Oui c’est la crise, oui la vie est dure et oui les gens sont fauchés. Alors pourquoi ne pas se mettre dans la peau de gérants d’entreprises ou d’investisseurs prêts à s’en mettre plein les poches pour changer un peu…
C’est quoi ?
Panique à Wall Street est un jeu de Britton Roney et édité par Marabunta, le nouveau studio de création d’Asmodee, qui se destine à un public un peu plus joueur que d’habitude. Petite parenthèse, mais je tenais à dire que j’ai joué à Libertalia très récemment et, tout comme Panique à Wall Street, Asmodee nous concocte des jeux très beaux au niveau du matos (et même des boîtes) dans cette nouvelle collection. A surveiller donc pour le suivant qui vient de sortir : Ascension des Âmes Déchaînées.
Revenons à nos moutons du jour, le monde de la finance.
Les joueurs (de 3 à 11 !) y incarnent d’un côté des gérants de sociétés qui vont devoir vendre des actions de leurs entreprises au plus offrant des investisseurs qui vont eux, devoir flairer la bonne affaire afin de devenir le plus riche possible. Le principe est simple, on est tous là pour s’en mettre plein les fouilles et en ces temps de crise bah ça fait du bien de se mettre dans la peau d’un vil personnage. Asmodee a surtout la bonne idée de nous offrir un jeu jouable en nombre, ce qui se fait assez rare dans l’actualité ludique.
Dans la boite
Perso, je dois devenir chiant en vieillissant mais je trouve que la boîte est un peu grande par rapport aux matos. Étant donné la place que ça prend dans nos placards, je pense qu’on pouvait tabler sur une boîte un peu plus petite. Le format Ystari par exemple.
Comment on joue ?
Dans un joyeux bordel, on crie plus fort que les autres, on est meilleur baratineur que les autres, on ment pour réussir, on fait des promesses en l’air, on se place rapidement sur les bonnes entreprises, on essaie de fermer les enchères pour pas se faire niquer et pourquoi pas en enlever une au dernier moment pour se venger d’un gérant peu scrupuleux qui vous a arnaqué au tour précédent. Dans tous les cas, on se bat, on se marre et on se plaint.
La partie est donc décomposée en 5 phases.
Tout d’abord, comme dit précédemment, on se lance dans ce joyeux bordel où tout le monde parle (puis crie) en même temps afin de capter l’attention d’un gérant et de bloquer quelques enchères. En 2 minutes chrono, les gérants vont donc devoir vendre toutes leurs actions aux investisseurs en se mettant d’accord sur les prix.
Une fois les 2 minutes passées, on fait varier les cours de la bourse. C’est l’étape où les plus malchanceux sauteront par la fenêtre (Ne faites pas ça chez vous pour de vrai – Polygamer décline toute responsabilité dans le cas contraire). Puis on paie les investisseurs avec les nouvelles valeurs de chaque entreprise.
Vient le tour des gérants qui réclament aux investisseurs le montant de leurs promesses d’achats. Si un joueur est en banqueroute, soit il est éliminé, soit il passe un marché avec le gérant dont il est redevable. (Marché dont il n’est pas obligé de s’acquitter. Si si c’est marqué dans la règle. J’adore les coups de putes et trahisons).
Une fois grassement payés, les gérants vont devoir passer à la caisse. En phase 4 pour l’entretien (le coût de gestion) de leurs entreprises puis en phase 5 pour des enchères dans le but de s’agrandir avec l’arrivée de nouvelles cartes. Précisons au passage que chaque couleur d’entreprise (jaune, rouge, vert et bleu) possède une carte X2. Elle permet simplement de compter comme 2 lors de la revente des investisseurs. Elle peuvent donc s’avérer très rentables et devront donc faire l’objet de négociations un peu plus pointues.
Pour conclure
Ce n’est pas la première fois, loin de là, qu’Asmodee nous propose un party game. Après les succès des jeux en sac (Jungle Speed, Time’s up…), la claque Dobble – que j’ai fais acheter à toutes les personnes qui y ont joué avec moi (je ferai le test si un commentaire me le demande) – l’énorme surprise The Island , Asmodee se tourne de plus en plus vers les gros joueurs sans perdre le quidam en route.
Donc, un « vrai jeu de société » qui se joue à 11 c’est déjà rare. Mais quand en plus on se marre tout le long de la partie et qu’on peut le sortir avec n’importe quel groupe de joueurs (Famille, Gamers, amis…) et que ça marche, que demander de plus.
11 Commentaires
Panique à Wall Street, prends toi pour Jérôme Kerviel
A 5 c’était assez marrant, j’ai bien aimé, mais je serais curieux de jouer une partie avec le double de personnes, ça doit être un sacré bordel (et donc fun).
Panique à Wall Street, prends toi pour Jérôme Kerviel
J’ai beaucoup aimé aussi. J’aime bien ce coté gros bordel où on joue tous en même temps en gueulant et en négociant. A 10 ou 11 ça doit être la foire.
Panique à Wall Street, prends toi pour Jérôme Kerviel
Moi j’ai trouvé ça chiant… et trop basé sur le hasard en plus.
Je pense qu’il y avait mieux à faire avec un système d’investissement/revente histoire de faire plus stratégie. Parce que là, le fait d’acheter et revendre sur un one shot à chaque fois, ça limite pas mal les possibilités.
D’autant plus que sur le prix d’achat, t’es aussi limité par le prix possible à la revente.
Genre, quand une action peut prendre jusqu’à 40 en valeur, personne ne va l’acheter à plus de 30. Du coup, personne ne va renchérir sur ta proposition.
Panique à Wall Street, prends toi pour Jérôme Kerviel
Concernant le hasard ne suis pas d’accord. Le plateau de fluctuation ainsi que la valeur des dés de fluctuation étant visible il est facile de savoir ou investir. Après libre à toi de prendre des risques mais c’est maîtrisable. C’est une question de statistique.
De plus les « sociétés » sont classées par risque. Donc tu sais où tu mets les pieds. Les rouges c’est risqué mais ça rapporte, les bleus c’est l’inverse.
Panique à Wall Street, prends toi pour Jérôme Kerviel
Ouais, t’as plus ou moins de risque mais ça reste du hasard si tu perds ou gagnes de l’argent… t’as pas trop de possibilité de spéculer justement. C’est trop limité.
Enfin, c’est comme ça que je l’ai ressenti (et pas seulement parce que j’ai perdu… j’vous vois venir :D).
Je trouve que le jeu a tout à gagner à s’étoffer, ne serait-ce qu’en permettant de revendre ses actions quand on le souhaite et pas seulement dans le même tour.
Panique à Wall Street, prends toi pour Jérôme Kerviel
C’est pas faux que le fait d’être obligé de vendre ton action dans le tour coupe un peu de stratégie et de profondeur au jeu. En plus ça augmenterait aussi la part de risques car le cour de l’action pourrait ne pas remonter.
Donc je valide et c’est pas juste ta mauvaise foi légendaire de quand tu perds à un jeu du coup tu l’aimes pas et tu lui trouves des défauts.
Panique à Wall Street, prends toi pour Jérôme Kerviel
Mauvaise quoi ? Foi ? Moi ? Naaaaaaaaaaaaan, ça se saurait…
Panique à Wall Street, prends toi pour Jérôme Kerviel
J’ai eu l’occasion de jouer 2 parties, une à 11 et une autre à 7. Dans les 2 cas, super expérience. Lors de la première partie, les dés étaient plutôt favorables, les joueurs ont vite compris les règles (c’était la première partie pour tout le monde) et les phases de négociations ont été fun. Seul bémol : à 11, la place à table des gérants et investisseurs joue beaucoup : on fait plus de transactions avec ses voisins immédiats et il est difficile de voir les deals à l’autre bout de la table.
À 7, j’ai eu la chance de vivre un gros coup de hasard : les rouges sont passés de -20 à +70 de rendement au dernier tour (après toute une partie à faible rendement). Recette assurée pour des émotions fortes! Ça montre aussi (contrairement au commentaire de Fylodindon, en tout cas dans mon expérience) que la spéculation peut avoir une vraie place.
Évidemment, cela peut laisser un goût un peu amer aux joueurs plus ratiocinateurs : « j’avais joué la stratégie idéale, j’aurais dû gagner, tu aurais dû faire banqueroute avant… », etc. Mais ce n’est guère plus injuste qu’une défaite à 12 armées contre 3 au Risk par exemple. Dans tous les cas, un très bon moment de divertissement. Je recommande chaudement!
Panique à Wall Street, prends toi pour Jérôme Kerviel
A 11 ça doit être un sacré boxon ! Tu as quand même bien de la chance de pouvoir réunir 11 joueurs. C’est quoi d’ailleurs ton public ? Joueurs ou néophytes ?
Panique à Wall Street, prends toi pour Jérôme Kerviel
Les deux, des habitués de jeux de société et 2-3 néophytes. Les gens ont compris le fonctionnement du jeu rapidement, donc ça allait. Je pensais que les 2 minutes de négociation seraient trop courtes, mais au final c’était suffisant. Les évolutions de prix étaient un peu erratiques, mais c’est aussi ce qui fait l’intérêt de ce jeu 🙂
Pour éviter que ce soit trop le boxon, nous avions mis les 5 gérants d’un côté de la table et les 6 investisseurs en face, ce qui permettait à tout le monde de voir ce qui se passait. Un des points difficiles est la gestion des jetons : parfois un investisseur ne voit pas que son jeton du bout de la table a été enlevé d’une entreprise, ce qui peut être frustrant et incite à jouer plutôt sur les entreprises les plus proches de soi.
Panique à Wall Street, prends toi pour Jérôme Kerviel
J’y ai joué des parties à 9, à 8, à 7 et à 5.
Clairement, le jeu prend toute sa saveur quand il a beaucoup de monde (à partir de 7). Le fait de ne pas pouvoir avoir facilement une vision d’ensemble des offres et des demandes renforce l’aléatoire et le fun. Des actions achetées à 45 à un voisin alors que de l’autre côté de la table elles sont parties à 20, ça fait rager certains et sourire d’autres. 🙂
Il faut clairement des gens qui peuvent rapidement compter et suivre des transactions à toute vitesse, on a joué avec des Erasmus qui étaient un peu perdu dans la cohue, les transactions n’allaient alors plus assez vite.
Enfin, les accords oraux négociés entre les gérants et les investisseurs lorsqu’il y a faillite sont un réel plus. Certes, sujet à interprétation, ils rapportent une bonne dose de négociations et de coups dans le dos.
J’ai gagné une partie en tant que gérant en finançant un investisseur ruiné, notre équipe pouvant jouer sur les deux tableaux, j’ai gagné grâce à des investissements truqués… Depuis, j’hésite à postuler chez Goldman Sachs…