Usez et abusez de sbires aveuglément acquis à votre cause, pour pourrir la vie de vos adversaires et ainsi obtenir le prestigieux titre de Sénéchal de Montfleury.
Passé par la case crowdfunding, d’abord sur Ulule puis sur Kickstarter, Sbires est le tout premier jeu des bordelais de Jocus. Celui-ci vous plonge dans l’ambiance crade et malsaine de la politique en pleine période médiévale. En effet, le roi est en passe de nommer Sénéchal, le patriarche de l’une des cinq grandes familles de Montlfeury, et ainsi lui céder le contrôle de toute la région. Vous figurez bien entendu parmi la liste des prétendants. Et afin de doubler vos rivaux dans cette course au pouvoir, tous les coups vous sont permis… surtout les plus pernicieux. Et pour vous hissez tout en haut des marches du pouvoir, vous pourrez compter sur une horde de sbires dont l’intelligence et la subtilité sont loin d’être les qualités premières.
Si j’ai tendance à penser que nombreux sont les jeux qui vous laissent faire votre petite vie dans votre coin sans jamais réellement prendre en compte vos concurrents, ici ce n’est pas du tout le cas. En effet, Sbires est ce qu’on appelle dans le jargon familiaro-grossier, un bon petit jeu de putes ! Comprenez que pour gagner ici, il va falloir piétiner vos adversaires. Officiellement, pour prouver votre valeur, vous devrez affronter vos rivaux à l’occasion de joutes typiques de l’époque médiévale, en les défiant en duel. Libre à vous de vous équiper de cottes de mailles, d’écu de chevalier, de hache ou d’épée, mais le duel reste noble et loyal. Ce qui l’est moins, c’est tout ce qui se passe autour.
En effet, une partie se déroule sur quatre jours, eux même divisés en deux phases distinctes. La première, c’est l’envoi de vos sbires sur les différentes places du villages, afin d’obtenir des faveurs diverses et variées sous formes de cartes. Chaque quartier à son thème de prédilection :
La deuxième phase, consiste à jouer les cartes que vos sbires vous ont rapporté. Certaines s’ajouteront à votre réserve et auront des effets permanents ou récurrents (une fois par tour), d’autres auront des effets immédiats. L’idée sera alors de gagner un maximum de points par jour, pour arriver au total de 30 et mettre ainsi fin à la partie. Et si par la même occasion vous pouvez faire baisser le compteur de vos adversaires, c’est encore mieux.
Les parties sont plutôt rapides, et la bonne humeur est palpable malgré la prolifération de coups tordus (mais après tout, quand tout le monde joue bassement, personne ne se sent lésé). Celle-ci est d’ailleurs largement imputable aux très chouettes illustrations, particulièrement drôles. Les backers sur Ulule et Kickstarter seront également gâtés avec les deux versions du plateau de jeu, les sbires personnalisés ou encore le joli sac de voyage en toile de jute. Par contre, les blasons pour notifier le score sont certes jolis et originaux, mais loin d’être pratiques à l’usage (notamment les chevalets qui vont avec). Une piste de score aurait été largement plus judicieuse.
En outre, je trouve le jeu plutôt limité à deux joueurs et peut-être un poil long à quatre, même s’il existe des variantes en trois jours ou avec moins de sbires pour raccourcir le temps de jeu. Toutefois, cette longueur concerne essentiellement les premières parties ; une fois que tout le monde connait les rouages, ça va beaucoup plus vite. De plus, le hasard y joue une place prépondérante, que ça soit dans le tirage des cartes ou dans le résultat des duels qui se jouent sur un jeté de dés. Ça peut être frustrant, même si la légèreté du jeu fait qu’on ne s’y attarde guère. Plus problématique, de nombreuses cartes manquent de clarté que la règle, bien trop succincte, ne vient pas éclairer. Malgré tout, le jeu reste amusant, très simple à expliquer et à appréhender. Idéal pour les fins de soirée mais pas inoubliable pour autant.
1 Commentaire
Sbires, Tous les coups sont permis
Première partie hier et franchement sympa. Pas inoubliable en effet mais ça fait du bien d’avoir un jeu d’interactions. Deux défauts par contre, les cartes trop peu variées et le hasard (car au final la partie c’est un peu jouée sur un lancé de dés.)