvoir final
Bien entendu comme il s’agit d’un jeu, les objectifs seraient plus conséquents que ce qui est narré dans le film, le long métrage servirait surtout de fil rouge. Les références cinématographiques peuvent même s’élargir (je pense aussi à la géniale série Oz) même si ce n’est pas non plus le but de cet article, mais participer à des tournois de boxe underground, buter un mec en douce à l’aide d’une arme de fortune préalablement obtenue en douce suite à une fabrication artisanale, trafiquer des paquets de cigarettes, des médocs, soudoyer les matons, éviter de ramasser la savonnette dans les douches, rallier une cause, en défaire une autre et compagnie… il y a vraiment de quoi faire sans pour autant négliger un scénario construit comme celui du film. Le fait d’avoir un endroit relativement grand, fermé, offrirait en plus moins de contraintes aux développeurs, de quoi bosser l’I.A., la technique, avec plus de sérénité. Dans Un Prophète, le personnage principal fini par obtenir des permissions, une occasion de varier un peu le décor et le gameplay qui peut nous faire vivre quelques moments intenses et dépaysant.
La seule chose que je changerai du film pour en faire un jeu ce serait la fin. Pour finir en beauté, de façon explosive, intense, le héros devrait s’évader et non pas sortir à la fin de sa peine purgée. Une évasion que l’on aurait préparée durant de longues heures de jeu avant et qui offrirait un grand spectacle, du script, de la fusillade, de la course poursuite. Un final que l’on sentirait grimper en intensité au fil du jeu, qui nous tiendrait en haleine, nous obligerait à continuer à jouer parce qu’on voudrait absolument savoir comment ça se terminerait. Il est évident que le « message » principal du film serait moins clair à percevoir en jeu avec un nombre d’heures de narration largement décuplée et surtout des actes vécus aux premières loges, sans recul, sans un regard passif… mais la progression de ce personnage déchu serait toujours là et si ce sentiment de faiblesse de départ est bien retranscrit, tout est possible. Un Prophète ça pourrait faire un bon jeu.
1 Commentaire
Ca pourrait faire un bon jeu, Un Prophète
En tout cas c’était un sacré bon film… pas comme ton Banlieue 13 de la dernière fois ! 😀