Le titre qui a révolutionné l’économie de l’industrie du jeu vidéo vaut-il vraiment son pesant d’or ?
La nalyse n’est pas systématiquement raccord avec l’actu, elle n’est pas objective, ce n’est pas une fiche technique, elle ne fait pas de détails ou en donne tout plein selon l’humeur, elle n’est pas faites pour influencer tes achats de consommateur fou parce qu’elle n’en tirerait aucun intérêt, elle est juste écrite pour te faire partager mes goûts à moi, ton K.mi qui t’aime (un peu comme un gosse qui fait popo et qui est fier et émerveillé de le montrer à tout le monde.)
Je vous l’introduis tout entier
Début 2012, l’illustre Tim Schafer balançait à la communauté son désir ardent de réaliser un jeu d’aventure en point’n click, à l’ancienne. Les éditeurs vomissant le genre depuis quelques années, c’est au financement participatif sur Kickstarter que le créateur légendaire s’en remis. Une audace pour l’époque. Soutenu par une grande majorité de ses confrères et par le public, relayé en masse par les médias, « Double Fine Adventure » récolta plus de 3 millions de dollars sur les 400 000 demandés. A partir de cet instant, Kickstarter est devenu incontournable dans l’industrie du jeu vidéo, pour le meilleur (il en sortira des projets hyper créatifs que les éditeurs refusaient à la base) comme pour le pire (les éditeurs eux-mêmes se sont mis à faire financer des jeux y voyant une nouvelle possibilité de se faire du blé). Double Fine Adventure est sorti deux ans plus tard après s’être rebaptisé Broken Age et s’être divisé en deux parties (une sortie début 2014, l’autre courant 2015), le développeur semblant dépassé par un budget qu’il a dû apprendre à gérer sur le tas. Disponible sur à peu près toutes les plateformes aujourd’hui, c’est sur PS4 que j’ai décidé récemment de faire le jeu complet.
Le pitch dans ta potch
Vella est une adolescente vivant dans un village où le sacrifice de jeunes filles à une créature monstrueuse est une tradition qui rend ses habitants fiers. Elle ne le voit pas de cet œil, d’autant qu’elle est elle-même sensée servir de déjeuner au monstre chelou. De son côté, Shay est un adolescent vivant enfermé dans un vaisseau spatial où tout semble avoir été mis en place pour divertir son âme d’enfant qu’il n’a pourtant plu, même en prenant le petit déj’ avec une cuillère parlante.
Attardons-nous là-dessus (enfin, moi, surtout…)
Disposant d’une patte graphique toute particulière, on peut tout à fait dire de Broken Age qu’il est sublime. Véritable dessin animé « peint à la main », on ressent indubitablement la signature de Double Fine dans ce style visuel si particulier mais aussi dans cet univers loufoque, drôle et attachant. Qu’on se le dise, avec l’écriture parfois brillante (mais parfois ratée, j’y reviendrais), c’est là les principaux (les seuls ?) atouts de Broken Age.
Du premier jeu vidéo à avoir été Kickstarté de l’Histoire avec autant de réussite, on était sûrement en droit d’attendre pas moins d’un chef-d’oeuvre. Mais finalement, du C.V. de Tim Schafer (Grim Fandango, Day of the Tentacle, Full Throttle etc) ou de cette campagne de financement incroyable, on ne sait ce qui est le plus pesant pour ce pauvre Broken Age qui a bien du mal à tenir en haleine sur la longueur. Si l’équivalent de la première partie – qui correspond en fait à la découverte de l’univers – accroche pour se terminer par un twist bien agréable, la deuxième partie de l’aventure endort. D’interminables aller-retours et revisite de lieux déjà connus plombent complètement le jeu qui se termine d’ailleurs comme un soufflé raté. Comme si cette deuxième partie, très visible concernant l’écriture de l’histoire et le game design même lorsqu’on joue tout d’un seul bloc, avait été bâclée, commencée et terminée sans la même envie ou peut-être (touchons du doigt le scandale) sans les mêmes moyens… En fait ce n’est pas « peut-être », c’est certain.
En effet, si Double Fine a sorti Broken Age en deux parties, c’est bel et bien une histoire de moyens. Ils ont dû attendre les ventes de l’acte 1 pour financer le développement de l’acte 2. C’est à dire qu’avec 3,4 millions de dollars, Tim Schafer et son équipe n’ont pas réussi à mener à terme ce qui devait être un jeu complet à l’origine et non en deux actes. Pour un point’n click, genre sensé coûter peu (à mettre en perspective avec un AAA 3D) c’est quand même à la limite de l’abus. Imaginez si Double Fine n’avait récolté « que » les 400 000$ qu’ils demandaient à la base… Le jeu n’aurait fait qu’une heure et il se serait passé dans une seule pièce en guise de décor ? Ça laisse tout de même assez perplexe sur le développement du futur Psychonauts 2 qui aura en prime pour poids l’âme du très bon premier épisode sur les épaules…
Revenons à nos moutons. Broken Age est dans l’ensemble raté et plombe en quelques dernières heures toutes les belles promesses des quelques premières heures. Énigmes gonflante d’allers-retours, histoire qui s’essouffle, j’avoue avoir dû me forcer pour terminer le titre dans l’espoir de nouveaux moments drôles ou d’une fin surprenante. En vain. Au final, en dehors de son univers global et de quelques vannes, Broken Age ne fait que décevoir. C’est d’autant plus dommage que sa jouabilité au pad arrive à être tout à fait supportable bien qu’évidemment moins confortable et précise qu’à la souris. Et que sa durée de vie de 6-8h n’a rien d’honteuse du tout. Je ne suis par ailleurs pas de ceux qui trouveraient les énigmes trop faciles dans la mesure où celles de l’âge d’or du point’n click étaient, admettons-le une fois pour toutes, particulièrement tirées par les cheveux. Le point de comparaison n’a donc pas à avoir lieu à ce sujet.
Les trucs à ressortir en société pour susciter de nombreux fantasmes chez les personnes de ton choix
– C’est Elijah Wood qui double Shay (le jeu est en VOST au passage, très bonne).
1 Commentaire
Broken Age, La Nalyse
Je t’avais dit de passer ton chemin. T’aurais gagné quelques heures de ta vie.