Alice ça glisse au Pays de la Folie ?

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Vous voyez l’artwork qui illustre cette critique, là juste au dessus ? Il est beau, non ? Ca donne envie, non ?

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Si il y a bien une chose de réussie dans le jeu (et c’est d’ailleurs un peu la seule) c’est son univers visuel.
Alice : Retour au Pays de la Folie c’est pour les fans d’American McGees’s Alice une suite totalement dans l’esprit après 10 ans d’attente (et l’occasion de refaire le jeu original offert en téléchargement) qu’ils peuvent donc aller acheter les yeux fermés (ce qu’ils ont sans doute d’ailleurs fait sans attendre cette critique tardive). Pour les autres qui seraient passé à coté du premier opus en 2001 sur PC il risque fort de n’être d’un jeu d’action/plateforme passable dont seul l’univers d’un Pays des Merveilles revisité et torturé vaut le détour. Je le conçois, il s’agit là d’une sentence un peu péremptoire et qui tue totalement le suspense de ce test, mais bon pourquoi attendre par convention de donner la conclusion après l’explication puisque de toute façon la plupart d’entre vous est déjà aller lire le verdict ?

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D’ailleurs les développeurs ont dû s’en rendre compte car ils ne se privent pas de vous demander d’admirer leur travail.
L’histoire d’Alice c’est sans surprise celle d’une jeune fille qui pourchasse un lapin blanc et se retrouve dans un monde étrange, sauf que cette histoire n’est pas uniquement celle du personnage, mais aussi celle que va vivre le joueur, car ce lapin blanc c’est aussi l’univers visuel du jeu (et oui je vais faire dans l’allégorie). Ce qui attire dans ce jeu c’est le travail très réussi sur le design des personnages et des décors, les superbes artworks diffusés, le Londres crasseux, la forêt merveilleusement bizarre, les codes du conte détournés à tout va… mais derrière tout ça les autres aspects du jeu sonnent un peu creux.

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Le système de combat est plutôt pas mal foutu, mais ça manque de passages vraiment épiques.
Attention, ne vous méprenez pas, Alice : Retour au Pays de la Folie est loin d’être un mauvais jeu, mais il est aussi assez loin d’être un grand jeu. On débarque dans un univers très travaillé où l’on sent indéniablement une patte de talent, mais le gameplay n’est lui pas au diapason avec des phases mélangeant plateforme et action dans l’ensemble de bonne facture, mais assez convenues et très perfectibles. Le double/triple/quadruple saut porté par la jupe d’Alice en guise de parachute qui ne se déclenche pas toujours comme on le souhaiterait cause de nombreuses morts tout comme la caméra qui a le don de très souvent mal se placer et même de changer d’angle de manière intempestives après l’activation d’un mécanisme par exemple. Une caméra relou qui sévit aussi lors des phases de combat (plutôt rythmées et même un peu variées grâce à la présence d’un bestiaire étoffé et de plusieurs armes améliorables) et ce même lorsque l’on enclenche le lock sur l’ennemi avec une vue pas toujours optimale.

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Les phases de plateformes font dans le classique.
Mais bon malgré ces petites limitations la prise en main parfois un peu rageante n’est pas non plus déplaisante et puis l’univers graphique est très beau alors on poursuit, on poursuit ce lapin blanc, ce lapin blanc en retard avec ses graphismes enjôleurs tant que l’on ne s’attarde pas trop sur le détail des textures. On enchaine donc de chapitre en chapitre les phases de plateformes et d’action qui répètent assez souvent les même schémas en recyclant les même recettes : je saute sur un champignon, je me fais petite pour passer dans une serrure, je tue quelques ennemis avec le nouveau coup que je viens de débloquer, j’active un mécanisme, je fais quelques sauts avec ma robe magique, je découvre un passage secret plus ou moins caché…

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Les passages à Londres auraient pu être sympa si ils n’avait pas été si sous-exploitées.
A chaque fois, de nouveaux décors, de nouveaux ennemis, des combats qui se complexifient petit à petit, on ne se fout pas de notre gueule sans non plus nous offrir de passages vraiment palpitant. Mais bon il y a de jolis décors qu’on ne se prive pas de nous inciter à admirer (en nous enjoignant d’appuyer sur la gâchette gauche dès qu’on passe devant un joli arrière plan) alors on se dit qu’on va quand même continuer. Continuer, mais jusqu’à quand ? Parce qu’au bout d’un moment enchainer des sauts devant de jolis papiers peints animés et tuer des ennemis bien designés ça ne suffit pas. Et en définitive qu’est ce qu’il y a de l’autre coté du miroir, derrière l’imagerie de ce conte revisité ? Et bah pas grand chose en fait.

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Le passage en mode Furie est stylé, mais lui aussi sous exploité.
Alice : Retour au Pays de la Folie se verrait bien comme l’exploration symbolique d’un psyché d’ado torturée , mais tout ce qu’il fait c’est se voir et nous faire voir cette représentation désenchantée sans jamais véritablement l’incarner et la faire ressentir. Le scénario assez mince et évasif ne se dévoile que petit à petit en retrouvant des souvenirs ou lors des passages à Londres totalement sous exploités de sorte que l’on ne se sent presque jamais véritablement impliqué dans l’aventure. Même constat pour les phases de jeu qui manquent de relief, les passages de plateformes et d’action sont sympatoches, mais ils n’atteignent chacuns bien sûr ni le niveau d’un Mario ni celui d’un God of War et ne sortent juste un peu du lot que quelques mini jeux en 2D marrants (même si on se demande un peu ce qu’ils viennent foutre là) et le mode furie trop rare qu’Alice déclenche lorsqu’elle est sur le point de mourir. Rien d’infamant là dedans, mais c’est un peu dommage que le jeu se résume à son seul univers.

Les apparences sont parfois trompeuses, notamment lorsqu’elles ne sont qu’apparences. En apparence avec son univers visuel désenchanté à souhait, Alice : Retour au Pays de la Folie est une réappropriation torturée du célèbre conte, en fait faute de narration ou de gameplay véritablement approfondis il ne s’agit que d’un jeu d’action/plateforme appliqué, mais assez convenu et perfectible.

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