Après une première adaptation très austère et quelques add-ons bien sentis, Cyanide revient avec un Blood Bowl 2 plus joli et plus accessible, quitte à se mettre à dos les fans de la première heure.
Du jeu de plateau au jeu vidéo
Pour celles et ceux qui l’ignoreraient, Blood Bowl est à la base un jeu de plateau très ancien (A priori, les premiers hommes y jouaient déjà à Lascaux), adaptant le foot US à l’univers Heroïc-Fantasy de Warhammer. Du coup, forcément, c’est un poil plus violent que le modèle américain… juste un poil. Ce sport met en scène deux équipes de onze joueurs, cherchant à aplatir le ballon dans l’en-but adverse, quitte à aplatir la gueule des adversaires sur la pelouse au passage. Tous les coups sont permis et forcément, les blessés sont légion (voire même les morts). Mais ne vous y trompez pas, Blood Bowl a beau s’inspirer du football américain, cela ressemble plus à un wargame tour par tour, qu’à Madden. Mais voilà, à trop vouloir rester fidèle au jeu originel, la première adaptation sortie en 2009 s’est avérée un brin austère et complètement inadaptée au néophyte, lâché comme un agneau au milieu de l’enclos des lions. Moi-même, qui ai pourtant longtemps joué au jeu de plateau quand j’étais môme, je me suis retrouvé complètement paumé face à cette adaptation, préférant abandonner les quelques euros que j’y avais investi plutôt que de me farcir des heures d’apprentissage pénibles et douloureuses. C’est dire comme il donnait envie !
Malgré tout, Cyanide a réussi à toucher un public de fans acharnés, en tout cas suffisamment pour pouvoir sortir deux extensions stand alone : L’Edition Légendaire et la Chaos Edition. Chacune de ces nouvelles itérations reprenait le jeu de base, en y apportant leur lot de nouvelles races, nouveaux stades, nouveaux modes de jeu, etc. De quoi ravir les plus intégristes de la licence, mais certainement pas de quoi rameuter de nouvelles têtes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ces éditions ne sont sorties que sur PC, alors que le jeu de base était également disponible sur consoles : Les consoleux étant sans doute beaucoup moins patients et peu enclins à se prendre la tête que les ayatollahs de la carte graphique qui sévissent sur PC. Bref, tout ça c’était avant, comme dirait l’autre. Aujourd’hui, le studio fait table rase du passé et revient avec une suite plus accessible, quitte à faire des concessions sur le contenu ou emprunter le délicat chemin du modèle économique nauséabond cher aux jeux consoles. Bien sûr, Blood Bowl étant toujours Blood Bowl, rien n’a changé sur le principe. Après tout, Electronic Arts ne change pas les règles du foot à chaque nouveau FIFA. Plus que sur le fond, c’est donc sur la forme que les choses ont évoluées. Et comme ça n’aura échappé à personne qu’entre 2009 et 2015 (date de sortie du jeu), de l’eau a coulé sous les ponts, la première des modifications apportées, se veut graphique.
Lifting consoles
On se retrouve donc avec un jeu bien plus beau, mais surtout plus lisible et plus esthétique. Les différentes races sont parfaitement rendues, tant dans leur représentation graphique que dans leurs animations, même si on regrettera un effet clone un peu trop poussé entre les différents joueurs d’une même race. Le tout est habillé façon retransmission télé, avec son duo de présentateurs en plateaux qui font des vannes avant, après et pendant les rencontres. Preuve que le jeu s’est « casualisé », les conséquences des jets de dés sont maintenant clairement illustrées par le biais d’animations qui vont bien, dans une petite fenêtre s’incrustant à l’écran. Mieux encore, si votre joueur dispose d’une compétence lui permettant de passer outre le résultat des dés, cela sera également retranscrit à l’écran. Bref, vous ne pouvez plus vous tromper parce que vous ne vous souveniez plus de la signification de tel ou tel symbole. Cet accompagnement permanent se poursuit au travers d’un mode campagne introduisant les différentes subtilités des règles et du gameplay, au fur et à mesure des matchs qui la composent. Certes, pour l’aficionado ce mode peut vite s’avérer une plaie, mais pour le débutant elle s’avère particulièrement salvatrice. De manière générale, cette suite se veut donc bien plus réussie que son aîné. Son seul véritable défaut à mon sens, par rapport à ce dernier, c’est la disparition des nombreuses races proposées dans la première itération et ses extensions.
Car qui dit consoles, sonne vache à lait dans l’oreille des éditeurs. Dès lors, le jeu se contente de vous refourguer une demi-douzaine de races de base, et lorgne du côté de votre porte-monnaie pour étendre le bestiaire via des DLC coûteux. Il y aurait également beaucoup à dire sur l’I.A. calamiteuse qui fait que votre adversaire aura plutôt tendance à s’acharner sur vos molaires plutôt qu’à penser à marquer des essais, si bien qu’il vaut mieux se tourner vers le multijoueur pour vivre des parties disputées. Au final, je me demande si le plus gros souci de ce Blood Bowl 2, ce ne serait pas tout simplement Blood Bowl. Car avec deux mi-temps de 8 tours de jeu et une douzaine de joueurs à bouger durant chacun d’entre eux, les parties s’avèrent longues, très longues, voire interminables. Impossible de se lancer un petit match vite fait, comme on pourrait le faire avec Fifa par exemple. Autre problème inhérent au tour par tour, c’est que passé un certain nombre de manches, il deviendra vite impossible de retourner une situation si celle-ci est mal engagée. A moins donc de disputer une partie serrée, le suspense sera donc aux abonnés absents et restera seul le plaisir de se foutre joyeusement sur la gueule, sans penser au score. Donc certes, cette suite est plus jolie, plus moderne, mieux maîtrisée et plus accessible, mais n’est toutefois toujours pas destinée à M. Tout le monde. Bref, si vous n’êtes pas vraiment motivé, mieux vaut passer votre chemin.