Avec ses faux airs d’Aventuriers du rail et son illustration de couverture un peu austère, Trambahn n’est certainement pas le jeu le plus engageant du moment. Et pourtant…
C’est quoi ce jeu ?
Trambahn est un jeu de gestion de lignes de tramway, pour deux joueurs exclusivement. On le tient d’un amoureux du rail, Helmut Ohley, déjà auteur de Russian Railroads et des 1800 (qui revisitent l’histoire du chemin de fer autrichien), illustré par Klemens Franz qui a bossé sur Orléans, Mombasa ou dernièrement Isle of Skye. Edité par Lookout Games, le jeu est distribué chez nous par Fun Forge et vendu pour une quinzaine/vingtaine d’euros.
Dans la boîte
Petite boîte carrée, non compartimentée, avec assez peu de matos. On y trouve notamment des cartes (16 cartes Tramway, 8 cartes Conducteur, 4 cartes Terminus, 112 cartes recto/verso Stations/Marks et 2 cartes d’aide de jeu), ainsi qu’un livret de règles et un bloc de score. Les cartes sont de bonne qualité et suffisamment grosses pour bouffer tout l’espace sur votre table de salon. Heureusement que ça ne se joue qu’à deux, donc.
Comment on joue ?
On dispose sur la table une réserve de locomotives, dans l’ordre croissant de leur valeur (à cheval, à vapeur et électrique). On dispose également les quatre cartes Terminus en colonne, puis on donne à chaque joueur 12.000 et 15.000 marks (12 pour le premier, 15 pour le second) ainsi que six cartes stations. Chacun leur tour, les deux participants vont devoir réaliser une série d’actions, certaines obligatoires et d’autres non. Le tour de jeu d’un joueur se déroule donc comme suit, dans l’ordre :
Dès lors qu’un joueur a réalisé toutes ces actions (ou au moins la première et la dernière, seules obligatoires), la main passe à son adversaire et ainsi de suite.
Sitôt qu’un des quatre Terminus totalise quatre cartes Passagers, la partie se met en pause et les deux joueurs additionnent les points de victoires de leurs lignes correspondantes (même couleur que le Terminus en question), qu’ils multiplient au coefficient de leur carte tramway. Lorsque dix phases de score ont eu lieu, la partie s’arrête et celui qui totalise le plus de points l’emporte.
Conclusion
Honnêtement, sur le papier Trambhan ne fait pas envie. Déjà graphiquement, ce n’est pas le style le plus populaire. Il colle parfaitement au thème, mais n’en reste pas moins ascétique. De plus, il y a sans doute plus excitant que l’univers des tramways allemands de la fin XIXème ; d’autant plus que les allemands ont cette image un peu péjorative d’austérité et de rigueur excessive. Enfin, les dix séquences de score (plus les scores bonus) risquent de rebuter les moins férus de mathématiques. Certes, il ne s’agit pourtant que d’additions (et multiplications), mais ça se complique après plusieurs parties, lorsqu’on commence à réfléchir aux possibilités qui nous sont offertes et surtout à celles qui nous seraient le plus rentable.
Pourtant, Trambahn est un très bon jeu. Sa mise en place est rapide et les parties s’enchainent finalement assez vite (enfin, cette notion de temps est toujours corrélée avec le type de joueurs). Le hasard tient une place suffisamment prépondérante pour varier les parties, mais de manière suffisamment raisonnable pour que les joueurs puissent garder la main sur ce qu’ils font. Les tactiques de jeu sont également nombreuses, entre les lignes courtes pour marquer rapidement, les longues lignes pour scorer lourdement et déclencher les phases bonus, la spécification des lignes exploitées et leur multiplication et le rythme imposé à la partie en fonction du nombre de passagers qu’on pose à chaque tour (un ou deux). Difficile de dire quelle stratégie paie le plus au final, et surtout la tactique d’un joueur se retrouve souvent bouleversée par celle de son adversaire. On retrouve un bon compromis entre l’action et la réaction. Il ne s’agit pas seulement de jouer dans son coin. Bref, je vous encourage à dépasser les éventuels à priori que vous pourriez avoir et vous verrez, vous pourriez bien développer une nouvelle passion pour le tramway munichois.