Amy ou enemy, telle est la question

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Attendu par une bonne poignée d’initiés, Amy est d’une certaine manière un des très rares jeux marquants de cette génération de machine pour moi… Mais pas dans le sens que j’aurais aimé…

Amy(ante)

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La complicité entre Lana et Amy était une bonne idée, d’autant qu’elles ont besoin l’une de l’autre pour survivre.
Paul Cuisset, j’ai beaucoup de respect pour toi. Pour ma génération tu fais partie des légendes dont les créations auront été d’admirables compagnons d’enfance (ou d’adolescence pour les plus âgés), parmi tes titres Flashback tout particulièrement me laisse un souvenir génial et impérissable. On te l’a sûrement déjà assez répété comme ça, je ne souhaite pas ressasser le passé. Pour avoir eu l’occasion d’échanger quelques petits mails avec toi, tu es sans conteste quelqu’un de sympathique et de passionné. Ca me donne d’autant plus de respect pour toi, j’ai pu expérimenter de nombreuses fois qu’un créateur ayant connu la gloire n’est pas toujours resté humble et ouvert comme tu l’es. Si je prends la peine de te dire tout ça, Paul, c’est que Amy m’a déçu. Tu te doutais forcément de l’écho que la presse allait donner à ton jeu, je pense que tu as parfaitement conscience des qualités et des défauts de ton titre et j’ai le sentiment qu’il est très probablement sorti trop vite, devant répondre aux impératifs de distribution et/ou de marketing. Vous avez travaillé à une dizaine de personnes sur Amy et j’imagine très bien la masse de travail que ça représente et l’argent que ça nécessite pour un titre comme celui-là, en 3D, avec une place certaine accordée à l’audio…

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On a besoin de tenir la main d’Amy pour se guérir (sinon c’est seringue à s’injecter).
Même si nous avons l’habitude, sur Polygamer, de revendiquer notre subjectivité, de partager nos avis passionnés, je me dois d’être objectif et de ne pas me laisser dépasser par l’affection que j’ai pour tes anciennes créations et le bonheur qu’elles m’ont faite ressentir : Amy est nul. Il y a forcément des circonstances atténuantes, des explications à ça, une grosse phase de playtest aurait certainement arrangé énormément de choses, mais le fait est, sans vouloir être dur, qu’Amy est on ne peut plus bancal. C’est parce que j’ai du respect pour toi et que je t’imagine lire cette critique que je ne balance pas un festival de vannes comme j’en ai l’habitude. Parce que je n’ai aucunement envie de te décourager ou de te vexer même si je suis certain, encore une fois, que tu es parfaitement lucide sur Amy.

Lana(rchie)

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Ca c’est Lana sans Amy, son état de santé se dégrade de minute en minute.
Tu es un créateur avec énormément de talent, tu l’as prouvé à maintes reprises, j’espère bien que ce n’est pas cet échec critique presque total qui va t’abattre (la presse est plus que mitigée au sujet du jeu). Tu es dans l’industrie depuis tellement d’années qu’il est impossible que ça te décourage, tu auras peut-être même trouvé à encore apprendre de cette expérience. Je vais te dire, pour une fois j’aimerai même que le jeu se vende alors que je ne l’ai pas apprécié du tout, si la main au portefeuille du public peut te réconforter et te filer un peu de baume au cœur… Je suis par contre convaincu que le grand public ne pourra pas accrocher. Si l’ambiance survival-horror à l’ancienne, sobre, peut plaire, même si le pitch n’est pas très original, si le fait d’incarner une jeune femme qui protège une petite fille aux pouvoirs surnaturels est intéressant (on ressent inévitablement l’influence d’Ico dans leur complicité et l’impact qu’elle est sensée engendrer sur le gameplay), c’est malheureusement tellement frustrant et peu intéressant à jouer que mêmes les gamers les plus avertis auront du mal à se motiver.

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Les phases d’action sont assez rigides.
Parmi la presque centaine de jeux auxquels j’ai joué sur cette génération de machines (je les ai compté), il n’y en a que 3 que je n’ai pas fini. Quand je ne termine pas un jeu c’est parce que jouer devient une corvée, parce que la frustration générale surpasse l’intérêt ressenti à vouloir savoir ce qu’il se passe ensuite. Parce qu’en venir à se dire « fais chier, il faudrait que je joue » est évocateur quant à la non qualité du titre et surtout bien au-dessus de l’objectif que nous nous sommes fixés sur Polygamer : Se faire plaisir. On refuse de se forcer à jouer comme on pourrait le faire dans une rédaction de testeurs jeux vidéo « normale » et on partage en toute honnêteté notre ressenti et les raisons pour lesquelles on en arrive là. Tu l’as compris, Amy fait parti de ces trois rares titres que je n’ai pas terminé et que je ne terminerais certainement jamais. Même si cette fois je suis embarrassé de le dire parce que j’ai de l’empathie pour toi, ton aura, et que je sais que tu as fait tout ce que tu as pu pour sauver les meubles. Mais je n’ai même pas l’impression de passer à côté de quelque chose en ne finissant pas ce jeu… Pardon Paul, Amy est au dessus de mes forces. Y avait de l’idée mais il est débordant de bugs frustrants, chiant à suivre, lent, rigide, mal fagoté (le radar à ADN super confus, quelle plaie) et avec des checkpoints tellement mal espacés que cela devient un supplice de jouer puisqu’on éprouve qu’une immense frustration à mourir (souvent) sans être fautif et surtout à devoir tout recommencer (sans être à l’abri d’un bug mortellement pénalisant qui plus est)… J’oublierai vite Amy, je m’y forcerais, ce n’est qu’un accident de parcours. Et j’attends ton prochain titre, persuadé que tu as encore quelques chefs-d’œuvre à nous livrer.

Je ne m’étalerai pas sur ce titre, ce n’est pas nécessaire. Pour tout le respect que j’ai et que vous avez certainement envers Paul Cuisset, pour tout ce qu’il a apporté au jeu vidéo, faites comme moi : Oubliez Amy très vite. Hop, je n’y pense déjà plus.

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